retour accueil | retour chronologie | retour
chronologie 1945 |
APPEL
DES TRAVAILLEURS INDOCHINOIS AUX
TRAVAILLEURS FRANCAIS La
répression s'abat à l'heure présente sur
l'ensemble des tirailleurs indochinois
encasernés en France. Travailleurs Français, vous vous
êtes sans doute demandé
la raison des mesures terroristes des hommes des trusts? Quel est donc
le crime
des tirailleurs, qu'on désarme, qu'on emprisonne par centaines,
qu'on charge à
la baïonnette et qu'on fusille? Ils ont
débarqué en France il y a 6 ans, venus des coins les plus
reculés de
l'Indochine. On les
a armé et poussé au front comme du bétail.
Pourquoi se battaient-ils? On
exigeait seulement d'eux qu'ils se fassent tuer. Les survivants ont
connu les
stalags et le travail sans salaire dans l’org. Todt. Sortis
des stalags, nous n'avons pas eu les mêmes droits que les autres
prisonniers
(pas de prime de libération, par ex.). Nous avons demandé
au gouvernement de
nous démobiliser (ayant connu 7 ans de caserne, certains d'entre
nous 8 et 9
ans de service militaire) et de nous orienter vers les centres de
formation et
de rééducation professionnels. On nous
a en réponse enrégimentés à nouveau, mˆme
les malades, nous faisant travailler
pour les patrons français (dans les forêts, salineries etc
... ). Avec un
salaire de 2frs par jour. Bien plus, on veut nous forcer à
entrer dans le corps
expéditionnaire pour aller combattre nos frères au pays. Nous
avons demandé au Gal Leclerc de nous épargner pareille
besogne: on nous a mis
dans des camps disciplinaires à Entraigues (Vaucluse), en nous
enlevant tous
nos effets et en nous privant de nourriture. Tout
cela pour n'avoir pas voulu être infâmes en faisant la
guerre à nos familles. Le 18
Oct. dernier nous avons fait, avec nos compatriotes travailleurs, la
grève de
la faim pour protester contre l'embarquement de force de nos camarades
à
Marseille, contre la guerre en Indochine et contre l'arrestation
arbitraire des
membres de la délégation générale des
Indochinois (notre org. représentative en
France). Partout nous avons rencontré la sympathie des
travailleurs français --
tandis que les officiers colonialistes arrêtent plus de 300 des
nôtres et
jettent sur nous désarmés, les gardes mobiles
armés de baïonnettes comme à Agen
où une trentaine d'anciens prisonniers de guerre Indochinois
furent grièvement
blessés. Les
tirailleurs répartis dans les régions de Strasbourg,
Mulhouse, Aix-en-Provence,
Agen, La Rochelle, Arles, Montpellier, ont rendu leurs galons aux
bourreaux et
garde-chiourmes, demandant la libération de tous leurs camarades
arrêtés. Ou
alors que l'on interne comme prisonniers de guerre, les 8.000
tirailleurs
Indochinois! Car ils
estiment que leurs camarades n'ont fait que leur devoir. Ils vous
demandent de
les soutenir. Ce n'est pas dans des pays éloignés et
étrangers que se passent
ces choses. C'est ici, en France même, Par
leurs mesures terroristes, les colonialistes veulent faire de nous une
machine
à répression, bonne contre quiconque; demain, on tentera
d'utiliser contre vous
des tirailleurs: en les défendant aujourd'hui, vous vous
défendez vous-mêmes. Montrez
en nous soutenant par tous les moyens en votre pouvoir, que vous
n'aiderez pas
les crimes des colonialistes et des hommes des trusts. Partout
localement,
syndicalement et politiquement, aidez-nous à obtenir sans
attendre: LA
LIBERATION DE TOUS LES TIRAILLEURS
ARRETES – LA DEMOBILISATION ET LA TRANSFORMATION EN TRAVAILLEURS DE
TOUS LES
TIRAILLEURS - L'OCTROI AUX TIRAILLEURS DES MEMES AVANTAGES CEUX
AUXQUELS ONT
DROIT LES AUTRES PRISONNIERS DE GUERRE - LEUR INSCRIPTION DANS LES
CENTRES DE
REEDUCATION ET D'APPRENTISSAGE PROFESSIONNELS. (Décembre
1945) Les
Tirailleurs INDOCHINOIS en
France |