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chronologie 1945 |
LA
SEULE (25 mai 1945) Travailleurs, Le rejet par le
gouvernement des
propositions, cependant modestes, de la CGT, propositions qui tendaient
à empêcher
l'aggravation constante de la situation de tous les salariés, a
produit
l'indignation des travailleurs. Cependant. les
arguments mis en avant par
le gouvernement pour justifier ce refus, n'ont pas été
démasqués un à un comme
des mensonges par les organisations ouvrières, et de ce fait les
masses
ouvrières se trouvent embarrassées sur la route à
suivre. Voici ce que
prétend le gouvernement: 1° La
hausse nominale des salaires, ne
créant aucune richesse nouvelle, n'aboutit qu'à la course
entre les salaires et
les prix, c'est-à-dire à l'inflation. Donc, le seul
remède c'est de produire
davantage. 2° D'autre
part, le mouvement gréviste qui
tend à la hausse des salaires n'a pas un caractère
économique mais politique,
puisque c'est le gouvernement et non pas les patrons qui fixe les
salaires,
« au mieux de l'intérêt de tous ». 3° Dans ces
conditions, les mouvements
grévistes troublent la vie nationale et lèsent les
classes moyennes",
petits commerçants, artisans, etc., sur lesquelles retomberaient
les frais des
nouvelles hausses de prix. Mais la
vérité est celle-ci: 1° Si
l'augmentation des salaires
n'accroît pas les biens de consommation se trouvant sur le
marché, elle permet
cependant aux travailleurs de maintenir leur pouvoir d'achat par
rapport à
celui des classes riches. La
nécessité de l'augmentation des
salaires est UN EFFET DE LA HAUSSE CONSTANTE DES PRIX, provoquée
par les
capitalistes pour maintenir et accroître leurs
bénéfices. Par exemple: la
hausse de prix - du pain, de 4,90 à 7,40, a
entraîné aussitôt une AUGMENTATION
DE BÉNÉFICES DE 70 POUR CENT pour les grandes minoteries. D'autre part,
l'inflation n'est pas causée
par l'augmentation des salaires, mais par l'émission massive de
papier-monnaie
en vue de couvrir les dépenses de l'État, or le gros de
ces dépenses est
constitué par l'armement, les grosses indemnités
accordées aux capitalistes
sous de multiples prétextes, l'entretien d'une armée de
bureaucrates civils et
militaires parasites, de la police officielle et secrète, de
groupements
para-militaires anti-ouvriers, etc. etc. C'est une
duperie de dire aux ouvriers de
produire davantage pour AUGMENTER LES RICHESSES. étant
donné que l'essentiel de
la production continue à être destiné aux
fabrications d'armements. Ces
fabrications provoquent non seulement l'inflation (étant
financées par l'État),
mais aussi le manque croissant d'objets de consommation; elles
absorbent les
faible moyens de production existants et empêchent le
renouvellement d'objets
industriels indispensables (tels les instruments aratoires). Pour se
procurer
les devises nécessaires à l'équipement d'armement,
le gouvernement exporte les
biens de consommation comme le beurre, qui est entièrement
soustrait à
l'alimentation des classes pauvres. La classe
ouvrière ne peut accepter la politique
du gouvernement tendant à faire retomber sur les travailleurs
tout le fardeau
du militarisme, de la crise économique, du désordre
financier et autres maux
découlant du régime capitaliste. Elle demande
l'application de L’ÉCHELLE
MOBILE DES SALAIRES, assurant l'augmentation automatique des
salaires
corrélativement à la montée du prix des articles
de consommation. Elle doit
d'autre part obliger la CGT
à mettre sur pied un plan de PRODUCTION DE PAIX et
revendiquer sa mise
en application immédiate sous contrôle ouvrier, afin de
permettre un apport
plus régulier des produits alimentaires de la campagne dans les
villes, et la
fourniture aux campagnes des moyens industriels dont le manque entrave
la
production agricole. 2° Sous
prétexte "d'économie
dirigée" le gouvernement s'oppose aux revendications
ouvrières. Mais le
fait que rien n'est changé dans la vie économique
(anarchie, spéculations,
"comités d'organisation", marché noir) prouve que la
production et
les échanges sont restés entièrement entre les
mains du grand capital et que le
gouvernement n'exerce aucun contrôle réel sur celui-ci. Le
gouvernement n'est
donc pas un arbitre impartial, mais le défenseur brutal des
intérêts
capitalistes. C'est pourquoi la clase ouvrière
S'ÉLÈVE CONTRE LE VÉTO DU GOUVERNEMENT
et revendique le retour aux CONTRATS COLLECTIFS, sur le modèle
de ceux établis
en 1936. 3° Le
capitalisme qui écrase les classes
moyennes essaie de détourner leur mécontentement sur le
dos de la classe
ouvrière et de les gagner ainsi au fascisme. Mais les
classes moyennes souffrent
elles-mêmes de la décomposition du régime
capitaliste QUEL QUE SOIT LE
GOUVERNEMENT au pouvoir et les mesures adoptées (inflation,
déflation, etc.). Seule la classe
ouvrière en luttant pour
la nationalisation véritable et pour un État non
bureaucratique et sous le
contrôle direct de tout le peuple, peut offrir une issue aux
classes moyennes.
Celles-ci ont intérêt à soutenir la lutte
ouvrière dirigée contre les maux du
régime capitaliste, et elles l'ont très bien compris
quand comme à
Saint-Étienne les petits commerçants ont fermé
leurs magasins pour participer à
la manifestation du 23 Mai lors de la grève
générale du département de la
Loire. Le gouvernement
n'est pas avare de
promesses en ce qui concerne la nationalisation de l'industrie., du
système
bancaire, etc.... Mais pendant 9 mois il a eu largement le temps de
montrer
pour le compte de qui il travaillait. Nous pouvons
être surs qu'il ne changera
pas. Seuls ceux qui veulent tromper le peuple font semblant de croire
à ses promesses.
TOUS LES LEVIERS DE COMMANDE DE L'ÉTAT SONT ENTRE LES MAINS
D'ÉLÉMENTS
RÉACTIONNAIRES INFÉODÉS À LA HAUTE
BOURGEOISIE. Si la classe
ouvrière se laissait tromper
par des promesses et arrêtait l'action commencée, la
bourgeoisie n'en
profiterait que plus pour renforcer ses bandes fascistes,
accroître son
offensive contre le niveau de vie des travailleurs et limiter encore
les droits
démocratiques déjà bien maigres. Pour jeter la
panique dans les masses et
décourager la résistance ouvrière, la bourgeoisie
organise des sabotages et des
attentats. Il faut organiser dans les usines LA MILICE OUVRIÈRE.
subordonnée
aux COMITÉS D'USINE élus par tous les ouvriers, QUI
TIENDRA DIRECTEMENT ET
PHYSIQUEMENT RESPONSABLE LA DIRECTION PATRONALE DES ATTENTATS
PERPÉTRÉS CONTRE
L'ÉCONOMIE. ON VERRA ALORS SI LES
CAPITALISTES OSERONT ENCORE ORDONNER DES ATTENTATS ! SANS SE LAISSER
ARRETER PAR LES ARGUMENTS
MENSONGERS DE LA BOURGEOISIE, METTONS EN OEUVRE LES MOYENS D'ACTION DE
JUIN
1936, PAR L'UNION DANS LA LUTTE DE TOUTES LES MASSES TRAVAILLEUSES,
OUVRIERS,
PAYSANS, PETITES GENS. CE NE SONT PAS
LES PARLOTTES OU LES APPELS
À L'ASSEMBLÉE AVORTON DU LUXEMBOURG QUI PEUVENT NOUS
APPORTER DES SOLUTIONS. IL N'Y A PAS
D'AUTRE MOYEN DE FAIRE
RECULER LA BOURGEOISIE QUE LA PEUR QUE LUI INSPIRE L'ACTION
DÉCIDÉÉ DES MASSES
POPULAIRES. PERSONNE N'A
JAMAIS PU MONTRER AUX MASSES
TRAVAILLEUSES D'AUTRE ISSUE À LEURS SOUFFRANCES QUE LEUR PROPRE
ACTION. EN FRANCE, PAR
LES MULTIPLES GRÈVES DE
PROTESTATION, CETTE ACTION EST ENGAGÉE, DE MÊME QUE DANS
BEAUCOUP D'AUTRES
PAYS. POUR LA MENER À LA DÉFAITE IL N'EST MEILLEUR MOYEN
QUE DE DISPERSER ET
FRACTIONNER CETTE ACTION ET DE MINIMISER SON IMPORTANCE AUX YEUX DES
OUVRIERS,
COMME LE FONT LES DIRIGEANTS ACTUELS DE LA CGT. POUR ALLER
À LA VICTOIRE IL FAUT UNIFIER
LA RÉSISTANCE ET LA LUTTE OUVRIÈRES EN UNE PUISSANTE
GRÈVE GÉNÉRALE, QUI
PRENDRAIT LES CAPITALISTES À LA GORGE, COMME EN 1936. IL FAUT
VOULOIR ALLER DE
L'AVANT. OBLIGER LES ORGANISATIONS SE RÉCLAMANT DE LA CLASSE
OUVRIÈRE. À ROMPRE
LES COMBINAISONS GOUVERNEMENTALES ET DE COULISSES AVEC LES HOMMES DE LA
BOURGEOISIE ET ENTRER DANS LA VOIE DE LA LUTTE POUR LE POUVOIR AUX
OUVRIERS ET
AUX PAYSANS! 25 Mai 1945 Union
Communiste, IVe Internationale |