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Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !
L A  L U T T E  de  C L A S S E S

            Organe Communiste (Quatrième internationale).

N° 2                       22 Octobre 1942
LE DEUXIEME FRONT ET L'URSS.

    Depuis trois ans que dure la guerre impérialiste les ouvriers n'ont pas encore trouvé de voie salvatrice.
    La résistance héroïque de l'Armée Rouge; contre l'ennemi capitaliste fort de sa technique et de son passé historique, est une nouvelle preuve éclatante des miracles accomplis par la Révolution prolétarienne dans un pays qui 25 ans auparavant tombait en décomposition. Par contre, le recul des troupes soviétiques et la perte de riches territoires ont dissipé le mensonge et le bluff de la bureaucratie stalinienne sur "l'invincibilité" de l'économie planifiée isolée de l'URSS.
    C'est dans ces conditions que surgit la croyance que seul un deuxième front allié, en donnant le coup de grâce à Hitler, mettrait fin au cauchemar de la guerre.
    Tandis que la radio de Londres, entretenant soigneusement cette illusion, invite les ouvriers à attendre tranquillement l'attaque alliée, le parti "communiste", tombé à un degré de chauvinisme plus grossier que le pire jusqu'au-boutisme de 1914, n'a pas de politique révolutionnaire à proposer à la classe ouvrière et, se bornant à répéter la radio soviétique, appelle à la révolte et à l'attentat sans souci des conditions objectives. Ainsi manquant de direc-tion pour une action de masses correspondant au rapport de forces, les ouvriers attendent et se désespèrent.
    Et que pourraient-ils faire de plus ? Staline lui-même, après avoir ramené, par une série d'alliances avec les divers impérialismes, le prolétariat au niveau idéologique d'il y a 25 ans (union sacrée) et abandonné officiellement la direction des masses exploitées et opprimées dans les pays occupés par l'Allemagne à des "libérateurs" nationaux comme De Gaulle en France, en est réduit à demander à cor et à cris la création  d'un deuxième front. Mais les "démocraties alliées" ne sont pas pressées d'intervenir, sauf quand leurs intérêts impérialistes le leur dictent, comme à Madagascar.
    Aux ouvriers qui depuis quinze mois assistent impuissants à la lutte qui doit décider du sort du premier Etat ouvrier que le monde ait connu et aux manoeuvres "alliées" contre l'URSS, nous rappelons ce que nous disions au début du conflit : en face d'un monde dominé par l'impérialisme, l'URSS ne peut vaincre que par la révolution socialiste dans les pays capitalistes avancés (Allemagne, Angleterre, etc...) appuyée par la lutte émancipatrice des peuples coloniaux... "la stratégie communiste a pour tâche de coordonner la lutte de l'Armée Rouge avec le développement de la lutte de classes dans les pays capitalistes" (tract du 30 juin 1941).
    A cette politique Staline a préféré celle de l'alliance avec les impérialismes opposés à Hitler et a abandonné la lutte émancipatrice des peuples opprimés par ceux-ci (Indes, Irlande, Indochine etc.)
    Et voilà qu'aujourd'hui les alliés impérialistes, se servant du 2° front comme moyen de chantage, entreprennent d'étrangler, non pas l'Armée soviétique, qui est encore indispensable à leurs plans, mais le REGIME qui bien que rendu méconnaissable par la bureaucratie stalinienne, reste encore "rouge" puisque toujours fondé sur l'économie planifiée ("socialiste").
    En effet, peu après la visite de Wendell Wilkie, chargé par Wall Street de faire connaître à Staline les conditions d'une aide militaire américaine, la fonction de commissaire politique à l'armée, qui assurait le contrôle de la bureaucratie civile sur la militaire, vient d'être supprimée. La presse bourgeoise s'est réjouie de cette suppression car, des deux Bureaucraties, civile et militaire, c'est la première qui, quoique vivant en parasite au dépens de l'organisme social, a ses racines directement dans l'économie planifiée dont elle dépend. Le sens de cette suppression prend sa véritable signification par le fait qu'en même temps le "génial" Staline est remplacé au commandement suprême par l'ancien officier tsariste Chapochnikov. En fin de compte, la sauvegarde de la conquête essentielle de la Révolution d'Octobre 17 -économie planifiée- dépend : l° de l'attachement des masses soviétiques au régime ; 2° de l'action de classe du prolétariat mondial qui, rompant avec la politique néfaste des partis dits communistes, aidera le prolétariat soviétique à reconquérir le pouvoir usurpé par la bureaucratie.
    Comme en 14-18, les impérialistes assourdissent les masses par un flot de commentaires stratégiques, pour mieux leur cacher le véritable problème, qui est politique. Car le caractère de la stratégie est déterminé par des buts politiques auxquels elle est soumise. Ce que les ouvriers doivent savoir déterminer, c'est la nature de l'Etat disposant de la force armée. S'agit-il d'un gouvernement impérialiste, nationaliste-bourgeois (colonies et semi-colonies), bureaucratique-ouvrier (URSS) ? Quels sont ses buts ? Est-il juste de soutenir la Chine contre le Japon et ne pas appuyer l'Inde contre l'Angleterre ? Le prolétariat doit envisager les événements du point de vue de la libération humaine, car, l'émancipation des travailleurs est im-possible, la liberté et le bien-être ne peuvent durer "TANT QU'IL EXISTERA DANS LE MONDE UN SEUL OPPRIME".
    Que peut signifier pour les ouvriers un "deuxième front" ? Une offensive des alliés, même dans le cas d'une victoire, serait-elle autre chose que le ravage de l'Europe occidentale (surtout la France), qu'un nouveau dépècement des nations (exemple : restauration du monstre trinational tchécoslovaque), que le pillage des richesses du continent sous divers prétextes ? Déjà en 1918, avec la victoire, les masses françaises n'ont plus retrouvé leur niveau de vie d'avant 1914. Et maintenant ? Comme nous le disions en novembre 1940 : "la part de l'Europe dans l'économie mondiale a considérablement décru après la 1ère guerre mondiale. En es-sayant d'agrandir la part de l'impérialisme allemand dans une Europe déjà appauvrie, Hitler a consommé la ruine du continent. Et avant que Hitler ait vaincu l'Angleterre, l'Amérique réduira le Vieux Monde à la portion congrue... Sur des bases capitalistes, la voie est fermée à un relèvement de l'Europe."
    La seule voie, c'est le socialisme : "La tâche de permettre une auto-détermination absolue et la collaboration pacifique de tous les peuples de l'Europe ne peut être résolue que sur la base de l'union économique de l'Europe purgée de la domination bourgeoise. Le prolétariat doit "chasser ceux qui ont morcelé l'Europe, prendre le pouvoir pour unifier cette dernière et créer les Etats-Unis socialistes d'Europe". Seule la lutte commune des travailleurs allemands, français hongrois, italiens, roumains, etc... permettra l'instauration des E-U Socialistes d'Europe, qui tendront une main fraternelle à l'URSS pour, ensemble, mener la lutte finale pour l'affranchissement total du genre humain.
Travailleur, tu n'as le choix qu'entre la voie de l'impérialisme et celle de la

QUATRIEME INTERNATIONALE !