LA
"PUNITION DES COUPABLES" ...
Pucheu sera-t-il fusillé
ou gracié ?
Peu importe. La manoeuvre
de la "punition des coupables", par laquelle la bourgeoisie essaie de
rejeter
sa responsabilité collective sur quelques individus
sacrifiés
à la colère populaire, est un vieil artifice qui ne
trompe
pas les travailleurs conscients.
° ° °
La classe
capitaliste justifie
sa domination, ses privilèges et son droit à la paresse,
par sa prétendue direction régulatrice soi-disant
indispensable
au bon ordre de la société.
Dans les circonstances
"normales" d'exploitation, la bourgeoisie réussit à
imposer
ce point de vue aux couches les plus arriérées et aux
intellectuels
éduqués par elle.
Or, loin d'exercer sur
la société une action bienfaisante, la domination
parasitaire
de la bourgeoisie amène inévitablement de grandes
catastrophes
pour les masses laborieuses : la crise économique avec le
chômage
de millions d'ouvriers, la faillite et la misère pour la petite-
bourgeoisie, la destruction des produits agricoles, les grandes
escroqueries
financières, la voyoucratie qui ronge la société,
et finalement, la guerre, avec ses moyens toujours plus par-faits de
destruction,
l'incurie et la stupidité des chefs militaires, les trahisons et
les complots des classes bourgeoises de tous les pays contre les masses
laborieuses.
C'EST
POUR CAMOUFLER SES RESPONSABILITES
DANS CES EVENEMENTS QUE LA BOURGEOISIE A EU RECOURS A DE PUISSANTS
MOYENS
DE DIVERSION : "le fascisme c'est la guerre", "la démocratie
c'est
les Juifs et la franc-maçonnerie", "la punition des coupables",
etc.
.
° ° °
Quand en juin 1940
la débâcle
de l'impérialisme français dévoila les mensonges,
l'incapacité, l'incurie, la frousse, la pourriture de la
bourgeoisie
et de son Etat, alors, pour détourner la colère
populaire,
le "nouveau" régime de Vichy (oeuvre des plus bas politiciens de
la IIIe République) annonça lui-même la "punition
des
coupables". Mais le procès de Riom devait seulement servir de
prétexte
à une campagne acharnée contre la classe ouvrière.
En effet comment Pétain et Laval, serviteurs des 200 familles
pouvaient-ils
punir les crimes accomplis sous le régime "démocratique"
au profit des mêmes 200 familles ?
Maintenant qu'Alger se
prépare à prendre la succession du régime de Vichy
(de la même manière que celui-ci avait pris la succession
de Paul Reynaud), il s'agit avant tout de prévenir les
mouvements
des masses que les années de guerre ont chauffées
à
blanc contre la bourgeoisie. Ne bougez pas, justice sera faite, tous
les
crimes seront punis, Alger s'en charge : voyez l'exemple de Pucheu.
° ° °
Quel que soit le
sort de
Pucheu, nous avons déjà un exemple de la façon
dont
Alger entend punir les coupables. Un peu avant le procès de
Pucheu
a eu lieu un procès de bourreaux qui, en Afrique du Nord, ont
sauvagement
torturé les emprisonnés politiques. Plusieurs
accusés,
gardes chiourme et subordonnés, ont été
condamnés
à mort, convaincus d'avoir été les auteurs directs
des atrocités commises. Mais l'inspecteur général
des camps de concentration, le colonel Lupi, nommé par Vichy, a
été acquitté faute de preuves matérielles !
° ° °
De plus la
"punition des
coupables" a des précédents historiques
célèbres
: Bazaine qui pendant la guerre franco-allemande de 1870 capitula
à
Metz avec toute son armée (pour la tenir "à la
disposition
de l'ordre social menacé" en France, déclara-t-il
à
ses juges en 1873) fut condamné à mort ; sa peine fut
commuée
en 20 années de détention, et il "s'évada"
quelques
mois après pour aller finir tranquillement ses jours à
Madrid.
Le Kaiser, déclaré responsable du premier massacre
mondial,
mourut de goutte dans un château en Hollande ; il est vrai
qu'à
sa place les alliés châtièrent savamment les
classes
laborieuses allemandes qui l'avaient renversé.
A Riom la clique
politicienne de Vichy a fait le procès du régime
parlementaire,
à Alger la clique des généraux fait le
procès
du régime de Vichy.
LES OUVRIERS LES RECONNAISSENT
TOUS DEUX COMME RESPONSABLES DES MALHEURS QUI SE SONT ABATTUS SUR LE
PAYS.
Quand Daladier, Pétain,
de la Rocque, Blum et Herriot nous plongèrent dans la guerre,
c'était
sous les ordres des 200 familles ; quand Pétain, Laval, Pucheu,
Darlan, Doriot ont commencé la farce sanglante de la
"collaboration"
ce fut aussi aux ordres et pour le bénéfice des 200
familles.
C'est pourquoi la punition
des coupables n'est pas possible sans le renversement des 200 familles
qui sont les véritables maîtres de la justice et de
l'Etat.
Si les travailleurs ne veulent pas d'acquittement Lupi, de condamnation
à mort transformée en détention "à la
Bazaine",
de fusillades de quelques uns pour couvrir les crimes de la classe
dominante,
ils doivent lutter pour la création de LEURS PROPRES TRIBUNAUX
DU
PEUPLE, en renversant l'Etat de la bourgeoisie et sa "justice".
Le peuple laborieux n'est
pas assoiffé de sang et ne se repaît pas de la vue des
têtes
tombées. S'il veut punir les responsables C'EST POUR LEUR
ENLEVER
TOUTE POSSIBILITE DE NUIRE PLUS LONGTEMPS. Et c'est seulement en
renversant
la bourgeoisie que la classe ouvrière mettra un terme au complot
permanent que représente pour le peuple l'existence de la classe
capitaliste.
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LA SITUATION
EN EUROPE
A l'heure actuelle,
l'Armée
Rouge a rempli avec succès la tâche de défendre
l'Union
Soviétique et, depuis Stalingrad, par une série
ininterrompue
de victoires, a repoussé l'armée impérialiste
allemande
jusqu'aux frontières de l'URSS.
Comme
c'était
à prévoir, l'apparition de l'Armée Rouge sur les
frontières
des Etats que le traité de Versailles avait créés
pour former un rempart de sécurité contre la
révolution
prolétarienne, a exaspéré la tension et les luttes
entre exploiteurs et exploités dans l'Est de l'Europe et les
Balkans.
Les paysans pauvres et les ouvriers voient dans l'Armée Rouge
l'armée
de la Révolution : ils se sentent renforcés par ses
victoires
et attendent l'heure où ils pourront renverser la bourgeoisie.
Devant l'assurance nouvelle
des exploités, la bourgeoisie des Balkans et de l'Est tremble
pour
sa domination. Mais elle trouve des alliés pour maintenir sa
propriété
capitaliste non seulement du côté de l'impérialisme
anglo-américain (l'impérialisme allemand ne pourra plus
la
secourir longtemps), mais aussi du côté des dirigeants
soviétiques,
CE QUI EST BEAUCOUP PLUS GRAVE.
En effet, partout où
grâce aux succès de l'Armée Rouge la bureaucratie
soviétique
peut exercer une influence sur le rapport des forces, comme en Pologne,
en Roumanie, en Yougoslavie, en Italie, etc... elle est prête
à
s'entendre avec n'importe quel gouvernement bourgeois moyennant des
concessions
politiques et matérielles.
Ces concessions matérielles
ne peuvent pas compenser aux yeux des ouvriers conscients l'effet
désastreux
de la politique stalinienne sur la lutte des travailleurs de tous les
pays
contre l'impérialisme mondial. C'est cette politique qui a
empêché
la IIIe Internationale d'être un obstacle à la
deuxième
guerre mondiale ; qui a failli causer la perte de l'URSS ; qui,
malgré
les victoires de l'Armée Rouge, LAISSE TOUJOURS L'URSS SOUS LA
MENACE
DE L'IMPERIALISME MONDIAL, TANT QUE CELUI-CI N'EST PAS RENVERSE.
° ° °
Tandis que l'avance de
l'Armée Rouge au-delà des anciennes frontières de
l'URSS ouvre à l'Est de l'Europe une période de grands
bouleversements
militaires et sociaux, la situation est aussi tendue au Sud et à
l'Ouest.
En Italie, malgré
la situation terrible où se trouvent les masses travailleuses
par
suite de l'occupation impérialiste allemande et
anglo-américaine,
le mouvement des travailleurs de la péninsule continue. A Naples
des grèves ont éclaté en guise de protestation
contre
les discours impérialistes de Churchill vis-à-vis de
l'Italie
; en Italie du Nord (Milan) les travailleurs ont
déclenché
des grèves générales malgré les troupes de
répression allemandes. L'état d'esprit des ouvriers est
tel
que Mussolini s'est vu obligé de sortir un projet de
"socialisation
de l'industrie" (sic).
En Angleterre, 100 000
mineurs ont poursuivi leur grève pendant plus d'une semaine pour
lutter contre la baisse du niveau de vie. Le travail n'a pu reprendre
que
lentement, sous la pression de la direction syndicale réformiste.
D'autre part, les armées
impérialistes stationnées en Angleterre attendent le
moment
favorable pour se jeter sur le continent et prendre la succession de
l'impérialisme
allemand qui s'écroule.
Cette guerre, causée
par l'impossibilité pour le capitalisme de maintenir sa
domination
sur le globe sans réduire le prolétariat et tous les
peuples
à une exploitation renforcée, suscite de la part des
travailleurs
de tous les pays une opposition renforcée contre la bourgeoisie.
Les prétextes et les mensonges qui ont permis le
déclenchement
du massacre ne sont plus que fumée. La classe ouvrière
comprend
de plus en plus l'attitude de la IVe Internationale qui vise à
mobiliser
les masses travailleuses pour la défense de leurs propres
intérêts,
pour le ren-versement de la bourgeoisie et la construction des
Etats-Unis
Socialistes du Monde !
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CHARTE DU TRAVAIL OU SYNDICATS DE
CLASSE ?
Les patrons ont
repris aux
travailleurs tout ce que ceux-ci leur avaient arraché par la
lutte
dans les années qui précédèrent la guerre.
Les avantages matériels aussi bien que les libertés et
les
droits légaux ont été anéantis. Mais non
contents
de cette situation de fait, ils s'efforcent aussi de tromper les
ouvriers,
en leur faisant croire que ce n'est pas eux-mêmes qui peuvent
le mieux défendre leur propres intérêts, mais
le
"bon patron" et le "bon gouvernement", avec sa Charte du Travail.
Mais les ouvriers ne sont
pas nés d'hier. Pendant de longues années ils ont eu
à
se défendre contre la rapacité des patrons, pour qui
la force du travail des ouvriers est une marchandise à acheter
au
plus bas prix. La coalition ouvrière opposant la majorité
des ouvriers à l'arbitraire du patron et ayant pour principal
but
de hausser le prix de la marchandise-travail, constitua un moyen
efficace
de défense et de lutte contre les patrons et l'Etat. Cette
coalition
c'est le SYNDICAT, c'est-à-dire la libre association des
ouvriers
contre le patron, sans aucune immixtion étrangère de la
part
de ceux qui ne travaillent pas de leurs mains.
Or qu'est-ce que la Charte
du Travail, destinée à remplacer les syndicats de classe
? Un moyen qui doit justement empêcher la libre coalition des
ouvriers
et les mettre sous la tutelle du patron, puisque celui-ci fait partie
du
soi-disant syndicat à droit égal avec les ouvriers tout
en
ayant à sa disposition des moyens matériels que ceux-ci
n'ont
pas. Pour comble, le délégué ouvrier
lui-même
peut être désigné par le patron, si celui-ci trouve
un inconvénient à ce qu'il soit élu par les
ouvriers.
Tous les ouvriers doivent, que cela leur plaise ou non, faire
obligatoirement
partie du "syndicat", les cotisations sont perçues par le patron
(qu'en fera-t-il ?). Par ailleurs, par suite de la division des
ouvriers
en "familles professionnelles", ce n'est plus l'ensemble des ouvriers
de
l'usine qui s'oppose au patron, MAIS LES FAMILLES DE METIER QUI
DEFENDENT
LEURS INTERETS LES UNES CONTRE LES AUTRES.
Comme nous le montre l'exemple
de l'Italie et de l'Allemagne, le syndicat unique corporatif n'est
qu'une
étape transitoire vers le despotisme absolu du patron.
Il est donc impossible
aux ouvriers d'utiliser la Charte. Il faut lutter contre elle. La
question
de savoir dans quelle mesure les intentions de la Charte deviendront
réalité,
est une question de rapport de forces entre patrons et ouvriers. Il
faut
donc tout mettre en oeuvre pour que ce rapport de forces devienne
favorable
aux ouvriers.
Dans les sommets, parmi
les patrons et les grands bureaucrates, tout de monde n'est pas
d'accord
sur l'application de la Charte, c'est-à-dire que ces Messieurs
ne
s'entendent pas sur le choix du meilleur moyen pour tromper les
ouvriers.
Or les ouvriers peuvent profiter de cette division s'ils savent
l'utiliser
pour mener leur propre lutte. Un moyen d'action efficace c'est
d'adhérer
en grand nombre à l'ancien syndicat cégétiste
encore
existant. Non pas parce que la simple adhésion peut
résoudre
les problèmes ; mais parce que, par leur présence et leur
action, les ouvriers peuvent donner au syndicat une orientation vers la
lutte et se servir de ce moyen encore légal pour s'unir.
Si les ouvriers sont contre
la Charte, pour la libre association dans les syndicats de classe,
c'est
pour faire aboutir leurs revendications légitimes et
indispensables
:
AUGMENTATION DES SALAIRES ! |
A BAS LA DIFFERENCIATION DES
SALAIRES !
Il faut faire cesser le scandale des
catégories
de Vichy, qui aboutit à la division des ouvriers et à la
diminution des salaires. |
A TRAVAIL EGAL, SALAIRE EGAL
(femmes et
jeunes) ! |
REDUCTION DES HEURES
DE TRAVAIL ! |
GERANCE OUVRIERE DES
CANTINES ET COOPERATIVES
; CONTROLE OUVRIER DU RAVITAILLEMENT. |
ELECTION PAR LES OUVRIERS
DES DELEGUES dans
les comités sociaux existants. Pour la défense de leurs
intérêts,
les ouvriers veulent avoir leurs hommes à eux, et non les hommes
de confiance du patron |
LUTTE CONTRE LA DEPORTATION
PAR LA GREVE
!
|
Dans la lutte
pour la hausse des salaires, pour l'amélioration du
ravitaillement
et contre les déportations, l'action la plus efficace est
toujours
l'action collective.
Eviter de fractionner
la lutte par atelier, établir au contraire des liaisons
étroites
entre ateliers et entre usines et riposter par la grève
solidaire
à chaque coup du patron, c'est non seulement le plus sûr
moyen
de faire aboutir les revendications, mais aussi une arme efficace aux
mains
des ouvriers dans leur lutte contre la guerre.
Le régime policier
et terroriste de Vichy ne permet pas aux ouvriers de poser au grand
jour
les questions vitales pour la défense de leurs
intérêts.
Ce n'est pas une raison pour qu'ils se limitent volontairement à
ce qu'on veut bien leur accorder. Les ouvriers conscients doivent
doubler
les possibilités très minimes d'action légale par
l'organisation de noyaux clandestins formés d'ouvriers
sûrs
qui envisageront tous les moyens de propagande et d'action permettant
à
la classe ouvrière de gagner du terrain. La propre
expérience
des ouvriers leur montrera les meilleures voies à suivre.
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PROPOS DE
L'OUVRIER
Pour
débarquer en
Italie, les alliés avaient dû s'assurer d'abord de
l'Afrique
du Nord. Mais ils n'avaient pu débarquer en Afrique du Nord
avant
d'avoir mis la main sur l'Amérique du Sud et sur Madagascar.
Aujourd'hui
ils en sont à la conquête (par le blocus) de l'Etat libre
d'Irlande : il paraît que l'existence d'un consul allemand et de
quelques fonctionnaires d'ambassade à Dublin compromet les plans
de débarquement alliés. Vraiment cette guerre de
"libération"
ressemble fort à une vraie guerre impérialiste de rapines.
° ° °
Les ouvriers de
Naples viennent
de protester par une grève générale parce que
Churchill
soutient -sans cependant oser le reconnaître- Badoglio,
maréchal
royaliste qui fut pendant 20 ans l'un des piliers du fascisme.
Et c'est ce moment que
Staline a choisi pour reconnaître, le premier, le gouvernement
Badoglio.
Ainsi la position de la clique Badoglio, qui était en butte
à
l'hostilité populaire et à l'opposition des partis de
gauche
et qui n'était reconnue par aucun gouvernement, se trouve
sérieusement
raffermie contre le peuple italien.
Qu'on aille encore dire
que la politique internationale de la bureaucratie stalinienne ne
contrecarre
pas la lutte de la classe ouvrière de tous les pays !
° ° °
Radio-Londres a
diffusé
dernièrement les conseils d'un haut fonctionnaire pour la
"grève
générale de libération nationale" : "...La
grève
générale évoque la lutte sociale d'une classe
contre
l'autre dans un même pays ; celle-là c'est une
grève
nationale créant entre les patrons et la classe ouvrière
une communauté ; les grévistes ne seront pas des
anarchistes
fauteurs de troubles, mais des soldats de la France".
Ainsi, ceux qui
l'ignoraient
le sauront à l'avenir : quand nous sommes des "anarchistes
fauteurs
de troubles", c'est que nous luttons pour notre morceau de pain ; mais
lorsque nous sommes des "soldats de la France", c'est que nous nous
battons...
pour les coffres-forts des capitalistes.
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