CAMARADES OUVRIERS,

DANS LES "AILES LIBEREES"...

(Fin 1944?)

Camarades ouvriers,

    Dans les "Ailes Libérées" (ex-Rouges) les staliniens accusent les trotskystes de distribuer "lâchement" c.-à-d. clandestinement leur presse. Nous ne croyons pas que ceux qui diffusaient la presse clandestinement pendant l'occupation étaient des lâches, pas plus d'ailleurs que les militants du PC en 39-40. Étant donné que les staliniens sont aujourd'hui un appui du gouvernement bourgeois, qu'ils appuient la guerre impérialiste, qu'ils sont pour la mobilisation, le sac au dos, la dissolution des gardes civiques, etc., ils peuvent s'exprimer avec le consentement du gouvernement. Mais comme les trotskystes sont contre la guerre impérialiste, contre le gouvernement réactionnaire de la bourgeoisie, pour l'action indépendante de la classe ouvrière, pour les milices et les Comités ouvriers, ils ne peuvent naturellement pas paraître au grand jour avec la permission du gouvernement.

    Ne pouvant combattre notre politique par des arguments, les staliniens déversent sur nous un flot de calomnies. Ce faisant ils comptent sur le fait que les ouvriers n'ont pas les moyens de vérifier leurs affirmations, qu'ils n'ont pas le temps de lire, de se documenter et de chercher la vérité. Et ils ne se gênent pas de vanter Staline d'avoir "liquidé" Trotsky, assassiné au Mexique en 1940.

    Mais les travailleurs ont un moyen très simple pour vérifier de quelle côté se trouve la vérité.

    Voici ce que répondit un soldat russe à qui l'on disait (en 1917): "Sais-tu donc que ton Lénine est un espion allemand?" - "Non, je ne le sais pas, je n'ai pas d'instruction, mais ce que je sais, c'est que tout ce que Lénine dit au sujet de la terre est juste." Nous demandons aux ouvriers français de raisonner de la même façon.

    Le PC prétend défendre les intérêts de la classe ouvrière. Mais pas une seule ligne des Ailes Libérées ne parle de la situation des ouvriers dans les usines, des bas salaires, de l'arbitraire patronal, de l'action syndicale, de l'organisation ouvrière. Dans toutes les usines les staliniens s'opposent à toute action syndicale-, il leur paraît juste qu'à la faveur de la guerre le patronat continue ses super-bénéfices et que les ouvriers n'aient que le droit de se taire...

    Les "Ailes Libérées" nous accusent de vouloir la restauration du capitalisme ... en URSS! Mais que dire du fait que les staliniens se sont fait ici les défenseurs du capitalisme et des capitalistes (« les bons patrons »), au point que toute la presse bourgeoise félicite le dernier discours de Thorez?

    C'est parce que notre politique répond aux intérêts des travailleurs, que les staliniens veulent nous en séparer par des calomnies. Mais les ouvriers ne sont pas des enfants, auxquels on puisse interdire de lire, d'écouter, de réfléchir et de choisir dans des questions qui intéressent leur propre sort. Tout ce que nous demandons aux ouvriers c'est de ne pas laisser s'établir les méthodes de calomnie et de mouchardage au sein de la classe ouvrière, méthodes que voudraient instaurer les staliniens. Pour le reste l'activité consciente des ouvriers leur montrera sans aucun doute que la 4e Internationale défend les véritables intérêts de la classe ouvrière.

Un Groupe d'Ouvriers de Suresnes

(Union Communiste – 4e Internationale)