COMMENT
L'ETAT-CAGOULE PROTEGE ET
NOURRIT
LE FASCISME
Les organisations
se réclamant
de la classe ouvrière avaient aidé De Gaulle à
prendre
le pouvoir, en baptisant son gouvernement de "démocratique".
Aujourd'hui, quoique ce
gouvernement, dans toutes les sphères, ait
démontré
son caractère parfaitement réactionnaire et son
dévouement
au Grand Capital, il continue à bénéficier de
l'appui
de ces organisations, en tant que MOINDRE MAL par rapport au fascisme.
Les social-patriotes déconseillent toute manifestation
anti-gouvernementale,
parce que : "c'est la 5° colonne qui en profiterait".
Un fait récent
illustre cependant d'une façon vivante la portée et la
signification
de cette politique, soi-disant de moindre mal.
Le 6 avril, le Ministère
de l'Intérieur communiquait à la presse la
découverte
d'une conspiration d'éléments doriotistes, francistes,
etc.,
dans laquelle étaient impliqués 70 individus. Ce fut
l'occasion
pour le Ministère de l'Intérieur de louer la vigilance de
la police contre les éléments de la "5° colonne" et
l'action
anti-fasciste du gouvernement. Mais cela n'alla pas plus loin, car sur
les 70 arrêtés, 53 furent relâchés sous le
prétexte
qu'ils n'avaient pas été "au courant des intentions de
leurs
chefs" et sur les 17 autres, un est laissé en liberté
provisoire,
un autre est soigné à l'hôpital. Le "complot"
était
enterré, bien mieux, le 18 avril le Ministre de
l'Intérieur
déclarait "qu'il n'y avait pas eu véritablement de
complot".
La publicité de
ces arrestations n'avait donc servi qu'à donner une
réputation
anti-fasciste au gouvernement. Car, en réalité, par la
façon
dont la "répression" fut menée, le gouvernement
démontrait
qu'en fait il protégeait les fascistes. Voit-on en effet un
gréviste
ou un militant ouvrier arrêté et relâché
parce
qu'invoquant qu'il n'était pas au courant des intentions de ses
chefs ? Avec quelle morgue les policiers de la P.J. utilisent dans ces
cas la formule : "il n'y a pas de fumée sans feu !"
Il n'est pas étonnant
que le gouvernement protège les fascistes, car si De Gaulle a
utilisé
l'appui des organisations ouvrières pour
bénéficier
de la sympathie des masses populaires, c'est un fait acquis aujourd'hui
qu'en réalité il a avant tout le soutien des capitalistes
(dont il fait la politique) et il s'appuie sur les sphères
bureaucratico-policières
qui ont soutenu Pétain ("l'administration vichyssoise
restée
en place"). Or ces sphères protègent les fascistes,
bandes
mercenaires et spécialisées pour toutes les besognes
anti-ouvrières
et anti-démocratiques. Ainsi, le corps-franc
pyrénéen,
ancien G.M.R., a été maintenu et officiellement
reconstitué
sous le nom de G.S.R. (garde de sécurité
"républicaine").
Mais l'Etat et le gouvernement
actuels ne font pas que protéger le fascisme, ils aident
à
sa croissance, ils le nourrissent.
Le régime d'exception
existant pour la presse (censure politique, limitation du tirage et
même
interdiction comme c'est le cas pour la presse révolutionnaire),
la liberté de réunion et d'association entravée
par
l'autorisation préalable (en vertu d'une ordonnance
vichyssoise),
la dissolution des formations militaires autonomes (milices),
concernent
avant tout la classe ouvrière. Car, disposant des moyens
matériels
fournis par les capitalistes, les fascistes, sous des noms
différents
et des masques nouveaux, ne sont pas entravés dans leur
propagande.
Ceux qui se rappellent
1936 savent que les fascistes craignent les ouvriers, mais ne craignent
pas la police. Cependant, les ouvriers étant
désarmés,
Le Populaire peut rapporter (le 24 avril) que les fascistes ont
organisé
une manifestation antisémite dont les principaux participants
étaient
armés...
Sur un autre plan, l'Etat et le
Gouvernement
menant à l'affamement et à la spoliation des masses en
faveur
des capitalistes sous le masque de la démocratie tout en
étouffant
toute démocratie réelle ("parlons peu, travaillons"
devise
de De Gaulle), donnent la possibilité aux fascistes de
pêcher
en eau trouble, de faire auprès des couches moyennes de la ville
et de la campagne la propagande de la "rénovation", du "pouvoir
fort" et de "l'anti-communisme".
Mais la présence
au gouvernement de ministres "socialistes" et "communistes" est une
garantie
contre le fascisme, argumentent les social-patriotes. Ce qu'ils
oublient
de dire, c'est que les ministres "socialistes" ou "communistes" qui
sont
au gouvernement, ne donnent pas simplement leur appui à celui-ci
là où ils le jugent nécessaire, mais en sont les
prisonniers.
Récemment, lors d'un meeting socialiste à la
Mutualité,
Le Trocquer révélait que les dispositions et les
décrets
pris par lui au moment où il était Ministre de la Guerre
n'étaient pas tous appliqués, l'étaient uniquement
ceux qui convenaient à "certains" (les Bureaux). Mais il y a
mieux
: à la tête du Ministère de l'Intérieur, qui
a découvert la récente conspiration fasciste mais en a
relâché
les membres, se trouve le "socialiste" Tixier. C'est donc un
"socialiste"
qui couvre les agissements pro-fascistes de la bureaucratie
préfectorale
et policière.
Déjà, en 1937 le
Ministre
de l'Intérieur était le "socialiste" Dormoy.
Déjà
alors, ce Ministre ne trouvait pour la Cagoule rien de mieux que la
plaisanterie,
tandis que la Garde mobile de Dormoy ouvrait le feu sur les
manifestants
ouvriers de Clichy...
Et depuis, l'Etat bourgeois
(l'appareil administratif et judiciaire du pouvoir gouvernemental)
à
travers le daladiérisme et le pétainisme, à
travers
la guerre, a évolué, sans fascisme de masse
jusqu'à
devenir une monstruosité et le CENTRE PRINCIPAL DE CONSPIRATION
CONTRE LES MASSES au service du Grand Capital.
Le pouvoir gouvernemental,
pour exercer dans une situation d'extrême appauvrissement et
épuisement
du pays, un contrôle REACTIONNAIRE sur les masses, pour pouvoir
maintenir
la "paix sociale", c'est-à-dire rejeter tous les fardeaux sur
les
travailleurs sans que ceux-ci opposent de résistance, pour
pouvoir
continuer à sucer le sang du peuple par le travail à bas
salaires, l'inflation, la famine, la mobilisation, pour que d'autant
plus
facilement les capitalistes puissent soutenir la concurrence avec
l'étranger,
élargir leurs spéculations, se gaver au marché
noir
et prétendre à la "grandeur", pour tout ceci le pouvoir
gouvernemental
doit procéder par décrets, se soustraire même au
contrôle
très pâle et imparfait du Parlement bourgeois, devenir un
Etat-cagoule, lieu principal de conspiration contre les masses et
protéger
les bandes fas-cistes comme force supplémentaire de pression sur
les masses ouvrières.
Dans ces conditions, même
la collaboration des "socialistes" et des "communistes", le pouvoir
gouvernemental
de la bourgeoisie ne l'accepte que dans la mesure où cette
collaboration
s'exerce contre les masses.
Participant à toutes
les mesures gouvernementales anti-ouvrières et anti-populaires
par
l'entremise de leurs ministres, les partis "socialiste" et "communiste
français en se mettant au service de l'Etat-cagoule se font les
fourriers du fascisme.
C'est la politique de
collaboration gouvernementale qui a amené Thorez, dans son
discours
du mois de janvier, à demander aux ouvriers de faire confiance
à
l'administration et à la police étatiques et à
approuver
le désarmement des formations ouvrières armées
(milices),
principale force anti-fasciste.
Dans ce même discours,
Thorez "tendait la main" aux officiers pétainistes "prêts
à servir", tout en sachant par ailleurs les sentiments
pro-fascistes
de ces éléments.
C'est aussi pour satisfaire
aux exigences de la collaboration de classes que les dirigeants de la
CGT
avaient lancé aux ouvriers le slogan "travailler d'abord,
revendiquer
ensuite", facilitant ainsi les décrets Pleven et Parodi.
Les bureaucrates ouvriers,
loin d'être une garantie contre le fascisme, par leur politique
de
collaboration de classe servent de paravent à l'Etat-cagoule et
empêchent les ouvriers de voir le danger. Les illusions qu'on
sème
dans les masses prolétariennes en les poussant à la
passivité
et en les empêchant de lutter contre les maux du régime
capitaliste,
laissent la voie libre au fascisme.
Mais pour la première
fois à l'occasion du 1er mai la classe ouvrière a
rejeté
cette politique. Les dirigeants "socialistes" et "communistes
français
de la CGT voulaient faire du 1er mai une journée "d'union
nationale"
et de travail de choc ; les ouvriers par leur ferme décision de
ne pas respecter la consigne et de chômer, ont obligé les
dirigeants de la CGT, sous peine de se discréditer, à
organiser
une manifestation ouvrière anti-fasciste et anti-capitaliste.
De la même façon,
en passant outre aux décisions des dirigeants officiels, quand
c'est
nécessaire, la classe ouvrière peut obliger les syndicats
à mener une politique plus ferme vis-à-vis du patronat et
à se protéger contre les menaces fascistes en organisant
des milices ouvrières pour la défense des locaux et des
militants
ouvriers.
Mais pour obliger les
organisations se réclamant de la classe ouvrière à
passer à l'action, il faut obliger leurs dirigeants à
rompre
la coalition gouvernementale, leur collaboration anti-ouvrière
avec
les ministres capitalistes, pour prendre part à la lutte des
masses
sous le mot-d'ordre : A bas le gouvernement affameur !
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OBEIREZ-VOUS
A LA VOLONTE DES MASSES ?
Les
élections ont
montré la volonté communiste des masses travailleuses. La
manifestation du 1er mai témoigne de leur combativité.
Mais de 1934 à
1939 ni les victoires électorales ni la volonté de lutte
des masses n'ont empêché la guerre et la dictature de
s'installer
et d'écraser le peuple.
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