N°
16 4
Août
1943
Les
ouvriers italiens
sont la premiers dans la présente guerre, à qui revient
l'honneur
d'avoir suivi la voie tracée par LENINE pour arriver à la
vraie paix : "TRANSFORMER LA GUERRE IMPERIALISTE EN GUERRE CIVILE". |
Le
régime fasciste s'effondre en Italie
LES
OUVRIERS ITALIENS NOUS MONTRENT LA VOIE !
Depuis 21 ans le prolétariat italien était courbé
sous le joug de Mussolini et de ses bandes armées au service de
la bourgeoisie italienne. Pourquoi les ouvriers italiens qui en 1919
étaient
à la tête de la lutte révolutionnaire en Europe,
qui
avaient occupé les usines et les avaient mises en marche sous
leur
propre contrôle et qui ne furent vaincus que par la trahison des
réformistes, ne réussirent-ils pas à secouer la
dictature
fasciste ? C'est que les victoires successives de la réaction en
Pologne (1927), en Allemagne (1934), en Espagne (1939) et un
régime
de dictature instauré dans toute l'Europe, leur avait
fermé
toute possibilité de révolte.
Mais le mécontentement du prolétariat et des masses
populaires
en Italie grandissait de plus en plus contre le régime pourri de
Mussolini et n'attendait que la première occasion favorable pour
se manifester. Quand en 1940 Mussolini aux ordres du grand capital,
entraîna
le peuple italien dans la guerre impérialiste les masses
montrèrent
peu d'empressement à se battre pour les intérêts de
la bourgeoisie italienne et pour la gloire de Mussolini. Les
désastres
militaires subis par l'Italie impérialiste depuis le
début
de la guerre ont amené au paroxysme les contradictions
intérieures
engendrées par le régime et l'exploitation patronale
accrue.
Des grèves ont éclaté en Italie pendant la
campagne
de Tunisie. Avec le débarquement des impérialistes
alliés
en Sicile, le prolétariat italien ne pouvait qu'intensifier sa
lutte,
l'étendre et poser des revendications de plus en plus hardies.
Dans
ces circonstances, pour ressaisir la situation intérieure et
pouvoir
manoeuvrer plus librement entre les différents
impérialismes
en guerre (éventuels changements diplomatiques), la bourgeoisie
italienne s'est servi du roi d'Italie pour effectuer une
"révolution
de palais" et s'est débarrassée de Mussolini.
Mussolini parti, les masses sont entrées immédiatement en
action. Le régime fasciste s'est complètement
effondré.
Cette victoire du peuple italien sur ses propres oppresseurs a rempli
de
joie dans le monde entier les exploités et les opprimés,
elle montre la voie à suivre pour conquérir les
libertés,
pour conquérir le droit de vivre en mangeant à sa faim,
pour
mettre fin à la guerre.
A travers les informations tronquées, arrangées,
intéressées,
de la radio "alliée" et "neutre", les événements
d'Italie
parlent un langage suffisamment clair pour qu'on ne puisse pas se
méprendre
sur leur sens. Ce sont les masses ouvrières qui par des
grèves
puissantes, dans les villes industrielles du Nord notamment à
Milan,
appuyées par tout le mécontentement populaire, ont
précipité,
après la démission de Mussolini la chute du fascisme. Ce
sont les masses qui ont manifesté devant les prisons, qui ont
contraint
Badoglio à consacrer officiellement la libération des
emprisonnés
politiques, qui ont libéré elles-mêmes des
détenus
politiques du régime là où "l'action"
gouvernementale
se faisait attendre. C'est l'action des masses qui a pratiquement
redonné
la vie aux différents partis politiques, malgré
l'interdiction
gouvernementale de tout parti. Si les grèves ont cessé
actuellement
devant les mesures draconiennes prises par le gouvernement, elles ne
pourront
que recommencer au fur et à mesure que les masses
prolétariennes
et les soldats auront fraternisé pour des buts communs. OUVRIERS
ET SOLDATS DOIVENT RESOUDRE EN ITALIE, AVEC LA QUESTION DU REGIME, LA
QUESTION
FONDAMENTALE DE LA PAIX. Des fraternisations entre ouvriers et soldats
auraient déjà eu lieu, la troupe ayant refusé de
tirer
sur les grévistes. Radio-Londres parle de la création de
comités d'ouvriers et même de soldats. S'il s'agit de
comités
élus par les ouvriers et les soldats, cela signifie que les
masses
d'ouvriers et de soldats en lutte, dressées contre l'appareil
officiel
étatique, se méfiant à juste titre de l'action et
des promesses de la bourgeoisie, créent leurs propres
organisations
de classe en liaison constante avec la masse et dépendant
d'elle.
Seuls les COMITES, organes démocratiques de la dictature du
prolétariat,
peuvent briser l'Etat de la bourgeoisie et résoudre les
questions
brûlantes DE LA PAIX, DU PAIN ET DE LA LIBERTE.
°
° °
Les événements d'Italie marquent le début de
l'effondrement
du régime totalitaire établi par la bourgeoisie en Europe
sur le dos du mouvement ouvrier. Au Portugal, où cependant la
politique
de la bourgeoisie est inféodée à l'Angleterre et
non
pas à l'Allemagne et où la classe ouvrière est
soumise
à la dictature sanglante de Salazar, la nouvelle de la chute de
Mussolini et du fascisme a provoqué de grandes grèves sur
le tas, notamment dans les ports. En Espagne, le bourreau Franco a
dû
inopinément "accélérer" la libération de
prisonniers
politiques qui meurent dans ses prisons fascistes. Ainsi 10.000
emprisonnés
de plus ont retrouvé la liberté en Espagne, grâce
au
mouvement des masses italiennes. Mais la chute du fascisme italien et
la
renaissance du mouvement ouvrier en Italie auront leurs
répercussions
les plus profondes en Allemagne même où le régime
que
Hitler prétendait instaurer pour 1 000 ans ne fêtera
sûrement
pas son 11ème anniversaire. Le prolétariat allemand
compte
par centaines de milliers ses victimes anti-fascistes. Les masses
populaires
allemandes, le véritable peuple allemand qui travaille de ses
mains,
souffre cruellement de la guerre impérialiste, souffre
cruellement
de voir ses meilleurs fils arrachés à leurs foyers et
jetés
sur tous les champs de bataille pour des conquêtes qui n'ont
profité
qu'à la bourgeoisie allemande. En France les masses
ouvrières
luttent pour les mêmes objectifs que ceux pour lesquels luttent
les
ouvriers italiens. Il faut reconquérir les véritables
libertés,
libertés de presse, de grève, de réunion, qu'aucun
pays capitaliste ne reconnait plus à la classe ouvrière.
Il faut libérer les victimes de la répression capitaliste
et militariste qui peuplent les prisons et les camps de concentration ;
il faut récupérer les ouvriers déportés et
les prisonniers de guerre.
Dans toute l'Europe ils ont les mêmes aspirations
immédiates
de lutte. Les événements d'Italie, sous le coup des
événements
militaires, sont l'image des événements qui demain
déferleront
sur tout le continent.
La question fondamentale qui unit l'Europe prolétarienne c'est
celle
de la paix. Paix impérialiste par la victoire d'un des camps
impérialistes
et conservation de l'exploitation et de l'oppression du régime
capitaliste,
ou renversement du régime bourgeois par le prolétariat et
instauration d'une paix véritable par l'union des peuples dans
une
Fédération socialiste des peuples, la seule qui peut
assurer
aux nations un libre développement ; voilà l'enjeu de la
lutte. Tout ouvrier conscient voit maintenant que les alliés
n'offrent
pas la paix au peuple italien, mais qu'ils veulent seulement
contraindre
l'Italie à changer de camp dans la guerre. C'est ainsi que la
France
"libérée" par l'impérialisme anglais et
américain
devra continuer la guerre contre l'impérialisme japonais au
bénéfice
des capitalistes américains (convention Giraud-Roosevelt).
Les années de guerre ont cloisonné les peuples. Sans
contact
avec les frères prolétaires des autres pays, plus d'un
ouvrier
et paysan oublie que c'est un frère et non un ennemi qui est en
face de lui, que ces bombardements et cette boucherie sont l'oeuvre non
d'un peuple "ennemi", mais dûs à un régime
capitaliste
pourri. Seules les vagues puissantes de la révolution
prolétarienne
peuvent balayer les barrières de boue et de sang que la
bourgeoisie
a élevées entre les peuples.
Aucun peuple ne peut résoudre isolément la question de la
paix. Le sort de chaque peuple dépend finalement non pas de la
place
plus ou moins favorisée qu'il peut occuper par rapport à
d'autres peuples, mais du système dans lequel il
s'intègre
: système d'oppression impérialiste (allié ou de
l'Axe)
ou système de fédération socialiste. Le peuple
italien
a fait ce choix, il ne veut ni de la victoire allemande ni de la
victoire
alliée. Il cherche une issue prolétarienne à la
guerre,
la seule issue qui apportera vraiment la paix, et non une nouvelle "der
des ders". Ecrasé par sa propre bourgeoisie, menacé par
les
armées impérialistes anglaises, américaines et
allemandes,
le prolétariat italien doit pouvoir s'appuyer, dans cette
question
fondamentale, sur la solidarité de tous les peuples
européens
(de ceux qui travaillent de leurs mains) et leur lutte pour une paix
juste
(et non pas impérialiste comme celle que leur offrent les
alliés)
doit trouver l'appui de tous les prolétariats, en premier lieu
du
prolétariat allemand et français pour qu'ils puissent
faire
échec aux plans impérialistes allemands et aux plans
impérialistes
des alliés qui tous obligent l'Italie de rester dans le conflit
"jusqu'à la fin", c'est-à-dire tant qu'il plaira aux
capitalistes
dont elle dépendra.
Les capitalistes qui à la suite de la guerre de 14-18 ont
laissé
leur peau en Russie mais ont réussi à maintenir leur
domination
sur le reste du globe, manoeuvrent dans la présente guerre pour
assurer "définitivement" leur domination capitaliste, par la
destruction
de la solidarité internationale des ouvriers, et pour mettre
à
profit l'isolement de l'URSS dans le monde capitaliste pour essayer de
liquider l'économie planifiée de l'Union
Soviétique.
Seule l'intervention des masses luttant pour leurs propres objectifs
populaires
peut détruire définitivement les plans de tous les
impérialismes
et mener à la victoire du socialisme. Si sous la pression du
militarisme
allié, Staline a désavoué publiquement
l'Internationale
en tant qu'instrument de libération des prolétariats et
des
peuples, la lutte révolutionnaire des masses contre leur propre
bourgeoisie reforgera l'Internationale qui conduira les ouvriers, les
paysans
et les soldats à la victoire, la Quatrième Internationale.
VIVE
LE PROLETARIAT ITALIEN !
VIVENT
LES ETATS-UNIS SOCIALISTES D'EUROPE !
VIVE
LA QUATRIEME INTERNATIONALE !
DE
LA REVOLUTION TRAHIE AU FASCISME
Après
la première guerre impérialiste de 14-18, l'Italie
était
en Europe le pays le plus mûr pour la révolution.
Absolument déséquilibrée et ruinée par la
guerre,
la bourgeoisie italienne cherchait en vain à se redresser en
exploitant
au maximum certaines colonies pauvres en matière
premières
que l'Angleterre avait bien voulu lui abandonner. Le sol italien ne
renferme
pas de richesses importantes, ni métaux, ni charbon, ni
pétrole.
Il n'est pas assez étendu et fertile pour assurer le
ravitaillement
de la population en céréales et de l'industrie en
matières
premières nécessaires, comme par exemple le coton. Seule
par conséquent la possession et l'exploitation de colonies
riches
pouvait soulager la crise du capitalisme italien. Mais la bourgeoisie
italienne,
malgré sa participation à la première guerre
impérialiste
aux côtés de l'Entente, n'a obtenu qu'une part infime du
butin
au moment du repartage du monde. D'où l'acuité de la
crise
qui éclata immédiatement après la guerre en
Italie.
La bourgeoisie ne pouvait plus imposer sa loi aux masses laborieuses
lasses
de la guerre, exaspérées par les souffrances et la
misère
qui l'accompagnent. Dans diverses régions le prolétariat
se trouvait déjà en état d'insurrection. Des
fractions
considérables de la classe paysanne commençaient à
se soulever contre les pro-priétaires fonciers et contre l'Etat.
Sur le terrain d'une action révolutionnaire commune,
pro-létaires,
paysans et soldats forgeaient des liens fraternels.
La crise révolutionnaire en Italie atteignit son point culminant
en automne 1920, par le déclenchement de la grève
générale
et l'occupation des usines par les ouvriers. En même temps
commençait
la lutte physique contre les hordes fascistes organisées par les
éléments les plus actifs de la bourgeoisie sous
l'impulsion
et la direction de Mussolini. Cependant, l'absence d'un parti
révolutionnaire
décida du sort de la classe ouvrière, consacra sa
défaite
et prépara le triomphe du fascisme.
Il y avait cependant en Italie, pendant ces années critiques, un
parti ouvrier considérable par le nombre de ses membres et de
ses
sympathies dans la masse : le parti socialiste. Mais son action fut
toujours
influencée par la politique traître des
éléments
réformistes et les hési-tations mortelles des centristes
qu'il continuait à abriter dans son sein, malgré les
scissions
de 1912 et de 1914. Les réformistes opposaient à la lutte
de classes la collaboration des classes, à la transformation
violente
du régime capitaliste par la force armée du
prolétariat
et de ses alliés, la réforme graduelle du capitalisme.
Ils étaient en réalité les agents de la politique
bourgeoise dans le mouvement ouvrier, qui en rejetant les
méthodes
révolutionnaires de lutte et la révolution, se
soumettaient
servilement à la domination capitaliste. Leur politique, qui
était
celle de tous les partis socialistes de la IIe Internationale, avait
comme
base sociale l'aristocratie ouvrière, c'est-à-dire la
couche
ouvrière qui bénéficie des meilleures conditions
de
rétribution, et qui est par dessus tout
pénétrée
d'un esprit de corporatisme étroit, de petite bourgeoisie et de
préjugés capitalistes. C'est avec l'aide des
réformistes
qui ont divisé et affai-bli le parti socialiste et les syndicats
ouvriers en Italie, que la bourgeoisie italienne consolida ses
positions
et passa ensuite à l'offensive, réprimant le mouvement
ouvrier
et instaurant le régime fasciste, la pire forme de la
réaction
capitaliste.
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"par
le fer et par le feu".....
Tout
en s'efforçant de présenter les événements
d'Italie comme un mouvement en faveur des alliés
"libérateurs",
les impérialistes de Londres et de Washington ont
décidé
de déclencher une action sanglante "par le fer et par le feu"
contre
le peuple italien.
Le but des alliés est d'obtenir que l'Etat italien de demain
soit
soumis à leur influence, c'est-à-dire qu'il soit un Etat
collaborationniste comme ceux que Hitler a créés dans
l'Europe
asservie. L'éloignement de Mussolini à la faveur de la
situation
intérieure explosive de l'Italie était un premier pas
dans
cette voie, et maintenant il s'agit de parachever l'oeuvre
commencée.
Les bombardements terroristes décidés par les
alliés
ont pour but de provoquer la pa-nique et un exode de la population des
grandes villes industrielles vers les campagnes semblable à
celui
de juin 1940 en France qui troublerait, désagrégerait,
paralyserait
l'Etat italien et amènerait la bourgeoisie à la
capitulation.
Or, en même temps cette action tend à paralyser le
mouvement
des ouvriers italiens pour la paix et les libertés
démocratiques
en semant les ruines, en dispersant la population.
Ainsi les Anglo-Saxons jouent envers les masses italiennes le
même
rôle que l'impérialisme allemand et la bourgeoisie
italienne.
Qu'après
cela
Churchill nous présente l'action alliée comme une lutte
pour
la liberté et la démocratie !
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