A
QUI LA FAUTE ?
En attendant de savoir
sur
quel pied dansera le nouveau gouvernement Daladier, les
stratèges
atteints de crétinisme parlementaire peuvent se livrer à
de savantes combinaisons "pour sauver la démocratie et la
République".
A ce sujet, grande dispute entre le P.C. et le P.S., chacun se
réservant
le rôle de sauveur et par conséquent les places. Car,
arithmétiquement,
on peut démontrer que, d'une part, les voix recueillies par les
R.P.F. représentent, en gros, l'ancienne droite coalisée
en cette occasion et que, d'autre part, en additionnant le pourcentage
des voix P.C.F. et P.S., on peut placer le signe = entre les voix de
gauche
et les voix de droite !
Mais "il est minuit
moins
cinq", écrivions-nous à la veille des élections au
sujet du danger fasciste que représente le R.P.F.
Et les
élections
ont révélé précisément toute
l'étendue
du danger que nous avions signalé : c'est que la propagande
R.P.F.
a réussi à pénétrer parmi les classes
pauvres
et même dans certains quartiers prolétariens.
Qui porte la
responsabilité
de cet état de choses ? Ce sont les bureaucrates du P.C.F. qui,
par leurs méthodes sans scrupules, ont complètement
désorienté
les travailleurs. Comment dresser la classe ouvrière en un seul
bloc contre les hommes de main fascistes, quand les dirigeants
staliniens
eux-mêmes dressent les ouvriers les uns contre les autres pour
réduire
au silence les opposants et conserver leur monopole ? Comment chasser
la
presse pourrie bourgeoise et fasciste des usines quand la
littérature
de ces bonzes est la première à calomnier et à
couvrir
de boue, à tromper et à abêtir ? Comment les
ouvriers
pourraient-ils saisir la malfaisance des gens du R.P.F. quand ils
voient
qu'un mouvement comme celui du Syndicat démocratique est
traité
par ces flibustiers de "fasciste" ?
C'est donc dans la
mesure
où les travailleurs nettoieront leur propre maison qu'ils se
rendront
aptes à résister aux dangers qui assaillent la classe
ouvrière
de tous côtés.
C'est pourquoi chaque
victoire de la démocratie prolétarienne sur les
bureaucrates
sans scrupules qui étouffent le mouvement ouvrier en
prépare
une sur les bandes armées de la bourgeoisie qui veulent le
détruire.
LA
VOIX DES TRAVAILLEURS.
LUTTE
CONTRE LA GUERRE OU
PREPARATION A LA GUERRE
La deuxième
guerre
mondiale n'est pas terminée depuis deux ans que l'on
considère
partout la troisième comme proche et inévitable. En fait,
pendant ces deux années, l'on n'a cessé un seul instant
de
dépenser autant d'argent et de gaspiller autant de travail
humain
pour la guerre qu'au plus fort du dernier conflit. Seul le sang n'a pas
coulé autant. C'est probablement pourquoi les combats
d'Indochine,
d'Indonésie, les répressions de Grèce et de
Madagascar,
bien qu'ils impliquent de lourds sacrifices pour les nations
épuisées,
ne sont pas considérés, par les dirigeants du monde
capitaliste,
comme une guerre. Mais pour le sang on se rattrapera largement à
l'éclatement du troisième conflit mondial, les savants
ayant
calculé qu'environ cinq cent millions d'hommes périront
dès
les premiers jours.
L'union des trois
grands
devait conserver la paix au monde, mais aujourd'hui les trois grands
vont
s'entre-déchirer. A la place des phrases sur la paix
d'après
la guerre 1914-1918, on prépare aujourd'hui tous les peuples
à
l'idée de la guerre inévitable.
Le monde est
divisé
en deux blocs qui rassemblent leurs forces et se cherchent des
alliés.
C'est ainsi que nous voyons les Etats-Unis imposer leur volonté
en échange de leur aide économique partout où ils
ne l'imposent pas encore par la force. Ils défendent la
liberté
et la paix en entretenant des troupes un peu partout sur le globe.
C'est dans ces
conditions
que l'on a annoncé la formation, à Belgrade, d'une
internationale
réunissant les partis communistes de neuf pays européens.
Le bureau constate dans la résolution inaugurale la scission du
monde en deux blocs adverses et le renforcement de
l'impérialisme
américain, puis déclare "que, dans ces conditions, le
camp
anti-impérialiste et démocratique se trouve devant la
nécessité
de s'unir... contre les forces principales du camp impérialiste,
contre l'impérialisme américain..." Comme on le voit, le
bureau d'information de Belgrade part lui aussi de l'idée de la
guerre inévitable : il prétend rassembler les forces
démocratiques
et anti-impérialistes contre les forces
anti-démocratiques
et impérialistes seulement pour rendre son camp plus fort.
Malgré
son déguisement "prolétarien", "ouvrier", "communiste",
le
bureau de Belgrade n'a rien de commun avec le vieux mouvement ouvrier
qui,
lui, SE POSAIT POUR TACHE PREMIERE D'EVITER LA GUERRE. C'est pourquoi
les
Iere, IIe, IIIe Internationales, à leur époque
héroïque,
groupaient tous les partis ouvriers qui, dans leurs pays, s'opposaient
de toutes leurs forces à la politique aventuriste et
guerrière
de la classe dirigeante : tandis que le bureau de Belgrade, même
si la résolution ne l'avouait pas, ne groupe que les partis
communistes
des pays satellites de Moscou, plus ceux de France et d'Italie,
c'est-à-dire
les deux pays que Moscou et Washington se disputent le plus à
l'heure
actuelle pour les intégrer dans leur machine de guerre. Si le
bureau
de Belgrade avait pour but de lutter véritablement contre la
guerre
et non pas de faire une politique de blocs, il ne pourrait surtout pas
se passer du concours du mouvement ouvrier américain et anglais.
Ni le parti communiste anglais, ni le parti communiste américain
n'y sont représentés ; or, comment empêcher la
bourgeoisie
américaine de se lancer dans la guerre sans le concours du
prolétariat
américain ? Ce que la résolution ne laisse qu'entendre,
la
composition du bureau de Belgrade le prouve jusqu'à
l'évidence
: IL NE S'AGIT PAS, DU COTE DE MOSCOU, D'UNE LUTTE CONTRE LA GUERRE,
MAIS
D'UNE POLITIQUE DE GUERRE, tout comme celle de Washington.
Les travailleurs ne
veulent
pas être les victimes d'un bloc contre l'autre. Ils veulent
combattre
la guerre, ils veulent renverser les classes dominantes qui les y
mènent.
Dans ce but, il faut réunir les énergies de tous ceux,
qui,
DANS TOUS LES PAYS, s'opposent et luttent contre la guerre, dans une
nouvelle
internationale ouvrière.
J.
RAMBOZ.
Devant
les menaces de grève, Ramadier capitule
LA
CLASSE OUVRIERE FERA ECHEC A LA
POLITIQUE
DE COURSE ENTRE LES SALAIRES ET LES
PRIX
Après avoir
cédé
sur les revendications des travailleurs du Métro, le
gouvernement,
pour éviter une nouvelle grève des chemins de fer, vient
de céder sur les revendications des cheminots.
Déjà,
au moment de la grève du Métro, il s'était vu
obligé
de donner son accord pour l'application des 11% aux ouvriers de
l'éclairage
et de donner satisfaction aux revendications des travailleurs de la
marine
après vingt-quatre heures de grève.
Le journal des deux
cents
familles, Le Monde (25 octobre) écrit avec dépit :
"...Les
événements de ces derniers jours ont appris aux
intéressés
que, malgré les affirmations gouvernementales, la grève
était
payante".
Après des mois
d'une montée interrompue, catastrophique des prix, le
gouvernement
se verra-t-il obligé, pour éviter l'explosion du
mécontentement
social, "de porter les salaires et les prix à un nouveau
palier",
c'est-à-dire de réajuster de quelques francs la paye de
tous
les salariés ?
La C.G.T. vient de
poser
ses revendications : fixation d'un minimum vital et acompte
immédiat
de 15%.
Elle établit le chiffre de ce
minimum
vital à quelque 10.500 francs. Il serait intéressant de
savoir
comment elle s'y est prise pour le calculer, car déjà
l'année
dernière, sur la base des prix d'alors, l'étude technique
du salaire minimum avait donné le chiffre de 11.000 francs. Le
minimum
vital du travailleur se rétrécirait-il donc,
d'année
en année, comme une peau de chagrin ?
Le gouvernement et le
patronat eux-mêmes n'envisagent pas de façon
différente
le "minimum vital" des ouvriers. Les essouffler dans une course
incessante
pour leur pouvoir d'achat, en établissant avec un toujours plus
grand retard le niveau des salaires par rapport au coût de la vie
: une échelle mobile à retardement et au profit des
capitalistes.
Pendant ce temps, dans
la métallurgie, où la C.G.T. a jusqu'à
présent
si bien su saboter toute action ouvrière, même les 11% des
accords C.G.T.-C.N.P.F. du mois de juillet n'ont pas été
appliqués dans la plupart des entreprises et, par toutes sortes
de manoeuvres, comme la baisse des temps, le patronat arrive encore
à
diminuer la paye des ouvriers.
La revendication la
plus
élémentaire des organisations syndicales, dont la
tâche
est de défendre le niveau d'existence des travailleurs, c'est
d'exiger
pour les ouvriers un salaire en fonction de son prix de revient. Le
salaire
de base doit être calculé en fonction du prix des produits
essentiels à l'ouvrier pour vivre sans qu'il mette sa
santé
en danger, et doit être garanti par une vérification et
une
adaptation mensuelle à l'indice des prix par l'échelle
mobile
des salaires. Il n'y a aucune raison que les ouvriers tolèrent
que
leur force de travail soit payée à un prix de plus en
plus
bas, alors que les capitalistes se font payer tous les produits qui
sortent
des mains de l'ouvrier au prix fort.
L'expérience
des
derniers six mois a montré aux travailleurs l'impérieuse
nécessité de se regrouper pour imposer au patronat et au
gouvernement, avant qu'il ne soit trop tard, des solutions à
l'avantage
du peuple travailleur, qui fassent échec à leur politique
de course entre les salaires et les prix au détriment de la vie
et de la santé des gens pauvres.
Déjà, au
moment de la grève du Métro, nous écrivions dans
La
Voix, n° 23 :
"Tous les travailleurs
ont, à l'heure actuelle, les mêmes revendications. S'ils
mènent
simultanément la lutte, ils imposeront les solutions qui,
seules,
peuvent nous sortir de la situation actuelle :
"- Le contrôle
ouvrier sur
l'établissement des prix ;
"- Un salaire minimum vital garanti,
contre
la hausse du coût de la vie, par l'échelle mobile ;
"- Application des quarante heures ;
"- Faire payer les impôts aux
riches."
Ce n'est pas dans
la
passivité
mais dans la participation active à la lutte que les
travailleurs
trouveront une solution. Comme premier pas, il faut qu'ils puissent
dès
maintenant s'exprimer librement dans des assemblées
générales
sur les objectifs et les moyens de l'action ouvrière.
MESSIEURS
FRACHON ET LEFAUCHEUX S'EN
VONT EN GUERRE CONTRE LE S.D.R.
A deux reprises, et
à
huit jours d'intervalle, M. Frachon s'est livré, dans
L'Humanité,
à des attaques contre les ouvriers qui, ne voulant plus
tolérer
l'attitude des dirigeants de la C.G.T., se sont regroupés dans
d'autres
syndicats.
Dans son article du 18
octobre, il consacre un paragraphe au S.D.R. Il s'en prend à
Bois,
suppôt de la réaction. Mais laissons-le préciser :
"Bois, de chez Renault, dont la direction de l'usine voudrait bien se
débarrasser,
parce qu'elle estime qu'il est à l'usine POUR D'AUTRES BESOGNES
QUE LA CONSTRUCTION DE L'AUTOMOBILE (souligné par nous).
Il a de solides appuis
dans un ministère".
Ainsi, d'après
MM. Frachon et Lefaucheux, il faut se débarrasser de Bois, parce
qu'il ne s'intéresse pas à la "construction de
l'automobile".
A les en croire, les
ouvriers
s'entassent deux fois par jour dans le métro pour venir à
l'usine pour L'INTERET qu'ils portent à la fabrication des
voitures
de luxe ! tout comme les cousettes s'useraient les yeux et les doigts
à
confectionner des riches toilettes pour le plaisir de les admirer - au
cinéma - sur les épaules des riches bourgeoises... Bois
et
ses camarades du S.D.R., les ingrats, ne goûtent pas les "joies
saines
du travail".
M. Frachon est-il
bête
ou hypocrite ? Croit-il réellement que les ouvriers
s'échinent
dix heures par jour en usine par amour pour la fabrication? Lui et M.
Lefaucheux
chercheraient en vain parmi les vingt-cinq mille automates de chez
Renault,
parmi ceux qui, d'un bout à l'autre de l'année, et
pendant
des années, serrent le même boulon ou tournent la
même
pièce, un ouvrier qui ait le droit de s'intéresser
à
son travail. Défense de réfléchir, il faut du
rendement
!
Il y a longtemps que
le
système de production capitaliste n'exige plus que des bras
obéissants
et des cerveaux atrophiés. L'artisan passionné par son
travail
n'est plus qu'un souvenir, qui sert tout au plus aux moralistes
bourgeois
genre Frachon, pour nous vanter les miracles de la "conscience
professionnelle".
Non, pour le
travailleurs
- qu'il soit au S.D.R., à la C.G.T. ou non syndiqué -
aller
à l'usine n'est pas une liberté. Il ne s'y rend pas comme
le chercheur à son laboratoire ou l'artiste à son
atelier,
mais poussé par L'IMPLACABLE NECESSITE DE GAGNER UN MISERABLE
MORCEAU
DE PAIN !
Mais comment M. Frachon s'en
douterait-il
? M. Lefaucheux et lui roulent évidemment en voitures bien
suspendues
; mais lui et M. Lefaucheux sont-ils vraiment enthousiasmés par
les beautés de la production automobile en régime
capitaliste
? Le premier ouvrier venu, sans aucune "éducation", sait (parce
qu'une dure expérience le lui a appris) que les capitalistes
n'ordonnent
la fabrication de tel ou tel produit que pour le profit qu'ils en
retirent.
Si MM. Frachon et Lefaucheux étaient des véritables
producteurs,
et non pas des parasites, ils seraient les premiers à dire ces
vérités
premières.
Car ils sont
plutôt
hypocrites que bêtes ! Ils savent que Bois, comme tout ouvrier,
travaille
en usine pour ne pas mourir de faim ; qu'il ne pourra
s'intéresser
à la construction automobile ou autre avant que la classe
ouvrière
ait arraché aux capitalistes les moyens de production, et que
ces
derniers servent à faire le bonheur de tous.
Voilà où
le bât les blesse. Comme tous les ouvriers, les animateurs du
S.D.R.
font leur "production", c'est-à-dire fabriquent, pendant dix
heures,
le nombre de pièces imposées au travailleur par le
capitaliste.
Mais ce qu'il leur reste de forces après un travail
exténuant,
ils l'utilisent pour défendre les droits des travailleurs.
Voilà
ce que ces messieurs veulent empêcher. M. Lefaucheux craint pour
son poste et les profits des actionnaires. M. Frachon ne souffre pas de
syndicat d'opposition, car la seule chose qui l'intéresse dans
le
mouvement ouvrier, c'est d'en conserver le monopole.
Et les faits viennent
d'éclairer tout à fait la lanterne de M. Frachon.
Le 21 octobre la
direction
de la Régie demandait à l'inspecteur du travail,
c'est-à-dire
au représentant du ministère qui soi-disant
protège
le S.D.R., le licenciement de dix de ses membres dirigeants, pour faits
de grève.
Qu'y s'y opposa ?
L'inspection
du travail ? Vous n'y êtes pas !
Un
délégué
cégétiste. On peut déblatérer à
longueur
de colonnes sur les "suppôts de la réaction" ; quand les
faits
sont là, il faut prendre position. Il faut jeter le masque. En
prenant
position contre nos camarades, les dirigeants cégétistes
se condamnaient à subir leur sort à plus ou moins longue
échéance. Ils créaient un précédent
que Lefaucheux n'eût pas manqué d'utiliser contre eux
à
la première occasion. Devant la véritable
réaction,
les mensonges de Frachon n'avaient plus de place : il fallut
reconnaître
le caractère syndical de l'activité des camarades du
S.D.R.
Pour se
débarrasser
de ceux qui le gênent, M. Frachon se sert contre eux des
arguments
hypocrites de la bourgeoisie, ceux qu'utilisent les
réactionnaires
les plus rétrogrades : le "respect" que doivent avoir les
exploités
pour le travail harassant que leur imposent leurs exploiteurs.
Mais justement, pour
l'ouvrier
exploité, réduit à être moins qu'un outil
par
le capitaliste, qui, lui, n'a aucun respect pour l'ouvrier, la seule
joie,
c'est de LUTTER pour mettre fin à cet état de choses.
Voilà pourquoi,
en dépit de toutes les attaques et toutes les
difficultés,
le S.D.R. sera rallié par la majorité des travailleurs de
chez Renault, et partout les ouvriers construiront leurs organisations
de classe, sans bureaucrates à la Frachon.
A.
MATHIEU.
LA
SEULE METHODE
La grève du
métro,
malgré les menaces gouvernementales et les mesures
policières,
s'est terminée à l'avantage des grévistes, qui ont
obtenu la satisfaction de leurs revendications. C'est la
deuxième
fois, depuis la grève générale des cheminots, en
juin
que l'action généralisée des travailleurs d'une
corporation
fait capituler le gouvernement.
Cependant l'attitude
des
organisations syndicales qui ont dirigé la grève, qui a
fait
l'objet des jugements les plus divers parmi les ouvriers, mérite
qu'on y revienne, car des leçons tirées de ce mouvement
dépend
le sort des luttes à venir.
Le fait que les
dirigeants
du Syndicat autonome aient été amenés à se
comporter en briseurs de grève, en recourant aux gardes-mobiles
de Ramadier pour faire marcher les autobus, a été une
véritable
aubaine pour les chefs cégétistes : ils tiennent enfin
les
véritables agents du gouvernement, les diviseurs, ils peuvent
à
loisir crier au voleur...
Heureusement pour
la
C.G.T., l'existence du Syndicat autonome lui a permis de
découvrir
les "briseurs de grève" : si on n'avait attendu qu'après
son action, la grève elle-même n'aurait peut-être
jamais
eu lieu. Car ce n'est pas elle qui l'a déclenchée, pas
plus
qu'elle n'avait déclenché la grève des cheminots,
ou la grève de Renault, qui a donné le branle à
toute
la lutte ouvrière, cette année. Si le comportement des
dirigeants
autonomes a fourni maintenant à Frachon et Cie l'occasion de
s'ériger
en accusateurs des agents du gouvernement, cela fait des mois que la
classe
ouvrière a jugé les chefs cégétistes, qui
freinent,
dispersent et trahissent son action, comme les meilleurs suppôts
du patronat et de l'Etat au sein du mouvement ouvrier.
Le Syndicat autonome
du
métro, qui a déclenché la grève à la
suite du vote des syndiqués, et s'est heurté à
l'opposition
de la C.G.T., n'a pas su lutter jusqu'au bout et contre le patronat, et
contre les manoeuvres de la C.G.T. Ce qui prouve seulement que, comme
nous
l'écrivions déjà le 12 août dans le
numéro
14 de La Voix, au sujet de la création de
fédérations
autonomes, il ne suffit pas de proclamer son indépendance de la
C.G.T. pour être une organisation antipatronale et
représenter
la fraction la plus active et la plus avancée des ouvriers de
l'entreprise
ou de la profession.
L'attitude de la
C.G.T.
dans la grève du métro n'a pas été autre
que
celle qu'elle avait, été dans la grève Renault
(essayant
d'abord de la briser, puis la reprenant à son compte pour en
limiter
les objectifs et empêcher que le mouvement ne s'étende
ailleurs).
Mais ce qui a fait la différence, c'est que l'opposition
violente
de la C.G.T. à notre mouvement n'a pas empêché le
comité
de grève de garder toute son intransigeance vis-à-vis du
patronat, et qu'il a ainsi surmonté, au moins en partie,
l'attitude
de jaune de la C.G.T., en tenant une semaine de plus pour arracher le
paiement
des heures de grève ; tandis que les dirigeants du Syndicat
autonome,
pour délimiter leur action de celle de la C.G.T.,
essayèrent
de faire bande à part et de reprendre le travail par-dessus la
tête
des ouvriers, aussitôt qu'ils furent en possession de quelques
promesses
gouvernementales. Pour payer la C.G.T. avec la monnaie de sa
pièce,
ils se sont appuyés sur le gouvernement. Mais cela revenait en
réalité
à échanger un cheval borgne pour un aveugle. Car on ne
combat
pas les méthodes de la C.G.T. avec les gardes-mobiles de M.
Ramadier.
Quelles qu'aient
été
les manoeuvres et l'attitude de la C.G.T. elle-même
vis-à-vis
du gouvernement, qu'elle ait négocié ou non, c'est aux
ouvriers,
à leur jugement et à leur décision qu'il aurait
fallu
faire appel et, sous aucun prétexte, se permettre de travailler
sous la protection des gardes-mobiles.
Le signe CERTAIN d'une attitude
ouvrière,
c'est le respect de la démocratie, c'est-à-dire DE LA
VOLONTE
DE LA MAJORITE DES TRAVAILLEURS, même quand celle-ci se trompe.
Car
c'est seulement dans l'action et par la démocratie que les
travailleurs
peuvent apprendre à corriger leurs erreurs.
Pierre
BOIS.
LE
VRAI FLEAU... C'EST
LA DOMINATION CAPITALISTE
En Egypte, depuis
plusieurs
semaines, l'épidémie de choléra fait des ravages
foudroyants
parmi la population des villes et des campagnes, terrassant chaque jour
des milliers d'individus de tout âge. Les moyens scientifiques
les
plus modernes et les plus efficaces (vaccinations massives, propagation
d'antiseptiques par avion sur les agglomérations, etc.)
s'avèrent
impuissants à circonscrire le fléau. La clé de
cette
"énigme", tous les journaux l'ont donnée : ce sont les
conditions
de vie mêmes de la population égyptienne. On comprend, en
effet, qu'un peuple qui vit, en grande majorité, dans la
pauvreté
la plus sordide, le manque complet d'hygiène, travaille
quotidiennement
16 et 18 heures, se nourrit de viande un jour (!) par an, de
fèves
et de pois chiche les autres jours, soit une proie facile pour la
maladie.
Cependant, le sort de
millions d'Egyptiens que vient de dévoiler, dans toute sa
cruauté,
l'épidémie de choléra, est celui des centaines de
millions d'êtres humains qui peuplent les pays coloniaux et
semi-coloniaux,
c'est-à-dire les trois cinquièmes de l'humanité.
C'est
là le résultat auquel ont abouti plusieurs siècles
de colonisation capitaliste, soi-disant civilisatrice, dans des pays
comme
l'Afrique du Nord, l'Inde, la Chine, l'Indochine, Madagascar, etc., qui
ne sont pourtant pas dépourvus de ressources aussi bien
agricoles
que minières. En réalité, le vernis de
civilisation,
les rares progrès techniques (chemins de fer, hôpitaux,
locaux
administratifs, etc.), le capitalisme européen ne les a
introduit
dans ces pays vassaux que dans la mesure où ils favorisaient son
exploitation féroce. Pour accroître sans cesse ses
ressources
et ses débouchés, il a plongé dans la barbarie
plus
de la moitié de la population du globe, la tenant à
l'écart
des bienfaits de la science : hygiène, confort, instruction,
etc.
Les épidémies de choléra, l'analphabétisme,
dont l'Europe a perdu le souvenir depuis le moyen âge, sont
encore
maintenant en plein XX° siècle, l'apanage des pays
colonisés
par la bourgeoisie "avancée" de France, d'Angleterre,
d'Amérique,
etc.
Cependant, il y a
quelques
années encore, grâce à la misère des
colonies,
la bourgeoisie pouvait maintenir sa domination de classe tout en
assurant
un bien-être relatif à quelques rares peuples
civilisés.
Maintenant, comme l'ont prouvé les guerres et les politique
actuelle
des classes dirigeantes, le régime capitaliste tend à
ramener
les conditions de vie des peuples métropolitains eux-mêmes
au niveau d'il y a plusieurs siècles. La plaie entretenue, par
le
régime capitaliste, dans les colonies, et que souvent les
métropolitains
considéraient inguérissable par une sorte de
fatalité,
cette plaie s'envenime et s'étend, attaquant maintenant l'Europe
elle-même.
Aujourd'hui, c'est en
Grèce, en Allemagne, en Italie, que se traînent des
centaines
de milliers d'êtres faméliques, en haillons et sans toit.
Mettant cet état de choses sur le compte de la guerre, les rares
"privilégiés" (de France et d'Angleterre, par exemple)
s'habituent
aussi à ce spectacle, produit fatal d'une guerre fatale. Mais de
même que la guerre n'aura pas de fin (on prépare
déjà
la troisième), la plaie de la misère n'aura pas de
remède
et continuera à s'étendre. Demain, l'humanité
entière,
malgré tous les moyens scientifiques dont elle dispose pour
améliorer
son sort, sera jetée à nouveau dans la barbarie, si elle
ne parvient pas à se libérer, pendant qu'il en est temps
encore, d'un régime pourri, source de tous ses maux.
R
E N A U L T . . .
DIMINUER
LES PRIX SUR
LE DOS DES TRAVAILLEURS
M. Lefaucheux ne
peut
plus
y arriver. L'acier augmente et il demande l'autorisation d'augmenter
ses
prix. En attendant il diminue le prix de revient sur la main-d'oeuvre.
C'est ainsi que sous
prétexte
d'établir des temps "solides" la plupart des opérations
d'usinage
des pignons de Juvaquatre ont été réduites.
Il paraît que
depuis
que l'on fait des Juvas les temps n'ont jamais été pris.
En tout cas les temps qui étaient accordés ont permis
à
la Régie d'accuser un bénéfice
déclaré
de 67 millions.
Sur une
opération,
le temps passe de 2'65 à 1'95. L'ouvrier est obligé de
faire
410 pièces au lieu de 302. Sur une journée de dix heures
la maison "récupère" à l'ouvrier 192 fr. 29.
Une autre
opération
passe de 1'10 à 0'85. Il faut faire 214 pièces en plus.
L'ouvrier
est frustré de 157 fr. 70 en dix heures.
Une autre encore passe
de 3' à 2'30. Il faut faire 88 pièces de plus et
l'ouvrier
est frustré de 176 fr. 88 en dix heures.
Résultat, c'est
que dans cette chaîne, un ouvrier qui avec l'ancien prix aurait
dû
toucher de 53 à 55 francs de l'heure a été
payé
42 fr.
Un autre, père
de trois enfants, a été réglé à 45
francs.
Voilà comment
la
direction entend diminuer le prix de revient.
(Extrait du Bulletin
local
du secteur Collas (n° 1).
POUR
NOS SALAIRES
En réunion,
le 24
octobre, le délégué de la C.G.T. nous a dit que
son
organisation avait revendiqué l'application des 11% sur le
salaire
réel plus un acompte provisionnel de 15 à 20%. Mais la
direction
a répondu qu'elle attendait la décision du gouvernement
qui
lui permettrait d'augmenter ses voitures. Et le
délégué
de la C.G.T. a conclu : "Nous y veillerons".
Ainsi, la section
syndicale
(C.G.T.) admet que, pour rajuster nos salaires, il faut que la
direction
ait l'autorisation d'augmenter ses prix !
Elle prouve ainsi son
incapacité de poser le problème des salaires tel qu'il
doit
l'être pour être résolu. Tel que nous l'avons
posé
nous-mêmes, le 23 septembre 1947, dans un tract du S.D.R., en
fonction
du prix des voitures :
- ou bien la direction
doit vendre ses voitures en fonction des salaires qu'elle paie aux
ouvriers
;
- ou bien, si elle
vend
ses voitures au prix fort, elle doit payer aussi les salaires au prix
fort.
PAS
D'INDESIRABLES A LA 4 CV
L'Acier, le journal
du
P.C.F.,
protestait, il y a quelque temps, contre la présence de
Delnotte,
l'aviateur épuré, à la 4 CV. Mais si la direction
emploie Delnotte à la 4 CV, elle est beaucoup plus prudente
lorsqu'il
s'agit d'ouvriers combatifs. C'est ainsi qu'un ouvrier du
Département
6, qui avait été désigné pour aller
travailler
à la 4 CV, a reçu un contre-ordre de la direction. Il
demanda
des explications au chef de département en précisant :
"C'est
certainement parce que je suis allé en délégation
à la Commission des cantines, il y a quelques semaines, et que
nous
avons dévoilé quelques scandales des cantines, que l'on
m'interdit
d'aller à la 4 CV."
Et la réponse
du
chef de département fut la suivante : "Effectivement, on ne veut
pas d'ouvriers récalcitrant à la 4 CV. La direction
préfère
les concentrer à Collas."
Si le simple fait
d'avoir
participé à une délégation ayant pour but
de
réclamer des explications sur l'augmentation des cantines suffit
pour qu'un ouvrier soit éloigné de la 4 CV., cela donne
un
avant-goût de ce que pourra être le travail à la 4
CV
d'ici quelque temps.
VRAI
OU FAUX
Des bruits
circulent dans
l'usine selon lesquels sous le couvert d'organiser la production de la
4 CV, on préparerait une production d'armement.
Nous attendons un
démenti
de la direction.
LE
MATERIEL TELEPHONIQUE
Pour ramener au
bercail
les
syndiqués qui la quittent de plus en plus grand nombre, la
section
syndicale du L.M.T. fait preuve actuellement d'une recrudescence
d'activité...
pour l'installation de lavabos et de portemanteaux ! Il aurait
été
souhaitable qu'elle déployât, ces jours derniers, le
même
zèle à défendre, vis-à-vis de la direction,
une ouvrière menacée d'être renvoyée sous
prétexte
"qu'on avait besoin à sa place de quelqu'un qui travaille et non
de quelqu'un qui discute !"
Au lieu de donner
à
cette brimade contre une ouvrière trop combative la riposte
qu'elle
méritait, la C.G.T., en la personne d'une
déléguée
"dévouée", est allée pleurer auprès de la
direction
pour que "l'indésirable" ne soit pas licenciée mais
simplement
mutée à la fonction de balayeuse. Ce qui revient, de la
part
de la C.G.T., à donner son consentement à la direction
pour
lui permettre de déclasser les ouvriers dorénavant
à
son gré.
Façon assez
particulière
pour une organisation syndicale de concevoir son rôle de
défenseur
des intérêts ouvriers !
En
réalité,
si la C.G.T. s'agite tant pour une peccadille comme les lavabos ou les
portemanteaux, c'est pour dissimuler son manque total de
combativité,
sa servilité à l'égard du patron et son
désintéressement
absolu du sort des ouvriers. Mais ceux-ci ne s'y trompent guère
et ils viennent, tout récemment encore, de manifester leur
méfiance
à l'égard de la C.G.T.
Le jeudi 16 octobre,
pendant
la grève du Métro, au L.M.T. comme dans la plupart des
usines,
la section syndicale a organisé un vote pour la grève
générale.
Mais les ouvriers, se souvenant des tournants de la C.G.T. lors de la
grève
du mois de juin, ont exigé que le vote soit secret. Bien que la
plupart aient été partisans d'un mouvement
généralisé,
la majorité s'est prononcée contre, uniquement pour ne
pas
faire, à nouveau, le jeu des manoeuvres
cégétistes.
Les délégués qui, eux, ont la mémoire
courte,
n'ont rien compris à cette attitude des ouvriers qu'ils ont
accusés
de ne pas savoir ce qu'ils voulaient. En réalité, les
ouvriers
savent ce qu'ils veulent : ne plus être à la merci des
combines
cégétistes, pouvoir s'exprimer et agir librement pour la
défense de leurs intérêts.
S.N.C.F.
(SUD-EST) DEMOCRATIE
CEGETISTE
A la gare de Lyon,
M.
Bidault,
secrétaire local de la C.G.T., convie périodiquement les
cheminots à des réunions dites "syndicales". La
dernière
en date est un exemple de ce que ces messieurs entendent par
syndicalisme.
Elle était placée sous le signe des salaires. Mais quel
que
soit l'ordre du jour, le procédé est toujours le
même
: deux mots sur la question la plus importante, en l'occurrence le
bifteck
; et une longue tirade sur le dévouement des cheminots pour le
relèvement
du pays - ceci pour endormir l'auditoire - et, par le même
orateur
et sans transition, un mélange grossier où les trusts et
les syndicats d'opposition sont mêlés. Tout ce qui n'est
pas
C.G.T. est traîné dans la boue.
Car la C.G.T., c'est
la
démocratie.
La preuve en est
donnée
à la fin de la réunion. Un membre du bureau sort une
résolution
de sa poche, "propose" quatre individus nommés d'avance comme
délégation,
qui porteront la "motion". On vote selon le procédé
classique
: "Que-ceux-qui-sont-d'accord-le-manifestent-en-levant-la-main.
Avis-contraire-y-en-a-pas.
Adopté-à-l'unanimité."
Voilà comment
ces
grands syndicalistes, tout en se moquant des ouvriers, extorquent, une
fois tous les quinze jours, leur confiance.
GNOME
(KELLERMANN)
Comme la plupart
des
usines,
la section syndicale chez Gnôme (Kellermann) a organisé un
vote pour la grève générale, pendant le conflit du
Métro, le jeudi 16 octobre. La majorité des ouvriers
s'est
prononcée pour la grève. Cependant, la C.G.T., qui
n'avait
pas du tout l'intention d'entrer en lutte, s'est bornée à
enregistrer le résultat du vote en persuadant les ouvriers
d'attendre,
pour prendre une décision, que soit connue celle de l'Union des
syndicats de la région parisienne qui devait se réunir le
lundi suivant. Mais le lundi, la section syndicale proposait de
remettre
l'action "à un moment plus opportun" (!) et faisait revenir les
ouvriers sur leur premier vote.
CITROEN
- CLICHY
Pendant la
grève
du
Métro, l'effervescence était grande parmi les ouvriers de
chez Citroën-Clichy. La majorité était pour une
grève
générale. Cependant, apprenant que la C.G.T.
s'apprêtait
à organiser un vote, après bien des atermoiements,
presque
tous les ouvriers se déclarèrent prêts à
voter
contre une action dirigée par elle. Chez Citroën, comme
dans
presque toutes les usines, par ce vote, les ouvriers n'ont pas
exprimé
leur manque de combativité, mais leur défiance
vis-à-vis
de la direction cégétiste.
METHODES
FASCISTES
Notre camarade
Mion, du
secteur
Collas (Renault), rentrant chez lui, le soir, s'est vu barrer la route
par un énergumène qui lui a "interdit", sous peine de
sévices
graves, de continuer son "activité de trotskyste" dans l'usine.
"En quelle qualité ? -En tant que membre du P.C.F. : je suis
communiste
!"
Il ne s'agit pas
là
de l'action isolée d'un excité. En effet, chez Renault,
les
soi-disant communistes continuent leur campagne d'intimidation contre
les
ouvriers combatifs, qui ne sont pas dans la ligne. C'est ainsi que,
d'un
autre côté, notre camarade Jean Bois vient de s'entendre
répéter
l'avertissement de ne plus avoir à s'occuper de La Voix des
travailleurs
(sic).
Comment
s'étonner,
après de tels faits, que des ouvriers votent pour le R.P.F. et
ne
fassent aucune distinction entre les partis fascistes et les partis
soi-disant
ouvriers qui utilisent exactement les mêmes méthodes ?
Mais nous saurons nous
défendre et expurger le mouvement ouvrier de telles
méthodes.
Que les nervis du P.C.F. sachent que nous tiendrons personnellement
responsables
du moindre dommage causé à l'un de nos camarades, non
seulement
les inconscients qui sont des instruments de ces procédés
ignobles, mais aussi ceux qui les dirigent.
A
QUOI VISENT LES
BRIMADES PATRONALES
A la suite du
mouvement
Collas,
pendant la grève du Métro, six camarades du S.D.R. ont
été
l'objet d'une demande de licenciement de la part de la direction. En
attendant
la décision de l'inspecteur du Travail, une mise à pied
de
deux jours leur a été infligée. Les motifs de
cette
mise à pied concernaient des faits de grève, notamment
l'organisation
d'un vote et la participation au bureau de vote.
Or, tant que le droit
syndical existe, il est à la fois normal et courant que les
organisations
syndicales procèdent à la consultation des ouvriers
pendant
le travail. Mais la direction voudrait en revenir au beau temps d'avant
la grève où même la diffusion d'un tract
était
interdite pendant les heures de travail. Si elle commence à
sévir
contre l'organisation d'un vote légal pendant les heures de
travail,
c'est pour en arrive à interdire complètement aux
ouvriers
le droit à la parole et installer solidement la chiourme sur
leur
dos. La preuve c'est que depuis le dernier mouvement de grève,
on
ne peut sortir de Collas sans laissez-passer, alors qu'en principe la
circulation
des ouvriers dans l'usine est libre.
La déposition
de
M. Duten devant la commission paritaire, chargée de
décider
du licenciement de nos camarades, établit nettement qu'il
s'agissait
d'une attaque contre le S.D.R. pour son activité syndicale et
non
de fautes professionnelles de nos camarades.
Voici la
défense
présentée par le délégué ouvrier
(représentant
de la C.G.T.), figurant au procès-verbal de la réunion :
"Quelles que puissent être les conceptions du syndicat autonome
de
la Régie Renault, (le délégué
cégétiste)
considère que le droit syndical et la liberté syndicale
étant
inscrits dans la Constitution, ne peut admettre que les
intéressés
soient licenciés pour faits de grève."
Le fait que la C.G.T.
qui, par ailleurs, s'entend si bien avec la direction, ait vu quel
précédent
créait contre elle-même cette attaque patronale, ce fait
prouve
jusqu'où voudrait aller la direction en s'attaquant à
l'avant-garde
combative de l'usine qu'est le S.D.R. Mais cette fois-ci elle en a
été
pour ses frais car la commission paritaire, devant les motifs
illégaux
invoqués par la direction, a été obligée de
refuser le licenciement. La commission paritaire a ainsi
évité,
à la direction, la réponse bien sentie qu'en cas de
décision
contraire les ouvriers n'auraient pas manqué de lui donner.
Jean
BOIS
Par suite de
l'élévation de
nos frais, nous sommes obligés, comme l'ont déjà
fait
tous les quotidiens, d'augmenter le prix de notre journal. A partir du
numéro prochain, La Voix sera vendue 4 francs. |
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