LES
ORGANISATEURS DE LA DEFAITE
La
grève des mineurs a été
décidée par une consultation à scrutin secret et
le nombre des grévistes qui s'est prononcé pour la
grève représente la majorité absolue de tous les
mineurs, y compris les abstentionnistes. Personne ne peut
donc contester la légitimité de cette grève.
Mais, comme d'habitude, le gouvernement
de vie chère, aux ordres
des capitalistes nationaux et internationaux, ne s'est pas
contenté de calomnier les "grévistes affameurs".
Dès le début, sous prétexte d'assurer "la
sécurité", il a essayé de faire occuper les mines
par ses mercenaires C.R.S. Seulement, le coup
d'essai de Jules Moch à Micheville échoua
complètement.
Ses hommes de main, sous la protection desquels on aurait fait
travailler
des jaunes et brisé la grève, durent battre en retraite,
en
même temps que les grévistes annoncèrent qu'ils
allaient
assurer eux-mêmes la sécurité.
Tout prétexte valable lui
étant ainsi retiré,
Jules Moch dut se contenter de provoquer la population en massant des
troupes dans les régions minières et y guetter l'occasion
favorable pour recommencer son coup.
EH BIEN, CETTE OCCASION LUI A ETE FOURNIE
PAR LES RESPONSABLES DE LA
C.G.T. EUX-MEMES, qui avaient annoncé qu'en représailles
de la présence des troupes et de leur attitude provocatrice, ils
allaient suspendre à nouveau, pour 24 heures, les mesures de
sécurité. Jules Moch aussi fit marcher à nouveau
ses troupes contre les mineurs et depuis, des bagarres sont en cours un
peu partout.
Les responsables cégétistes
pouvaient-ils un seul instant
douter de la réplique de Moch à leurs représailles
? Nullement. Ils savaient très bien que, coûte que
coûte, cet ennemi des travailleurs allait riposter comme il l'a
fait. Que voulaient-ils donc en rendant inévitables de nouvelles
bagarres de grande envergure ?
Ils voulaient masquer leur
incapacité de mener à bien les
revendications ouvrières. En effet, comme vient de le prouver
une fois
de plus la lutte des travailleurs de l'Est, de chez Peugeot à
Sochaux,
du Livre, etc..., les grèves limitées à des
corporations,
quel que soit le nombre des ouvriers engagé dans la lutte, ne
mènent
à rien, ou dans le meilleur des cas les quelques miettes
gagnées
ne compensent pas les efforts de la dure lutter qu'ils ont mené.
Seule
une GREVE GENERALE peut faire aboutir la revendication immédiate
des
travailleurs, UN SALAIRE VITAL GARANTI PAR L'ECHELLE MOBILE. Mais la
C.G.T.
est impuissante de conduire la classe ouvrière dans une telle
lutte.
Et comment le pourrait-elle, quand c'est elle qui a été
depuis
la "libération" le principal garde-chiourme de la bourgeoisie
("produire
d'abord"), quand c'est elle qui a été le principal
briseur
de grève de Mai à Septembre 47, et quand c'est elle qui,
en
Novembre-Décembre, a mené à la défaite la
grève
générale, en éloignant, par son attitude
bureaucratique,
la majorité des ouvriers de la lutte.
Cette incapacité de la C.G.T. de
mener la grève
générale, qui a déjà contraint les
travailleurs de l'Est de finir leur lutte par un compromis
dérisoire, rendait inévitable le "pourrissement" de la
grève des mineurs elle-même, isolée devant la
coalition capitaliste nationale et internationale.
C'est seulement ces faits qui nous font
comprendre ce que les
responsables cégétistes ont cherché en offrant
à Jules Moch le prétexte voulu.
Par ces incidents, ils espèrent
soit contraindre d'autres
couches de travailleurs, qui n'ont pas confiance dans la C.G.T., de se
mettre en bagarre
(ce qui lui permettrait à elle, C.G.T., de montrer "sa force"),
soit,
dans le cas contraire, de rejeter sur le "manque de solidarité"
des
travailleurs devant la répression gouvernementale, leurs propres
fautes
et leur échec.
Cette attitude criminelle des dirigeants
cégétistes
prouve une fois de plus que les travailleurs seront incapables de
lutter avec succès pour leur bien-être, pour leur
liberté, contre leur ennemi de classe, tant qu'ils n'auront
réussi à se délivrer des éléments
bureaucratiques de toutes les couleurs dans leur propre sein.
A. MATHIEU
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DERRIERE LE
RIDEAU DE FUMEE DE LA "LUTTE CONTRE LES SPECULATEURS" LE GOUVERNEMENT
PASSE A L'OFFENSIVE CONTRE LES OUVRIERS ET LES PAYSANS
Au
6° jour de l'offensive gouvernementale pour "faire baisser le
prix de la viande", les arrivages de bétail "augmentent",
malgré les achats prioritaires. Dans le même laps de
temps, quelques trafiquants sont allés en prison ou ont
été frappés de diverses peines ou amendes.
La preuve serait donc faite qu'avec un
peu d'énergie tout irait
mieux, sinon pour le mieux, dans notre pauvre pays ; et M. Rémy
Roure,
de l'officieux "Monde", champion, comme le Général, de
l'Autorité de l'Etat, se frotte les mains, tout en ajoutant :
"pourvu que cela dure".
Le gouvernement paraît, en effet,
en pleine veine
d'autorité. N'a-t-il pas tenu un langage énergique devant
lequel, semble-t-il, la grève menaçante des cheminots est
rentrée sous terre ? N'est-il pas en train d'utiliser la force
contre la grève des mineurs ? Contre les revendications
ouvrières et dans la répression du mouvement
gréviste, il montre une énergie qui tient une place
d'honneur dans les annales de la 3° force.
Mais en regard de cette activité
anti-ouvrière, son bilan
contre "les spéculateurs" est tellement maigre, qu'on ne peut
s'empêcher de penser que son "offensive" contre la vie
chère n'est une fois de plus qu'un rideau de fumée,
derrière lequel il mène sa
véritable offensive pour maintenir les salaires bloqués
à un niveau de famine.
Rideau de fumée, car même si
le gouvernement parvenait
à imposer le boeuf à 435 Frs, il resterait quand
même inaccessible à la consommation courante de la grosse
majorité des travailleurs, écrasés par les autres
hausses. Rideau de fumée, car la dernière
dévaluation rend inévitables de nouvelles hausses. Rideau
de fumée, car c'est le gouvernement le principal fauteur de vie
chère : c'est lui qui protège les intérêts
des gros capitalistes et actionnaires, trusts du lait, du sucre et
ainsi de
suite. C'est lui qui abrite ou protège des gros trafiquants du
genre
Gouin (ex premier-ministre). Et c'est lui qui émet de la fausse
monnaie
légale, en faisant fonctionner la planche à billets pour
couvrir
ses dépenses.
Seuls des naïfs incurables peuvent
croire qu'un tel gouvernement,
au service des grands trusts industriels et alimentaires, puisse mener
une
action tant soit peu sérieuse ou durable contre la
spéculation.
Ceux que le gouvernement poursuit en
réalité, ce ne sont
pas les organisateurs de la vie chère, mais les petits et moyens
paysans et les commerçants qu'il veut contraindre, à
l'instar des ouvriers, à livrer leurs produits contre une
monnaie qui ne vaut rien et à fournir ainsi à l'Etat et
aux capitalistes les moyens de se préparer à une guerre
de pillage sur le dos à la fois des ouvriers et des paysans.
La "lutte" gouvernementale contre les
spéculateurs (Nième
version d'ailleurs), n'atténuera pas la misère des
travailleurs et leur principal moyen de défense reste la lutte
pour la revalorisation des salaires, pour un salaire garanti.
La baisse des prix elle-même ne
deviendra une
réalité que si les ouvriers, par leur action, sont
capables de mettre le nez dans les livres de compte du patronat, qui
pour ses besoins de concurrence et de
préparation à la guerre, organise la vie chère et
veut
que les paysans fournissent contre de la monnaie de singe quelques
misérables produits dont les ouvriers pourront se contenter avec
leurs bas salaires.
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