LES DEUX BOUTS D'UN MEME BATON...
Cela a commencé
au lendemain de la victoire inachevée de juin 1936. Ce que la
bourgeoisie
avait été obligée de céder de sa main
droite
(congés payés, contrats collectifs, augmentation des
salaires),
elle entreprit aussitôt de le reprendre de sa main gauche.
Entre tous les
moyens qu'elle
a utilisés pour ruiner les conquêtes économiques
des
travailleurs, LES MANIPULATIONS MONETAIRES ont joué le principal
rôle.
Vincent Auriol, Ministre des Finances
dans le
premier gouvernement de "Front Populaire" Blum, réussit
à rattraper une partie des concessions des accords Matignon
(faites
par le même gouvernement) par une dévaluation du franc de
10%.
Il prétendit que les engagements des "bons" patrons à
ne pas augmenter les prix empêcheraient la diminution du pouvoir
d'achat
des travailleurs ; ce qui pratiquement ressembla aux essais
d'arrêter
une inondation en promenant la châsse d'un saint quelconque,
après
avoir pratiqué une brèche dans les digues...
Paul Raynaud
s'attaqua ensuite
de front aux salaires (par le chantage du danger extérieur) et
prétendit
réaliser "l'équilibre" budgétaire au moyen
des 15% et 5%...
Mais ce n'étaient là que
des débuts.
A ces attaques d'essai succéda ensuite le grand moyen : la
planche
à billets. L'INFLATION devait permettre au gouvernement de
piller
A VOLONTE les masses sur lesquelles la grande bourgeoisie a pu ainsi
rejeter
TOUT le fardeau de la "drôle de guerre", de l'occupation,
et maintenant de la "reconstruction d'une grande armée pour
la grandeur".
A ce moyen utilisé par ses
prédécesseurs
Blum, Daladier et Pétain, De Gaulle vient d'en ajouter un autre,
en apparence destiné à combattre les maux de l'inflation.
Mais en réalité il ne fait que COMPLETER le pillage des
masses
en faveur du Grand Capital et de l'Etat bourgeois qui aujourd'hui n'est
plus qu'une énorme sangsue de plus en plus avide sur le corps
anémié
de la nation travailleuse.
En effet,
l'échange
des anciens billets qui vient d'avoir lieu ne pouvait aucunement
aboutir
à un impôt sur le Grand Capital trusté
monopolisé,
des 200 familles. Leur richesse étant constituée par de
formidables
moyens de production (usines, matières premières, etc.)
et
par l'exportation du capital à l'étranger sous forme de
devises,
on n'identifie légalement qu'une partie infime de leur fortune
en
comptant leurs billets de banque français Au contraire, eux qui
exploitent
des dizaines de millions de travailleurs de tous les pays, ont
réussi
par leurs banques à réaliser de fructueux
bénéfices
dans les dernières "opérations".
Le pompeux
"impôt
sur le capital" n'atteint en réalité que le "capital"
des petits et moyens épargnants, des petits et moyens paysans.
Or
ce dernier capital représente avant tout le travail personnel de
la famille paysanne, son cheptel disparu, ses instruments de travail
usés
et non pas le résultat de l'exploitation d'autrui. C'est
pourquoi
la "résorption de la circulation financière" (la
"stabilisation") de M. Pleven n'est qu'une escroquerie qui
complète
le pillage des salariés (dont le pouvoir d'achat va toujours en
s'amenuisant),
par le pillage de la fortune paysanne et des économies des
petites
gens.
C'est avec raison
qu'en 1919,
l'Internationale Communiste de Lénine et Trotsky
dénonçait
de la façon suivante l'aspect monétaire du capitalisme
contemporain
:
"Perdant de plus en plus sa valeur de
moyen
et de régulateur de l'échange de produits... le
papier-monnaie
s'est transformé en instrument de réquisition, de
conquête
et en général d'oppression militaire et
économique".
C'est avec raison
que le Programme
de Transition de la IVe Internationale proclame : "Ni l'inflation
monétaire,
ni la "stabilisation" ne peuvent servir de mots-d'ordre au
prolétariat.
CAR CE SONT LES DEUX BOUTS D'UN MEME BATON..."
La bourgeoisie
essaie de rejeter
sur la classe ouvrière la responsabilité de l'inflation,
en
la présentant comme une conséquence de la hausse des
salaires.
Ainsi, la "stabilisation" elle-même apparaîtrait comme
un sacrifice imposé aux classes moyennes par
l'égoïsme
des travailleurs.
Dans un tract du 25 mai nous avons
dénoncé
les véritables causes du désarroi économique
croissant
: l'inflation n'est pas causée par l'augmentation des salaires,
mais
par l'émission massive de papier-monnaie en vue de couvrir les
dépenses
de l'Etat ; or le gros de ces dépenses est constitué par
l'armement,
les grosses indemnités accordées aux capitalistes sous de
multiples prétextes, l'entretien d'une armée de
bureaucrates
civils et militaires parasites, de la police officielle et
secrète,
de groupements para-militaires anti-ouvriers, etc., etc.
C'est une duperie
de dire
aux ouvriers de produire davantage pour AUGMENTER LES RICHESSES,
étant
donné que l'essentiel de la production continue à
être
destiné aux fabrications d'armement. Ces fabrications provoquent
non seulement l'inflation (étant financées par l'Etat),
mais
aussi le manque croissant d'objets de consommation ; elles absorbent
les
faibles moyens de production existants et empêchent le
renouvellement
d'objets industriels indispensables (tels les instruments aratoires).
Pour se procurer les devises
nécessaires
à l'équipement d'armement, le gouvernement exporte les
biens
de consommation comme le beurre, qui est entièrement soustrait
à
l'alimentation des classes pauvres.
La classe ouvrière ne peut
accepter la
politique du gouvernement tendant à faire retomber sur les
travailleurs
tout le fardeau du militarisme, de la crise économique, du
désordre
financier et autres maux découlant du régime capitaliste.
Depuis, même
des politiciens
et des journaux bourgeois ont "critiqué" la politique du
gouvernement, en soulignant le poids écrasant du parasitisme
bureaucratique
(civil et militaire) et l'appauvrissement du pays du fait des
fabrications
de guerre.
Mais ces
"critiques",
QUI EN MEME TEMPS FONT CONFIANCE AU GOUVER-NEMENT, ne servent en
réalité
qu'à tromper les masses travailleuses ; car aucune critique au
monde
ne peut changer la nature réactionnaire du gouvernement
bourgeois.
La bourgeoisie
française,
qui à la suite de la 2° guerre impérialiste, a perdu
toute
une série de ses positions dominantes, est obligée de
pressurer
les masses afin de pouvoir défendre ses intérêts
vis-à-vis
de ses rivaux impérialistes. Ainsi, même la production de
paix
n'est pas pour la bourgeoisie un moyen d'accroître le niveau de
vie
des masses, mais vise à concurrencer l'industrie
étrangère,
le succès de cette concurrence ayant pour base LES BAS SALAIRES
DE
LA MAIN-D'OEUVRE FRANCAISE. Dans ces conditions, l'Etat au service de
la
bourgeoisie a pour but, selon l'expression de Lénine, de faire
du
pays, dans tous les cas, un para-dis pour les banquiers et les
capitalistes
et un bagne pour les ouvriers et les paysans.
Seule la vraie
politique communiste
présente une issue : car elle ne fait aucune confiance aux
représentants
de la bourgeoisie, mais appelle la classe ouvrière (DONT LES
INTERETS
NE SONT PAS SEPARES DE CEUX DE TOUTES LES AUTRES COUCHES EXPLOITEES)
à
agir pour SES INTERETS, sans se laisser détourner par les
arguments
de la bourgeoisie et de ses serviteurs.
En accord avec cela, elle revendique :
L'ECHELLE
MOBILE DES SALAIRES ; -LE RETOUR AUX CONTRATS COLLECTIFS ;
-L'ETABLISSEMENT
D'UN PLAN DE PRODUCTION DE PAIX, SOUS CONTROLE OUVRIER ;
-L'EXPROPRIATION
DES GRANDES BANQUES, DES COMPAGNIES MONOPOLEUSES DE L'INDUSTRIE DE
GUERRE,
DES CHEMINS DE FER, DES SOURCES DE MATIERES PREMIERES.
Le programme de la IVe
Internationale dit : La "possibilité" ou
"l'impossibilité"
de réaliser les revendications est... une question de rapport de
forces qui ne peut être résolue que par la lutte. Il
s'agit
de préserver le prolétariat de la décadence, de la
démoralisation et de la ruine. Il s'agit de la vie et de la mort
de la seule classe créatrice et progressive et, par
là-même,
de l'avenir de toute l'humanité. Si le capitalisme est incapable
de satisfaire les revendications qui surgissent infailliblement des
maux
qu'il a lui-même engendrés, IL NE LUI RESTE QU'A PERIR".
La Lutte
de Classes.
LA
"PUNITION
DES COUPABLES"
Nous reproduisons ci-dessous
l'article que nous avons consacré le 18 mars 1944 (N°26)
à
la question de la "punition des coupables". Les travailleurs pourront
ainsi se convaincre que le sort actuel des Bazaine et des Guillaume
(vie
de château) et la punition des lampistes ne sont pas dûs au
hasard, à la "trahison", mais sont le résultat
inévitable
du pouvoir économique et politique conservé par la
bourgeoisie,
comme nous l'avons expliqué à temps :
Pucheu sera-t-il
fusillé
ou gracié ?
Peu importe. La
manoeuvre
de la "punition des coupables", par laquelle la bourgeoisie ESSAIE
DE REJETER LA RESPONSABILITE COLLECTIVE SUR QUELQUES INDIVIDUS
sacrifiés
à la colère populaire, est un vieil artifice qui ne
trompe
pas les travailleurs conscients.
° ° °
La
classe capitaliste justifie
sa domination, ses privilèges et son droit à la paresse,
par
sa prétendue direction régulatrice soi-disant
indispensable
au bon ordre de la société.
Dans les
circonstances "normales"
d'exploitation, la bourgeoisie réussit à imposer ce point
de vue aux couches les plus arriérées et aux
intellectuels
éduqués par elle. Or loin d'exercer sur la
société
une action bienfaisante, la domination parasitaire de la bourgeoisie
amène
inévitablement de grandes catastrophes pour les masses
laborieuses
: la crise écono-mique avec le chômage de millions
d'ouvriers,
la faillite et la misère pour la petite-bourgeoisie, la
destruction
des produits agricoles, les grandes escroqueries financières, LA
VOYOUTERIE QUI RONGE la société, et finalement LA GUERRE
avec
ses moyens toujours plus parfaits de destruction, l'incurie et la
stupidité
des chefs militaires, les trahisons et les complots des classes
bourgeoises
de tous les pays contre les masses laborieuses.
C'EST POUR
CAMOUFLER SES RESPONSABILITES
DANS CES EVENEMENTS QUE LA BOURGEOISIE A EU RECOURS A DE PUISSANTS
MOYENS
DE DIVERSION : "le fascisme c'est la guerre", "la démocratie
c'est les Juifs et la franc-maçonnerie", "la punition des
coupables", etc.
° ° °
Quand en juin 1940 la débâcle
de l'impérialisme français dévoila les mensonges,
l'incapacité,
l'incurie, la frousse, la pourriture de la bourgeoisie et de son Etat,
alors,
pour détourner la colère populaire, le "nouveau"
régime de Vichy (oeuvre des plus bas politiciens de la III°
République)
annonça lui-même la "punition des coupables". Mais
le procès de Riom devait seulement servir de prétexte
à
une campagne acharnée contre la classe ouvrière. En effet
comment Pétain et Laval, serviteurs des 200 familles,
pouvaient-ils
punir les crimes ac-complis sous le régime "démocratique"
au profit des mêmes 200 familles ?
Maintenant qu'Alger
se prépare
à prendre la succession du régime de Vichy (de la
même
manière que celui-ci avait pris la succession de Paul Reynaud),
IL
S'AGIT AVANT TOUT DE PREVENIR LES MOUVEMENTS DES MASSES QUE LES ANNEES
DE
GUERRE ONT CHAUFFEES A BLANC CONTRE LA BOURGEOISIE. Ne bougez pas,
justice
sera faite, tous les crimes seront punis, Alger s'en charge : voyez
l'exemple
de Pucheu !
° ° °
Quel que soit le sort de
Pucheu, nous avons déjà un exemple de la façon
dont
Alger entend punir les coupables. Un peu avant le procès de
Pucheu
a eu lieu un procès de bourreaux qui, en Afrique du Nord, ont
sauvagement
torturé les emprisonnés politiques. Plusieurs
accusés,
gardes chiourme et subordonnés, ont été
condamnés
à mort, convaincus d'avoir été les auteurs directs
des atrocités commises. Mais l'inspecteur général
des
camps de concentra-tion, le colonel Lupi, nommé par Vichy, a
été
acquitté faute de preuves matérielles !
° ° °
De
plus la "Punition
des coupables" a des précédents historiques
célèbres
: Bazaine qui pendant la guerre franco-allemande de 1870 capitula
à
Metz avec toute son armée (pour la tenir "à la
disposition
de l'ordre social menacé" en France, déclara-t-il
à
ses juges en 1873) fut condamné à mort : sa peine fut
commuée
en 20 ans de détention, et il "s'évada" quelques
mois après pour aller finir tranquillement ses jours à
Madrid.
Le Kaiser, déclaré responsable du premier massacre
mondial,
mourut de la goutte dans un château en Hollande ; il est vrai
qu'à
sa place les alliés châtièrent savamment les
classes
laborieuses allemandes qui l'avaient renversé.
A Riom la clique
politicienne
de Vichy a fait le procès du régime parlementaire,
à
Alger la clique des généraux fait le procès du
régime
de Vichy.
Les ouvriers les reconnaissent tous
deux comme
responsables des malheurs qui se sont abattus sur le pays.
Quand Daladier,
Pétain,
de la Rocque, Blum et Herriot nous plongèrent dans la guerre,
c'était
sous les ordres des 200 familles ; quand Pétain, Laval, Pucheu,
Darlan,
Doriot ont commencé la farce sanglante de la "collaboration"
ce fut aussi aux ordres et pour le bénéfice des 200
familles.
C'est pourquoi la punition des
coupables n'est
pas possible sans le renversement des 200 familles qui sont les
véritables
maîtres de la justice et de l'Etat. si les travailleurs ne
veulent
pas d'acquittement Lupi, de condamnation à mort
transformée
en détention "à la Bazaine", de fusillades de
quelques-uns
pour couvrir les crimes de la classe dominante, ils doivent lutter pour
la création DE LEURS PROPRES TRIBUNAUX DU PEUPLE, en renversant
l'Etat
de la bourgeoisie et sa "justice".
Le peuple laborieux
n'est
pas assoiffé de sang et ne se repaît pas de la vue des
têtes
tombées. S'il veut punir les responsables C'EST POUR LEUR
ENLEVER
TOUTE POSSIBILITE DE NUIRE PLUS LONGTEMPS. Et c'est seulement en
renversant
la bourgeoisie que la classe ouvrière mettra un terme au complot
permanent que représente pour le peuple l'existence de la classe
capitaliste.
------------
"Toute l'histoire
des pays de parlementarisme bourgeois, et dans une large mesure des
pays
bourgeois, constitutionnels, montre que la succession des ministres n'a
que fort peu d'importance, tout le travail réel d'administration
étant confié à une immense armée de
fonctionnaires.
Or, cette armée est profondément
pénétrée
d'un esprit essentiellement antidémocratique. Elle est
attachée
par des milliers et des milliers de liens aux grands
propriétaires
fonciers et à la bourgeoisie dont elle dépend dans tous
les
domaines. Cette armée baigne dans une atmosphère
bourgeoise
à laquelle il lui est absolument impossible de se soustraire.
Momifiée,
figée dans des formes immuables, elle n'a pas la force de
s'arracher
à cette ambiance et ne peut modifier en rien sa façon de
penser,
de sentir et d'agir. Elle est basée sur le principe
hiérarchique
ainsi que sur certains privilèges réservés au
"service
de l'Etat" ; ses cadres supérieurs sont complètement
asservis, par l'intermédiaire des banques et des
sociétés
anonymes, au capital financier, dont ils sont, dans une certaine
mesure,
les agents dont ils défendent les intérêts et
propagent
l'influence.
Tenter d'effectuer,
au moyen
de cet appareil gouvernemental des transformations sociales... c'est
s'illusionner
au plus haut point et tromper le peuple. Cet appareil peut faciliter
à
une bourgeoisie républicaine la création d'une
république
qui serait une "monarchie sans monarque" comme la IIIe
République
française, mais il est absolument incapable d'appliquer des
réformes,
je ne dis pas abolissant, mais simplement limitant d'une façon
plus
ou moins effective les droits du Capital et les droits de la
"sacro-sainte
propriété privée". C'est pourquoi, dans tous les
ministères de "coalition", auxquels participèrent
les "socialistes", ces derniers, même s'ils étaient
de bonne foi, n'ont fourni qu'un vain ornement ou un paravent aux
gouvernements
bourgeois, un paratonnerre contre l'indignation populaire, un
instrument
de du-perie des masses. Ce fut le rôle de Louis Blancen 1848 ;
ça
a été, depuis lors, celui de nombreux ministères
de
coalition en Angleterre et en France ; ça a été
celui
de Tchernov et de Tsérételli en 1917, et il en sera ainsi
tant que durera le régime bourgeois et que subsistera intangible
le vieil appareil gouvernemental de la bourgeoisie, basé sur le
fonctionnarisme."
------------
A QUI PROFITE LE CHAUVINISME ?
La
CGT a publié
un communiqué dans lequel elle revendique le contrôle sur
l'utilisation
des prisonniers allemands, afin que leur emploi ne "concurrence pas
les conditions d'existence" des ouvriers français et
n'entraîne
pas leur chômage.
Ce problème,
extrêmement
sérieux pour les conditions de travail et d'existence de tous
les
ouvriers en France, la direction de la CGT a donc jugé utile de
le
poser à l'ordre du jour. Mais en pratique, son attitude
chauvine,
radicalement contraire à l'esprit ouvrier, joue d'ores et
déjà
contre les ouvriers français et facilite la politique patronale.
Nous reproduisons
ici notre
tract diffusé à l'usine RENAULT et diffusé
à
la suite d'un incident concernant les prisonniers allemands :
"La direction de chez RENAULT vient de
publier
un avis menaçant les ouvriers de renvoi immédiat au cas
où
ils seraient surpris à donner un peu de tabac ou une friandise
quelconque
aux prisonniers allemands qui font du travail forcé dans
l'usine.
Cet avis vient à la suite d'un incident soulevé par les
responsables
syndicaux à propos d'un geste de solidarité (un ouvrier
qui
a offert un peu de tabac à un prisonnier allemand).
Camarades, pouvons-nous imaginer un
tableau plus
répugnant ?
Un exploité qui gagne
péniblement
sa vie fait le geste humain de soulager la souffrance d'un autre
travailleur
qui possède encore moins que lui. Aussitôt, sous
prétexte
de crimes perpétrés pendant l'occupation
impérialiste
allemande en France, les responsables syndicaux s'adressent à la
direction pour que celle-ci puisse ajouter une brimade de plus aux
autres
multiples qu'elle exerce déjà contre les ouvriers de son
usine.
Qui est la direction ? La direction du grand trust soi-disant
nationalisé
de RENAULT (or il n'y a rien de changé aux conditions de
travail,
où tout se passe comme sous l'ancien patron), et tous les
capitalistes
français roulent sur l'or et vivent de la richesse extraite du
travail
pénible des travailleurs de toute race et de toute
nationalité
(français coloniaux, etc.). Ils maintiennent les
travailleurs
en esclavage par la violence et le mensonge, et les font
s'entre-déchirer
pour mieux les exploiter. Tandis qu'ils enseignent aux ouvriers la
haine
contre d'autres ouvriers, les capitalistes traitent leurs
confrères
étrangers avec beaucoup d'égards. On le voit clairement
dans
la façon dont la finance alliée traite par exemple
Goering
et sa femme (repas somptueux, château, voiture, domestiques). Il
n'y
a évidemment pas de Goering aux travaux forcés chez
RENAULT
pour expier ses crimes.
Proposons donc aux responsables
syndicaux, au
lieu de ramper devant la direction, de faire une enquête sur
l'origine
des prisonniers allemands travaillant chez RENAULT, vous verrez que
leur
écrasante majorité sont des travailleurs comme vous, qui
en
Allemagne, comme vous en France, ont été exploités
par leur RENAULT et Cie, qui comme vous n'ont jamais connu aucune des
véritables
joies de l'existence, qui comme vous ont été un beau jour
mobilisés en 1939 et obligés sous menace de pendaison de
marcher
contre les travailleurs d'en face.
Oui, la France a
été
saignée et maltraitée, il y a eu les camps de
déportation
et de torture (où se trouvaient d'ailleurs aussi des ouvriers
allemands).
Mais est-ce que l'Allemagne n'a pas été
transformée
aussi en un monceau de ruines, est-ce qu'on ne veut pas exterminer
aussi
les ouvriers allemands, tandis que les capitalistes allemands
commencent
déjà à collaborer et à faire des affaires,
est-ce
que malgré cette extermination réciproque vous pouvez
oublier
que depuis 1939 les capitalistes de tous les pays n'ont
été
empêchés par aucune circonstance de guerre de ramasser
l'or
dans le sang des travailleurs ?
Camarades, au nom de la classe
ouvrière
consciente, dont le destin historique est d'émanciper le monde
entier
de l'exploitation capitaliste et des guerres fratricides, nous
condamnons
et dénonçons comme misérable et digne de
mépris
cette attitude des responsables syndicaux ; qu'ils se rétractent
! Faites enquêter parmi les travailleurs allemands ! N'oubliez
pas
que le traitement qui leur est infligé décide de vos
salaires
aussi, car les capitalistes sont contents d'avoir à leur merci
de
la main-d'oeuvre forcée, pour mieux faire pression sur vos
propres
salaires et conditions de vie. Rappelez vous les exemples du
passé.
Défendez les opprimés qui sont à côté
de vous pour mieux vous défendre vous-mêmes,
défendez
vous ensemble, pour qu'un jour enfin puisse cesser cette condition de
l'ouvrier
s'épuisant comme une rosse servile au service de ses exploiteurs.
Exactement à
l'image
des capitalistes allemands, les capitalistes français
écrasent
les travailleurs étrangers de façon à donner
l'illusion
à leurs propres esclaves "libres" (les ouvriers français
) qu'ils sont des privilégiés. Faites comprendre aux
travailleurs
allemands que cette comédie ne durera pas indéfiniment,
qu'elle
sera brisée par la solidarité de tous les
exploités
de chez RENAULT, pour qu'enfin justice soit faite contre les
véritables
responsables de la guerre et de nos misères."
La veille du jour où ce tract a
été
diffusé, deux travailleurs avaient été
congédiés
pour avoir parlé à des ouvriers allemands. Des faits
relatés
il ressort avec évidence que le chauvinisme des bureaucrates
syndicaux
les amène à recourir à l'arbitrage de la direction
patronale, pour que celle-ci fasse la police entre les travailleurs de
différentes
catégories. Ils reconnaissent donc, de fait, au patron le droit
de
disposer à sa guise de ses salariés. Il est certain dans
ce
cas que la revendication des dirigeants pourris de la CGT, demandant
que
l'utilisation des prisonniers allemands ne concurrence pas les
conditions
d'existence des ouvriers français, ne pourra, comme tant
d'autres,
que rester sur le papier. Quelle doit être l'attitude des
ou-vriers
français pour réellement faire aboutir cette
revendication
?
1° Le patronat ayant à sa
disposition
une armée de travail misérablement traitée (en la
personne
des prisonniers allemands), fait automatiquement pression sur tous les
autres
tra-vailleurs (loi de la concurrence). D'autre part, cette armée
de travailleurs étant composée de prisonniers et
astreinte
au travail forcé, le patronat l'a à sa merci pour
l'utiliser
en cas de grève des ouvriers français et briser ainsi ces
mouvements. L'intérêt évident des ouvriers
français
c'est donc d'exiger l'abolition de tout travail forcé et le
statut
des travailleurs libres pour les ouvriers étrangers, quelle que
soit
leur nationalité.
2° Pour que la CGT puisse avoir le
contrôle
sur ses ouvriers, quel est le meilleur moyen (dans un esprit
véritablement
ouvrier), si ce n'est d'étendre à tous les travailleurs
les
droits syndicaux.
Au lieu de cela les bureaucrates
chauvins se
font les gardes-chiourme entre les ouvriers français et
allemands,
imitant en cela les nazis, puisque ceux-ci empêchaient aussi, par
des sanctions, les ouvriers allemands de parler aux travailleurs
étrangers
(ce qui n'a d'ailleurs pas empêché les ouvriers allemands
de
faire des gestes de solidarité à leur égard, comme
le savent très bien les prisonniers rapatriés).
3° Si la CGT craint que la
présence
des prisonniers allemands n'entraîne le chômage des
ouvriers
français, il faut exiger le renvoi des prisonniers dans leurs
foyers.
-------------
A LA PLACE DE LA "MONTAGNE" IL N'Y AVAIT QUE LE "MARAIS"
L'Humanité du 11
juillet déclare, au sujet des décisions gouvernementales
sur
les futures élections, que le PC n'accepte pas "la moindre part
de responsabilité dans l'élaboration d'un projet qui
révèle
un fâcheux état d'esprit anti-démocratique".
Or, si ce projet
n'a pas été
élaboré par le PC, il a été voté par
les ministres "communistes" au gouvernement, qui donc en ont pris
ENTIEREMENT la responsabilité. Evidemment, l'Humanité
justifie
leur attitude en prétextant qu'une crise gouvernementale serait
"une
aggravation de la situation déjà difficile du pays" :
ainsi les chefs staliniens, qui ont fait un grand tapage sur leur lutte
pour une CONSTITUANTE SOUVERAINE du peuple (40 millions d'hommes), ont
reculé
devant le chantage d'une seule personne : De Gaulle,
représentant
des 200 familles, qui avait menacé de se retirer si ses plans
n'étaient
pas acceptés.
MM.
les chefs
staliniens,
qui répètent sur tous les tons qu'il faut faire confiance
au peuple -"d'où sont sortis les Hoche"- auraient dû,
si leur démocratisme n'était pas de la pure
démagogie,
rétorquer à De Gaulle : "Tu peux t'en aller si tu es
contre une Constituante souveraine, car du peuple constituant
d'où
en 1789 sont sortis non seulement les Hoche, mais aussi les Robespierre
et les St-Just, sortiront maintenant les Lénine et les Trotsky,
et
le pays s'en trouvera mille fois plus sain et plus robuste qu'avec toi
et
ta classe au gouvernement". Mais l'Humanité au contraire se
félicite du maintien de "l'union au sein du gouvernement"
: union avec les réactionnaires et le pétainiste De
Gaulle,
sous prétexte de défendre la démocratie !
C'est aux
travailleurs communistes
d'imposer aux dirigeants du PC l'accord de leurs actes avec leurs
paroles
: contre l'action réactionnaire de De Gaulle, rompez la
coalition
et luttez pour un Gouvernement Ouvrier et Paysan !
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