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ENTREVUE DU COMITE CENTRAL DU PCI

AVEC LES DELEGUES DE L'UNION COMMUNISTE

9 mars 1947

CRAIPEAU[1].

Nous vous avons appelé pour avoir une bonne fois pour toutes avec vous des explications précises sur le problème posé et par le Comité exécutif de l'Internationale et par notre Comité Central sur l'unification de nos organisations. Je ne veux pas introduire la discussion autrement qu'en vous demandant combien de temps vous avez besoin pour exprimer votre opinion ou votre réponse aux propositions que nous vous avons faites. En suite de quoi, les camarades du Comité Central vous poseront les questions qu'ils auront à poser pour l'éclaircissement des débats.

LA CAMARADE DE L'UC.

Nous n'avons beaucoup de choses à dire aujourd'hui. On a reçu la lettre assez tard. De toute façon, la lettre que vous nous avez envoyée est une réponse en principe a une que nous vous avons adressée, il y a quelques temps, qui, en réalité, ne reçoit pas de réponse. Nous demandons d'abord si vous entendez donner une réponse à cette lettre à laquelle vous répondez sans répondre. Je veux vous rappeler cette lettre qui demandait un démenti à la "mise en garde".qui avait été publiée dans La Vérité, fin décembre dernier. Voilà la première question. À cette question-là, vous ne nous répondez pas dans la lettre que nous avons reçue. Nous vous avons écrit quels contacts politiques entre nos organisations étaient désormais possibles. Si la mise en garde d'était pas démentie officiellement dans La Vérité, maintenant, si vous voulez savoir pourquoi nous demandons un démenti de cette mise en garde, il faudrait donner des explications. Mais je crois que c'est une chose qui va de soi. Nous demandons le démenti.

Nous disons que cette mise en garde nous apparaît comme un procédé de style Guépéou. Il s'agit de savoir si vous entendez mener une politique de duplicité qui consiste à discuter d'entre nous, y compris d'unification, et, vis-à-vis des ouvriers, dans votre presse, à nous considérer comme des gens qui n'ont rien de commun avec vous. Si c'est une politique de duplicité volontaire, il est évident que vous ne pouvez pas démentir. Nous avons écrit, à la suite d'autres entreprises et d'autres procédés de même style, que c'était une attitude de duplicité. Nous pourrions dire que les staliniens sont les champions de l'unité même à coups de matraques.

MARCOUX.[2]

Il me semble qu'on n'est pas prêt d'arriver à quelque chose de concret ainsi. Il y a un fait très précis, c'est que le journal Luttes de classes [sic] s'intitule trotskyste, il n'y a de trotskyste que la section reconnue par l'Internationale. Je ne pense pas qu'il faille faire comme vous le faites une assimilation entre notre politique et la politique stalinienne. Nous voulons faire l'unité avec vous. Vous vous dites trotskystes, nous le sommes aussi. Il y a la perspective d'un Congrès mondial de la IVème Internationale. Je ne comprends pas pourquoi on obscurcit l'histoire. La mise en garde est très simple et très claire. Notre organisation est la section française de la IV ème Internationale. Or, vous faites paraître un journal qui s'intitule trotskyste et IVème Internationale. Vous ôtez "Quatrième Internationale" et vous laissez "trotskyste". Là-dessus, on propose l'unité des deux organisations. La camarade n'a pas donné de réponse.

CRAIPEAU.

Il n'est pas inutile de prolonger la discussion sur ce plan. Sans préjuger des discussions du Comité Central, nous pouvons dire aux camarades un certain nombre de choses très précises. La première sur le fond de cette mise en garde. Il est clair que notre camarade Marcoux a raison. Cette mise en garde disait simplement une chose précise aux camarades qui reçoivent un journal de la 4ème Internationale, c'est que les positions dans ce journal ne sont pas celles de la 4ème Internationale et sa section française. Pour moi, j'ai regretté cette mise en garde parce qu'elle paraissait inamicale.

Je me permets de dire aux camarades de l'Union Communiste qu'ils nous., semblent poser le problème d'une façon plus étroite que tout ce que nous pouvions imaginer. Si nous voulons faire l'unification, il n'y a pas impossibilité de mettre les choses au point sur la "mise en garde", mais, c'est voir le problème de la façon la plus étroite. Quelle est votre attitude à l'égard de l'organisation internationale? Quelle possibilité de présence voyez-vous de nos militants et des nôtres [sic] dans une même organisation? Nous demandons aux camarades de répondre à cela politiquement et organisationnellement.

GEOFFROY[3]  

Nous n'avons pas reçu une lettre spéciale de l'Union Communiste au sujet de la mise en garde. Peut-être cette lettre s'est-elle perdue, mais nous n'avons pas reçu de lettre sur cette question. Nous avons reçu seulement assez récemment une lettre sur un autre sujet où il était aussi question de la mise en garde et qui faisait allusion à des incidents qui auraient eu lieu entre vendeurs de La Vérité et de Luttes de classes [sic] à Belleville et place d'Italie. Nous ne cherchons pas à provoquer des incidents. Nous sommes partisans de l'unification au sein d'une même section. La direction de la région parisienne dit qu'il n'y a rien eu de spécial aux lieux signalés par l'Union Communiste. Nous sommes prêts à ouvrir la discussion là-dessus. Mais nous posons aux camarades une question précise: le Congrès mondial de la 4ème Internationale va se réunir. Je pense que vous demanderez la participation au Congrès mondial. Or, le Comité Exécutif a statué sur la participation en disant que dans tous les pays où existe une section reconnue de la 4ème Internationale, ceux qui veulent participer doivent s'unifier avec la section. C'est à cette question que nous attendons une réponse. Comment envisagez-vous votre participation au Congrès mondial? Est-ce que vous voulez faire l'unification? Comment est-ce que vous pensez que se posent les questions politique et de forme?

FRANK.[4]

L'été dernier, le Secrétariat International a tenté quelque chose en vue de l'unification. Nous avons vu une lettre de la part de ces camarades où ils voulaient une commission d'enquête préalable. Lorsque j'ai demandé sur quoi, il a été impossible de savoir sur quel problème. Nous avons écrit aux camarades une lettre à laquelle nous n'avons pas reçu de réponse. ..

LA CAMARADE DE L'UC.

Au sujet de l'unification, nous avons déjà répondu. Nous avons eu des entrevues avec des camarades. Pour nous, il ne se pose pas effectivement de question d'unification. Nous n'éludons pas, nous avons répondu. Il n 'y a rien jusqu'à présent qui nous ait mené dans la voie de l'unification. Nous ne comprenons pas sur quelle base peut se mener une discussion quand les organisations existent de telle façon. On ne peut pas dans une assemblée du Comité Central et ailleurs faire le procès de ce comportement en détail, c'est pourquoi nous demandons la commission d'enquête. Elle devenait effectivement inutile quand, au moment où on nous dit "nous ne voyons pas d'inconvénients", paraissait la mise en garde de caractère de provocation policière. Nous avons été les seuls à nous délimiter et à critiquer votre politique. Ce qui nous a même valu le surnom de "poisson-pilote". Nous ne cherchons pas à nous confondre, mais à nous délimiter. Tout le monde, comme cela, peut semer la confusion. Sur le sujet de l'unification effective, nous avons répondu assez clairement qu'il n'y a pas pour nous de problème d'unification. On n'est pas contre n'importe quelle unification. Je répète que, jusqu'à maintenant, avec ou sans question d'unification entre organisations qui ont quelque chose de commun (si l'on a quelque chose de commun, car selon la "mise en garde", "il n'y a rien de commun. ") On aurait dû être, jusqu'à présent des frères de combat. Jusqu'à présent, les camarades du Parti Communiste Internationaliste sont apparus vis-à-vis de nous comme des adversaires, et même des ennemis. C'est de la duplicité. Pour savoir ce qu'il en est au juste, nous demandons au Comité Central s'il désapprouve le procédé de La Vérité, eh bien, qu'il exige le démenti.

LAMBERT[5].

Quelles sont les conditions de l'unité possible? Quelles sont les propositions des camarades de Luttes de classes [sic] actuellement en vue d'une unification possible?

LA CAMARADE DE L'UC.

Nous n'avons pas de conditions d'unification. Rien jusqu'à présent ne nous a mené dans la voie de l'unification.

LE CAMARADE DE L'UC.

On ne peut parler d'unification que sur la base de rapports sains entre organisations et nous estimons que ces rapports ne sont pas sains. Nous avons demandé une commission d'enquête. Quand on nous répond on publie l'annonce dans La Vérité et nous avons cessé toute relation avec le Parti Communiste  Internationaliste  tant qu'elle ne sera pas démentie publiquement. Le démenti d'abord, après les rapports politiques viendront.

BEAUFRÈRE.[6]

Il me semble que ce soit une question d'atmosphère plus qu'une question politique. Est-ce que pour créer cette atmosphère de camarades de combat, ils ne penseraient pas qu'il ne penserait pas qu'il soit utile de faire des réunions communes à la base de cellule à cellule, ou bien, même pour créer une atmosphère encore meilleure, sur le plan d'assemblées générales, les camarades de Luttes de classes [sic] pouvant venir dans une assemblée régionale du Parti Communiste Internationaliste et réciproquement?

MARIN[7]

La camarade a parlé de provocation policière. Pour nous, cela veut dire faire tomber la"répression policière sur les camarades. Est-ce que vous croyez que le texte de La Vérité réponde à ce sens de provocation policière?

SOUDRAN[8] .

La question se pose de cette façon, il y a un congrès en préparation de la 4ème Internationale. La question d'unification se pose dans les faits par la similitude d'un certain nombre de mots d'ordre et parce que vous vous réclamez de la Quatrième Internationale, et aussi du fait qu'il y a un Congrès mondial de l'Internationale. Vous avez deux réponses possibles: ou bien vous dites: démentez la mise en garde ou nous allons nous coucher ou bien vous dites: la question de l'unification se pose comme un problème politique. Vous voudriez bien vous cacher derrière l'obligation du démenti pour ne rien entreprendre dans le sens de l'unification révolutionnaire.

GEOFFROY.

Les camarades de l'Union Communiste posent des questions d'ordre formel. S'ils pensent que les problèmes se posent de cette manière et s'ils pensent que nous avons des moeurs malsaines, je ne suis pas contre d'envisager un certain nombre de choses précises. Il y a la possibilité de faire paraître dans La Vérité quelque chose qui mise que nous n'avons pas voulu mettre en garde contre une politique malhonnête, mais nous ne pourrons pas démentir que votre organisation n'est pas la nôtre. Il faut nous répondre sur ces questions. Tous les problèmes formels peuvent être déblayés. Je vous ai demandé de préciser sur quels faits il faut enquêter, comment sera composée la commission d'enquête. Il faudra aller un peu plus loin et nous dire: "si vous n'avez pas mis en doute l'honnêteté de l'organisation Union Communiste, nous pouvons vous donner une réponse sur le problème le plus important - le problème politique." Est-ce que vous êtes oui ou non partisans de votre entrée dans l'Internationale? Où est-ce que vous estimez que l'Internationale toute entière est malsaine? Si vous ne jugez pas que oui, com­ment déblayer toutes les questions de forme qui sont posées par vous dans nos deux organisations? Comment se pose pour vous la question de l'unification?

À quelles conditions croyez-vous qu'il est possible d'engager sérieusement des pourparlers pour l'unification?

MARCOUX.

La camarade a dit que c'était une question de comportement, d'où nécessité de rapports sains, d'où commission d'enquête. Pour la question du comportement, vous dites: vous avez publié une mise en garde contre nous. Nous sommes quand même deux organisations différentes. Nous sommes organisationnellement en droit de prendre certaines mesures. Là-dessus, voyons comment s'est posée la question de la fusion entre Parti Communiste Internationaliste [sic- en réalité: Parti Ouvrier Internationaliste] et Comité Communiste Internationaliste. Il y avait deux organisations qui avaient publié respectivement des mises en gardes parfois vives. Cependant, quand elles se sont rencontrées, nous avons émis des conditions. Au bout de huit jours de congrès, il y a eu le Parti Communiste Internationaliste. Les rapports sains s'établissent en même temps que s'établit la clarté politique et une plate-forme politique. Comment mettre la charrue avant les boeufs et discuter d'abord de rapports sains?

CRAIPEAU.

Je résume: les camarades doivent présenter une série de conditions de l'unité: 1°/ quels rapports devraient avoir dès maintenant les organisations?

2°/ Comment est-ce que nous pouvons entamer et poursuivre la discussion entre nous?

3°/ Quels sont les points de discussion politique qui nous paraissent divergents? 4°) Quelle est votre attitude vis-à-vis de l'Internationale, particulièrement à l'égard du Congrès?

LA CAMARADE DÉLÉGUÉE DE L'UC.

Les camarades semblent d'accord avec le démenti. Je crois que nous serions plus à l'aise pour répondre sur les autres questions si nous lisons le démenti dans le prochain numéro de La Vérité. Le camarade demande le travail à la base. Le travail est une des questions pour nous hors de discussion parce que pour tous les camarades qui se trouvent sur le même terrain de travail, la pre­mière chose qui tombe sous les sens, c'est le travail en commun. Nous n'attendons pas qu'ils discutent de toutes sortes de questions, mais qu'ils travaillent en commun. Ainsi, par exemple, quand nous vendions devant Gnome et Rhône, il y a la lutte physique contre les staliniens, nous avons demandé aux camarades du Parti Communiste Internationaliste de nous soutenir, il nous a été répondu que cela mènerait à la confusion. Vous voyez donc que nous posons le travail commun réellement face aux staliniens et au patronat. Pour vous, il y a des handicaps. Il n'est pas vrai non plus que nous ayons exposé à ce sujet que nous étions contre l'unification. C'est une absurdité, parce qu'il est évident que des gens qui se réclament de principes et du même programme doivent être dans la même organisation. À ce sujet aussi, pour la discussion concernant la défense de ces principes et de ce programme, nous avons essayé, bien avant que vous l'ayez fait, d'entamer la discussion et la clarification. Nous l'avons fait dans le journal.

Au sujet de la clarification politique, nous n'avons jamais reculé ni éludé cette question, bien au contraire. Nous l'avons posée les premiers et il ne nous a pas été répondu. Que nous soyons ou non partisans de l'Internationale, cela aussi nous l'avons déjà clarifié. Nous l'avons écrit dans le journal à ce sujet. Mais il semble qu'en France, l'Internationale soit le Parti Communiste Internationaliste. Ne posons donc pas deux problèmes: les rapports avec le Parti Communiste Internationaliste  et les rapports avec l'Internationale puisque l'Internationale semble être vous. Nous avons donc été obligés d'enlever le titre 4ème Internationale. Vous vous identifiez avec l'Internationale, il n'y a donc pas deux problèmes de rapports avec deux organisations, mais un seul. Nous n'avons aucun document, aucun texte au sujet des discussions qui auront lieu au futur congrès. Nous ne connaissons pas l'ordre du jour pour la préparation du congrès. En ce qui concerne les rapports entre le Parti Ouvrier Internationaliste et le Comité Communiste Internationaliste, cela reste à prouver. Nous avons vu une chose, nous constatons une chose, c'est qu'il n'y a pas au journal La Vérité la collaboration des tendances qui composent le Parti Communiste Internationaliste.

Déjà, il y a plusieurs mois, au moment du premier référendum, nous avons proposé politiquement un comité de coordination, un comité de discussions communes. Déjà au moment des élections, nous avons demandé un contact avec le Parti Communiste Internationaliste pour discuter parce que nous avons voulu autant que possible nous concerter au sujet de la politique à avoir au moment des élections. Il ne faut pas dire que nous éludons la discussion politique. Nous l'avons menée ouvertement, ce qui est la seule bonne manière de la mener. À part les questions qui concernent le mouvement à l'intérieur, ce sont les questions qui doivent faire l'objet de cette commission d'enquête.

TANGUY[9]

La camarade me semble n'avoir pas répondu précisément au fond de la question, à la question précise, nous admettons le démenti, nous publions le démenti, quelle est votre position à ce moment-là? La camarade a répondu que vous nous donneriez réponse quand nous aurons publié le démenti. Il s'agit d'une différenciation à caractère politique. Si, un jour, l'Humanité publie une lettre dans laquelle elle dit que le Parti Communiste n'a rien de commun avec le Parti Communiste Internationaliste, nous ne nous jugerons nullement calomniés. Le problème actuel qui nous est posé, c'est la réunion du Congrès mondial de la 4ème Internationale. Si vous pensez être dans la bonne voie, c'est à vous de réclamer d'être la section officielle de la 4ème Internationale. Si vous pensez que ces divergences ne justifient pas cette attitude, il n'y a qu'à passer au problème de l'unification. La camarade nous dit qu'elle n'est pas contre l'unification. Pensez-vous qu'il y ait un intérêt en France à arriver à l'unification? Êtes-vous pour l'unification si l'on arrive à surmonter ces questions que vous posez? Cette question n'est pas nouvelle, elle se pose avec plus d'acuité à cause du congrès. Jamais nous n'avons pu aborder les différents problèmes politiques, ce qui est tout a fait désastreux. Sur la non-collaboration des différentes tendances de La Vérité, c'est un fait inexact, cette collaboration existe.

BRASSAMIN[10].

Je veux parler d'une expérience en cours, "depuis le démenti (sic - en réalité: "depuis la mise en garde], nous avons cessé toute relation avec le Parti Communiste Internationaliste", nous dit la camarade. Cela est faux. Dans la région sud-ouest, nous avons échangé notre expérience; il ne serait pas sérieux de poser comme base indispensable à l'unification la publication d'un démenti. Les divergences qu'il peut y avoir ne peuvent être que des divergences politiques. Si ces divergences politiques sont telles qu'elles empêchent l'unification, alors, dites-le. Si ces divergences politiques ne sont pas telles qu'elles impliquent l'appartenance à deux organisations différentes, alors, nous pouvons discuter au sein d'un même parti. La question posée est de savoir s'il y a des divergences politiques telles qu'elles empêchent la cohabitation dans une organisation commune.

MICHÈLE[11].

Les camarades ont mis la discussion sur un plan faux. Sur la "mise en garde", il a été répondu. La question préalable posée par les camarades est donc finie. Ils doivent maintenant nous répondre sur le plan où nous nous posons: sur le terrain politique.

SÉVERIN[12]

Comme la camarade n'a pas répondu à la question d'une façon franche, je voudrais répéter cette question. Est-ce que, oui ou non, la camarade, sans attendre la semaine prochaine, veut bien envisager de poser les bases d'unité et quelles bases?

DUMAS.[13]

Je veux reposer la question sous un jour différent. La camarade a dit bien clairement que quand deux organisations se réclament du programme de la 4ème Internationale, il est souhaitable qu'elles s'unissent. Il est clair qu'il est nécessaire qu'il n'y ait qu'un parti révolutionnaire et que les différentes ailes se rassemblent. Cela pose la question sous un autre angle. Peut-être la camarade ne considère-t-elle pas le Parti Communiste Internationaliste comme un parti révolutionnaire? Peut-être ne pense-t-elle pas que nous soyons un parti avec lequel ils peuvent s'unifier? Dites-le. Répondez que nous sommes un tel parti révolutionnaire et comment les camarades entendent mener le travail d'unification. Nous leur proposons un bulletin intérieur commun, la préparation d'un congrès commun et des discussions communes.

FRANK.

Sur le congrès, la camarade a dit qu'elle n'avait rien reçu. Le Comité exécutif a adopté une résolution qui a paru dans la revue Quatrième Internationale qui envisage les différents pays et qui se prononce pour l'unification comme étant le moyen pour ces groupes de participer au congrès mondial. En plus de la question du comportement, y a-t-il entre vous et nous des incompatibilités politiques? Nous ne voyons pas qu'il y ait de telles incompatibilités.

MARIN .

La camarade a parlé de provocations policières et guépéoutistes. Il faut nous expliquer comment nous nous sommes conduits en guépéoutistes.

CRAIPEAU.

1°/ Comptez-vous de participer au Congrès sur votre programme politique?

2°/ Considérez-vous le Parti Communiste Internationaliste comme une organisation réformiste ou centriste avec laquelle on ne puisse pas s'unifier?

3°/ S'il y a démenti et commission d'enquête, quelles sont vos propositions précises pour organiser des rapports fraternels entre nous?

4°/ Quelles sont les différentes têtes de chapitres selon vous des divergences politiques de nos organisations?

LA CAMARADE DE L'UC.

Au sujet de la 4ème Internationale, le camarade a dit qu'il y a une annonce du congrès, mais je répète que nous n'avons pas eu de textes concernant la discussion du congrès. En général vous avez posé la question: si nous voulions nous unifier, alors on pourrait faire attention à nos conceptions, à nos idées. Mais l'Internationale ne s'en occupe pas. Nous sommes tous d'accord sur le programme, à savoir que nous avons eu des divergences, mais c'est sur des questions concrètes de luttes dans le pays. Nous avons défendu nos positions dans La Lutte de Classes, il n'y a pas faire un résumé de nos divergences. Nous sommes d'accord avec les quatre premiers Congrès de l'Internationale Communiste et le programme transitoire de la Quatrième Internationale. La position nationaliste n'a jamais été ouvertement critiquée et révisée. À chaque étape importante de la lutte, il n'y a rien de commun dans nos positions: Russie, nationalisme, référendum, attitude vis-à-vis des staliniens qui contraste singulièrement avec l'attitude en France des autres groupes. Nous avons dit dès le début de la réunion que nous ne posons pas de conditions d'unification parce que, jusqu'à présent, chaque fois qu'il s'agit d'une lutte précise à mener, les principes sont piétinés et ainsi pour l'unification, rien ne nous a menés jusqu'à présent dans cette voie. Il n'y a pas pour nous de conditions d'unification. Si vous démentez la mise en garde, si une commission d'enquête a lieu, si, dans l'avenir, malgré que nous soyons des organisations différentes, il se fait que nous pouvons travailler coude à coude sur des points communs statuer [ sic ] qu'est ce que le Parti] Communiste Internationaliste. Jusqu'ici le Parti Communiste Internationaliste ne présente aucune garantie. Marin a dit qu'il ne voyait pas en quoi la mise en garde était quelque chose de guépéoutiste. Cette mise en garde commence à falsifier notre sous-titre que nous avons ôté sur votre demande et dit que nous semons volontairement la confusion.

Pour le congrès international, j'ai répondu; pour la participation aux débats, il faudrait savoir sur quoi ces débats auront lieu et avoir des textes. L'Internationale aurait dû s'occuper d'un autre groupe en France qui défend les principes trotskystes. Nous ne comprenons pas. Il est ensuite demandé: comptez-vous demander au congrès de vous considérer comme une section officielle.

PATRICE.[14]

La camarade n'est pas informée. Les principaux sujets de discussion sont: la question de l'URSS, la question nationale en Europe, la question de comment construire les sections de l'Internationale, les applications du programme transitoire.

LA CAMARADE DE L'UC.

Pour résumer, nous sommes délégués ici pour savoir si, oui ou non le démenti à la mise en garde sera publié. Nous avons une réponse affirmative. Pour notre part, si la réponse vous intéresse nous pouvons vous la donner. Pour le congrès, j'ai commencé par dire que je ne comprenais pas très bien cette question parce qu'après plusieurs années d'existence, nous avons reçu, il n'y a pas très longtemps une lettre du Secrétariat  International nous disant: "nous apprenons votre existence." Dans ces conditions, nous ne sommes pas trop bien placés pour avoir des rapports avec l'Internationale. N'empêche quoi, si sur les questions sur lesquelles nous pouvons intervenir, notre intervention est advisé, nous ne demandons pas mieux que de le faire.

Deuxième question: sur toutes les questions principales, nous n'avons rien de commun avec le Parti Communiste Internationaliste et nous avons demandé pour cela un comité de coordination politique, mais uniquement sur la base d'un assainissement préalable des rapports entre organisations. Sur la base actuelle, on ne peut pas s'unifier.

Troisièmement: il n'y a pas de proposition en l'air. Cela découle d'un comportement de combat fraternel entre deux organisations partout où elles peuvent se rencontrer. Si elles ne sont pas fraternelles, c'est que la direction du Parti Communiste Internationaliste a une attitude de duplicité. Nous n'avons jamais agi de cette manière. Pour la question de l'Indochine, nous avons dit que le Parti Communiste Internationaliste était la seule organisation ayant une attitude révolutionnaire. Quelles sont les divergences? J'ai répondu déjà à ce sujet. Un bulletin intérieur peut être envisagé.  L'Internationale a tous les éléments pour juger de notre attitude, de notre politique et de notre travail: c'est à elle de prendre position à notre égard.

GEOFFROY.

       Il semble que la camarade ait répondu à toutes les questions. Il ne peut y avoir de réponse nette dans le sens de l'unification. Il y a une question pourtant où une réponse positive a été donnée, c'est celle du bulletin commun. Je voudrais faire une proposition. Je veux demander si elle accepte au nom de leur organisation une délégation de notre Comité Central à leur Comité Central ou à une assemblée générale.

LA CAMARADE DE L'UC.

       Je porte la proposition devant l'organisation en question sur la base de la réponse que j'apporte à la question que j'ai posée aujourd'hui.

CRAIPEAU.

Au nom du Comité Central, je vous remercie des éclaircissements que vous nous avez apportés. Je dois un peu regretter que vous n'ayez pas répondu aussi politiquement que nous l’avions pensé. Mais il serait bon que vous mettiez sur le papier les réponses aux questions que nous vous avons posées afin que la discussion puisse être claire. C'est la seule façon de montrer si nous avons ou non agi avec duplicité. Nous pensons que nous pourrons reprendre à un développement ultérieur nos pourparlers.



[1] "Craipeau", c'est Yvan Craipeau (né en 1911)

[2] "Marcoux", c'est Nelu Gnmber& dit aussi "Nicolas Spoulber"

[3] "Geoffroy", c'est Paul Parisot (né en 1917)

[4] "Frank", c'est Pierre Frank (1.5.1984)

[5] "Lambert", c'est Pierre Boussel, dit aussi "Pierre Lambert" (né en 1920)

[6] "Beaufrère", c'est Marcel Baufrère (1914-1998)

[7] "Marin", c'est Marcel Gibelin, dit aussi "Lamarc" (né en 1920)

[8] "Soudran", c'est Marc Paillet

[9] "Tanguy", c'est Marcel Bleibtreu, dit aussi "Pierre Favre" (né en 1918)

[10] "Brassamin", c'est Julien Brassamin, dit aussi "Bradier" (1923-1996)

[11] "Michèle", c'est Lucienne Abraham, dite aussi "Michèle Mestre" (1916-1970)

[12] "Séverin", c'est Lucien Schmitt (1916-1962)

[13] "Dumas", c'est Jacques Grinblat, dit aussi "Privas" (1917-1997)

[14] "Patrice", c'est Sherry Mangan (1904-1961)