N
O T R E D R A P E A U
Depuis des mois, la
principale
préoccupation de Vichy est de prêcher : "N'ajoutez pas aux
horreurs de la guerre étrangère les horreurs encore
plus
terribles de la guerre civile"...
En quoi les horreurs
de la guerre civile peuvent-elles être plus terribles que celles
de la guerre impérialiste ; pourquoi la bourgeoisie
s'exprime-t-elle
avec tant d'horreur à son égard ? C'est que la guerre
impérialiste
("étrangère" !) est la guerre de la bourgeoisie
qui
la mène avec la peau des travailleurs ; c'est une guerre qui lui
rapporte, tandis que la guerre civile est la guerre
menée
par les masses exploitées contre la bourgeoisie : voilà
le
"mystère" de l'eau bénite de l'entente civile
répandue
par les bourreaux et les assassins de Vichy, qui tous les jours
emprisonnent
et tuent avec une sauvagerie inouïe des dizaines de militants
ouvriers.
Comme ces prêches
d'assassins ne trompent personne, Vichy sème habilement la
confusion
au sujet de la guerre civile en la présentant comme une
série
de coups de main et d'assassinats opérés par des bandes
spécialisées.
C'est ainsi que Laval, la Milice et les bandes fascistes ont saisi
l'occasion
de l'assassinat de Philippe Henriot pour renforcer leur propagande en
proclamant
: "on reconnaît là la méthode de la guerre
civile".
Mais ce n'est là
qu'un grossier piège vichyssois : l'assassinat de Philippe
Henriot
au profit des Henriot d'Alger et de Londres n'a rien de commun avec
la guerre civile ; c'est la suppression d'un bourreur de
crânes,
valet d'un camp impérialiste, au profit des valets du camp
impérialiste
adverse ; c'est un épisode de la lutte entre deux clans
politiques
rivaux, lutte qui est une conséquence de la guerre
impérialiste.
La guerre civile de la
classe ouvrière contre la guerre impérialiste a
pour
but non pas la suppression de "personnalités" bourgeoises, mais
la suppression de la domination politique et
économique
de la classe bourgeoise. Et il est évident qu'un tel but ne peut
être atteint que par un seul moyen, par une seule méthode,
celle de la lutte armée des masses ORGANISEES,
soudées
par la claire compréhension de leur tâche historique, l'édification
de la société socialiste.
Mais si Vichy s'acharne
à semer la confusion en présentant cette lutte entre
cliques
bourgeoises comme la "guerre civile", c'est aussi pour d'autres
raisons.
Il s'agit d'une part d'effrayer certaines couches moyennes en
présentant
la décomposition actuelle de la société comme
provoquée
par l'"anarchie", et d'autre part de prendre prétexte de cette
"guerre
civile" pour justifier SON PROPRE TERRORISME contre les masses ; car
n'oublions
pas que pour chaque canaille de Vichy qui tombe, une répression
terrible s'abat sur les militants ouvriers pris comme otages.
Mais l'anarchie est le
propre de l'économie bourgeoise en décadence et c'est
cette anarchie économique qui engendre précisément
dans les relations politiques le règne des complots et des
assassinats
destinés, non pas à changer le régime, mais
à
permettre à tel ou tel groupe capitaliste de se maintenir au
détriment
de l'autre. Au contraire, la guerre civile de la classe ouvrière
contre la bourgeoisie met fin à l'anarchie et à la
décomposition
de la société capitaliste et, par la dictature du
prolétariat
(gouvernement des travailleurs en armes) ELLE INSTAURE UNE
ORGANISATION
SOCIALE NOUVELLE ET HARMONIEUSE.
La crise actuelle est
précisément due à l'absence de la guerre civile :
c'est parce que les masses restent passives et impuissantes que les
gangsters
politiques de la bourgeoisie peuvent occuper le devant de la
scène
et entraîner la société entière dans
l'impasse
de la guerre impérialiste, du meurtre et de l'infamie.
° ° °
C'est
seulement quand
des millions et des millions d'opprimés feront irruption
dans
l'arène politique où se décide leur sort,
quand
commencera la véritable guerre civile des travailleurs que
seront
balayés les organes politiques pourris de la bourgeoisie qui ont
gangrené la France ; c'est seulement LE JOUR OU NOUS LEVERONS LE
DRAPEAU ROUGE DE LA LUTTE PROLETARIENNE que le spectacle rude mais
grandiose
de la lutte des travailleurs pour le socialisme
régénérera
entièrement la société en la conduisant hors du
régime
capitaliste.
La classe ouvrière
française, qui assiste avec un dégoût toujours
croissant
au spectacle que lui impose la bourgeoisie pourrie, prend de plus en
plus
conscience du rôle historique sans précédent qui
lui
incombe : sauver, en alliance avec les travailleurs des autres pays, la
civilisation humaine qui sombre.
Et le jour n'est pas éloigné
où elle lèvera contre la bourgeoisie
LE
DRAPEAU DE LA
GUERRE CIVILE !
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SUBIRONS-NOUS
LA FAMINE ?
Depuis le
débarquement
en France, la situation des populations laborieuses et pauvres a
brusquement
empiré dans une mesure extraordinaire.
Quand depuis des mois
et des mois nous subissions des restrictions, le gouvernement nous
expliquait
qu'on constituait des stocks et des réserves pour les temps plus
difficiles. Ces temps sont arrivés, mais les dirigeants avouent
que nous sommes menacés de famine. Et de tout ce qui arrive
encore
en fait de ravitaillement dans un centre urbain comme Paris, rien ne
parvient
au consommateur pauvre. La nuée des répartiteurs, des
spéculateurs,
des trafiquants est là pour empêcher que ce qui reste
encore
après les réquisitions arrive jusqu'au consommateur
travailleur.
Contre cet état de choses les dirigeants sont impuissants, car
les
spéculateurs, les répartiteurs, les trafiquants CE SONT
EUX.
Et c'est pour la même raison qu'ils sont impuissants devant les
effets
des bombardements, des dévastations, des exodes. Depuis quatre
semaines
que dure la dévastation de la Normandie, ils en sont encore
à
faire des conférences sur la manière de soulager les
"malheureuses
populations". Ils ne veulent pas recourir à des mesures
radicales,
réquisitionner tous les stocks existants, qu'eux et leurs
semblables
dilapident, pour les répartir à la population pauvre ; de
même qu'ils en sont toujours au recensement des locaux publics ou
vides, qui ne seront mis à la disposition des sinistrés
que
le jour où ils s'y installeront d'eux-mêmes.
Au-dessus de tous les
soucis concernant les souffrances des masses, les dirigeants ont leurs
propres soucis, celui de se maintenir en place, celui de maintenir
"l'ordre",
d'exercer la répression et de sauver leurs privilèges.
Quant aux alliés
dont l'arrivée devait nous sauver par LEURS stocks, ils sont
maintenant
les premiers à faire appel A NOS PAYSANS (Radio-Londres) pour
nous
éviter la famine, et ont eux-mêmes besoin de pratiquer la
réquisition -directe et indirecte (monnaie militaire)- tout
comme
l'armée allemande. Mais si on en vient toujours aux paysans,
donc
aux ressources propres DU PAYS, il est inévitable que le
même
système (réquisitions, inflations, taxes,
"répartiteurs",
intermédiaires) donne, dans un pays appauvri, le même
résultat,
c'est-à-dire LA FAMINE.
Actuellement, devant la
misère qui nous étreint, on nous demande d'avoir de la
patience,
c'est-à-dire de nous laisser exterminer, ou de nous
réfugier
à la campagne, ce qui n'est possible qu'à une petite
minorité.
Mais la classe ouvrière pour se défendre doit employer
d'autres
méthodes plus intelligentes, plus énergiques, plus
efficaces
pour se sauver et pour obliger les dirigeants à cesser leur
trafic
sur la famine des masses.
Nous devons, pour commencer,
agir COLLECTIVEMENT. En pratiquant la solidarité, en organisant
des départs EN GROUPE à la campagne, il est plus facile
d'exiger
des moyens de transport pour le ravitaillement (moyens appartenant
à
des cantines ou coopératives), d'établir des contacts
directs
avec les paysans et d'obtenir des résultats. Devant la situation
désastreuse, les patrons eux-mêmes envisagent la
création
de commissions inter-usines pour la mise en commun des ressources de
ravitaillement.
Commissions formées par qui ? Par ceux qui, à la solde du
patron, et non contrôlés par les ouvriers, s'en sont
occupés
jusqu'à pré-sent ? Les ouvriers doivent se mêler de
cette affaire, se grouper pour exiger LEUR contrôle sur ces
commissions,
ainsi que le contrôle des cantines et des coopératives.
Pour
rendre l'action efficace, il faut obtenir l'admission de tous les
ouvriers,
même de ceux momentanément mis à pied ou sur des
chantiers,
à la coopérative de l'usine. Sur le plan de l'usine et
sur
le plan du quartier il faut se grouper pour exiger la distribution des
stocks de vivres, le contrôle sur le ravitaillement qui passe par
les trafiquants et les "répartiteurs".
Dans tous les domaines,
la solidarité et l'organisation de la classe ouvrière
doivent
servir d'exemple et entraîner toutes les couches pauvres dans
la seule voie qui peut nous éviter la famine : LA LIAISON
ENTRE
LA VILLE ET LA CAMPAGNE ET LE CONTROLE DU RAVITAILLEMENT par les
COMITES
D'OUVRIERS ET DE MENAGERES.
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1
4 J U I L L E T
14 juillet,
anniversaire
de la prise de la Bastille. La féodalité pourrie
jusqu'à
la moëlle des os n'est plus capable d'assurer la continuité
historique de la société. La bourgeoisie, jeune classe
issue
de la féodalité, la renverse et en s'émancipant
conduit
la société à un stade plus avancé de la
civilisation
(essor économique et culturel grandiose).
Cependant, aujourd'hui
la bourgeoisie est également pourrie, elle n'est plus un facteur
de développement de la société mais est au
contraire
devenue un frein à ce développement et, par ses
contradictions
sans cesse accrues, mène la société à sa
ruine.
Mais de même que la féodalité avait enfanté
la bourgeoisie, la bourgeoisie a produit une nouvelle classe : le
prolétariat
qui, lui, doit prendre en mains les destinées de la
société
pour lui assurer un nouveau et définitif essor économique
et culturel. Depuis longtemps les conditions économiques sont
mûres
pour la prise du pouvoir par le prolétariat. La tâche du
prolétariat
est de renverser les bastilles de la bourgeoisie.
Les travailleurs ne fêtent
pas le 14 juillet, symbole de la domination bourgeoise. Ils luttent
pour
préparer l'Octobre rouge des travailleurs de France.
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GREVE
GENERALE A COPENHAGUE
Une grève
générale
vient d'avoir lieu à Copenhague (au Danemark), et les
autorités
d'occupation ont dû reculer dans leurs plans de main-mise et
d'oppression
accrue sur la vie politique et publique du pays.
Ainsi, une grève
générale ouvrière bien conduite et
répondant
strictement aux intérêts de toutes les masses
travailleuses
(et non pas en vue de participer à la guerre dans le camp
impérialiste
adverse) met l'Etat-major de l'armée d'occupation dans la
nécessité
de reculer, de revenir sur les mesures envisagées et de faire
des
concessions.
Quelle leçon pour
nous, travailleurs. Quel démenti infligé à ceux
qui
disent : "il n'y a rien à faire" (autrement dit, laissons la
guerre
finir d'elle-même et nous massacrer tous) et à ceux qui
veulent
nous convaincre que seule la lutte de francs-tireurs peut nous
"libérer".
Chaque travailleur se convaincra de plus en plus que seule l'action
ouvrière
pour des buts prolétariens est efficace, quels que soient les
sacrifices
qu'elle impose, car ces sacrifices sont les seuls à être
fructueux
pour les masses laborieuses.
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L'ARMEE
PERMANENTE ET
L'ARMEE
POPULAIRE
Parce que le maquis
est composé
en grande partie d'ouvriers et de paysans qui n'ont pas voulu partir en
Allemagne, et parce qu'il est en lutte contre Vichy et l'armée
allemande,
on voudrait nous le présenter comme une armée
véritablement
démocratique, comme une "armée du peuple".
Mais pour savoir si une
armée est véritablement une armée du peuple, il ne
suffit pas qu'elle soit composée d'ouvriers et de paysans. En
effet,
toutes les armées modernes, quelles qu'elles soient, sont des
armées
populaires si on les envisage à ce point de vue. Car le
perfectionnement
des armements a depuis longtemps obligé la bourgeoisie à
mobiliser tout "son" peuple pour mener les guerres.
Il faut examiner à
quoi a abouti le maquis, quelle est sa base de classe. Or, s'il est
possible
qu'au début les travailleurs du maquis, guidés par leur
méfiance
instinctive, aient tenté de s'organiser sur une base de classe
et
aient manifesté leur hostilité à l'égard du
vieux corps des officiers cagoulards, depuis, sous le commandement des
De Gaulle, Giraud, Catroux et Koenig -qui vient d'être
nommé
commandant des Forces Françaises de l'Intérieur- c'est le
vieux corps des officiers de Daladier qui s'est imposé au maquis
: c'est l'ancienne armée impérialiste
française
qui s'est reconstituée. Ce qu'on voudrait nous
présenter
comme une armée du peuple, n'est qu'une nouvelle ARMEE
PERMANENTE.
° ° °
L'armée
permanente
enlève tous les ans des centaines de milliers de jeunes gens
à
leurs familles et à leur production, pour les enfermer pendant
des
années dans des casernes sous prétexte de formation
militaire.
Mais la formation militaire d'un soldat n'exige pas des années
puisqu'en
temps de guerre la bourgeoisie envoie au front des jeunes de 18 ans
après
quatre ou six mois d'instruction. Le service militaire consiste
principalement
à soumettre les hommes à qui l'on enseigne le maniement
des
armes à la pression exclusive de la discipline militaire
représentée
par le corps des officiers et sous-officiers de carrière
liés
à la bourgeoisie, et qui n'ont aucune fonction productive dans
la
société : comme les prêtres, ils sont
spécialisés
dans le "dressage" de "la troupe", leurs méthodes -les brimades
dégradantes et l'abrutissement systématique- ont pour but
de façonner une nouvelle mentalité à leurs hommes,
de séparer les fils d'ouvriers et de paysans de leur classe et
d'en
faire des instruments dociles pour la répression.
Et ce sont les masses
laborieuses qui, sous forme d'impôts écrasants, supportent
la charge de cette armée d'hommes que l'on a retirés de
la
production, et payent la construction et l'entretien des casernes et la
solde des généraux et officiers de carrière
grassement
appointés.
C'est ainsi qu'en cas
de guerre la bourgeoisie peut rapidement, par la mobilisation
générale,
mettre en ligne des millions d'hommes sachant manier les armes, et sur
lesquels les officiers n'ont aucun mal à reprendre leur emprise
une fois qu'ils ont été happés par l'engrenage de
l'armée permanente aidée de la gendarmerie et de la
police.
On le voit donc, une telle
armée, fondée sur l'exploitation du peuple et sur son
utilisation
comme chair à canon n'a rien de populaire. Elle est au contraire
l'instrument principal de la bourgeoisie contre le peuple.
La classe ouvrière
ne peut pas s'émanciper sans briser l'armée permanente.
Le
principal moyen d'y arriver, c'est qu'elle organise tout d'abord ses
propres
milices ouvrières. En soutenant la lutte des
travailleurs-soldats
contre la conscription, le service militaire prolongé, les Cours
martiales et le régime des casernes, et en s'armant
elle-même,
la classe ouvrière facilite aux soldats leur émancipation
de l'armée permanente et les lie à la cause des
exploités.
La milice ouvrière
est l'organisation des travailleurs en armes pour la défense sur
place de l'usine, du chantier, de la mine ou du village contre la
bourgeoisie.
Le peuple en armes n'a
besoin ni de casernes, ni d'officiers de métier ; il ne retire
pas
de la production toute une partie de la population :
l'entraînement
militaire se fait en dehors des heures de travail et les chefs sont
élus
par les combattants parmi les plus dévoués et les plus
qualifiés.
La victoire ouvrière
et la chute de la bourgeoisie supprimeront pour la classe
ouvrière
la nécessité d'être en armes ; c'est donc seulement
en s'organisant en milice ouvrière que les masses parviendront
à
briser les armées permanentes, que la bourgeoisie entretient
constamment
pour la défense de ses intérêts
impérialistes,
contre les masses et sur leur dos.
Tandis que l'armée
permanente est un chancre qui ronge toute la société, et
l'instrument de l'asservissement du peuple par la bourgeoisie, la
MILICE
OUVRIERE, organisation des travailleurs en armes, est l'instrument de
leur
émancipation .
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