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BASE
STRATÉGIQUE ET
TACTIQUE
DE NOS TACHES
PRATIQUES
(Mai
1943) Les buts
stratégiques ainsi que les moyens tactiques exposés dans
notre brochure de
Novembre 1940 restent, dans ce qu'ils ont d'essentiel, valables pour la
période
actuelle. Cependant, des modifications politiques (tournants
staliniens,
intégrration économique du pays dan la machine de guerre
allemande, etc.)
rendent nécessaire une nouvelle exposition de nos mots d’ordre
et leur
adaptation à la situation présente. Nos
objectifs stratégiques concernant la question de la guerre et
celle du pouvoir
sont les suivants : 1/ - Les
États-Unis Socialistes d’Europe. La seule lutte
véritable pour la paix
c'est la lutte pour les États-Unis Socialistes d'Europe. Une
victoire alliée,
au prix d'une nouvelle destruction d'un nombre incalculable de
richesses sur le
continent (vies humaines, villes, forces productives, etc.) ne
ramènerait pas
la paix, non seulement dans ce sens que la victoire d'un camp
impérialiste sur
l'autre (de l'impérialisme américain et anglais sur
l'impérialisme allemand et
italien) laisserait subsister la cause de la guerre, le capitalisme,
mais
encore dans le sens d'une continuation de la présente guerre-
guerre en
Extrême-Orient, conflits entre petites nations, antagonisme aigu
entre l’URSS
et l'impérialisme vainqueur si l'URSS subsiste en tant
qu'économie planifiée,
etc. Toute une époque de misère sans fin attend les
peuples d'Europe, en
absence de la révolution prolétarienne. Or
précisément, la révolution prolétarienne
sur le continent ne peut pas avoir d'autre forme étatique que
les É
[tats]-U[nis] Soc[lalistes] d'Europe. Les É
[tats]-U[nis] Soc[ialistes] d'Europe sont la solution a) de la
guerre impérialiste. Contre l'impérialisme
américain qui lutte pour dominer le
monde, l'Europe balkanisée par Hitler devait succomber (voir
brochure) et est
en train de succomber. L'impérialisme allemand n'a pas
réalisé l'unification
économique de l'Europe, qui même sur des bases bourgeoises
aurait signifié le
progrès économique et culturel des peuples d'Europe, mais
il a soumis à
l'exploitation du capitalisme allemand tous les peuples
européens. L'avance
économique de l'impérialisme allemand a été
réalisée par la ruine de toutes les
autres nations. Seul le prolétariat peut unifier les forces
économiques et
culturelles du continent et s'opposer ainsi à
l'impérialisme américain non plus
par une guerre épuisante et sans lendemain, mais par une guerre
prolétarienne
qui n'est pas seulement conflit armé, mais assure son
succès par l'union
révolutionnaire des ouvriers d'Europe et d'Amérique et
par la victoire de ces
derniers sur leur propre bourgeoisie. Ainsi les É [tats]-U[nis]
Soc[ialistes]
d'Europe deviennent immédiatement le point de départ
d'une courbe ascendante
vers la paix et vers le bien-être des masses. b) La
solution de tous les conflits nationaux engendrés par
l'impérialisme. É
[tats]-U[nis] Soc[ialistes] d'Europe, ceci implique une
auto-détermination
absolue des nations. c) La
solution des contradictions intérieures de l'URSS. La
suppression de
l'isolement mondial de l'économie planifiée de l'URSS
permettra au prolétariat
soviétique de s'émanciper de la bureaucratie. 2/ - La
défense de l'URSS, qui est un des objectifs principaux de la
4e
Internationale dans la présente guerre impérialiste,
n'impose pas, sur le
plan européen, au prolétariat des tâches
distinctes de celles qu'il
accomplit pour sa propre lutte contre l'impérialisme. Ceci vaut
bien entendu
pour la phase actuelle du conflit. 3/ -
Comme solution du pouvoir politique (gouvernemental) que la bourgeoisie
utilise
contre le prolétariat et les masses populaires, nous mettons en
avant la lutte
pour le gouvernement ouvrier et paysan. Le gouvernement ouvrier
et
paysan est le gouvernement du prolétariat (dictature du
prolétariat) appuyé sur
les masses populaires contre la bourgeoisie. Ainsi, le pouvoir
étatique
devient, avant de disparaître dans la société
socialiste, d'organe d'oppression
de la grande majorité du peuple par une petite minorité
capitaliste, organe de sauvegarde
des conquêtes révolutionnaires de l'écrasante
majorité contre la minorité se
cramponnant à l'ancienne société bourgeoise. 4/ - Ce
qui distingue le Gouvernement ouvrier et paysan des gouvernements
bourgeois
"de gauche" baptisés parfois par les staliniens gouvernements
ouvrier
& paysan, c'est le fait que le premier s'appuie sur une
nouvelle forme
étatique, les Comités ouvriers et paysans,
tandis que le second
continue à s'appuyer sur l'ancien appareil d'État
bourgeois. Il faut donc dès
maintenant ouvrir aux éléments avancés du
prolétariat la perspective des
Comités ouvriers et paysans, pour que la première grande
crise du pouvoir
étatique bourgeois puisse permettre la création de
Comités sur toute l'étendue
du pays. 5/ - La
lutte pour le Gouvernement ouvrier et paysan et pour les Comités
implique que
le prolétariat enlève à la bourgeoisie le monopole
des armes. L'armement
du prolétariat crée précisément la
dualité du pouvoir, c.-à-d. cette situation
où la bourgeoisie tout en ayant perdu le monopole du pouvoir,
s'appuie encore
sur son appareil étatique si fantomatique qu'il soit. La
dualité du pouvoir ne
supprime pas, mais rend seulement possible, l'insurrection armée
du
prolétariat, qui prend la totalité du pouvoir en
détruisant l'ancien État de la
bourgeoisie, la désarme complètement et ouvre ainsi
l'ère de la transformation
socialiste de la société. * * * Les
objectifs tactiques, c.-à-d. ceux qui ont pour but de mobiliser
les masses en
vue de la réalisation des mots d’ordre stratégiques, sont
les suivants: a) sur
le plan de l'agitation: 1/ - La
lutte pour les libertés démocratiques
élémentaires, droit de réunion, droit de
grève, liberté de presse, amnistie, etc. (voir brochure).
La reconquête des
libertés démocratiques élémentaires est
indispensable aux ouvriers dans leur
lutte pour la conquête du pouvoir, le prolétariat ne peut
pas passer
directement de sa situation actuelle de dispersion et de
désorganisation à la
prise du pouvoir. Il lui faut d'abord se regrouper et reprendre
confiance en
lui-même, et cela seule la pratique des libertés
démocratiques prolétariennes
peut le lui Permettre. D'autre
part, la lutte pour les libertés élémentaires
démocratiques indispensables au
prolétariat trouve l'appui de l'écrasante majorité
de la population des villes
et des villages. 2/ - Contrôle
ouvrier de la production par les comités d'usine,
contrôle du
ravitaillement par les délégués d'usine et les
comités de ménagères. (Voir
Programme de transition, pp. 7-8.) 3/ -
Alliance de la ville et de la campagne par le plan ouvrier de
production
sur la base de l'expropriation des banques et des industries
clé.
Échange entre la ville et la campagne par l'intermédiaire
des comités paysans
et des comités ouvriers (et non pas par les coopératives
comme c'est indiqué
dans la brochure). Ce sont les comités et non pas la
coopérative qui peuvent
englober la masse des producteurs et des consommateurs à la
ville et à la
campagne. (Voir Programme de transition, pp. 12-13.) b) Sur
le plan de l'action : 1/ -
Reconstitution illégale des organisations syndicales,
condition des
luttes pour l'amélioration du niveau de vie, heures de travail,
etc. 2/
-
Création de milices ouvrières clandestines
(groupes de 3-4) dans chaque
quartier, dans chaque rue, dans chaque usine, sous le contrôle
des organisations
prolétariennes. Le but de ces milices c'est la défense
des travailleurs et de
la population contre les milices de Laval. |