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L'UNION COMMUNISTE (TROTSKYSTE) A NATALIA SEDOVA


Paris, le 20 Février 1947
Chère camarade Sedova:
Nous avons été heureux de recevoir votre lettre du 28/1/47; entre-temps nous avons continué et continuons à vous envoyer régulièrement La Lutte de Classes.
On peut résumer comme suit les renseignement généraux concernant notre activité et notre développement:
Les camarades qui ont jeté les bases de notre organisation ont milité pendant plusieurs années dans le POI et ont fait partie en 1938 de la fraction qui est entrée dans le PSOP.
En 1939, au moment de la dispersion des groupes et des cadres trotskystes, nous avons fait notre premier travail indépendant pour des raisons avant tout organisationnelles, et avons sorti, en collaboration avec quelques jeunes camarades, un organe ronéotypé, L'Ouvrier, de lutte contre le daladiérisme, la guerre, et le rôle des social-démocraties dans la destruction des syndicats.
En 1939 nous étions partis de zéro, et il a fallu recommencer au même point en 1940, après les événements militaires. En novembre 1940 nous avons publié notre brochure La Lutte contre la 2e Guerre impérialiste mondiale, pour défendre ce que nous jugions la politique trotskyste contre les positions nationalistes et petites-bourgeoises adoptées par l'organisation résultant du regroupement d'anciens militants du POI.
C'est en 1942, après avoir pu éduquer et instruire un certain nombre de jeunes camarades venant du PCF ou sans passé politique, que nous avons sorti notre journal
La Lutte de Classes. Le choix du titre était déterminé par notre volonté d'opposer une propagande révolutionnaire et internationaliste au courant d'union nationale et gaulliste justifié par la lutte contre l'occupant.
Le but de notre activité pratique était d'entrer en contact avec des ouvriers et de donner à des éléments prolétariens la possibilité de s'instruire dans l'esprit et selon les méthodes d'une formation révolutionnaire professionnelle.
Sans avoir atteint une force numérique appréciable, c'est cependant à la suite de ce travail que nous avons pu, en Octobre 1945, doubler notre organe d'un bulletin syndical, La Voix des Travailleurs.
Pratiquement, ce bulletin était le résultat de l'expérience que nous avions faite pendant les mois précédents, avec l'édition de tracts locaux d'usine au nom d ' "un groupe d'ouvriers", partout où nous pouvions avoir la liaison avec des ouvriers d'usine conscients.
Nous avons élaboré notre position syndicale (défendue dans la Voix) sur la base de notre propre travail syndical, sans avoir connaissance des derniers écrits de Trotsky sur cette question.
En même temps, avec le changement des conditions politiques générales, nous avons intensifié notre travail d'agitation et diffusé devant les usines de la région parisienne, d'Octobre 1945 à Juin 1946, 100.000 tracts défendant la politique exposée dans notre journal. Simultanément nous avons entrepris d'imposer la vente de notre journal devant les usines; pour cela nous avons dû soutenir la lutte physique contre les staliniens (qui s'opposaient à la vente), menée de front avec l'agitation politiques sur les droits de la démocratie ouvrière. Dans ce sens, nous avons été les premiers à agir et à proposer l'unité d'action au PCI.
Nous pouvons dire aussi, qu'étant donné la carence politique du PCI, nous avons été à plusieurs moments, dans la région parisienne, le seul groupe défendant ouvertement une politique trotskyste dans la classe ouvrière.
Dans le N° 60 de la Lutte (30 Avril 1946), nous avons expliqué les raisons de la disparition de La Voix des Travailleurs. Mais nous continuons le travail selon les mêmes méthodes, et avec le même but de découvrir les meilleurs moyens pour élever le niveau de la conscience des travailleurs.
Nous sommes un groupe numériquement faible, mais à majorité ouvrière.
Si nous n'avons actuellement aucun rapport avec le PCI c'est parce que ses dirigeants se sont montrés absolument incapables de respecter les règles les plus élémentaires de l'honnête et du comportement prolétariens (tandis qu'ils sont politiquement à plat ventre devant les sociaux-démocrates et les staliniens).
Alors que tout en étant soi-disant d'accord avec le programme, nous n'avons été d'accord sur rien à chaque fois qu'il s'agissait d'une chose précise, le PCI oppose à notre critique ouverte le silence, et à la recherche de la vérité, une "unité" qui, de la façon dont ils la posent, doit servir à cacher les difficultés et non à approfondir le mouvement révolutionnaire.
Vous pourrez vous rendre compte de nos divergences politiques avec le PCI d'après le matériel déjà reçu.
Etant donné l'importance spéciale que nous attachons à votre opinion, nous vous serions reconnaissants de nous donner votre appréciation au plus tôt.
Dans cette attente, nous vous adressons, chère camarade, notre salut fraternel.

L'Union Communiste (Trotskyste)
P.S. 1: Nous vous joignons copie d'une lettre expliquant notre rupture avec les groupes ayant formé le PCI, et restée sans réponse.
P.S. 2 Nous vous prions de nous adresser votre correspondance à l'adresse
Jacques Ramboz
3, Boulevard Victor
Paris (15e)