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chronologie 1942 |
Collection Quatrième
Internationale
APPEL COMMUNISTE AUX OUVRIERS
(12
juillet 1942) Camarades, La
deuxième guerre impérialiste mondiale dure depuis
bientôt trois ans. Dans cette
guerre de brigandage menée par le grand capital d'un pays ou
d'un groupe de
pays pour abattre la concurrence du grand capital d'un autre pays ou
d'un autre
groupe de pays, vous avez été appelés par la
bourgeoisie française à la défense
de la "démocratie contre le fascisme", du "droit contre la
force", etc. Des centaines de milliers de blessés et de morts,
1.500.000
prisonniers, voilà le terrible tribut payé par les masses
laborieuses de France
pour le "salut de la Patrie". Pour
le prolétariat qui n'a pu l'éviter par une
révolution prolétarienne faute d'un
Parti révolutionnaire, la défaite a été un
désastre en provoquant la chute
immédiate de son niveau de vie et la perte de tous ses droits;
pour
l'impérialisme français elle signifiait seulement la
"perte d'une
bataille" (de Gaulle dixit). Son armée hors de combat,
l'impérialisme
français avait d'autres atouts pour essayer de sauvegarder sa
position, ne
fut-ce que bien amoindrie: la flotte, les colonies, ses relations
mondiales,
etc. Se servant de sa flotte et de ses colonies pour se maintenir d'une
façon
très précaire entre les deux groupes impérialistes
rivaux qui continuent à se
battre (l’impérialisme anglo-saxon et l'impérialisme
germano-italo-japonais),
la bourgeoisie française est obligée non seulement de
livrer le pays au pillage
du vainqueur, mais encore de collaborer à sa guerre
impérialiste. L'armistice a
donné ainsi la possibilité à la bourgeoisie
française de sauvegarder une partie
de ses droits impérialistes, mais il ne sauvegarde nullement les
intérêts des
masses laborieuses-, la zone occupée tout au moins est
exposée à toutes les
souffrances de la guerre- couvre-feu, conseils de guerre,
bombardements, futur théâtre
de guerre. Depuis le début de la guerre à l'Est, par
laquelle Hitler essaie de
détruire l'économie planifiée de l'URSS née
de la révolution d'Octobre 1917,
les bourgeoisies européennes et avant tout la bourgeoisie
française sont
enfermées, pour des raisons de classe, dans le dilemme suivant:
aider à la
victoire de Hitler et se soumettre à l'impérialisme
allemand (protecteur dont
l'appétit est féroce) ou, en ne lui accordant pas
volontairement cette aide, le
laisser s'essouffler contre l'URSS, mais ouvrir ainsi une porte
à la
"bolchévisation" de l'Europe. Cette volonté de
collaboration pour
sauver le capitalisme de la débâcle inévitable en
cas d'échec des armées
impérialistes à lEst, trouve son expression dans la
politique actuelle de
Laval. Il
ne s'agit plus bien entendu de la "Démocratie", ni de la
"Patrie", ni du "Droit"; l'impérialisme n'a plus que faire
des anciens moyens idéologiques de brigandage dont le contenu
pourri n'a été
hélas! que trop tard révélé aux masses
laborieuses de France. L'impérialisme
essaie de masquer son caractère de brigandage international non
plus derrière
la "Patrie", mais derrière "l'ordre nouveau". Mais quel est
l'ouvrier qui ne s'est pas convaincu par les faits que ce
prétendu "ordre
nouveau" n'est que l'ancien désordre capitaliste! Comme le loup
de la
fable, le capitaliste déguisé en "socialiste" a les
oreilles trop
longues et les dents trop aiguisées. La
puissance des armées modernes tient directement la puissance de
l'industrie qui
les équipe. Le sort des impérialismes, ainsi que celui
des peuples opprimés
(Chine, etc.) et de l'URSS se joue donc non seulement sur les divers
fronts,
mais tout d'abord à l'usine. Il ne suffit pas à Hitler de
gagner telle ou telle
bataille, il lui faut surtout que rien ne vienne troubler
"l'arrière". Or, c'est un fait qu'en ce moment les ouvriers
d'Allemagne, écrasés en 1933 par le fascisme, cherchent
à se regrouper sur une
base hostile à Hitler et à la guerre impérialiste
que mène l'Allemagne. En
obtenant des ouvriers "étrangers", Hitler compte non seulement
augmenter le nombre de ses soldats avec les travailleurs allemands
rendus ainsi
mobilisables, mais aussi nuire au maximum à la lutte des
ouvriers allemands.
Voilà le véritable but de la relève. Il s'agit de
relever les ouvriers
allemands qui seront envoyés sur le front de l'Est contre l'URSS. C'est
dans ces circonstances que Hitler presse les collaborateurs des pays
"européens" (sic) de lui fournir de la main-d’œuvre. Chaque
fois qu'il s'agit d'extorquer de nouveaux sacrifices au pays, les
représentants
de la bourgeoisie ne négligent rien de ce qui pourrait bourrer
le crâne au
"peuple", rien de ce qui pourrait dresser les unes contre les autres
les différentes couches d'exploités. Voilà le
procédé de Laval quand il cache
la relève des ouvriers allemands par les ouvriers
français derrière la
soi-disant "relève des prisonniers". Combien de fois n'a-t-on
pas
annoncé, tambour battant que la collaboration allait entre
autres libérer nos
prisonniers! Cependant 1.500.000 sont toujours dans les camps de
concentration
de l'impérialisme allemand et Laval annonce sans rire que 5.000
sont prêts à
rentrer. S'agit-il cette fois-ci vraiment de leur libération ou
tout au moins
de la libération d'un nombre égal au nombre des
travailleurs allant en
Allemagne? Laval lui-même dit textuellement dans sa circulaire:
"Une fois
au travail dans l'usine allemande, l'équipe pourra servir de
noyau autour
duquel viendront s'agglomérer des ouvriers prisonniers dont le
sort serait
ainsi infiniment meilleur ... les travailleurs d'une usine auront de la
sorte
contribué à la libération de camarades de travail
connus d'eux." Voilà le
rôle qui vous attend en Allemagne impérialiste: vous
aiderez par votre présence
à faire travailler les camarades ouvriers prisonniers qui en
Allemagne ne
veulent pas travailler pour Hitler. Vous devrez briser la
résistance du
prolétariat allemand et des prisonniers français contre
Hitler. Laval
prétend que "les volontaires offrent leur travail pour que
finisse la
longue attente de leurs compatriotes". Offrir son travail pour la
guerre
impérialiste - à l'endroit qu'il faut -ce n'est pas
mettre fin, mais c'est
donner une nouvelle impulsion, très grande, à la guerre
impérialiste dans le
monde entier. Les impérialistes rivaux devront à leur
tour accroître leurs
efforts et exiger de "leurs" travailleurs de nouveaux sacrifices. En
allant en Allemagne les ouvriers français contribueront à
éterniser la guerre
impérialiste. Aux "raisons de solidarité nationale et
raisons de
solidarité professionnelle" de Laval, les ouvriers opposent leur
internationalisme prolétarien en refusant de collaborer avec
l'impérialisme
contre le prolétariat allemand et contre l'URSS. Le transfert en
masse
d'ouvriers français en Allemagne ne fera qu'augmenter la masse
totale de
prisonniers de Hitler. Ses chantages et exigences futurs contre le pays
n'en
auront que plus de poids. IL FAUT RÉSISTER DÈS MAINTENANT
SI L'ON NE VEUT PAS
ÊTRE ENTRAÎNÉ JUSQU'AU BOUT DANS LA GUERRE
IMPÉRIALISTE. Laval
sait qu'il ne trompera pas les ouvriers: c'est pourquoi il ne s'adresse
pas à
leur courage, mais leur propose un marchandage: "Le sacrifice, dit-il,
est
très limité." Les ouvriers par contre sont prêts
à se sacrifier totalement
pour leur propre cause et engageront une lutte ferme contre la
"relève" qui n'est qu'une tromperie impérialiste. Pas un
ouvrier ne
s'engagera volontairement. Les ouvriers qui seront transportés
de force en
Allemagne entourés de leurs gardes-chiourme "habituels", sachant
que
là-bas il y a une classe ouvrière qui se prépare
elle-même à la lutte,
trouveront les moyens de briser l'isolement dans lequel voudront les
maintenir
leurs "cadres" français et rechercheront hardiment le contact
avec
les ouvriers allemands, DONT LA VICTOIRE SERA LA LEUR. La
bourgeoisie menace la classe ouvrière, au cas où celle-ci
ne se prêterait pas à
ses marchandages impérialistes, de tous les maux de la terre et
notamment du
spectre du chômage total. La
bourgeoisie ne pourra accomplir ses desseins actuels sur le dos de la
classe
ouvrière (concentration industrielle en faveur des trusts) que
si celle-ci
reste passive et accepte sans résistance tous les maux que
l'impérialisme
voudra lui infliger sous prétexte de lui en épargner de
pires. Il
faut reprendre les traditions de lutte de Juin 36, sûrs que la
solidarité
ouvrière l'emportera. Tous
en rangs serrés dans les syndicats pour mener la lutte: 1)
Pour l'échelle mobile des heures de travail. Dans
chaque industrie le travail disponible doit être réparti
entre tous les
ouvriers de la branche. Les ouvriers des usines fermées doivent
être embauchés
dans les usines qui continuent à tourner. 2)
Pour l'augmentation des salaires (minimum vital). 3)
Pour l'échelle mobile des salaires. 4)
Pour le maintien des quarante heures. Il
ne s'agit pas de ce que peut ou ne peut pas le patron individuel, il
s'agit de
la vie même de la classe ouvrière vouée à la
misère, à l'expatriation forcée et
aux pires incertitudes qui lui enlèvent toute dignité. Il
faut s'arrêter sur la pente, il faut entamer résolument la
résistance aux plans
impérialistes. Seule cette résistance permettra ensuite
de passer à la lutte
qui mettra fin à la guerre qui menace le monde de destruction et
de barbarie. VIVE
L'ARMÉE ROUGE! VIVENT
LES ÉTATS-UNIS SOCIALISTES D"EUROPE! VIVE
LA QUATRIÈME INTERNATIONALE! le 12
Juillet 1942 Ne
détruisez pas ce tract, faites-le lire par vos camarades! |