retour accueil | retour chronologie | retour
chronologie 1946 |
DIVERGENCES (Février
1946?) Pour comprendre
notre position politique
au sujet de la constituante, il faut examiner notre politique
antérieure et
avant tout la question du gouvernement ouvrier et paysan. Le PCI est pour
le gouvernement ouvrier et
paysan (PS-PC-CGT). En quoi consiste le changement? Jusqu'ici, le
PCI voyait le gouvernement
PS-PC-CGT comme une perspective parlementaire. Depuis le dernier
référendum, il
demande le même gouvernement appuyé directement sur les
ouvriers et paysans, en
ne tenant pas compte du parlement. Le 14 novembre
45, nous avons expliqué au
PCI, qui ne voulait pas faire appel aux étiquettes jaunies
PS-PC-CGT:
"C'est seulement dans la mesure où on fait appel aux masses..." Différence
entre PCI et nous: En 1940, nous
disions: si les
travailleurs, organisés dans leurs comités, luttant
directement pour leurs objectifs
de classe, croient qu'un tel gouvernement est un gouvernement PC, nous
sommes
prêts à soutenir dans ses actes un tel gouvernement. Aujourd'hui,
les masses en lutte se
heurtent avant tout à ces partis et à la CGT. Donc, quand
nous disons
gouvernement ouvrier et paysan, nous nous opposons à ces partis.
C'est par leur
propre expérience que les masses organisées en tant que
classe rejetteront ces
partis qui collaborent avec la bourgeoisie. Notre politique
est une
politique révolutionnaire qui cherche une solution
révolutionnaire dans chaque
point débattu. Le parti
révolutionnaire s'adresse
directement aux masses en lutte et leur apporte des solutions
révolutionnaires. Le parti
révolutionnaire, si au point de
vue économique est le parti du prolétariat, au point de
vue politique il
mobilise l'avant-garde de toutes les classes de la
société. Quand le PCI
dit aujourd'hui gouvernement
ouvrier et paysan appuyé sur les masses en lutte, pourquoi
n'ont-ils pas dans
leur campagne électorale dénoncé le
caractère du parlement actuel? Pour se
distinguer essentiellement de tous
les autres partis, le parti révolutionnaire doit dire exactement
ce qu'il pense
de tous les problèmes débattus devant toutes les classes
de la société. Notre tract
dénonce devant toutes les classes
l'hypocrisie du parlement actuel. Même en
faisant acte de candidature, la
première tâche du PCI était de dénoncer le
changement du parlement démocratique
en parlement bonapartiste. Notre tract
concernait trois points: 1°/ Le
parlement bonapartiste Pourquoi:abolition
de la candidature libre que le parti
révolutionnaire aurait dû précisément
dénoncer. La bourgeoisie ne peut plus se
permettre cette liberté afin d'empêcher la formation de
nouveaux groupes. Le PCI ne
dénonce plus le manque de
liberté de presse pour les travailleurs depuis qu'il a obtenu
l'autorisation de
paraître. Nous luttons contre l'autorisation préalable. Le
PCI pendant que
l'autorisation préalable leur est utile... Mais
l'autorisation préalable masque aux
yeux des travailleurs que les capitalistes monopolisent le papier. En
stratégie, est une stratégie de classe
qui tend à faire prendre conscience aux travailleurs des
antagonismes réels de
classe. Le PCI par son réformisme masque en
réalité les véritables
antagonismes. 2°/ Le
système électoral n'est pas
démocratique 3°/ Le
PCI n'a pas su lutter pour
les intérêts des travailleurs et des masses. En
réalité notre lutte
s'inscrit dans le cadre de la lutte pour le gouvernement ouvrier paysan. Il faut lutter
contre la domination de la
bourgeoisie. On n'arrivera jamais à convaincre les travailleurs
de la nécessité
de la dictature du prolétariat. Nous devons
devant toutes les classes,
dans l'intérêt de la démocratie
prolétarienne, démasquer la dictature
bourgeoise. Toutes les
questions qui viennent à
l'ordre du jour, nous devons les regarder au point de vue de la
perspective
générale de lutte. Il faut que les
masses apprennent dans
leur lutte réelle la nécessité de solutions
prolétariennes (milices). Quand de Gaulle
est parti, les ouvriers
n'ont pas compris notre tract, mais de 1934 à 1936, les ouvriers
se sont
organisés en milices. Au sujet de la
nouvelle organisation
syndicale, le PCI s'élève contre les scissionnistes de la
CGT, mais notre
position est plus proche des ouvriers. Sur le terrain
politique, nous savons que
nous ne pouvons pas être suivis par les ouvriers, mais le devoir
des
révolutionnaires est d'expliquer aux masses les
véritables rapports entre les
classes. Il faut que dans chaque question, les travailleurs puissent
voir qu'il
y a deux classes réellement... Un autre
exemple du rôle du parti
révolutionnaire: La bourgeoisie
dit ironiquement: le PCI va
grignoter quelques voix au PCF. Le rôle
du parti révolutionnaire n'est pas
de grignoter des voix, mais d'être les interprètes de la
masse ouvrière. Dans les
usines, nous sommes une
opposition représentant la lutte... Mais avec notre
position, ce ne sont pas
des "oui" que nous aurions enlevé, mais nous donnions une vole
à ceux
qui ne sachant pas comment expliquer leur mécontentement ont
voté «
non ». Si le PCI avait
expliqué ce qu'est le
parlement, les travailleurs n'auraient pas craint de renforcer la
réaction en
enlevant des voix au PCF. Pour nous, le
fascisme n'est pas un danger
parlementaire. C'est dans la lutte réelle des masses que la
question va être
réglée et non au parlement. Nous devons opposer les
masses au régime actuel,
les mener au combat et c'est de cette façon que nous pouvons
faire changer la
politique du PCF (voir résultat de notre politique sur la
question des salaires
et par notre attitude dans les usines nous les avons obligés
à changer leur
politique des salaires) . 0000000000 Question: les
ouvriers ont lutté pour obtenir le droit de vote.
L'abstentionnisme ne nous
différencie en rien de la masse des indifférents. Réponse: c'est
précisément au nom des droits acquis par les travailleurs
que nous refusons de
participer aux élections actuelles car justement ces droits sont
bafoués. Il
s'agit, au nom des droits acquis déjà par les ouvriers de
dénoncer les
élections. Fallait-il
voter blanc ou s'abstenir?
C'est une question qui dépend de notre force. Voter blanc, c'est
dénombrer les
électeurs qui nous suivent. Si nous étions un grand parti
(pour entraîner de
larges masses)... La bourgeoisie
craint les abstentions,
étant donné qu'elle ne peut pas encore balayer les
élections. Nous aurions
dû faire voter blanc. Étant
donné que l'État intervient
constamment entre les exploiteurs et les exploités, le parlement
n’est plus
l'instrument... Actuellement, ce sont les ministres directement qui
interviennent dans les conflits. Avant, dans la
démocratie parlementaire,
les ministres n'étaient pas indépendants du parlement et
le parlement est
toujours plus en liaison avec les masses ouvrières, que le
ministre. C'est pourquoi
il devenait nécessaire de
rendre le gouvernement indépendant du parlement afin
d'échapper à tout
contrôle. La
nécessité de sévir contre les masses
ouvrières a empêché la bourgeoisie de revenir aux
véritables formes
parlementaires. ---------- Nous voulons
arriver à rendre l'avant-garde ouvrière capable de
"Haute Politique". Il faut arriver soi-même à l'expliquer
clairement. ---------- La bourgeoisie
mène la lutte de classes directe mais elle empêche
les masses de mène cette lutte de classes directe en leur
disant: "Vous,
vous avez un parlement." (Presse
division du travail) |