LE
SANG COULE EN AFRIQUE DU NORD
Quand il y a quatre
mois
le C.N.R., ornement démocratique de la "IV°
République",
faisait la demande -aussitôt repoussée- d'une "commission
d'information" sur la situation en Afrique du Nord, notre journal
écrivait
(n° 42) : "Seule la politique des colons
est
approuvée par le gouvernement : REPRESSION COLONIALISTE SANS
PHRASES.
Ici il n'y a pas de place pour les balivernes du C.N.R."
L'aggravation constante
de la situation en Afrique du Nord, où les masses en proie
à
la famine et aux maladies en étaient arrivées à se
nourrir d'herbes, l'attitude de l'administration coloniale qui, sur
l'ordre
des colons, ne trouvait d'autre remède à cette situation
que les brimades, les emprisonnements et les provocations, devait
aboutir
à un conflit sanglant.
Ce conflit que les hypocrites
de la Métropole voulaient éviter au moyen de phrases
"démocratiques",
le gouvernement le prévoyait et s'y préparait de longue
date.
L'artillerie lourde, les tanks, les avions, dont on poussait la
production
"parce qu'on en manquait pour vider les poches de l'Atlantique", il les
avait mobilisés pour sa besogne réactionnaire. Avec une
férocité
toute capitaliste la répression s'est abattue sur les masses
nord-africaines
et a transformé le pays en un vaste ORADOUR-SUR-GLANE.
Cependant que l'impérialisme
répondait par les bombardements, les tortures, les viols et les
pillages aux manifestations des masses nord-africaines pour le pain et
pour la liberté, dans la presse bourgeoise et social-chauvine,
ce
ne fut qu'un cri pour condamner les indigènes et leur reprocher
de s'être laissés guider par les provocateurs de la 5°
colonne.
Mais la lutte a pris une
telle envergure et une telle profondeur populaire, que l'Humanité
s'est vue obligée d'admettre le 15 mai que la cause des
événements
était une situation où "on affame les masses musulmanes,
on les prive de tout tissu, au point que les femmes de
l'intérieur
ne peuvent sortir, car elles sont pratiquement nues", comme le disait
notre
journal dès janvier.
Y a-t-il un remède
à cette situation ? L'Humanité demande au gouvernement et
notamment au ministère de l'intérieur, de "châtier
les traîtres et les provocateurs et pratiquer à
l'égard
des populations musulmanes une politique d'humanité et de
démocratie
dans notre intérêt commun" (12 mai).
Cela revient à
demander au gouvernement réactionnaire et colonialiste,
protecteur
des colons et ennemi des fellahs, de se transformer en ami des fellahs
et ennemi des colons, de même qu'ici l'Humanité ne cesse
de
"demander" au gouvernement des trusts de se transformer en gouvernement
du peuple. Comme le disait Trotsky, "autant demander du lait à
un
bouc".
Mais même si le
gouvernement, qui a montré qu'il n'était capable que de
répression,
pouvait prendre quelques mesures économiques en faveur des
populations
nord-africaines, "à notre époque on ne peut plus
maintenir
assujetti un peuple qui veut sa liberté et son
indépendance".
Si les travailleurs français
ne veulent pas apparaître aux yeux des masses nord-africaines
comme
les soutiens des entreprises coloniales du capitalisme, ils doivent
rejeter
cette politique et reconnaître sans conditions le droit à
l'indépendance totale des peuples arabes de l'Afrique du Nord.
De même que, pour
permettre les échanges économiques avec l'Afrique du Nord
et combattre la famine, ils doivent soutenir la lutte des masses
indigènes
pour l'expropriation des colons monopoleurs et l'expulsion de
l'administration
coloniale au service des trusts.
Le PC, quand il était
encore fidèle au communisme, a soutenu Abd-el-Krim dans sa lutte
armée contre l'impérialisme français Aujourd'hui l'Humanité
demande au gouvernement de "punir comme ils le méritent les
chefs
pseudo-nationalistes" (19-5).
La IVe Internationale,
porte-drapeau de la lutte anti-impérialiste, assure les peuples
de l'Afrique du Nord et leurs leaders de toute sa sympathie et de tout
son soutien, et leur crie avec tous les ouvriers conscients de France :
VIVE L'INDEPENDANCE DE L'AFRIQUE DU NORD!
LA
LUTTE DE CLASSES
Après
les élections et le 1er mai COMMENT
ALLER DE L'AVANT
Le fait qu'aux
élections
municipales du 29 avril les classes laborieuses, malgré
la
confusion et l'unanimité démagogique des programmes
électoraux,
ont porté leur choix non pas sur ces programmes, mais sur les
Partis
qui traditionnellement représentent à leurs yeux un
programme
fondamental de renversement de la bourgeoisie et de refonte de la
société
(communiste et socialiste), ce fait démontre leur volonté
d'aller de l'avant, sans s'arrêter aux demi-mesures.
Le fait que pour la manifestation
du Premier mai des millions d'ouvriers dans tout le pays se sont
rassemblés
dans la rue, démontre que non seulement par le vote, mais aussi
par l'action directe et sur la base de leurs traditions de classe, les
travailleurs entendent mener le combat.
Nous sommes arrivés
à une véritable épreuve de forces d'une part entre
les Partis (à l'occasion des élections) et d'autre part
entre
le prolétariat et la bourgeoisie (à l'occasion du 1er
mai)
malgré toutes les proclamations des chefs conciliateurs sur
"l'unité
de la résistance" et l'union entre les classes.
En effet, au sujet des
élections, l'Humanité écrivait le 30
décembre
dernier : "Nous proposons à tous les partis et groupements de la
résistance, sans exception, de constituer partout des listes
uniques de la résistance comprenant autant de candidats
qu'il
y a de sièges à pourvoir. Pour la constitution des listes
uniques il faudra... tenir compte de l'orientation politique
générale
de la localité lors des dernières élections
municipales
et législatives". Et ce que l'Humanité entendait
par
la "résistance", Cachin le spécifiait le 10 janvier :
"...toutes
les tendances, sans exception, de l'opinion française... des
chrétiens,
des socialistes, des communistes, des républicains-radicaux, des
modérés, des syndicalistes, d'anciens PSF.".
Mais la bourgeoisie, rassurée
par l'attitude servile des Thorez et C°, a
préféré
un dénombrement des forces. Les élections qui par la
volonté
du PCF devaient empêcher toute délimitation politique et
rester
par conséquent insignifiantes, ont reçu une signification
d'épreuve de forces par la volonté des partis
bourgeois
et réactionnaires, qui n'ont pas accepté l'union
proposée
par les bureaucrates ouvriers.
Si les listes uniques
proposées par le PCF avaient été
réalisées,
les masses populaires se seraient trouvées dans
l'impossibilité
de voter "communiste". Mais la bourgeoisie, en n'acceptant pas la
"ronde
de paix" proposée par les bureaucrates ouvriers, a permis aux
travailleurs
d'intervenir dans la lutte et de remporter un succès
malgré
les craintes des chefs. D'ailleurs, dans les grandes villes (comme
Bordeaux)
où des listes uniques ont été
présentées,
les abstentions furent massives (Le Monde 6 mai).
Par leur politique "d'union"
les bureaucrates ont démontré qu'ils ne voyaient pas plus
loin que leur nez ; ce sont les travailleurs qui, par leur
volonté,
ont fait des élections une victoire de gauche.
Il en a été
de même à l'occasion du 1er mai.
La première décision
des dirigeants de la CGT avait été d'abandonner le 1er
mai
traditionnel. Tollet, secrétaire de l'U.D. des Syndicats de la
Région
parisienne et membre du PCF avait même proposé de faire du
1er mai une journée de "travail de choc". Mais les ouvriers dans
les usines et les cadres syndicaux de la base ont opposé une
énergique
résistance à cette décision. Sous peine de se voir
discrédités et aussi pour ne pas perdre le contrôle
d'un mouvement qui se préparait malgré eux, les
dirigeants
de la CGT sont revenus sur leur décision.
Dans tout le pays les
ouvriers ont répondu en masse à l'appel de manifester. La
mobilisation des forces a dépassé l'attente. Et voici
l'enseignement
qu'en tire un journal d'usine : "les dirigeants syndicaux peuvent voir
maintenant... que lorsqu'on propose aux ouvriers de travailler un 1er
mai...
ils protestent, désertent les réunions syndicales et
menacent
de déchirer leur carte. Mais lorsqu'on les convie à la
lutte,
ils sont présents."
A chaque pas, à
chaque expérience l'on voit que l'union entre les classes,
préconisée
par les social-chauvins, est irréalisable.
Rejetant tous les fardeaux
de la situation économique sur les classes laborieuses, la
bourgeoisie
sait qu'elle les pousse à bout et les oblige à se
défendre.
C'est pourquoi elle prépare ses bandes armées
spécialement
dressées contre les ouvriers "comme certaines races de chiens
sont
dressées contre le gibier". Les social-chauvins ont beau parler
d'"union". Mais en vérité il est plus facile de concilier
les contradictions de classe dans des articles de journaux que dans la
réalité politique !
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Pour
l'action directe !
Les
élections municipales
et le Premier mai ont fourni l'occasion d'un dénombrement des
forces.
MAIS EN LUI-MEME CE DENOMBREMENT
NE DECIDE RIEN. Des élections et des manifestations sont un
moyen
de consultation de la volonté des masses et de leur degré
de préparation. Mais après la consultation doit suivre
L'ACTION.
Sans l'action directe,
tous les votes du monde ne changeront en rien le caractère
réactionnaire
du gouvernement actuel qui s'appuie directement sur l'appareil
bureaucratique,
sur la police et l'armée, et non sur des majorités
démocratiquement
"élues".
"Une police politique
redoutable", écrit l'Humanité du 5 mai, "fonctionne
aux côtés et au-dessus de la police ordinaire. Ses chefs
sont
pourvus de moyens considérables ; le personnel qu'ils ont
recruté
avec l'argent du peuple français est celui des vieilles
équipes
du .P.P.F.; et du fascisme français des Deloncle; et autres
hommes
de main." Quel effet les bulletins de vote auront-ils sur cette
police
?
Comment les bulletins
de vote influeront-ils sur la politique des Bureaux du ministère
des finances, sur le blocage des salaires et la hausse des prix ?
En quoi les bulletins
de vote changeront-ils la politique de M. Teitgen dont l'Humanité
dit, après les élections, qu'il est "sur la pente
d'interdire
les réunions publiques".
Si le gouvernement bourgeois
n'est pas contraint à céder par l'action directe, il
mènera
la même politique que jusqu'à maintenant, celle des bas
salaires,
de l'inflation, du marché noir, de la mobilisation, des mesures
anti-démocratiques et réactionnaires ; car cette
politique
lui est dictée par les intérêts de la bourgeoisie
et
la décomposition du régime.
Mais au lieu d'envisager
et de préparer cette action directe, Thorez dit (l'Humanité
du 8 mai) "...le peuple compte sur le gouvernement provisoire
éclairé
par le suffrage universel".
En votant "communiste",
les masses travailleuses entendaient voir les partis se
réclamant
de la classe ouvrière prendre la situation en main, parce
qu'elles
n'ont justement aucune confiance dans les ministres capitalistes et les
partis de la bourgeoisie. Mais cette confiance les partis ouvriers la
reportent
sur les ministres capitalistes...
Thorez et ses pareils
sont restés les défenseurs de la politique de
collaboration
avec le gouvernement et d'union avec la bourgeoisie, politique de
trahison
des masses laborieuses.
Malgré la volonté
de lutte clairement exprimée par les ouvriers dans leur
manifestation
du 1er mai, les dirigeants n'adoptent pas un programme d'action capable
de mener à la victoire les mouvements ouvriers.
Le gouvernement mène
une politique d'arbitrage en faveur du patronat par le blocage des
salaires
quand les prix ne cessent de monter. Quelle issue y a-t-il à
cette situation, sinon d'organiser l'action directe pour l'ECHELLE
MOBILE
?
Les partis ont inscrit
sur leur programme les nationalisations. Mais il n'y a pas d'autre
moyen
d'y arriver que d'organiser les ouvriers, surtout là où
ils
sont en lutte ouverte pour leurs revendications, en COMITES D'ACTION
pour
le contrôle de la production et l'abolition du secret commercial,
qui sert à cacher les spéculations capitalistes.
Le gouvernement est absolument
incapable de combattre le marché noir, dont il est le
"régulateur". Seule l'action directe pour le contrôle
sur le
ravitaillement
par des comités d'ouvriers et de paysans et la liaison directe
entre
la ville et la campagne par l'entremise des organisations syndicales,
permettra
la réalisation des revendications concernant le ravitaillement.
Avec la complicité
gouvernementale, la bourgeoisie fait prospérer ses bandes
fascistes.
Tous les jours aussi, la presse ouvrière explique que tous les
postes
de l'Etat, les ministères, la police, l'armée, sont
envahis
d'éléments réactionnaires qui mènent leur
offensive
contre le peuple. Dans ces conditions, ne pas organiser les MILICES
OUVRIERES, ne pas démontrer par la propagande leur
nécessité
aux classes laborieuses, c'est laisser les ouvriers à la merci
de
l'offensive de la bourgeoisie.
La situation économique
est telle que, malgré les appels au calme, des grèves
surgissent
de partout. Au lieu de faire la politique de l'autruche, ignorer
ces
grèves (comme le fit l'Humanité) et
laisser
les forces se disperser, il faut préparer une grève
générale
comme en 1936, de protestation contre le gouvernement affameur, pour
briser
les mesures réactionnaires qu'il prend sur les ordres du Grand
Capital.
De même que les
chefs ont pris l'habitude de se promener interminablement dans des
"délégations"
il ne faut pas qu'ils promènent les ouvriers dans des
manifestations
où ceux-ci ne trouvent ni mots-d'ordre ni directives. Des
manifestations
de ce genre fatiguent à la longue les masses et les rejettent
dans
l'indifférence. Il ne s'agit pas de transformer chacune d'elles
en conflit ouvert, sans tenir compte du rapport de forces. Mais il faut
en faire une école révolutionnaire pour les masses, afin
qu'elles ne restent pas sans lendemain.
Il faut obliger les chefs
à passer de la parole aux actes. C'est en premier lieu aux
ouvriers
conscients qu'incombe la tâche, de même qu'ils ont fait
échec
au boycottage du 1er mai, de prendre des initiatives de plus en plus
nombreuses
pour guider l'action de la classe ouvrière et suppléer
à
la carence des chefs qui sont les stratèges de la
défaite.
Dans cette voie ils se trouvent la main dans la main avec les militants
de la IVe Internationale qui, elle, représente le drapeau de la
victoire définitive des travailleurs.
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QU'EST-CE
QU'UNE PROVOCATION ?
Quand
c'est l'Humanité qui la dénonce...
"Informé"
qu'une manifestation
devait avoir lieu le 3 mai au soir à Montrouge pour protester
contre
le traitement de faveur accordé à Pétain, le CC du
PCF a publié aussitôt (et diffusé par radio) une
mise
en garde déclarant qu'il "juge inopportune" cette
démonstration dont on ne sait pas qui en a
décidé
l'organisation".
Le CC du PCF "met en garde la population contre DES PROVOCATIONS qui
n'auraient
d'autre but que d'affaiblir la poli-tique du scrutin du 29 avril et des
grandioses manifestations du 1er mai" (l'Humanité 4-5-45).
Or, voici les faits :
L'initiative de cette
manifestation a été prise par la cellule Politzer du PCF
de Montrouge, et reprise par le Comité de Libération et
le
"Groupe d'union patriotique et antifasciste" qui signe le tract
appelant
à la manifestation : c'est une honte pour Montrouge d'abriter
Pétain,
il faut manifester contre, et pour cela, que tous se rendent devant le
fort.
Les préparatifs
pour la manifestation avaient été poussés
très
loin. Chez Panhard, les ouvriers devaient y aller en bloc. A
Issy-les-Moulineaux,
la population était conviée par les membres du PC,
à
s'y joindre.
A la suite de la condamnation
de cette manifestation par le Comité Central du PCF, les
travailleurs
ont reçu l'explication suivante de la part des staliniens : "la
manifestation que nous avons prévue était une
manifestation
locale, mais des "tracts" ont circulé dont le but était
de
la transformer en une manifestation contre le gouvernement et
provoquer
ainsi une effusion de sang (le gouvernement avait effectivement
massé
des forces considérables de Mobiles, avec des mitrailleuses,
pour
défendre Pétain). Plus les ouvriers sont
éloignés
de Montrouge, plus ils ont accordé créance à cette
version. Mais personne n'a vu ces "tracts" et chez Panhard un ouvrier
résume
la situation : "ils se sont dégonflés".
A la place de la manifestation
au fort, réunion devant la mairie : la plupart des gars de chez
Politzer n'y participaient pas. Les fascistes profitent de la confusion
semée par les revirements staliniens pour répandre le
bruit
: "C'est les juifs qui voulaient manifester contre
Pétain"...
Ne pouvant avouer qu'ils
participent à un gouvernement capable de canonner une
manifestation
pacifique devant le fort qui abrite Pétain, les chefs du Parti
Communiste
sont obligés de présenter comme des provocations les
initiatives
de leurs propres organisations locales quand celles-ci essaient de
transformer
en actes leurs discours et articles de journaux. Mais si les membres du
PC eux-mêmes sont des "provocateurs", faut-il s'étonner
que
les bureaucrates staliniens traitent les Trotskistes d'"agents de la
5°
colonne" ?
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LES
MORTS ENSEVELISSENT LES VIVANTS
Pour celui qui
contemple
aujourd'hui le monceau de ruines de ce qui fut autrefois la
civilisation
capitaliste européenne, la bourgeoisie n'a d'autre explication
que
la "barbarie teutonne". Mais les vainqueurs "démocratiques"
eux-mêmes,
dans la pratique, n'ont pu montrer par un seul exemple la
différence
entre leurs méthodes et celles du 3° Reich. La plus grande
"émulation"
règne parmi tous les Etats-majors et tous les Gouvernements
pour,
à chaque coup d'en face, non seulement rattraper, mais
dépasser
la barbarie de l'adversaire.
Aux "V 1" répondirent
les "tremblements de terre" et le "liquide brûlant"
alliés,
la destruction de villes européennes par l'aviation allemande
fut
suivie de la destruction totale des villes allemandes, à la
terreur
de la Gestapo dans les pays occupés (et en Allemagne) a
succédé
la terreur alliée en Allemagne (avec le concours des nazis !)
et dans les pays "libérés" : répression et terreur
blanche en Grèce.
Et si Hitler, conformément
aux intérêts des capitalistes allemands, en
découpant
l'Europe avait dépassé même les folies du
traité
de Versailles, la victoire de la coalition "démocratique" a
livré
l'Europe au chaos : d'après M. Grew, secrétaire d'Etat
américain, plus de 30 questions territoriales en Europe
réclament un
examen "approfondi" avant qu'une solution puisse intervenir ; et une
seule
d'entre elles, celle de Trieste, a déjà provoqué
une
tension armée entre Tito (c'est-à-dire l'URSS) et les
Anglo-américains...
Le capitalisme pourrissant
a consommé la ruine du Continent. Le niveau de vie des masses
est
descendu (tant que le capitalisme subsistera) à un niveau
misérable,
l'Etat capitaliste s'est définitivement émancipé
de
tout contrôle parlementaire pour ne plus sortir du régime
d'oppression militaire et policière, la ville et la campagne
s'éloignent
de plus en plus l'une de l'autre, la culture et les moeurs sont
complètement
perverties ; voilà la barbarie, malgré une technique de
plus
en plus élevée.
Mais le recul historique
de l'Europe n'est que la préface du recul du monde entier.
Smuts, Stettinius, et
d'autres politiques bourgeois alliés ont reconnu "qu'une
troisième
guerre mondiale provoquerait la ruine des Etats-Unis eux-mêmes",
c'est-à-dire du niveau de vie des masses.
Or, de cette troisième
guerre mondiale il ne faut pas parler au futur, mais dans le
présent,
car le monde, en premier lieu les Etats-Unis (dont les capitalistes ont
besoin de l'hégémonie mondiale), ne sortira plus jamais
de
la guerre. Nulle part il n'est question d'un arrêt des
fabrications
de guerre : les Etats-Unis ont déjà dépensé
275 milliards de dollars pour cette guerre, c'est-à-dire dix
fois
plus que dans celle de 14-18. Le 7° emprunt de guerre vient
d'être
lancé. Même le pays le plus riche du monde est en voie de
se ruiner.
La
bourgeoisie,
fossoyeur de la civilisation.
Au moment
même où
la guerre était sur le point d'éclater, les hommes
d'état
capitalistes "essayaient" encore d'ajourner le conflit. Car ils
éprouvaient
des craintes quant aux conséquences de cette guerre, non pas
tant
en ce qui concerne la ruine de la société, qu'ils
prévoyaient,
mais en ce qui concerne le sort de la domination de leur classe.
Le 25-8-1939, dans une
entrevue entre Hitler et l'Ambassadeur français en Allemagne, ce
dernier répondit aux inquiétudes de Hitler au sujet d'une
guerre franco-allemande : "...si le sang français et le sang
allemand
doivent couler, il n'y aurait pas à payer que cet
impôt
de sang si fort qu'il fût ; les ravages d'une guerre
certainement
longue, entraîneraient un cortège d'atroces
misères.
Si je pensais effectivement, ai-je remarqué, que nous serions
victorieux, j'avais aussi la crainte qu'à l'issue d'une
guerre, il
n'y eût
qu'un vainqueur réel, M. Trotsky". (Livre jaune 1939, page
259).
La bourgeoisie était
consciente que la guerre serait longue et qu'elle coûterait aux
masses
un lourd impôt de sang et d'atroces misères. Mais le seul
obstacle qui la faisait hésiter à déclencher le
massacre,
c'était la crainte de la révolution prolétarienne.
L'exemple de la guerre de 1870 finissant par la Commune, et de la
guerre
mondiale de 14-18 finissant par la révolution victorieuse
d'Octobre
17, lui faisait craindre qu'en fin de compte les masses lui fassent
payer
sa barbarie.
Aucune peur ne pouvait
cependant arrêter la bourgeoisie sur la voie où la
poussaient
les contradictions de son régime : déclencher la guerre
pour
vaincre ses concurrents capitalistes.
Classe historiquement
condamnée et destinée à être enterrée
par le prolétariat pour que l'humanité puisse vivre, elle
comptait néanmoins se sauver et éviter la
révolution
prolétarienne, en écrasant sous les ruines de la
civilisation
la classe ouvrière elle-même.
Déjà
en
1921, au IIIe Congrès de l'Internationale Communiste, Trotsky
lançait
l'avertissement suivant à la classe ouvrière de tous les
pays :
"Au moment où
les forces productives du capitalisme butent contre un mur, ne peuvent
plus progresser, nous voyons la bourgeoisie réunir entre ses
mains
l'armée, la police, la science, l'école, l'église,
le parlement, la presse, les gardes-blancs, tirer fortement sur les
rênes
et dire en pensée à la classe ouvrière : "...Je
vois
un abîme s'ouvrir sous mes pieds. Mais nous allons voir qui
tombera
le premier dans cet abîme. Peut-être avant ma mort, si
vraiment
je dois mourir, réussirai-je à te pousser dans le
précipice,
O classe ouvrière !"... Si la bourgeoisie, condamnée
à
mort au point de vue historique trouvait en elle-même assez de
force,
d'énergie, de puissance pour vaincre la classe ouvrière
dans
le combat terrible qui approche, cela signifierait que l'Europe est
vouée
à une décomposition économique et culturelle...
Autrement
dit, l'histoire nous a amenés à un moment où une
révolution
prolétarienne est devenue absolument indispensable pour le salut
de l'Europe et du monde... L'histoire dit à la classe
ouvrière
"il faut que tu saches que tu périras sous les ruines de la
civilisation,
si tu ne renverses pas la bourgeoisie. Essaye, résous le
problème
!"
Le prolétariat
d'Europe, malgré ses années de luttes et
d'expériences,
a été devancé par la bourgeoisie dans ce combat.
La catastrophe du Continent
a été consommée. Une des forces essentielles de la
lutte socialiste en Europe, le prolétariat allemand, a
été
enseveli sous les ruines causées par la bourgeoisie.
Mais malgré les
terribles ravages et le recul de la civilisation, il reste au
prolétariat
assez de forces vives capables de prendre le dessus.
Sur les ruines accumulées,
la bourgeoisie n'est pas arrivée à un équilibre
capitaliste
lui permettant de conjurer le péril de la révolution
prolétarienne.
La classe ouvrière européenne affaiblie ne se trouve pas
seule en face de son ennemi. L'impérialisme a des tâches
réactionnaires
gigantesques à accomplir et des ennemis redoutables non encore
abattus
: c'est l'économie planifiée de l'URSS qu'il veut
détruire,
c'est l'éveil des peuples coloniaux qu'il veut continuer
à
asservir, c'est ses propres contradictions et rivalités. Et
il
suffit à l'heure actuelle de considérer la lutte du
prolétariat
français belge, italien, espagnol, de connaître
l'hostilité
grandissante du prolétariat anglais et américain
vis-à-vis
de sa propre bourgeoisie pour dire que LA CLASSE OUVRIERE PEUT
ENCORE
EMPECHER LES MORTS D'ENSEVELIR LES VIVANTS, c'est-à-dire que
la classe condamnée par l'histoire, la bourgeoisie
impérialiste
consomme définitivement la ruine de l'humanité
entière.
Mais pour cela il faut
que l'avant-garde de la classe ouvrière prenne
entièrement
conscience des conditions de sa victoire : rompre politiquement avec la
bourgeoisie et ses valets social-chauvins, dénoncer devant le
peuple
travailleur les guerres, les mensonges et les violences de la classe
capitaliste,
enseigner à la classe ouvrière non la conciliation, mais
la nécessité du renversement de la bourgeoisie par une
guerre
civile sans merci, car :
"une
guerre plus
légitime
c'est la
guerre
à qui nous opprime
CELLE
QUE NOUS
NE FAISONS PAS".
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AU
MUR DES FEDERES
le
27 Mai
Les travailleurs se
souviendront
que la bourgeoisie française a été la
première
dans l'histoire, en juin 1848 et surtout en mai 1871, à
massacrer
en masse et avec des scènes de sadisme, racontées par
Lissagaray
l'historien de la Commune, des prisonniers désarmés qui
n'avaient
commis d'autre crime que d'être des prolétaires ayant
réclamé
leur droit à la vie !
Le Bureau politique de l'UNION
COMMUNISTE. |