Après
l'Afrique du Nord
LA
SYRIE ET LE LIBAN
"Toute cette affaire sent
le pétrole", s'est exclamé un journaliste bourgeois
à
propos de l'attitude de l'Angleterre dans les événements
de Syrie.
Oui, cette affaire
sent
le pétrole, la concurrence mortelle entre les capitalistes pour
les sources de matières premières et les marchés,
cause de guerres et d'oppression des peuples.
L'affaire de Syrie
est
la même que toute la vaste tuerie qui depuis 1939 ensanglante le
monde pour le repartage du globe entre forbans capitalistes.
"Antifasciste",
"cause
commune des alliés", autant de mensonges. La guerre capita-liste
pour le repartage du monde ne se fait pas suivant une ligne de partage
entre "alliés" et "ennemis" mais, par un regroupement continuel,
entre TOUTES les puissances impérialistes suivant la loi de
brigands
"du plus fort". L'Angleterre, qui a dû céder le pas
définitivement
aux Etats-Unis et dans une certaine mesure se soumettre à leur
contrôle,
s'étend au détriment de la France, puissance affaiblie.
De Gaulle vient
d'avouer
qu'un conflit aigu existait entre occupants français et anglais
en Syrie, même pendant la guerre contre l'Allemagne, et pour
mieux
souligner l'attitude de l'Angleterre, il rappelle que la guerre contre
l'Allemagne n'était pas encore finie que déjà les
canons anglais tiraient sur des alliés en
Méditerranée
(affaire de Grèce).
Mais pourquoi
s'est-il
donc tu jusqu'à maintenant ? C'est parce qu'il voulait tromper
le
peuple et essayer de lui faire croire qu'en prenant parti pour les
alliés
il prenait parti pour le "droit", et qu'en compagnie des alliés
il retrouverait la possibilité d'une vie meilleure. C'est dans
ce
sens que, depuis le 18 juin 1940, De Gaulle n'a cessé de parler
de la "grandeur" de la France.
Mais dès
1940
nous avons averti les travailleurs sur la véritable position de
la bourgeoisie française, affaiblie par les conflits
impérialistes
sans merci : "le rôle réactionnaire et anti-national de la
bourgeoisie, complètement dévoilé par la guerre,
s'exprime
actuellement (novembre 1940) sans équivoque dans l'action de ses
deux sauveurs : Pétain et De Gaulle. Par l'un, elle se jette
dans
l'étreinte mortelle de Hitler, par l'autre elle lutte pour la
revanche,
pour un nouveau Versailles dicté par l'impérialisme
anglais.
Mais dans un cas comme dans l'autre, son rôle ne peut plus
être
que celui d'exécutant docile. Plus que jamais la domination de
la
bourgeoisie signifie pour la France bassesse et servilité".
La guerre a
définitivement
rejeté la France capitaliste au rôle d'une puissance de
seconde
zone. La "grandeur" dont parle De Gaulle n'est que de la poudre aux
yeux.
A l'aide de cette tromperie il sacrifie le plus clair de la force du
pays
à une politique de pillage des peuples plus faibles en faveur
des
capitalistes français Mais dans cette voie il rencontre des
rivaux
et des concurrents plus puissants, dont le but est également
d'anéantir
les plus faibles. Cette caverne de voleurs s'appelle "politique
internationale".
Dans cette voie, les capitalistes français ont provoqué
la
ruine du pays et le mènent à de nouvelles souffrances et
humiliations.
° ° °
Malgré leurs proclamations
hypocrites sur une NOUVELLE politique d'entente avec les peuples
coloniaux,
les actes de la bourgeoisie française aboutissent
infailliblement
à la destruction, par le fer et par le feu, des
indigènes,
comme en Afrique et en Syrie. Au lieu de donner "un nouvel éclat
à la France dans le monde", la bourgeoisie suscite contre elle
une
haine égale à celle que la bourgeoisie allemande a
attiré
sur le peuple allemand...
La continuation de
la
domination de la bourgeoisie française exclut toute
collaboration
pacifique de la France avec d'autres peuples, avant tout avec les
peuples
exploités et opprimés EN SON NOM. Car à l'heure
où
les peuples arabes, et de toutes les colonies en général,
ont commencé la lutte pour secouer le joug impérialiste,
la bourgeoisie française en est devenue la première
"victime".
Cette collaboration
absolument
vitale au point de vue économique au peuple français
n'est
plus possible que si à la tête du pays arrive une classe
nouvelle
qui, par son passé politique, ses intérêts et son
idéologie,
soit la négation même du passé, des crimes, des
intérêts
et de la morale impérialistes de la bourgeoisie : LE PROLETARIAT
FRANCAIS.
La prise du pouvoir
par
la classe ouvrière ferait s'écrouler non seulement tout
le
système de pourriture et d'oppression capitaliste
érigé
par la bourgeoisie en France, mais aussi porterait un coup mortel au
pillage
économique dans le monde entier, PAR LE SOUTIEN DU DROIT DE TOUS
LES PEUPLES A DISPOSER D'EUX-MEMES (reconnaissance "sans condition" de
leur indépendance).
C'est seulement ainsi que basée
sur
l'échange économique librement consenti, la collaboration
entre le peuple français et les autres pays, avant tout les
peuples
coloniaux, prendrait un caractère pacifique et fraternel et
permettrait
un nouvel essor économique. Hors de cette collaboration
socialiste,
le peuple français marche sur les traces de l'Italie.
Seul le
prolétariat
peut donner à la France "un nouvel éclat dans le monde"
en
contribuant d'une façon résolue à
l'établissement
des Etats-Unis socialistes d'Europe et du Monde.
LA
LUTTE DE CLASSES
Sous
le prétexte d'une "Constitution" DE
GAULLE S'EXERCE AU COUP D'ETAT
"Le gouvernement a décidé
qu'avant la fin de cette année le pays serait consulté.
Il
n'a pas arrêté sous quelle forme. ...Le moment venu LE
GOUVERNEMENT
et MOI-MEME ferons connaître au pays ce qui NOUS paraît
souhaitable
et ce à quoi NOUS l'invitons" -a déclaré De Gaulle
au sujet des prochaines élections.
Là-dessus
les
stratèges politiques qui pour l'instant "dirigent" la classe
ouvrière
épiloguent sans fin sur la forme "la plus souhaitable" de la
consultation
de la volonté populaire. G. Cogniot, dans l'Humanité, ne
désespère pas de convaincre De Gaulle que le retour
à
la Constitution de 1875 ou le plébiscite sont des solutions
anti-démocratiques
: il voudrait que De Gaulle se décide, conformément
à
ses propres engagements antérieurs, pour l'élection
démocratique
par "tous les hommes et toutes les femmes de chez nous d'une
Assemblée
nationale qui décidera SOUVERAINEMENT des destinées du
pays".
Cogniot fait le
même
travail que le prêtre de la démocratie Blum, qui explique
dans Le Populaire suivant quel rite juridique doivent avoir lieu les
élections.
Mais en posant
ainsi
la question, ils favorisent tous deux les plans des ennemis de la
démocratie
; car tout en faisant la distinction politique entre le
plébiscite
et "l'Assemblée souveraine", ils n'en contestent pas un instant
au gouvernement et à De Gaulle lui-même le pouvoir
SOUVERAIN
de prendre une décision. Or, dans les plans de la bourgeoisie,
dont
les hommes sont actuellement au gouvernement, c'est justement
"l'Assemblée
nationale souveraine" qui est exclue.
Depuis le 6
février
1934, par la pression de ses bandes armées fascistes, par la
mobilisation
de toutes ses forces réactionnaires derrière ses
Doumergue,
Flandin, etc., la bourgeoisie a essayé de mater le
prolétariat.
La classe ouvrière a enrayé ces attaques par sa pression,
en se mobilisant par la grève générale et en
ripostant
par la force aux bandes fascistes. Dans ce conflit à mort, il ne
s'est jamais trouvé d'arbitre impartial capable de concilier les
intérêts de classe. Aucun gouvernement, fut-il celui de
Front
Populaire en 1936, n'a fait autre chose que d'être un instrument
entre les mains du Grand Capital contre les masses ouvrières.
Celles-ci
pour se défendre contre la bourgeoisie, n'ont eu d'autre arme
que
LA GREVE GENERALE ; et c'est seulement grâce à elle et
malgré
leurs chefs politiques incapables d'attaquer qu'elles ont pu
empêcher
un écrasement total. Après le gouvernement bonapartiste
de
Daladier (1938-1940) la bourgeoisie crut pouvoir réaliser ses
plans
avec Pétain. Cependant celui-ci n'a pas réussi à
obscurcir
la conscience des masses et apparaître comme le "sauveur de la
nation"
; il est apparu aux yeux du peuple comme le sauveur de la bourgeoisie.
Après
Pétain,
De Gaulle a été présenté aux masses
travailleuses
comme le "vrai sauveur" du peuple. Mais après quelques mois de
gouvernement,
il s'est démasqué comme agent de la bourgeoisie,
accomplissant
les plans de celle-ci. Qui peut aujourd'hui s'imaginer que De Gaulle
homme
de la bourgeoisie, issu de la caste militaire qui, par son langage et
par
ses ma-nifestations politiques aspire au pouvoir personnel pourrait,
sur
la question capitale du "pouvoir constituant" donner effectivement "la
parole au peuple" ?
Une constitution
nouvelle
signifie pour les masses travailleuses une réforme totale du
système
qui a permis à la bourgeoisie de ruiner la nation ; C'EST DONC
UNE
CONSTITUTION CONTRE LA BOURGEOISIE.
Voilà
pourquoi
dans les plans de la bourgeoisie c'est justement l'Assemblée
constituante
souveraine qui est exclue. Au contraire, la situation présente
de
la bourgeoisie, la nécessité de diminuer plus que jamais
le niveau de vie des masses et empêcher en même temps
celles-ci
de bouger, lui dicte plus que jamais de se soustraire ENTIEREMENT au
contrôle
électoral dé-mocratique.
Voilà
pourquoi
De Gaulle, pour endormir les masses et les mettre brusquement devant la
nécessité de choisir, impréparées, refuse
de
préciser sa pensée au sujet des élections : il est
probable qu'il aura recours au référendum
plébiscitaire
"choisir entre quelque chose et le néant", et comme le prouve
abondamment
l'histoire du pays, LE PLEBISCITE C'EST LE MOYEN DU BONAPARTISME ET DU
COUP D'ETAT.
Peu importe
d'ailleurs
que De Gaulle choisisse le plébiscite (demander au pays
d'accepter
ou de rejeter une constitution établie d'avance par le
gouvernement),
ou l'élection d'une Chambre et d'un Sénat ; la
bourgeoisie
a entre ses mains tous les leviers de commande ; dans l'appareil
étatique
les postes essentiels, là où se prennent
réellement
les décisions (les Bureaux), sont détenus par des
réactionnaires
ou des fascistes, même quand le responsable apparent (ministre)
est
un "socialiste" ou un "communiste". La bourgeoisie est tou-jours
assurée
de trouver dans le Parlement une majorité docile, QUAND ELLE A
PU
EN DEHORS DES ELECTIONS S'ASSURER UNE FORCE MATERIELLE IMPOSANTE EN
FACE
DES MASSES TRAVAILLEUSES SANS DIRECTION ET SANS ORGANISATION DE COMBAT
PROPRES. C'est une Chambre et un Sénat élus par des
élections
à gauche qui ont permis l'instauration du régime des
décrets-lois
et ont ensuite donné les pleins pouvoirs à Daladier et le
pouvoir constituant à Pétain.
LA
QUESTION SE RESUME DONC AU RAPPORT DE FORCES.
Le crime des "stratèges"
de la classe ouvrière, c'est de ne pas dévoiler aux
masses
les plans de la bourgeoisie, empêchant ainsi leur mobilisation.
Car
c'est seulement en mobilisant à temps les masses dans une lutte
directe sur chaque question débattue entre le prolétariat
et la bourgeoisie, que le rapport de forces devient favorable aux
classes
travailleuses. Dans le combat gréviste ou dans la lutte physique
contre les fascistes dans la rue, LES MASSES TRAVAILLEUSES RETROUVENT
LEUR
AVANTAGE ; parce que sur ce terrain les réactionnaires et les
petits
bourgeois trompés, qui dans les élections font masse, se
terrent chez eux et n'ont aucun poids dans la balance. Paris
électeur,
avec une majorité votante de gauche, se retrouve minoritaire
dans
le Parlement, Paris révolutionnaire recourant à l'action
directe donne automatiquement le ton à tout le pays, VOILA CE
QUE
PROUVE L'EXPERIENCE DE TOUTES LES REVOLUTIONS FRANCAISES DEPUIS 1789.
C'est aux
ouvriers
conscients de dévoiler les plans de la bourgeoisie à la
classe
ouvrière et l'inciter à ne compter que sur sa propre
action.
Toute l'histoire de la bourgeoisie montre que jamais une Constitution
nouvelle
n'a pu naître sans que les masses travailleuses n'aient
été
MAITRES de la situation et n'aient DESARME les classes dominantes et
rétrogrades.
Nous devons donc
poser
aux travailleurs la question : êtes-vous prêts à
soutenir
la lutte pour une nouvelle Constitution par votre force et par les
armes
? Vous y préparez-vous, exercez-vous un contrôle sur vos
chefs,
leur demandez-vous des comptes de leur activité et de leurs
plans
? Car si vous les laissez continuer à prétendre au
"double
jeu" (lutter contre la réaction tout en soutenant le
gouvernement
réactionnaire) la bourgeoisie finira par nous écraser,
comme
elle a réussi à le faire en Allemagne.
Mais si vous
êtes
prêts par votre force et votre activité de tous les jours
à vous opposer aux plans de la bourgeoisie et à donner
votre
appui à une constitution nouvelle, alors n'attendez pas qu'on
vous
convoque pour les élections. Car qui vous donnera cette
Constitution
? Une Assemblée choisie par le vote dans l'ancien personnel
politique,
parmi ceux que vous connaissez déjà par leurs
compromissions
et leur piétinement sur place, les stratèges à la
Cogniot et Blum, dont le métier est de convaincre le
représentant
du coup d'Etat d'être un démocrate ?
Renouvelez les
hommes
et les rapports politiques dans le pays en élisant dans chaque
action
que vous menez ceux qui se sont montrés les meilleurs et les
plus
dévoués, dans des Comités d'action responsables
devant
vous et révocables par vous !
Organisez
dès
maintenant votre force dans des Milices ouvrières !
La classe ouvrière et toutes
les
masses travailleuses ne manquent pas de milliers
d'éléments
énergiques, intelligents et dévoués jusqu'à
la mort. C'est seulement l'initiative de ceux-ci, appuyée sur la
force des travailleurs, qui pourra empêcher De Gaulle d'arriver
au
coup d'Etat et renverser le système qui a permis à la
bourgeoisie
de ruiner la France.
------------
Le
cas Jouhaux : UN
AVERTISSEMENT
De nombreuses usines, dans
des Assemblées syndicales, ont voté l'exclusion de
Jouhaux
de la CGT. Voici ce qu'écrit à ce sujet un organe d'usine
(L'opposition syndicale Lutte de Classes Citroën) : "Cette
décision
de nos camarades est tout à fait juste. Les ouvriers connaissent
Jouhaux pour sa politique de trahison des intérêts de la
classe
ouvrière et d'agent du patronat, qu'il cachait derrière
un
soi-disant réformisme. Mais en 1939 Jouhaux s'est
démasqué
ouvertement comme un élément étranger aux
principes
même qui sont à la base du syndicalisme. En effet, sous
prétexte
du pacte germano-soviétique Jouhaux, sur l'ordre de la
bourgeoisie,
a brisé l'unité syndicale en exigeant des
adhérents
ou responsables de la CGT de se prononcer pour ou contre la politique
soviétique
; ce qui a amené l'exclusion de nombreux militants. Or, les
principes
du syndicalisme exigent la liberté d'adhérer et de
militer
dans le Syndicat pour tout ouvrier partisan de la défense des
intérêts
ouvriers contre la patronat, indépendamment de sa confession ou
de ses opinions politiques.
Si tous les
dirigeants
syndicaux font aujourd'hui bloc autour de Jouhaux, c'est qu'ils
mènent
eux-mêmes contre les éléments
révolutionnaires
dans le Syndicat une politique de répression. Qu'ils prennent
garde
! Le sort de Jouhaux sera leur propre sort s'ils persistent dans la
voie
qu'ils ont prise."
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COMMENT
L'ETAT-CAGOULE PROTEGE
ET NOURRIT LE FASCISME
L'organisation anti-communiste
dite des "Anciens Combattants du Front Intérieur", siège
social rue François-1er, sous le couvert de l'Eclair-Journal et
Ciné-Press, recrute dans les milieux militaires (officiers et
sous-officiers)
en se servant, comme moyen d'action, des amicales de régiment.
Le responsable ou
chef
de la propagande est un nommé Desgrace, avocat, ancien sergent
au
22° régiment de Marche. Le dit Desgrace se vantait en
octobre
1944 d'une organisation militaire à laquelle rien ne faisait
défaut,
de 4.000 hommes, et du soutien de De Gaulle (subventions).
Sous l'occupation,
cette
organisation avait des facilités de circulation (ordre de
mission,
etc...) pour se déplacer tant dans les territoires "libres" que
dans ceux occupés, et de l'un à l'autre.
Le Parti Communiste
averti
en automne 1944 de l'activité de cette organisation, s'est
contenté
de déposer une plainte au Procureur de la République,
à
un moment où les Milices Patriotiques étaient dans toute
leur gloire...
Résultat,
cette
organisation continue son activité sous la protection
bienveillante
de l'Etat-cagoule...
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L'ALLEMAGNE,
IMAGE DE NOTRE AVENIR CAPITALISTE
Comme en 14-18, la politique
des social-chauvins a été tout au long de cette guerre
"Mort
aux Boches", sous prétexte que tous les Allemands étaient
complices de la politique de leur bourgeoisie. En même temps les
social-chauvins continuaient à s'intituler communistes et
socialistes.
Mais l'essence du
communisme
ou du socialisme, c'est la solidarité internationale des
travailleurs.
En agissant contre cette solidarité, les social-chauvins rampent
servilement devant la bourgeoisie qui, elle, mène la lutte SANS
INTERRUPTION contre le communisme ou le socialisme, sous
prétexte
que ces "utopies" affaiblissent l'union nationale et mettent en danger
toutes les classes devant la menace extérieure. En effet, si
dans
la personne de la classe ouvrière allemande, un des
chaînons
les plus importants de la solidarité communiste s'est rompu, le
Parti communiste français par son action de 1924 contre
l'occupation
de la Ruhr, ne serait-il pas responsable du relèvement du
"militarisme
allemand" ?
Mais si on n'accepte pas ce
raisonnement,
il faut pouvoir répondre à la question : pourquoi le
prolétariat
allemand n'a-t-il pas accompli sa révolution ? De la
réponse
à cette question dépendent les tâches et le sort du
mouvement ouvrier.
La
défaite de 1933 du Prolétariat allemand
La classe ouvrière
peut toujours se relever d'un combat même si celui-ci lui a
été
défavorable. Mais la défaite de 1933 du
prolétariat
allemand a été une catastrophe parce que ses chefs le
firent
capituler devant Hitler sans combattre.
Même au
pouvoir
Mussolini n'a pu vaincre d'un seul coup toute opposition de la classe
ouvrière
sans une série de combats d'arrière-garde. Mais en
Allemagne,
où avant 1933 il y avait une armée prolétarienne
sur
pied de guerre bien plus considérable qu'en Italie, les chefs
socialistes
et communistes ont commandé aux travailleurs : bas les armes !
Ils
justifièrent cette politique en répétant encore
six
mois après l'arrivée de Hitler au pouvoir que celui-ci ne
s'y maintiendrait pas longtemps ; grâce à
l'inactivité
des partis ouvriers, la bourgeoisie avait réussi à
SUBMERGER
le pays de ses bandits armés (tels les miliciens de Darnand,
Doriot,
etc. en France) et en écrasant la classe ouvrière,
avant-garde
socialiste, enlevait aux autres couches de la nation tout autre guide
si
ce n'est celui de la bourgeoisie impérialiste.
Or, une défaite sans combat est
la
plus terrible des défaites. Elle démoralise la classe
ouvrière
et lui fait perdre toute confiance dans ceux qui l'y ont menée.
Par leur politique, les partis réformiste et stalinien ont
discrédité
aux yeux des ouvriers le drapeau même du com-munisme et du
socialisme
dont ils se réclamaient.
C'est ainsi que le
fascisme,
grâce à la faillite morale de la social-démocratie
et surtout des staliniens, a obtenu un succès décisif :
la
répression menée à une échelle sans
précédent,
aboutit non pas seulement à la paralysie momentanée, MAIS
A LA DISPARITION des organisations de la classe ouvrière
allemande.
Dans ces conditions de
démoralisation
et d'atomisation de la classe ouvrière allemande, celle-ci ne
pouvait
plus compter pour son relèvement que sur un appui
extérieur.
Mais là encore les réformistes et les staliniens ont
mené
une politique qui n'a servi que les intérêts de nos
ennemis.
Trotsky disait en
1937
: "Il est nécessaire d'avoir en France un mouvement
révolutionnaire.
Si nous disons que tout le peuple, le prolétariat et la
bourgeoisie,
doit combattre l'Allemagne fasciste, Hitler dira alors : "Vous voyez
que
toute l'humanité est contre la nation allemande". C'est le
meilleur
climat, le ciment national que Hitler possède. Il s'en est
nourri.
Il est nécessaire de continuer l'opposition
révolutionnaire
au gouvernement en France en vue de donner la possibilité
à
la révolution de se développer en Allemagne".
Mais les partis
réformiste
et staliniste n'ont pas mené pendant la guerre une politique
internationaliste,
mais une politique de résistance impérialiste aux ordres
des alliés.
La coalition de la bourgeoisie
internationale
En portant le
fascisme au
pouvoir la bourgeoisie allemande a écarté le danger de la
révolution prolétarienne. C'était là le but
qui intéressait la bourgeoisie mondiale et elle en fut complice.
C'est pourquoi Trotsky, en s'adressant
à
l'Union Soviétique, préconisait en 1933, aussitôt
après
l'arrivée de Hitler au pouvoir, une guerre préventive
pour
abattre son régime avec l'appui du prolétariat mondial.
Mais
Staline avait déjà inauguré une politique de
coulisses
de diplomatie secrète et d'entente avec la bourgeoisie qui
l'empêchait
de voir le danger et la ca-tastrophe qui allait s'abattre sur l'URSS.
Comme
conséquence
de la guerre, la bourgeoisie redoutait avant tout la révolution
prolétarienne. Aussi sa politique tendait-elle de toutes ses
forces
à diviser le monde ouvrier et à semer la haine entre les
peuples. Mais en ce qui concerne les relations des capitalistes entre
eux,
voici ce qu'en disent les Izvestia : "La guerre n'a pas rompu les liens
économiques internationaux du capitalisme allemand".
Maintenant que la
guerre
contre l'Allemagne est finie, l'atomisation du prolétariat
allemand
réalisée par le fascisme est maintenue et RENFORCEE par
les
alliés, du fait du découpage du pays, de la dispersion
des
travailleurs prisonniers et des lois de gouvernement militaire. La
presse
fait état de l'utilisation de cadres nazis pour le "maintien de
l'ordre". Les églises sont le seul endroit où les
réunions
soient permises. Et si les ouvriers français oublient trop
souvent
que dans les horribles camps de concentration de Dachau et d'ailleurs
les
fascistes ont torturé d'abord des militants ouvriers allemands,
les Alliés, eux, ne se gênent pas de traiter en pairs les
généraux allemands Goering, Busch, Paulus, etc. Les
Alliés
ont achevé l'oeuvre du fascisme : détruire une des
principales
forces prolétariennes d'Europe, la classe ouvrière
allemande.
L'Allemagne,
image de notre avenir capitaliste
Monmousseau lui-même,
qui par ailleurs est un des plus répugnants social-chauvins, est
obligé de dévoiler le caractère de classe du
nazisme
: "Entre l'aristocratie enjuponnée du faubourg St-Germain qui,
au
lendemain de la semaine sanglante, plantait la pointe de ses ombrelles
dans les yeux des Communards enchaînés, et la clique
dirigeante
du parti nazi il n'y a qu'une différence de race". (Vie
Ouvrière
26-4-45).
Le fascisme a en
effet
son origine dans la lutte de classes. La bourgeoisie allemande qui,
tout
comme à l'heure actuelle la bourgeoisie française,
voulait
maintenir sa "grandeur" dans le monde malgré sa défaite
de
1918, visait à rejeter tout le poids de la décadence de
son
régime social sur les masses travailleuses. Elle devait pour
cela
écraser en premier lieu la classe ouvrière, avant-garde
de
la lutte anti-capitaliste. La bourgeoisie n'a pas hésité
dans ce but à nourrir, à financer et à lancer
contre
le prolétariat la canaille déclassée de toutes les
classes, spécialement de la petite-bourgeoisie organisée
en bandes fascistes. C'est le désespoir collectif d'une
petite-bourgeoisie
ruinée et acculée à la faillite qui a permis au
fascisme
d'organiser ses bandes, scientifiquement ensauvagées.
Toutes les
bourgeoisies
européennes se trouvent actuellement devant la même
situation
qu'a connue la bourgeoisie allemande. Etant donné la part de
plus
en plus décroissante du capitalisme européen dans le
monde,
la bourgeoisie se trouve dans la nécessité
d'écraser
les masses sous le fardeau du militarisme et de sa décadence
économique.
Elle n'hésite pas pour cela à ouvrir les écluses
de
la barbarie, que l'on sent monter tous les jours. S'il y a une
diffé-rence
de race, l'Allemagne ne fait que nous devancer dans le temps, si la
bourgeoisie
doit rester maîtresse des destinées de ce pays.
Si l'exemple de
l'Allemagne
démontre quelque chose, c'est justement qu'il ne faut pas lui
emboîter
le pas, qu'il ne faut pas continuer ses méthodes contre d'autres
victimes, qu'il ne faut pas aider notre bourgeoisie à traiter
l'Allemagne
et d'autres pays (colonies, etc.) comme Hitler traitait l'Europe...
Il faut au
contraire
se pénétrer du danger terrible qui en découlerait
pour nous et s'en faire une volonté d'étouffer la source
de barbarie que représente notre propre bourgeoisie et pour tous
les ouvriers la bourgeoisie de leur propre pays. La tâche des
communistes
à travers le monde reste : relier la chaîne de
solidarité
internationale de tous les exploités contre
l'impérialisme.
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