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chronologie 1944 |
TRAVAILLEURS ! CINQ ANNEES DE
GUERRE (24
octobre 1944) TRAVAILLEURS! Cinq
années de guerre ont constamment aggravé la situation des
masses laborieuses et
de la population pauvre. Aujourd'hui nous nous trouvons en face d'un
hiver sans
charbon et sans provisions. Le chômage sévit, les salaires
sont bas,
insuffisants, la paralysie économique grandit
démesurément la misère: pas de
vêtements, pas d'alimentation, pas de chauffage! Les organisations de la classe
ouvrière,
dans lesquelles les travailleurs ont mis leur confiance, s'adressent au
gouvernement, à l'État, pour lui demander de prendre des
mesures contre les
capitalistes, qui se sont enrichis de la misère des
travailleurs, qui se sont
fait de la guerre une source de profits, qui s'opposent aujourd'hui
à la
reprise de la production là où leurs
intérêts le leur dictent, qui s'opposent à
l'augmentation des salaires, qui dirigent la répartition des
ressources financières
et des ressources de matières premières dans un
intérêt de spéculation
capitaliste, qui continuent à faire fleurir le marché
noir et affament les
ouvriers. La CGT
dit dans une résolution du 13 octobre: "Les
Fédérations nationales ont
fait la preuve que la classe ouvrière et les techniciens
étaient prêts à
l'effort et à la collaboration. On attend une réponse
d'en
haut. " Mais il
apparaît tous les jours d'une façon évidente qu'en
haut, l'État est resté
l’État des capitalistes. Tandis que les salaires sont
dérisoires, tandis que le
chômage sévit, le prix du pain, des loyers, de
l'électricité monte. Au sujet de
la nationalisation, qui devait briser la puissance des capitalistes et
être le
point de départ d'une économie plus rationnelle, le
ministre de la Production
industrielle déclare: "IL N’EST PAS QUESTION DE TOUCHER DES
INDUSTRIES
OÙ L’ÉMULATION ENTRE LES PERSONNES, L’INITIATIVE
PRIVÉE ET LA LIBRE CONCURRENCE
DEMEURENT DES FACTEURS DE PROGRÈS. " En fait il
s'avère que ces
industries où l'initiative, c'est-à-dire LE PROFIT, doit
rester privée, ce sont
toutes les industries. Chez Renault formellement
réquisitionné,
l'administrateur-directeur remplaçant est un représentant
des 200 familles.
Pareillement partout où "l'épuration" a passé:
chez Hispano[-Suiza],
chez Gnôme [et Rhône], à l’IP, etc... Aucune
expropriation effective n'a eu
lieu. On parlait de la confiscation des énormes fortunes de
guerre, mais on en
est resté au projet. En accord avec la haute finance, le
gouvernement prépare
la déflation de la monnaie, tandis que la plupart des grosses
fortunes sont
investies et une bonne part dissimulées par des
opérations bancaires. NULLE
PART DANS AUCUN DOMAINE RIEN NA ÉTÉ CHANGÉ Les dirigeants
social-patriotes eux-mêmes, qui s'adressent à
l'État, ne se plaignent-ils pas
en même temps de ce que la majorité des ministres agissent
tout à fait comme
des agents des capitalistes? Il faut
que cesse ce jeu des social-patriotes qui s'adressent à
lÉtat pour résoudre
des problèmes que celui-ci ne peut pas résoudre, parce
qu'il est l’État des
capitalistes, mais qui viennent ensuite, comme Benoît
Frachon, déclarer que "les ouvriers sont prêts
à faire les sacrifices
qu'il faudra, à ne
ménager ni leur temps ni leur peine ", uniquement parce que
les
social-patriotes ont aujourd'hui le droit de servir de "conseillers"
à ce même État! Le
problème est ailleurs: IL EST DE SA VOIR SI NOUS POUVONS
NOUS UNIR POUR
IMPOSER, PAR UNE VOLONTÉ INEBRANLABLE DES SOLUTIONS
OUVRIÈRES AUX DIFFICULTÉS
DE L’HEURE. Seul le bloc uni de la classe ouvrière prenant
elle-même la
défense de ses affaires et de ses intérêts face aux
intérêts des capitalistes,
peut arriver à nous tirer, nous les travailleurs et tout le
pays, de la
situation actuelle. Par quel moyen? Par un moyen tout à fait
à la portée de la
classe ouvrière, si seulement celle-ci est décidée
à lutter: LE CONTRÔLE
OUVRIER. Le
contrôle ouvrier ce n'est pas la formation d'une commission de
bureaucrates
syndicaux en pourparlers de salon avec le patron, où ils
subissent la
corruption et la puissance de celui-ci. C'est la classe
ouvrière, ce sont tous
les ouvriers de l'usine qui par la force de leur action et par une
délégation
élue et révocable à tout instant par eux (le
Comité d'usine) exigent du
capitaliste le droit de regard et de contrôle, avec le
concours des
techniciens, sur la production et la comptabilité de
l'entreprise. Ainsi les
capitalistes ne pourront plus, à l'abri des secrets industriels
et commerciaux, saboter, soustraire leurs ressources, dissimuler
les
matières premières,
produire dans un but de spéculation, etc. LE CONTRÔLE
OUVRIER RENDRA IMPOSSIBLE
TOUTE AMNOEUVRE DU PATRON CONTRE LES OUVRIERS, SANS QUE CEUX-CI
NE
SACHENT IMMÉDIATEMENT À QUOI SEN TENIR. Le
gouvernement promet aux ouvriers la création de comités
consultatifs, sans porter
atteinte à l'unité de direction, c'est-à-dire
à l'autorité patronale
(déclaration du ministre de la Production, 17/10). Qu'est-ce
d'autre que les
"Comités sociaux" de Vichy? Tout le monde reconnaît
que l'économie est
mal dirigée par les capitalistes, qu'un plan serait
nécessaire pour la défense
des intérêts des travailleurs. Beaucoup reconnaissent, et
nous l'affirmons, que "les ouvriers sont capables, avec l'aide des
cadres, de
diriger les
usines non pas aussi bien, mais MIEUX que les patrons ". Mais
JAMAIS
on n'octroiera "d'en haut" aux ouvriers le droit de regard sur la
production. ET LES MAUX QUI PESENT SUR LES MASSES NE SERONT PAS
ABOLIS Mais plutôt la classe
ouvrière se décidera
pour une lutte décidée, sérieuse, soutenue, plus
elle abrégera ses souffrances,
plus elle évitera des désillusions et des défaites
MILLE FOIS plus dures, MILLE
FOIS plus coûteuses que sa propre lutte. Pour briser le sabotage de la
bourgeoisie,
VIVE LE CONTRÔLE OUVRIER! 24
Octobre 1944 UNION
COMMUNISTE (4' Internationale)
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