QUE
SE PASSE-T-IL EN AFRIQUE DU NORD ?
Ces temps derniers,
certains
journaux se sont préoccupés de la situation en Afrique du
Nord. Celle-ci est tellement tragique qu'il devenait désormais
impossible
à la presse "démocrate" de la passer plus longtemps sous
silence.
Bien entendu, il ne s'agissait
pas pour ces journaux de défendre les indigènes
d'Algérie,
du Maroc ou de Tunisie, mais de faire appel à la vigilance
gouvernementale
pour limiter les "abus" ; c'est à cette fin aussi que le C.N.R.
décida d'envoyer en Afrique du Nord une "commission
d'information".
Cette commission, quoique
inoffensive, a été interdite par De Gaulle.
Effectivement,
à quoi servirait-elle ? Si dans la Métropole le C.N.R.
sert
de camouflage, d'ornement "démocratique" à la machine
gouvernementale
bonapartiste de De Gaulle, quel serait son rôle en Afrique du
Nord
? Là-bas il ne s'agit nullement d'abus à
"réformer",
de faire patienter les masses. Un conflit mortel oppose les colons
exploiteurs
et oppresseurs et les 9/10° de la population indigène. Dans
ces conditions, la commission d'enquête du C.N.R., si elle
rassurerait
"les esprits inquiets" de la Métropole, ne ferait au contraire
qu'aggraver
la situation politique en Afrique du Nord si elle était prise au
sérieux par les indigènes. Car si les indigènes
pen-saient
avoir l'appui de la "démocratie" cela ne pourrait que les
inciter
encore plus à l'action directe contre les colons.
C'est pourquoi seule la
politique des colons est approuvée par le gouvernement : répression
colonialiste sans phrases. Ici il n'y a pas de place pour les
balivernes
du C.N.R. dont l'inutilité devient de plus en plus visible dans
la Métropole même, où ses "Comités" (sic) ne
font que "suggérer" dans une situation qui appelle de plus en
plus
une solution radicale.
Cependant, le sort des
classes laborieuses de l'Afrique du Nord ne sera pas laissé par
les travailleurs de France à la merci du gouvernement de De
Gaulle,
c'est-à-dire des colons, exploiteurs féroces et
fascistes.
Les travailleurs savent que si les Nord-Africains sont
écrasés
par le gouvernement français pour sauver la domination des
colons,
ceux-ci se serviront de l'Afrique du Nord comme Franco s'est servi des
Marocains du Rift : pour écraser les travailleurs de la
Métropole
et instaurer en France même un régime de terreur ouverte.
La
situation en
Afrique du Nord
Depuis quatre ans
les masses
indigènes d'Algérie, de Tunisie et du Maroc sont en proie
à la famine et au typhus. L'Afrique du Nord n'a rien à se
mettre sur le dos, rien à manger. Des millions d'hommes, de
femmes
et d'enfants sont en haillons, habillés de chiffons ou de sacs.
Il ne s'agit plus pour eux de se vêtir, mais simplement de ne pas
choquer la décence. Dans la plupart des familles
indigènes,
il n'y a qu'un misérable vêtement pour trois ou quatre
personnes, vêtement que chacun met à tour de
rôle pour
sortir.
Quant au ravitaillement,
il est inexistant. Les villes où il y a une majorité
européenne
connaissent les restrictions, mais sont tout de même
assurées
d'un minimum vital. Mais les campagnes sont littéralement
affamées,
les campagnes où vivent 95% des indigènes,
c'est-à-dire
les 9/10° de la population totale. La base de l'alimentation
indigène
est le couscous. Pour faire du couscous, il faut de la farine. Or, la
ration
mensuelle allouée à chaque indigène par le
ravitaillement
est de 3 kg d'orge ou 3 kg de blé, soit 2 kg 500 de farine pour
l'orge et l kg 500 à 2 kg pour le blé. Cela
représente
une moyenne de 50 g. de pain par jour. Il faut ajouter qu'ils n'ont
souvent
rien d'autre pour compléter cette maigre pitance : peu de
légumes,
pas de viande. On peut penser que s'ils recevaient pour toute
nourriture
nos 350 g de pain quotidiens, ils croiraient nager dans l'abondance,
tant
leur misère est effroyable ! Avant la guerre, le minimum vital
pour
chaque individu était de 20 à 25 kg de farine par mois.
La
ration actuelle représente donc à peine les 10% du
minimum.
De plus, les distributions se font là-bas d'une façon
très
irrégulière, avec des retards de 2 à 3 mois.
Dans ces conditions, il
ne faut pas s'étonner si à l'heure actuelle, comme on
l'écrit là-bas, des millions d'êtres humains
vivent
comme des bêtes, se nourrissent d'herbes et de ra-cines. Il ne
faut
pas s'étonner si le typhus, "maladie de carence" par excellence,
fait rage en Afrique du Nord. Et cela depuis quatre ans ! On estime que
dans la seule Algérie il y a eu plus de 30.000 victimes en
1940-1941.
Et depuis le nombre des morts par le typhus n'a fait que
s'accroître.
Tout récemment il y a eu 33 morts en une seule nuit dans un
petit
village de quelques centaines d'habitants. Un village kabyle qui
comprenait
1400 habitants n'en compte plus que 300, soit 1100 victimes. Et
pourtant
dans la masse, la Kabylie était une des régions les plus
résistantes aux épidémies. Mais aujourd'hui le
typhus,
compagnon inévitable de la famine, n'est pas localisé, il
est général.
Jusqu'en 1942 on pouvait
penser que cela était le fruit de la politique de Vichy, qui
faisait
des prélèvements massifs sur l'économie
nord-africaine.
Mais depuis, ce pays aurait dû connaître les bienfaits de
l'intervention
américaine, une avalanche de cotonnades et de corned-beef. Or il
n'en a rien été et la situation des masses
indigènes,
comme en France, s'est encore aggravée.
Qu'est-ce que cela veut
dire ? Sans doute il serait très facile aux Américains,
avec
quelques bateaux, de ravitailler les populations nord-africaines. Et
les
nécessités de la guerre ne sont pas telles qu'elles
rendent
impossible l'organisation d'un trafic aussi réduit. Mais
voilà
!
L'impérialisme
américain a des visées sur l'Afrique du Nord, et comme
l'impérialisme
français n'entend ni céder sa place ni composer, il fait
crever l'indigène sans l'ombre d'un regret.
Le sort tragique des peuples
nord-africains
est donc un aspect de la lutte impérialiste. Mais il est d'abord
l'aboutissement d'une exploitation impérialiste conduite d'une
façon
systématique et impitoyable.
En effet, est-ce que les
ressources de l'Afrique du Nord ne devraient pas lui permettre de
nourrir
largement toute sa population ? Sans aucun doute il y a là-bas
de
tout pour tous. Autrefois, avant la conquête française,
l'ensemble
de la population nord-africaine était formée de petits et
moyens paysans tirant de leurs terres des ressources suffisantes pour
leur
subsistance. Mais les colons français ont exproprié
l'indigène
sur une large échelle et réduit les 9/10° de la
population
à une condition prolétarienne. Elle a abouti à
l'extrême
paupérisation des masses indigènes et à
l'énorme
enrichissement des gros colons.
L'exemple le plus typique
est celui de l'Algérie. En moins d'un siècle la
propriété
indigène y est passée de 16 millions d'ha à 7
millions.
L'Etat colonial et les gros colons se sont donc approprié 9
millions
d'ha. Trois mille gros colons y possèdent près de 2
millions
d'ha, c'est-à-dire autant qu'un million et demi de
propriétaires
indigènes. Six gros vignerons y récoltent plus de 3
millions
d'hectolitres de vin. Certaines entreprises capitalistes y
possèdent
plus de 50.000 ha de terre. Au contraire, 70% de la paysannerie
indigène
n'ont qu'une moyenne de 2 ha de mauvaises terres.
Ainsi, le résultat
le plus évident de la colonisation française est la
constitution
d'une "féodalité" terrienne et économique vivant
de
l'exploitation intensive des masses indigènes
préalablement
expropriées et prolétarisées.
Aujourd'hui 99% des populations
indigènes de l'Afrique du Nord sont formées d'ouvriers
agricoles,
de demi-fellahs et de travailleurs, qui n'ont d'autre ressource que
leurs
bras pour gagner le pain de leurs nombreuses familles. Il s'est donc
constitué
dans ce pays une abondante main-d'oeuvre qui a longtemps permis aux
capitalistes
et aux trusts coloniaux de pratiquer une politique de bas salaires : de
3 à 10 fr par journée de 12 à 14 heures de travail.
Avec un salaire journalier
de 10 frs, comment nourrir et habiller une famille de 5 personnes,
alors
que le quintal de blé coûtait 180 frs, le mètre
d'étoffe
20 frs, une paire de chaussures 50 à 100 frs ? Aussi bien, la
plupart
des indigènes se nourrissaient-ils d'orge et de glands, sans
manger
toujours à leur faim. Ils allaient pieds-nus ou chaussés
d'espadrilles et s'achetaient une gandoura par an, qu'ils portaient
jusqu'à
usure complète.
Donc en temps normal,
l'indigène était sous-alimenté et
misérablement
vêtu. Il n'avait aucune réserve alimentaire ni
vestimentaire.
Qu'une mauvaise récolte survienne et la faim se transforme en
famine
et appelle le typhus. La guerre actuelle a eu ainsi pour effet
d'aggraver
et de généraliser jusqu'à la catastrophe un
état
de choses endémique, conséquence inéluctable de
l'exploitation
impérialiste.
Et pourtant il y a encore du
blé
dans les silos des gros colons et des grosses sociétés.
Mais
ils ne le livrent pas et l'administration locale qui leur est
entièrement
dévouée, les laisse faire. Ils préfèrent le
vendre au marché noir. Mais ils préfèrent voir le
fellah crever de faim, dans l'espoir de le pousser à la
révolte,
puis d'amener le gouvernement à pratiquer une bonne
répression.
Et à la faveur de cette répression ils espèrent
faire
avorter tout projet de réforme en faveur de l'indigène et
surtout obtenir un retour à la politique des bas salaires, aux 5
ou 6 francs journaliers d'avant-guerre qui leur assuraient de si
substantiels
bénéfices.
° ° °
Telle est la
situation de
l'Afrique du Nord. Exploitée à outrance par les colons et
les capitalistes français maîtres de l'administration,
elle
ne peut renaître à la vie que par l'expulsion des intrus
qui
absorbent toute sa substance vitale. C'est ce que veulent les
indigènes
: c'est-à-dire l'indépendance de l'Afrique du Nord.
Il y a là-bas une haine farouche et générale pour
l'exploiteur français Les mouvements nationalistes
nord-africains
ont pris une ampleur extraordinaire ; des troubles se produisent un peu
partout et l'on parle même de l'existence d'un maquis.
Mais, nous répondra-t-on
(et c'est un argument souvent invoqué par les chefs staliniens
pour
expliquer pourquoi ils ne soutiennent plus les Abd-el-Krim de
l'Afrique
du Nord), dans le monde capitaliste actuel l'Afrique du Nord ne peut
pas
être indépendante : si la France n'y était pas ce
serait
l'Amérique ou l'Angleterre qui prendrait sa place ! Argument
d'exploiteurs,
de capitalistes : "si ce n'est pas moi qui exploite mon ouvrier, ce
sera
un autre, qui sera peut-être pire". Mais cet argument ne vaut
rien.
L'indépendance de l'Afrique du Nord n'est pas un cadeau qui
tomberait
du ciel aux Nord-Africains. Cette indépendance doit être
le
résultat d'une lutte acharnée menée par les
peuples
indigènes et les travailleurs métropolitains contre les
200
familles. Victorieux dans cette lutte, l'appui du prolétariat
mondial
et des autres peuples coloniaux (qui forment l'énorme
majorité
de la population du globe) les rendra invincibles.
Le prolétariat
de France sait qu'un peuple qui en opprime un autre n'est pas un
peuple
libre. Il rejette entièrement la responsabilité de
l'exploitation
des peuples de l'Afrique du Nord sur les 200 familles. Au moment
où
les impérialistes de France, d'Amérique et d'Angleterre
commencent
à se prendre aux cheveux pour le pillage de l'Afrique du Nord,
il
proclame hautement le droit de ces peuples à disposer
d'eux-mêmes
jusques et y compris la séparation de la France. Les
travailleurs
français savent maintenant qu'à notre époque on ne
peut plus maintenir assujetti un peuple qui veut sa liberté et
son
indépendance.
Pour le droit de l'Afrique du Nord à disposer d'elle-même
!
Pour une COMMISSION D'ENQUETE OUVRIERE IMPOSEE au gouvernement !
Pour l'échange économique avec l'Afrique du Nord par
l'expropriation
des colons monopoleurs et affameurs des indigènes et de la
France
!
Travailleurs, l'exploitation
des colonies maintient vos propres chaînes ; le colonialisme est
une pratique capitaliste! Sur cette question aussi rompons
délibérément
et radicalement avec le passé. Ainsi seulement l'avenir nous
appartiendra
!
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LENINE
SUR LA GUERRE.
Le 21 janvier
est le vingt-et-unième
anniversaire de la mort de Lénine. Les social-patriotes
"honorent"
aujourd'hui sa mémoire, mais en réalité ils ne
font
que la bafouer.
Le manifeste ci-dessous,
écrit par Lénine en 1915 à l'occasion de la
conférence
deZimmerwald(premier jalon de la IIIe Internationale) représente
la politique de Lénine pendant la première guerre
mondiale,
politique pour laquelle il a combattu avec acharnement et sur la base
de
laquelle le prolétariat russe en 1917 a mis fin à la
guerre
en renversant la bourgeoisie.
C'est aussi la politique
pour laquelle lutte aujourd'hui la IVe Internationale, fidèle
à
l'enseignement de Lénine, et que combattent par tous les moyens
en leur pouvoir les social-patriotes, "socialistes" et staliniens.
La politique de Lénine
et de la IVe Internationale, celle du manifeste de Zimmerwald,
défend
les intérêts des masses travailleuses contre les
exploiteurs
capitalistes et contre leur guerre. Les social-patriotes "socialistes"
et staliniens appuient les visées impérialistes de la
bourgeoisie
et défendent la guerre des capitalistes contre les masses
travailleuses.
A bas la guerre impérialiste
! A bas les social-chauvins !
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PROLETAIRES
D'EUROPE !
La guerre dure
depuis plus
d'un an. Les champs de bataille sont jonchés de millions de
morts,
des millions d'estropiés sont condamnés à
être
toute leur vie en charge aux autres et à eux-mêmes. La
guerre
a causé d'épouvantables ravages et amènera une
hausse
énorme des impôts.
Les capitalistes de tous
les pays qui, au prix du sang des prolétaires, font durant la
guerre
des profits énormes, exigent des masses populaires qu'elles
donnent
tous leurs efforts afin de tenir jusqu'au bout. Ils assurent que la
guerre
est nécessaire pour la défense de la patrie et qu'elle
est
menée dans les intérêts de la démocratie.
Ils
mentent effrontément. Dans aucun des pays, la guerre n'a
été
déclenchée par les capitalistes parce que
l'indépendance
de la nation était en danger ou parce qu'ils désiraient
libérer
quelque peuple assujetti que ce soit. Ils ont mené les masses
populaires
à la boucherie pour opprimer et exploiter d'autres peuples. Ils
n'avaient point pu s'entendre sur le partage des peuples qui, en Asie
et
en Afrique, avaient encore conservé leur indépendance, et
ils s'excitaient les uns contre les autres, cherchant à
s'arracher
le butin déjà conquis.
Ce n'est donc ni pour
leur propre libération, ni pour la libération d'autres
peuples
que coule sur tous les points de l'énorme abattoir qu'est en ce
moment l'Europe le sang des masses populaires. Cette guerre n'apportera
au prolétariat d'Europe et aux peuples d'Asie et d'Afrique que
de
nouvelles chaînes et de nouveaux fardeaux. Il est donc inutile de
mener cette guerre jusqu'au bout, jusqu'à la dernière
goutte
de sang ; il faut, au contraire, tendre tous nos efforts pour y mettre
fin.
Et l'heure a déjà
sonné, il est temps de réagir. Et, tout d'abord, il
faudra
que vous exigiez de vos députés socialistes, que vous
avez
envoyés au parlement pour mener la lutte contre le capitalisme,
contre le militarisme, contre l'exploitation du peuple, qu'ils
remplissent
leur devoir. Ils ont tous, à l'exception des
députés
russes, serbes et italiens, et des députés Liebknecht et
Ruhle, foulé au pied ce devoir. Les uns ont soutenu la
bourgeoisie
dans sa guerre de brigandage, les autres se sont soustraits à
toute
responsabilité. Vous devez exiger d'eux, ou bien qu'ils
démissionnent,
ou bien qu'ils tirent parti de la tribune parlementaire pour expliquer
au peuple le véritable caractère de cette guerre, et
qu'en
dehors du parlement ils aident la classe ouvrière à
commencer
la lutte. Et vous devez surtout exiger d'eux QU'ILS REFUSENT TOUT VOTE
DE CREDITS MILITAIRES ET QU'ILS QUITTENT LES MINISTERES en France, en
Belgique
et en Angleterre. Mais ce n'est point encore tout. Les
députés
ne peuvent vous sauver des furies de la guerre qui boivent votre sang.
VOUS DEVEZ AGIR VOUS-MEMES. Vous devez tirer parti de toutes vos
organisations,
de tous les organes de votre presse pour soulever contre la guerre la
révolte
des masses qui gémissent maintenant sous son fardeau. Vous devez
descendre dans la rue et, là, crier à la face des classes
dirigeantes : "ASSEZ DE BOUCHERIE !" Qu'importe que les classes
dirigeantes
restent sourdes à vos cris, les masses mécontentes du
peuple
vous entendront et se joindront à vous dans votre lutte.
Il est indispensable de
protester énergiquement contre la guerre, il faut protester bien
haut contre l'exploitation de peuples par d'autres peuples, contre le
partage
de peuples entre divers Etats. Tout cela aura lieu en cas de victoire
de
n'importe quel gouvernement capitaliste si cette victoire lui donne la
possibilité de dicter les conditions de paix. Si nous permettons
aux capitalistes de conclure la paix comme ils ont commencé la
guerre
sans l'assentiment des peuples, les nouvelles conquêtes
renforceront
dans le pays victorieux, non seulement la réaction et le bon
plaisir
policier, mais elles fermenteront de nouvelles guerres plus
épouvantables
encore.
Le but que doit rechercher
la classe ouvrière de tous les pays belligérants doit
être
le renversement des gouvernements capitalistes. Car ce n'est que
lorsque
tout le pouvoir de disposer de la vie des peuples aura
été
arraché à la bourgeoisie que le prolétariat pourra
mettre fin à toute guerre, à toute exploitation de
peuples
par d'autres peuples. Et ce n'est que lorsqu'ils seront
libérés
de tout pouvoir du capital, de toute misère et de toutes
calamités,
que les peuples seront en état d'organiser leurs relations non
point
par voie de guerre, mais par voie d'ententes amicales. Le but auquel
nous
tendons est grandiose et son accomplissement exigera de nous la plus
grande
tension de nos forces et les plus grands sacrifices. Le chemin vers le
triomphe de notre cause sera probablement long. Les moyens pacifiques
seront
insuf-fisants pour prendre le dessus sur nos adversaires. Mais ce n'est
que lorsque vous serez prêts à faire pour votre propre
cause
et pour votre propre libération dans la lutte contre le capital,
ne fût-ce qu'une partie des sacrifices que vous faites en ce
moment
sur les champs de bataille pour les intérêts des
capitalistes,
que vous serez en état de mettre fin à cette guerre et de
poser des bases solides d'une paix durable qui, d'esclaves du Capital,
vous transformera en hommes libres.
MAIS SI LA BOURGEOISIE
ET LES PARTIS SOCIALISTES, QUI LA SOUTIENNENT, PARVIENNENT A VOUS
EMPECHER
D'ENTRER EN LUTTE, SI VOUS VOUS CONTENTEZ DE SOUPIRS ET D'ASPIRATIONS
STERILES,
SI VOUS NE VOUS DECIDEZ POINT A MONTER A L'ASSAUT ET A DONNER VOTRE AME
ET VOTRE VIE POUR CETTE GRANDE CAUSE, ALORS LE CAPITAL POURRA CONTINUER
TANT QU'IL VOUDRA A GASPILLER VOTRE SANG ET VOTRE BIEN.
Dans tous les pays, le
nombre des hommes qui pensent comme nous grandit tous les jours ; ce
sont
eux qui nous ont chargés de nous réunir ici,
représentants
de différents pays, afin de vous appeler à la lutte. Nous
mènerons cette lutte en nous soutenant mutuellement, car nos
intérêts
sont semblables et rien ne nous sépare. Il faut que les
prolétaires
révolutionnaires se fassent un point d'honneur de servir aux
autres
de modèle d'énergie, d'activité et d'esprit de
sacrifice.
Ce n'est point en attendant peureusement les résultats de la
lutte
des autres, -c'est en s'empressant aux premiers rangs de la lutte que
nous
pourrons former une internationale puissante qui mettra fin à la
guerre et au capitalisme.
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