N°
6
12 décembre 1942
"1918" ? La victoire
d'un
camp impérialiste sur l'autre, comme perspective du
présent
conflit, signifierait l'éternisation de la guerre et
l'effondrement
de la civilisation.
Seuls de nouveaux
Octobre 17
dans
les pays
capitalistes feront la
paix du
monde
!
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LA
"REVOLUTION
PERMANENTE" CONTRE LA GUERRE PERMANENTE...
La croyance que seul
un
2e front allié, en donnant le coup de grâce à
Hitler,
mettrait fin au cauchemar de la guerre, s'avère une
grossière
illusion soigneusement entretenue par les alliés capitalistes
(Etats-Unis
et Angleterre) pour maintenir les masses, exploitées et
opprimées
par Hitler, suspendues à leurs opérations militaires et
pour
les utiliser, passives et ignorantes, pour leur politique de guerre.
Plus d'un mois s'est
écoulé
depuis
le débarquement, à grand renfort de réclame, de
l'impérialisme
américain et anglais au Maroc et en Algérie,
débarquement
qui devait être le prélude de la "libération"
finale du peuple français (la "libération est maintenant
proche" déclarait le speaker de Radio-Londres).
Et que voyons-nous
? Au
lieu
d'un nettoyage rapide de l'Afrique du Nord, qui aurait pu faire croire
qu'un
des foyers de la guerre fût circonscrit, nous assistons à
une
extension des opérations militaires avec leurs contre-coups
inévitables
sur le niveau de vie des masses de tous les pays. Et le
Président
Roosevelt de déclarer : "la production de guerre
américaine
atteindra son plein rendement en 1944"...
Cette illusion est aussi entretenue
par la
bureaucratie
soviétique. Les forces de la seule Armée Rouge dans un
monde
impérialiste (5/6 du globe) ne pouvaient pas remporter une
victoire
décisive sur un groupe impérialiste. Même si elle
avait
été assez forte pour cela, les autres
impérialismes
se seraient regroupés de manière à faire d'une
pierre
deux coups : affaiblir et leurs rivaux impérialistes en guerre
contre
l'URSS et le 1er Etat ouvrier. Munich a renforcé Hitler contre
l'URSS,
et l'alliance anglo-soviétique fait de l' URSS le soldat des
"démocraties".
La défense de l'Union Soviétique ne pouvait être
menée
à bien que par une politique révolutionnaire : il aurait
fallu
mener la guerre en tant que guerre révolutionnaire
prolétarienne
et s'appuyer sur la lutte des peuples coloniaux (Chine, Inde) contre
l'impérialisme,
et sur les prolétariats des pays impérialistes
(Allemagne,
Italie, Angleterre, France, etc...). Mais pour cela la bureaucratie
soviétique
aurait dû renoncer à sa domination politique
incontrôlée
de l'Union Soviétique. Le moyen décisif de la
stratégie
et de la politique révolutionnaire ayant été
abandonné
par la bureaucratie stalinienne, les dirigeants soviétiques ne
peuvent
plus qu'implorer l'aide de Churchill et de Roosevelt, et, dans ce but
ils
proclament révolue la contradiction fondamentale entre bourgeois
et prolétaires dans les pays capitalistes et enchaînent
les
ouvriers à la politique de leur propre bourgeoisie.
C'est à ce
"front
unique" contre l'énergie révolutionnaire des masses que
nous devons l'explosion, à l'occasion des derniers
événements,
d'espoirs trompeurs et de chauvinisme "mangeur de boches", non
seulement dans les boutiques, mais aussi dans les usines. Espoirs une
fois
de plus déçus, chauvinisme étalé en pure
perte
faisant ainsi ressortir leur propre impuissance : voilà ce qui
reste
aux masses trompées par les agents et par les avocats de la
libération
anglo-saxonne.
Il y a pire. La
démagogie
stalinienne et gaulliste ne s'est pas fait scrupule de promettre aux
masses,
et la fin de la guerre, et la "victoire", en inscrivant sur les
murs : "1918". Mais il y a en France quelqu'un duquel dépend
précisément au plus haut degré le sort de cette
guerre
: c'est le soldat allemand. Hitler a réussi à s'imposer
au
peuple allemand, par la violence, avec l'aide des petits-bourgeois,
fanatisés
dans l'idée que ce n'était pas le capitalisme allemand,
avant
tout, qui a été la cause des maux soufferts par
l'Allemagne
depuis l'armistice de 1918, mais le traité de Versailles.
Pour le paysan
"soldat-allemand",
fatigué par la dictature national-socialiste et par les
années
de guerre, le fatidique "1918" est le rappel de ses souffrances
et humiliations après Versailles, qui le rejettent dans les bras
de ses officiers. Pouvait-on rendre meilleur service à Hitler ?
La guerre étant
mondiale, les belligérants disposant des ressources du globe et
d'une
technique extrêmement élevée même par rapport
à 14-18, il ne peut y avoir de victoire d'un camp
impérialiste
sur l'autre, que par l'épuisement complet des richesses
accumulées
au cours des siècles, et le "vainqueur", vainqueur parce
qu'ayant tenu le dernier quart d'heure serait aussi ruiné que le
vaincu... l'échec des plans de Hitler ne signifie nullement la
victoire
des plans de l'impérialisme anglo-saxon et encore moins une
échéance
quelconque à la durée de la guerre" écrivions-nous
au moment même où Rommel fuyait vers l'Ouest et les
armées
alliées débarquaient au Maroc et en Algérie
(n°
4, 16 novembre 1942).
Quelle est sur ce point la
leçon de
la
1ère guerre mondiale ? Comment a-t-elle pris fin ? Par la
"victoire"
alliée ? Mais au moment de sa capitulation,
l'impérialisme
allemand avait derrière lui une longue suite de victoires et
n'avait
subi aucune défaite décisive.
La machine de
guerre
allemande
se désagrégea en novembre 1918 de l'intérieur,
comme
s'était désagrégée auparavant la machine de
guerre russe à partir de 1917. Ce sont donc les
bolchéviks
qui, en transformant la guerre impérialiste en guerre civile,
engagèrent
les peuples sur des voies nouvelles. La révolution
prolétarienne
dans un camp (Russie), loin de provoquer la victoire de l'"ennemi",
a provoqué dans l'autre camp (Allemagne) la victoire des
idées
révolutionnaires parmi les soldats ouvriers et paysans et les a
dressés
contre leur propre Etat-major et ses plans impérialistes.
Si un Parti
révolutionnaire
avait alors existé en Occident, la révolution
prolétarienne
victorieuse en France et en Allemagne aurait pour toujours mis fin au
capitalisme
et aux guerres. Mais les partis "socialistes", comme aujourd'hui
le parti "communiste" étaient sur des positions
"jusqu'au-boutistes"
et nationalistes-chauvines. Malgré tout, l'extension des
idées
révolutionnaires parmi les soldats alliés, contraignit
d'abord
l'Etat-major allemand à capituler et fit ensuite échec
à
la volonté des capitalistes vainqueurs (France, Angleterre,
Etats-Unis,
Japon,) de continuer la guerre contre les Soviets et même entre
eux
(Conférence navale de Washington, 1922).
° ° °
La situation
stratégique
de l'Allemagne dans la 2ème guerre mondiale est incomparablement
meilleure que dans la première, l'Europe entière se
trouve
sous sa domination, et le Japon et l'Italie sont dans son camp.
Mais même en
cas
d'effondrement
d'une ou de toutes les puissances de l'Axe, la guerre ne prendrait fin
:
dans le camp allié, l'URSS et la Chine, indispensables
militairement
dans la phase actuelle de la guerre, seraient la source de conflits
militaires
immédiats. Non pas que ces conflits doivent éclater
seulement
après l'effondrement de l'Axe ; nous ne faisons que rappeler les
principaux antagonismes qui rendent toute stabilité ("paix")
impossible à l'époque du capitalisme impérialiste,
du premier Etat ouvrier, et des guerres d'émancipation nationale
(Inde, Chine, etc..).
En fait, la
perspective
impérialiste
d'un nouveau "1918" éterniserait cette guerre et provoquerait
l'effondrement de la civilisation : "Abandonnée à
sa propre logique, la guerre mondiale serait, dans les conditions
actuelles
de la technique, une méthode compliquée et très
coûteuse
de suicide de l'humanité.On pourrait obtenir les mêmes
résultats
d'une manière bien plus simple, c'est-à-dire en enfermant
l'humanité dans une cage de la grandeur d'environ un
kilomètre
cube et en plongeant cette cage dans un des Océans. La technique
moderne serait tout à fait à même d'accomplir ce
"coup
bref et décisif" ; il serait bien moins cher que le programme
militaire de l'une quelconque des grandes puissances." Ce pronostic
de Trotsky en août 1937 n'a pas été infirmé
par
la guerre actuelle : la guerre permanente, voilà le
marécage
où le capitalisme a enfoncé l'humanité.
° ° °
Par contre la
situation politique est favorable en Europe à la
révolution
prolétarienne.
Sur le front intérieur, Hitler est encore plus vulnérable
que Guillaume II. Toutes les classes et tous les peuples ploient sous
le
joug fasciste et souffrent de la guerre. Hitler est arrivé au
pouvoir
en écrasant le prolétariat allemand ; la guerre civile le
guette à chaque défaite. A l'occasion de ses derniers
échecs
militaires, une propagande non pas nationaliste, mais
internationaliste,
une perspective d'émancipation commune de tous les
prolétariats
par les Etats-Unis socialistes d'Europe, auraient entamé
la
discipline "nationale" du soldat allemand et auraient
créé
des liens entre celui-ci et la prolétariat français
C'eût
été le premier coup porté à la
deuxième
guerre impérialiste mondiale.
Car il n'y a qu'une
perspective
à opposer à la guerre permanente, c'est celle de la
"Révolution
permanente". Un tel programme implique une suite de nouveaux
Octobre 17 dans les pays capitalistes. S'engager dans cette voie
demande
de la part des ouvriers de nombreux sacrifices. Mais pourquoi ne
ferions-nous
pas volontairement pour nous-mêmes, au moins une partie de ce que
nous accomplissons de force pour nos exploiteurs ?
La
"Révolution
permanente" n'est pas un chemin de Golgotha vers un but utopique. C'est
la seule stratégie permettant aux masses un relèvement
progressif
et accéléré de la vie matérielle et
culturelle,
c'est la seule perspective révolutionnaire qui embrasse la
solution
complète de toutes les contradictions qui déchirent la
société
humaine, en menant aux ETATS-UNIS SOCIALISTES DU MONDE.
A
BAS LA
GUERRE
PERMANENTE !
VIVE
LA
"REVOLUTION
PERMANENTE" !
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