QUI
DEFEND l'URSS ?
Quelques
semaines à peine se sont écoulées depuis la
conférence
Roosevelt, Churchill et Staline à Téhéran, qui
devait
assurer une paix durable par l'écrasement de l'Allemagne et
l'entente
entre l'URSS, l'Angleterre et les Etats-Unis, et voilà que
Radio-Londres
doit démentir "énergiquement" un article du journal
soviétique
la Pravda suivant lequel Ribbentrop, ministres des affaires
étrangères
de l'Allemagne, aurait rencontré en Espagne deux "hautes
personnalités"
anglaises pour négocier une paix séparée. Vraie ou
fausse, cette nouvelle dévoile ce que Staline cache aux ouvriers
du monde entier : l'URSS se défend par ses propres moyens et
malgré
les trahisons consenties par Staline à la bourgeoisie mondiale,
en poussant les ouvriers à adopter le chauvinisme et les buts de
guerre de la bourgeoisie, le danger de coalition renaît pour
ainsi
dire de ses cendres.
Deux ans et demi se sont écoulés depuis l'attaque du
capitalisme
allemand contre l'URSS. Aujourd'hui, l'Union soviétique est
presque
libérée. Est-ce l'aide alliée qui a amené
ce
résultat ? D'après les chiffres donnés par la
Radio
de Londres elle-même, l'aide alliée en matériel et
en vivres ne représente qu'une fraction minime du gigantesque
matériel
utilisé par l'URSS contre l'impérialisme allemand. Cette
aide a été plus que compensée par les agissements
souterrains d'une fraction des classes dominantes anglaise et
américaine
qui aide Hitler de diverses manières.
Que faut-il
conclure
de tout cela ?
1°- Que la
politique
de Staline n'est pas une nécessité momentanée
(concession
pour concession) mais est l'expression de la situation
privilégiée
de la bureaucratie soviétique, dont les intérêts ne
sont pas ceux de la classe ouvrière.
2°- Que le
danger
de coalition anti-soviétique est plus que jamais une
possibilité
réelle même avant la défaite de
l'impérialiste
allemand.
3°- Que
seule
donc une politique internationaliste tendant au renversement de la
bourgeoisie
dans chaque pays par le prolétariat peut assurer la
défense
de l'URSS. Les Etats-Unis socialistes d'Europe, voilà l'objectif
des travailleurs de tous les pays européens pour aider l'URSS.
4°- Que
seule
la IVe Internationale avait dit la vérité aux ouvriers au
sujet de "l'aide" alliée au début même du conflit
à
l'Est et que seule la politique de la IVe Internationale peut encore
sauver
l'économie planifiée de l'URSS menacée
militairement
et économi-quement par l'impérialisme mondial.
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PROPOS
DE L'OUVRIER
"L'Amget
(organe de l'occupation alliée) a nommé le marquis
Lucifero
Falconi préfet italien à Catanzaro, capitale de la
Calabre
; ce personnage est un communiste notoire qui vivait ces
dernières
années en Union Soviétique" (Pariser Zeitung, 4 janvier
1944).
Voilà un petit échantillon de la propagande allemande qui
permet aux chefs staliniens de prétendre avoir remporté
de
grands succès "communistes" dans le giron même des
capitalistes
alliés. Quelle pitié ! Mais puisque les
généraux
cannibales se sont mués en "démocrates", pourquoi les
mar-quis
ne deviendraient-ils pas "communistes" ?
°
° °
La
bourgeoisie américaine fait tout ce qu'elle peut, pour sauver la
démocratie... chez les autres. Chez elle, elle
préfère
les bonnes méthodes de Hitler : Roosevelt demande au
Congrès
d'instituer le travail obligatoire ("service national") ! Radio-Londres
dit avec satisfaction que cette mesure est destinée à
empêcher
les grèves. Travail obligatoire pour les travailleurs, cela
signifie
super-profits "obligatoires" (sic) pour la bourgeoisie. Ce n'est pas la
guerre "démocratique", c'est la lutte des travailleurs de tous
les
pays contre leur propre bourgeoisie qui empêchera
l'écrasement
des ouvriers par le capital !
°
°
°
Désormais,
le PC américain ne s'appellera plus Parti mais "association
communiste
pour l'éducation politique et civique". De concession en
concession
"pour tromper les bourgeois", l'homme au couteau ne se distingue plus
du
paisible citoyen. "Association d'études" à la place d'un
parti politique, voilà de quoi rassurer le plus méfiant
des
bourgeois. Mais l'inquiétude des travailleurs en sera d'autant
plus
grande !
°
°
°
Encore
une bonne nouvelle d'Alger qui réjouira les gaullistes
pantouflards
qui se préparent à aller à Berlin... en
wagons-lit.
La jeune classe 45 (18 ans !) sera mobilisée dans les
territoires
soumis au "contrôle" d'Alger. La libération est proche et
mille félicités nous sont promises ; mais en attendant,
partout
la demande en chair à canon ne fait qu'augmenter, "les
aînés
ne sont plus, les jeunes entrent dans la carrière"... de la mort.
A BAS LA
GUERRE
IMPERIALISTE !
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PARLEMENTARISME
ET DEMOCRATIE
La
propagande contre la pourriture de la IIIe République, qui est
devenue
le cheval de bataille des fascistes à la Doriot, Déat ou
Giraud dans leur lutte pour écraser la classe ouvrière,
donne
aux "démocrates" d'Alger l'occasion de se refaire une
popularité
en les faisant passer pour les champions des conquêtes
ouvrières
d'avant la guerre. Ainsi les ouvriers à qui il ne reste plus ni
libertés, ni organisations, ni presse légale et dont le
niveau
de vie atteint la misère, n'auraient pas tout perdu,
puisqu'à
nouveau on "parlementarise" à Alger !
Nous avons déjà montré (n° 20 "Un nouveau
front
populaire contre le peuple") que la IIIe République, qui
s'ouvrit
par l'écrasement sanglant de la Commune, a été une
époque de lutte de classes où seule l'organisation en
tant
que classe des ouvriers (syndicats et partis politiques), a permis, par
une lutte opiniâtre, d'arracher à la bourgeoisie des
réformes.
Ces réformes eurent pour cadre le régime parlementaire,
mais
la Chambre et le Sénat ne firent qu'enregistrer les concessions
que la lutte des masses imposait à la bourgeoisie. Le rôle
du parlementarisme en tant que machine législative de la
bourgeoisie
apparait le plus clairement dans le sort des Chambres élues en
1936
: en juin 1936 c'est la grève générale qui
contraignit
le gouvernement Blum, issu de cette Chambre, à capituler devant
les exigences de la classe ouvrières. Mais quand en 1938 les
décrets-loi
de Reynaud, membre d'un gouvernement issu de la même Chambre,
abolirent
en fait les avantages conquis (la grève générale
de
novembre 1938 ayant été menée dans la situation la
moins favorable par les directions réformiste et stali-nienne
qui
avaient freiné le mouvement ouvrier depuis 1936, son
échec
laissa la victoire à Reynaud et à la bourgeoisie), la
Chambre
"démocratique" sauvegarda-t-elle les conquêtes
ouvrières
de 1936 ? Mieux encore, quand Daladier plongea
le pays dans la deuxième guerre impérialiste mondiale,
les
"gardiens" des droits démocratiques du peuple ne furent
même
pas consultés. Et pendant la "drôle de guerre" la
même
Chambre et le même Sénat issus des élections de
1936
devinrent l'instrument docile de Daladier, qui chassa les opposants des
syndicats, emprisonna par milliers les militants ouvriers, couvrit le
pays
de camps de concentration, interdit la presse et l'activité
communiste
sous peine de mort.
Les membres de l'Assemblée consultative d'Alger ne sont que les
scories de la lutte de classes des dernières années de la
IIIe République ; leur rôle, un simple rôle de
façade,
est de servir d'appât aux masses françaises qui sont
actuellement
privées des conquêtes d'un demi-siècle de luttes,
notamment
celles de juin 1936. Et le Comité De Gaulle, qui prétend
prouver sa démocratie en "consultant" l'Assemblée
d'Alger,
avoue lui-même par ailleurs qu'il ne peut rien entreprendre sans
le consentement des Alliés (textuellement d'après
Radio-Londres).
Aussi toute l'activité de ces Messieurs tourne-t-elle autour de
questions telles que la "punition des coupables", "l'épuration"
ou le "futur régime de la France libérée":
activité
purement symbolique !
L'hostilité de l'appareil de l'Etat contre les masses, la
conspiration
permanente de ses couches supérieures contre le peuple, la
transformation
inévitable des organes "exécutifs" de l'Etat -police,
corps
des officiers, haute bureaucratie- en organes de dictature ouverte de
la
bourgeoisie dans les moments de crise politique sociale et
économique
(crise devenue permanente), ne peuvent pas être combattus par des
"épurations", par la "punition des coupables", ou par le
"contrôle"
parlementaire. A l'époque de putréfaction du capitalisme,
la bourgeoisie plonge les masses dans des souffrances toujours plus
intolérables
et chacun de leurs efforts pour secouer son joug met
immédiatement
en danger sa domination. Comme cela s'est passé en 1936, la
lutte
se mène dans la rue, à l'usine, dans les casernes, dans
les
villes, à la campagne. L'Etat montre alors qu'il n'est pas
l'arbitre
impartial entre les citoyens, mais l'organe de la bourgeoisie ; la
police,
le corps des officiers, la haute bureaucratie entrent en scène
pour
sauver la propriété... des capitalistes expropriateurs.
En
même temps, la bourgeoisie procède, avec la
complicité
de la police, de la justice et des généraux, à
l'armement
des bandes fascistes destinées à détruire les
organisations
ouvrières pour enlever au prolétariat toute
possibilité
de résistance. Toute l'histoire récente des nations s'est
tranchée par la guerre civile aussi bien dans les pays
démocratiques
(Allemagne, France) que non-démocratiques (Espagne).
La bourgeoisie française, dont les bases impérialistes
ont
été fortement ébranlées et
diminuées,
a instauré dans le pays un Etat de guerre civile contre les
masses
: cet Etat est le type de celui qu'elle entend maintenir. La
bourgeoisie
peut moins que jamais revenir à la démocratie ; c'est
pourquoi
De Gaulle, après un coup de chapeau à la IIIe
République,
parle de la nécessité d'un régime "stable",
"fort",
"rajeuni", "qui empêcherait que l'Etat dépende des partis
politiques". Ce langage est celui du bonapartisme.
Voilà pourquoi malgré l'épuration, les
députés
communistes d'Alger voient avec inquiétude l'"existence de
certains
groupements militaires autonomes". Voilà pourquoi toute la
discussion
sur le futur régime se réduit à savoir qui
détiendra
la machine électorale nouvelle pour la faire servir à ses
fins au moment de la "libération".
Les membres "communistes" de l'Assemblée d'Alger entretiennent
l'illusion
qu'il est possible de réformer l'Etat de la bourgeoisie, de le
rendre
meilleur pour le peuple, de lui conserver un aspect
"démocratique"
en toutes circonstances. Alors que le Front Populaire avait
déjà
essayé, sans le moindre succès, de ranimer le cadavre de
la démocratie bourgeoise, l'entreprise pourrait-elle
réussir
actuellement, quand la France est en proie à la guerre civile
ouverte
? Evidemment non ; et la "purge" que le Comité d'Alger se
prépare
à administrer à la France ne soulagera pas le pays de
cette
guerre civile et ne ramènera pas la "concorde" et la
sécurité
nécessaires au fonctionnement de la démocratie ; les
nouvelles
illusions sciemment entretenues par les chefs "communistes" sont encore
plus dangereuses que les anciennes.
°
° °
Le
régime actuel de la France -combinaison monstrueuse des
traditions
versaillaises de Thiers et de Gallifet avec les méthodes
perfectionnées
de la Gestapo- ne peut pas être "amélioré" par un
quelconque
régime bonapartiste venu d'Alger à la pointe des
baïonnettes
"libératrices". Il doit céder la place à un
régime
qui garantisse définitivement la vie, le pain et la
liberté
aux masses travailleuses.
Ce qu'ils ont perdu, les travailleurs doivent le reconquérir. En
luttant pour l'amélioration des salaires et contre les
déportations,
la classe ouvrière, et en premier lieu les travailleurs
conscients,
doivent apprendre à utiliser les moindres possibilités
légales
de la situation actuelle. Il faut réunir les ouvriers en
assemblées
syndicales, même si cela doit se faire sous l'oeil de la police.
Les travailleurs russes ont su utiliser sous le tsarisme les syndicats
créés par la police pour discuter de leur situation
économique
et se concerter pour l'améliorer.
Les luttes opiniâtres des travailleurs les plus avancés
redonneront
confiance à de larges couches ouvrières dont la situation
est intenable : il sera possible alors de lutter pour des buts plus
élevés
: la reconquête des libertés ouvrières, seul gage
d'un
niveau de vie supportable ; droit de grève, liberté
d'organisation
et de réunion (syndicats et partis politiques), liberté
de
presse.
La poussée des masses ouvrières pour la reconquête
de leurs droits élémentaires (dans la situation de plus
en
plus précaire de l'impérialisme allemand et du
régime
de Vichy) doit renverser tout le régime étatique actuel
(c'est
ainsi que les choses se sont passées en Italie). Alors se
décidera
le destin du peuple français Maîtres de la situation sur
les
ruines du régime actuel, les travailleurs devront-ils remettre
le
pouvoir à un quelconque parlement et gouvernement bourgeois ?
Non
! Seuls les Conseils ouvriers et paysans (Soviets) élus par les
masses en lutte à l'échelle locale, régionale et
nationale,
sur lesquels s'appuie le Gouvernement ou-vrier et paysan peuvent
assurer
le gouvernement du peuple par le peuple lui-même.
La punition des coupables (ceux qui ont plongé le pays dans la
2ème
guerre impérialiste mondiale, qui ont détruit les
organisations
et les libertés ouvrières, qui ont organisé la
déportation
des ouvriers, qui ont emprisonné, torturé et tué
des
militants ouvriers) et la transformation de l'Etat, ne peuvent
être
réalisées qu'en opposant à la dictature
(même
parlementaire) de la classe capitaliste sur les ouvriers, LA DICTATURE
DU PROLETARIAT sur la bourgeoisie, qui seule assure aux masses
travailleuses
LA PAIX, LE PAIN ET LA LIBERTE.
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S
O U S LE D R A P E A U DU C O M M U
N I S M E
La
commémoration annuelle de la mort de Karl Liebknecht, de Rosa
Luxembourg
et de Lénine (survenus au mois de janvier 1919 pour les premiers
et en janvier 1924, pour le dernier) n'est pas pour nous
l'accomplissement
d'un rite consacré par une espèce de culte
"prolétarien".
La marche de l'humanité vers le communisme exige qu'on ne
réveille
point, sous des formes nouvelles, d'anciennes superstitions. Nous en
avons
besoin pour opposer aux tendances réactionnaires, qui dans le
camp
ouvrier représentent l'influence de la bourgeoisie, l'exemple
toujours
éclatant des véritables fondateurs de la IIIe
Internationale.
Karl Liebknecht et Rosa Luxembourg ont milité en Allemagne avant
et pendant la première guerre mondiale, Lénine en Russie.
De ce fait les méthodes organisationnelles et tactiques de Karl
et de Rosa n'avaient pas encore atteint, au moment où leur
assassinat
les arracha à leur vie de militants, la justesse des
méthodes
par lesquelles Lénine fit la première brèche dans
le système capitaliste mondial. Mais "ils n'avaient pas dit
leurs
dernier mot" et il n'est pas douteux que s'ils avaient pu continuer
leur
carrière, ils seraient arrivés à appliquer en
Allemagne
les méthodes fondamentales qui avaient permis à
Lénine
et à Trotsky de vaincre dans l'ancien empire des tsars.
Cependant leurs divergences tactiques n'entament en rien leur profonde
unité politique, leur fusion sous un symbole : les 3 L.
Lénine
avait appelé Rosa et Karl, les meilleurs militants de la IIIe
Internationale.
Si Lénine représente en particulier des méthodes
organisationnelles
et une tactique ayant subi avec succès l'épreuve des
événements,
les trois ensemble sont le symbole même de la IIIe
Internationale,
de l'internationalisme prolétarien.
Quand en 1914 les chefs socialistes de tous les pays, sous l'influence
de la bourgeoisie, se servirent de tous les prétextes
(démocratie
contre militarisme en France, contre le tsarisme en Allemagne, etc..)
pour
voter les crédits de guerre de leur bourgeoisie et faire l'union
sacrée avec elle contre les ouvriers, Karl Liebknecht,
député
au Reichstag, vota contre les crédits de guerre demandés
par le Kaiser rejetant ainsi la guerre impérialiste et
démasquant
les buts de rapine de la bourgeoisie. Mais il ne se contenta pas de
voter
contre les crédits de guerre et de la dénoncer du haut de
la tribune parlementaire. Tandis que les anciens chefs socialistes se
vautraient
dans l'union sacrée, il fut envoyé sur le front où
la bourgeoisie espérait qu'une balle russe la
débarrasserait
de son ennemi. Se trouvant à Berlin en avril 1916 (en tant que
député
du Reichstag) il organisa une grande manifestation ouvrière de
rue
pour le 1er mai contre la guerre, pour la paix, le pain et la
liberté.
Il fut condamné par un Conseil de guerre et envoyé dans
une
forteresse, d'où il ne fut libéré que par la
révolution
allemande montante (23 octobre 1919). Le 15 janvier 1919 il tombe
assassiné,
avec Rosa, après l'échec de l'insurrection spartakiste
à
Berlin (le 12). Il nous a laissé la meilleure formule de
l'internationalisme
ouvrier pendant la guerre : "l'ennemi de chaque prolétariat est
dans son propre pays", la tâche des travailleurs étant de
"balayer chacun devant leur propre porte", c'est-à-dire diriger
ses coups non pas contre le peuple d'en face, mais contre sa propre
bourgeoisie.
Rosa Luxembourg, d'origine polonaise, fut un des meilleurs
théoriciens
de la IIe Inter-nationale. Elle avait pressenti plus tôt que
quiconque,
y compris Lénine, la décomposition des milieux dirigeants
de la social- démocratie allemande. D'une santé
frêle,
elle cherchait toujours dans les manifestations l'endroit populaire
où
"ça chauffe" ; elle est profondément
"plébéienne"
dans le meilleur sens du mot pour les révolutionnaires.
Arrêtée
une fois en février 1915 elle resta un an en prison et fut
arrêtée
de nouveau au milieu de l'année 1916. Comme Liebknecht, elle fut
libérée par la Révolution. En prison elle
écrivit
sa fameuse brochure signée Junius, un réquisitoire
passionné
contre les fauteurs de guerre d'Allemagne et de tous les pays ; en
prison
également, elle accueillit la Révolution russe avec un
grand
enthousiasme. Dans une brochure destinée à en
dégager
les leçons, après une critique fraternelle de ce qu'elle
croyait erroné dans la politique de Lénine et de Trotsky,
elle finit ainsi : "Lénine et Trotsky et leurs amis ont
été
les premiers qui aient montré l'exemple au prolétariat
mondial
; il sont jusqu'ici encore les seuls qui puissent s'écrier :
j'ai
osé !".
Pour mener leur action, Rosa et Karl fondèrent au début
de
la guerre la ligue "Spartakus" (le chef de la révolte des
esclaves
romains contre leurs maîtres), qui plus tard donna naissance au
Parti
communiste allemand.
La guerre impérialiste de 1914 trouva en Lénine non
seulement
l'internationaliste intransigeant qui dénonce les crimes des
"brigands
impérialistes de tous les pays", mais encore le chef
prolétarien
qui trouve la tactique juste pour remporter la victoire des
exploités
sur les capitalistes. Ses mots-d'ordre principaux furent :
"transformation
de la guerre impérialiste en guerre civile", rupture
complète
et dénonciation acharnée des social-patriotes,
création
d'une nouvelle Internationale, la 3ème. Quand le tsarisme fut
renversé
en 1917 par le prolétariat de Pétrograd (aujourd'hui
Léningrad),
la bourgeoisie impérialiste de Russie continua sa guerre de
brigandage
à l'abri du régime démocratique nouvellement
conquis
par les masses. En l'absence de Lénine et des principaux chefs
bolcheviks,
qui n'étaient pas encore rentrés de l'émigration
(par
le fameux wagon plombé allemand qui servit plus tard de
prétexte
à l'entente pour le traiter d'agent de l'Allemagne), les membres
du Parti qui se trouvaient à ce moment-là à la
direction,
tombèrent dans le piège et se déclarèrent
prêts
à la défense de la "révolution" russe.
Lénine
arriva à temps pour redresser la ligne du Parti qui
dénonça
dès lors la guerre comme impérialiste tant que la
bourgeoisie,
liée à l'Entente, ne serait pas renversée par les
masses ouvrières et paysannes (soldats) et que le pouvoir ne
serait
pas exclusivement entre les mains des Soviets. Mais la profondeur de
l'Internationalisme
de Lénine ne se montre pas seulement avant la prise de pouvoir
par
le prolétariat en Russie. Elle se manifeste, et d'une
manière
encore plus décisive, après la révolution
d'Octobre
17. La révolution russe n'était pour Lénine et les
bolchéviks qu'un chaînon de la révolution mondiale.
La victoire du socialisme dans le monde, voilà leur point de
départ
doctrinal et leur but pratique. Le prolétariat doit s'emparer du
pouvoir là où il a la possibilité de le faire et
aider
la révolution dans les pays qui subissent encore le joug des
capitalistes.
Mais il se peut que le pays où le pouvoir est le plus facilement
conquis par le prolétariat ne soit pas en même temps celui
qui peut le plus rapidement faire avancer tous les autres pays dans la
voie du socialisme. Lénine était prêt à
risquer
la révolution russe pour assurer la victoire de la
révolution
allemande considérée par lui comme plus importante pour
le
socialisme que la révolution dans l'ancien empire des tsars. De
ce profond internationalisme des 3 L. s'inspire la IVe Internationale
dans
sa lutte contre la 2ème guerre impérialiste mondiale et
pour
le renversement du capitalisme. Son fondateur et guide, Léon
Trotsky,
le plus proche compagnon de Lénine, assassiné par Staline
en août 1940, ajoute son nom à celui des 3 L. Ces
militants
inébranlables du communisme ont donné un exemple qui ne
sera
pas oublié !
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