IL
FAUT CHOISIR
Le
gouvernement a refusé le minimum vital. La CGT s`incline et
envisage de
remplacer par des primes au rendement. Ainsi quand on avoue que les
capitalistes augmentent leurs bénéfices (Le Peuple nous
dit que la part des
capitalistes dans le revenu national a augmenté de 65%) tout le
monde tombe
d'accord pour faire accepter de nouveaux sacrifices à ceux qui
forgent les
richesses : les travailleurs.
Depuis
2 ans la CGT ne fait que capituler en face du patronat et si il y a
quelque
temps elle a mis en avant le minimum vital c'était pour calmer
les ouvriers qui
commençaient à protester, et à entrer en lutte.
Quand
nous avons protesté contre la dernière augmentation que
représentait la prime
de production et sa mauvaise répartition, les
représentants du syndicat nous
ont expliqué que la prime était une augmentation
supplémentaire et que la
véritable augmentation : le minimum vital, dépendait du
gouvernement. Le
gouvernement a donné une réponse négative. Le
syndicat "regrette" et
propose la prime au rendement. Les regrets du syndicat ne peuvent pas
faire
bouillir la marmite, quant aux primes au rendement nous n'avons rien
à en
attendre puisque à la RNUR nous sommes arrivés à
une cadence de 130 et 135%.
Maintenant
il faut choisir : soit capituler avec nos dirigeants devant le
patronat, soit
nous engager dans la voie de l'Action.
Déjà
de nombreux ateliers ont débrayé. Mais leurs actions
isolées n'ont donné que
des résultats partiels.
C'est
vers la grève générale de toute l'usine que nous
devons nous orienter avec un
objectif commun : les 10frs sur le taux de base pour tout
le monde.
Si
des actions isolées arrivent à obtenir des augmentations
de 1,2 et 4 frs.,
24.000 ouvriers en grève seraient un poids beaucoup plus
considérable.
Mais
pour cela, il faut que la majorité des ouvriers se prononce
publiquement :
Pour
la capitulation avec les bonzes devant le patronat et son gouvernement ou
pour le maintien des revendications.
MINIMUM VITAL
Le
minimum vital à 7.000 frs. est basé sur 200 heures de
travail (Frachon Huma du
17/1/47) ce qui fait un tarif horaire de base pour le manoeuvre de
7000/200=35
frs. au lieu de 25 frs. (tarif du 1/7/46).
Pour
un O.S. 2ème catégorie dont le coefficient est 127 le
salaire de base se
monterait à (35 x 127) / 100 = 44,45 au lieu de 34,30.
Les
7.000 frs représentent une augmentation de 40%. A la RNUR le
taux minute qui
est de 0,60 pour les O.S. passerait à 0,84, soit pour un salaire
actuel de 45
frs une augmentation de 18 frs. La capitulation de la C.G.T. nous
coûte I8 frs
de l'heure.
RESPONSABILITES
Les
"dirigeants" du syndicat ont prétendu que les divers mouvements
qui
ont eu lieu dans nos usines sont l'oeuvre d'éléments
"irresponsables". C'est justement parce qu'EUX les
"responsables" ne veulent pas prendre leurs responsabilités pour
unifier et coordonner notre lutte que des ouvriers isolés se
trouvent placés à
l'avant de chaque mouvement revendicatif.
C'est
à l'ensemble des ouvriers de prendre leurs
responsabilités pour savoir s'ils
veulent suivre les bonzes dans leur capitulation ou s'ils veulent
suivre les
éléments "irresponsables" dans l'action.
AGITATION ET
GREVE
Les
ouvriers de l'entretien ont débrayé, pour demander un
rajustement de la prime
et leur classification au même niveau que les ouvriers de la
production. Les
pourparlers entre la direction et une délégation C.
G.Tiste duraient depuis le
1er janvier. Une délégation des grévistes se
rendit auprès de Monsieur
Lefaucheux qui refusa toute augmentation sous prétexte que la
Régie est en
déficit : 20.000 frs. de perte par Juva dans l'exportation.
Cette délégation
n'ayant rien obtenu, une deuxième s'est formée qui
obtient le règlement du
conflit pour un mois, sur la base de 1,28 frs. de l'heure, en attendant
le
minimum vital.
Au
modelage fonderie, les ouvriers ont fait une semaine de grève.
Le délégué, sous
la pression des ouvriers, s'était solidarisé avec le
mouvement. Le chef du
personnel, Monsieur Legarrec, accompagné d'un bonze syndical est
venu tenir un
discours aux ouvriers, dans lequel il disait notamment : "Pensez
à vos
femmes et vos enfants, rendez-vous compte de tout le salaire que vous
perdez.
Vous avez tort après tout d'être mécontents, les
italiens sont plus malheureux
que vous.
Les
ouvriers n'ont malheureusement rien fait pour faire connaître
leur mouvement,
parce qu'ils espéraient que "tous seuls, ils avaient plus de
chance
d'aboutir". Voilà où mène la politique de division
de la direction
syndicale.
Au
bout d'une semaine de grève ils ont obtenu une augmentation de 4
frs. de
l'heure sauf pour les P1.
A
l'artillerie aussi il y a eu une grève. Ce sont les tourneurs
qui ont débrayé
les premiers, le jeudi 27 février, à la suite d'une
descente des chronos.
Auparavant ils travaillaient à 145% ce qui leur faisait un
salaire de 62 à 68
frs. de l'heure. Après la descente des chronos et la baisse des
temps qui s'en
est suivie, les ouvriers n'arrivaient plus à faire que 54%.
Les
autres ouvriers du secteur se sont solidarisés avec le mouvement
et une
revendication générale d'augmentation de 10 frs. de
l'heure ainsi que le
réglage à 100% ont été mis en avant.. Ceci
équivalait à la suppression du
travail au rendement. Sous la pression de la C. G.T. le travail a
repris,
tandis qu'une délégation montait à la direction.
Monsieur
Lefaucheux avait fait des promesses pour le lundi suivant, mais il
s'est
retranché derrière le conseil des ministres qui se tenait
ce jour là.
Finalement les ouvriers n'ont rien obtenu si ce n'est un
réajustement du taux
de la prime qui leur fait 40 centimes de l'heure.
Dans
un autre secteur, les ouvriers ont lancé une pétition
pour demander la
réélection des délégués qui a
donné les résultats suivants : 121 abstentions et
42 bulletins nuls comportant des inscriptions significatives à
l'égard de la
direction syndicale ; 172 aux délégués C.G.T. et
32 aux délégués C.F.T.C.
Ces
résultats provoquant un ballottage, un
délégué a déclaré : "Si je tenais
le salopard qui a lancé cette pétition, je le conduirai
à Duten" (le
sous-directeur).
A
l'atelier 5 (trempe secteur Collas) un débrayage a eu lieu de
jeudi soir à
lundi après-midi.
Ces
camarades après plusieurs délégations
infructueuses obtinrent 2 frs
d'augmentation.
Dans
le secteur Collas, par solidarité pour l'atelier 5, des ouvriers
arrêtèrent les
moteurs pour provoquer une réunion pendant le travail pour
décider de l'action
à mener. Mais les délégués
sabotèrent le mouvement en remettant les moteurs en
route. Une liste de pétition circule réclamant 10 frs. de
l'heure pour tout le
monde afin de déterminer quels sont ceux des
ouvriers qui sont
pour la
capitulation avec les bonzes et ceux qui sont pour la lutte pour les 10
frs.