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PROLETAIRES DE TOUS LES PAYS, UNISSEZ-VOUS !
LA VOIX DESTRAVAILLEURS

 
N° 49
13 octobre 1948


UN ANTRE DE BRIGANDS
    Il paraît, d'après "l'Humanité", que les Occidentaux, après avoir fait un grand tapage en déférant au Conseil de Sécurité de l'O.N.U. la question de Berlin, ont été obligés de "battre en retraite" devant la force des arguments juridiques dans lesquels s'est drapé M. Vichinsky.
    On a pu lire, d'autre part, dans la presse du "Plan Marshall", que le discours de Vichinsky sur la bombe atomique et les nouvelles propositions de Moscou pour une rencontre à quatre pour "régler la question de l'Allemagne dans son ensemble" esquissent aussi "un pas en arrière".
    Et là-dessus, de nouvelles tentatives de conciliation ont lieu. Cette fois, par l"intermédiaire des "neutres" (sic !). A nouveau, "l'optimisme" succède au "pessimisme" et inversement, et les personnages officiels continuent tantôt de jurer leurs grands dieux que leur existence n'a d'autre but que la paix, tantôt qu'ils sont prêts à mourir les armes à la main pour la liberté. Mais derrière cette nouvelle pantomime, que se passe-t-il ?
    Chaque crise diplomatique fournit aux maîtres capitalistes du monde le prétexte d'armements formidables et de mesures de mobilisation de la population en vue de la prochaine guerre.
    Ainsi on a profité de la dernière pour entreprendre la création rapide d'une armée commune à la France, l'Angleterre, la Belgique, la Hollande et le Luxembourg, au service du capitalisme occidental et pour annoncer des mesures américaines d'équipement jusqu'au dernier bouton de guêtre. Quant aux Russes, M. Bevin a pu dire qu'ils avaient quarante divisions toutes prêtes sans qu'il ait reçu de démenti.
    Avec la reprise des négociations a-t-on suspendu, ne fût-ce que provisoirement, la course aux armements ? Pas du tout !
    Si, sur le terrain diplomatique, il fait tantôt chaud, tantôt froid, tantôt beau, tantôt mauvais, dans le monde des préparatifs de guerre, il n'y a pas de changement. ICI, ils ne veulent jamais esquisser de gestes "en arrière". ICI, ils ne peuvent jamais reculer d'un millimètre. Au contraire, la vitesse de ces préparatifs s'accélère constamment et elle ne peut pas ne pas s'accélérer, car leur édifice social, basé sur une exploitation de plus en plus éhontée des classes laborieuses et des peuples plus faibles, ne peut se maintenir et ne se maintient que par un monstrueux militarisme qui a fini par devenir le mode normal d'existence de la société capitaliste. Par conséquent, quoiqu'il advienne dans l'immédiat sur le terrain diplomatique de la "crise de Berlin", une chose est certaine : c'est que la course aux armements des rapaces impérialistes atteint rapidement le stade où les fusils partiront tout seuls.
    Dans ces conditions, les discours prononcés à l'Assemblée, qui perche confortablement sur la colline de Chaillot, n'ont d'autre but que de berner les peuples, de leur prouver avant de les abîmer à nouveau dans la guerre qu'eux, "Les Grands Personnages", ont tout fait pour la leur éviter et que, s'il n'en est pas autrement, c'est vraiment parce que l'homme est mauvais et que son destin est de souffrir.
    Pas plus que la défunte "Société des Nations", l'actuelle "O.N.U." n'est un moyen, un espoir de conciliation du monde en déroute. Tout comme la S.D.N., l'O.N.U. est, comme l'a justement flétrie Lénine "un antre de brigands".
Tromper les peuples en leur donnant l'impression, par de savantes discussions et efforts de salive, que l'on pourrait envers et contre tout assurer leur sauvetage, tandis que, derrière l'écran, les marchands de canon et les généraux se tiennent prêts pour le massacre, voilà son véritable rôle.
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PRODUIRE POUR LA GUERREOU PRODUIRE POUR LA PAIX ?
    En France la production est à 120% de celle d'avant-guerre, et le niveau de vie des masses est tombé, selon les catégories, à la moitié ou au tiers de celui d'avant-guerre. Aux Etats-Unis la production est environ à 200% de celle d'avant-guerre et le niveau de vie des masses laborieuses tombe lui aussi de plus en plus bas, par rapport à leur standard de vie d'avant-guerre.
    Ce fait, à première vue inexplicable, s'explique facilement quand on regarde les chiffres que la France ou les Etats-Unis consacrent aux dépenses de guerre. La France dépense 450 milliards pour l'armée et 80 milliards pour la guerre au Viêt-nam, c'est-à-dire environ la moitié de tout le budget ; aux Etats-Unis, incomparablement plus riches, le budget de guerre constitue lui aussi quelque 36% du budget total. Mais les chiffres officiels ne donnent pas une idée exacte du gouffre extraordinaire que représente la course aux armements qui suce littéralement le sang des masses pauvres en les obligeant à un très dur labeur, à la faim et au froid.
    Voici quelques chiffres que donne M. Le Leap, secrétaire général de la C.G.T., pour démasquer l'impérialisme américain :
    "LE PRIX ACTUEL DE L'ARMEMENT D'UNE DIVISION TERRESTRE, D'APRES LE GENERAL BRADLEY, CHEF D'ETAT-MAJOR AMERICAIN, SERAIT DE L'ORDRE DE 150 MILLIARDS. LES AVIONS SEULS D'UNE DIVISION AEROPORTEE REPRESENTANT 12 A 15.000 HOMMES COUTERAIENT ENVIRON 100 MILLIARDS. LA DEFENSE AERIENNE DU TERRITOIRE NE PEUT MEME ETRE ENVISAGEE. ON NE PEUT PENSER NON PLUS A L'AVIATION DE BOMBARDEMENT. DEUX CENTS BOMBARDIERS REPRESENTENT, TOUS LES CINQ ANS, UN INVESTISSEMENT DE 50 MILLIARDS ET UN ENTRETIEN ANNUEL DE 20 MILLIARDS. IL SERAIT QUESTION D'EQUIPER QUINZE DIVISIONS  FRANÇAISES, CE QUI ENTRAINERAIT UNE DEPENSE DE 2.250 MILLIARDS DE FRANCS, PLUS DU DOUBLE DES DEPENSES TOTALES DU BUDGET ACTUEL (CIVILES ET MILITAIRES). L'IDEE D'UN NOUVEAU PRET-BAIL PROGRESSE. ET IL SEMBLE QUE LE DEPARTEMENT D'ETAT AIT RETENU LE CHIFFRE DE TROIS MILLIARDS DE DOLLARS COMME SUSCEPTIBLE DE COUVRIR PENDANT UN AN LES DEPENSES DES U.S.A. POUR AIDer MILITAIREMENT LES NATIONS DE L'EUROPE OCCIDENTALE."
    A cela, ajoutons le renseignement que donne "Le Monde", selon lequel rien que l'étude d'une hélice, en Amérique, a coûté quatre milliards de francs. Sur la base de ces chiffres, on peut donc aussi se faire une idée de ce que coûtent les 40 divisions que les Russes tiennent prêtes rien qu'en Europe, et on a l'explication du pillage qu'ils exercent dans les Balkans et en Europe centrale.
    Mais les dépenses directes ne sont pas tout. La mobilisation industrielle pour la guerre prive les consommateurs des produits indispensables à leur production de paix et à leur existence. Si la viande, le blé, si les produits de la campagne, malgré leur abondance, n'arrivent pas dans les villes, c'est qu'en échange de leurs marchandises, les paysans ne peuvent pas se procurer les produits indispensables à leur existence et à leur travail. Alors, au lieu de liens économiques normaux entre la ville et la campagne basés sur l'échange de valeurs, le gouvernement fait donner le gendarme sans autre profit que pour l'Etat, qui enfle monstrueusement et crée constamment le désordre pour maintenir l'ordre capitaliste.
    Sans le retour à une production de paix, et la suppression du budget de guerre, que seules les masses travailleuses en lutte peuvent imposer, la faim et le froid seront le seul lot de ceux qui produisent.
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