LES
MASSES TRAVAILLEUSES NE VEULENT PAS SE
RESIGNER A LA MISERE ET A LA GUERRE !
La grève des
mineurs
a tourné en guerre civile. Le gouvernement des 200 familles ne
s'est
plus contenté de menaces. Les C.R.S. ont été
lancés
à l'attaque des mines pour en déloger les piquets de
grève,
l'armée a été mobilisée pour participer
à
la répression et les garanties juridiques ont été
suspendues pour les travailleurs. Le sang ouvrier a coulé et les
arrestations pleuvent sur des gens dont le seul crime est de se
révolter
contre la misère accrue qu'on leur fait subir.
TARTUFFES !
Naturellement, le
gouvernement
se défend de vouloir empêcher "l'exercice normal du droit
de grève" : il prétend que son action n'a d'autre but que
d'empêcher "le sabotage des richesses nationales par les agents
du
Kominform."
Mais en Juin 47, quand
les cheminots se mirent en grève, unanimes malgré
l'opposition
des cégétistes, "agents du Kominform", la Queuille
d'alors,
M. Ramadier, n'a-t-il pas essayé de prendre contre les
travailleurs
du rail les mêmes mesures que celles qui sont appliquées
aujourd'hui
contre ceux de la mine ?
Si les mineurs méritent des
balles
au lieu de pain pour s'être laissés "entraîner" et
"manoeuvrer"
par les agents du Kominform, que méritent donc les De Gaulle,
les
Blum et les Schumann pour avoir collaboré avec les Thorez et Cie
au gouvernement et leur avoir confié non seulement le sort des
mineurs
MAIS DU PAYS TOUT ENTIER ?
Mais ce sont les gens
du gouvernement, qui, comme tous ceux qui les ont
précédés,
sont les principaux saboteurs et dissipateurs des richesses nationales.
Pourquoi le gouvernement dépense-t-il plus de 80 milliards par
an
et répand-il le sang et la désolation en Indochine, sinon
pour assurer la fortune des grosses banques ? Pourquoi
dépense-t-il
450 milliards an an, sinon pour le seul profit des marchands de canon ?
Et si les travailleurs
français y compris les mineurs, qui ont porté la
production
au niveau de 120% par rapport à celle d'avant-guerre, ont vu
leur
standard de vie tomber à la moitié ou au tiers de celui
de
1938, n'est-ce pas parce que les richesses qu'ils ont produites ont
été
impunément pillées par une poignée de gros
capitalistes,
de gros trafiquants et de gros spéculateurs au nom de la
sacro-sainte
propriété ?
Or, contre ces
PRINCIPAUX
saboteurs de l'économie nationale, le gouvernement et ceux qui
l'ont
précédé, ont-ils jamais pris une seule mesure de
répression
? Au contraire, c'est avec leur appui que les 200 familles pillent la
France.
LES
TRAVAILLEURS NE
VEULENT
PAS A NOUVEAU ETRE
VICTIMES
DES RIVALITES ENTRE LES BRIGANDS
IMPERIALISTES.
Le gouvernement
prétend
aussi que les mesures de répression mises en vigueur contre les
mineurs cesseront aussitôt que tout rentrera dans l'ordre. Ce
n'est
là qu'un piège grossier dans lequel les travailleurs ne
doivent
pas tomber.
Comme en 1939, la
bourgeoisie
française se prépare à une nouvelle guerre et,
comme
toujours, le fardeau de la course aux armements doit retomber
entièrement
sur les masses travailleuses. Dans ces conditions, la tâche des
gouvernements
capitalistes successifs n'est pas simplement d'empêcher les
ouvriers
de trop réclamer, mais de les contraindre à un niveau de
vie de plus en plus bas.
C'est pourquoi, comme en 39-40, les
mesures
autoritaires du gouvernement Queuille ne peuvent mener qu'à la
"gaullisation"
de la France, comme en 39 les mesures de Daladier ont mené
à
sa "pétainisation" : suppression de toutes les libertés
pour
les travailleurs, de s'organiser, de se réunir, d'avoir des
journaux
à eux, de se mettre en grève. Comme en 39, la
répression
ne se limiterait pas aux "agents du Kominform" mais frapperait des
centaines
et centaines de milliers de militants de toutes tendances et priverait
des droits les plus élémentaires tous les travailleurs.
POURQUOI LES
TRAVAILLEURS
SE TROUVENT-ILS
DIVISES DEVANT
LE
DANGER
?
Mais quoique
conscients
du
sens des événements et de la gravité de la
situation,
la majorité de la classe ouvrière, bien qu'unanime dans
sa
volonté de résistance, se trouve néanmoins
divisée
dans le combat. Tout au long des vagues grévistes qui ont
déferlé
depuis Avril 47, les travailleurs se sont toujours trouvé
séparés
les uns des autres, soit par corporation soit à
l'intérieur
d'une même corporation. Certains secteurs ont livré de
grandes
batailles tandis que d'autres sont restés plus ou moins passifs.
Une fois de plus, dans la grève des mineurs, tandis que "les
gueules
noires" subissent les attaques de la bourgeoisie, la solidarité
ouvrière ne s'affirme que sporadiquement.
La
responsabilité
de cet état de désorganisation où se trouvent les
travailleurs incombe à leurs organisations syndicales et
politiques
officielles, à la C.G.T., à F.O., à la C.F.T.C.,
au
P.C.F. et au P.S. La C.G.T. et le P.C.F. inféodés aux
privilégiés
de Moscou, et les autres à la solde des capitalistes de Paris et
de Washington, réduisent à néant tous les efforts
ouvriers par leurs manoeuvres et leurs agissements QUI NE TIENNENT
AUCUN
COMPTE DE LA VERITABLE VOLONTE DES OUVRIERS. C'est ainsi qu'un
gouvernement
universellement exécré, que la classe ouvrière
pourrait
renverser en quelques jours, arrive à garder le dessus dans la
lutte
contre les ouvriers.
IL FAUT
CONSTRUIRE
DE
NOUVELLES ORGANISATIONS
OUVRIERES.
Voilà le
grave
danger.
A nouveau, comme en 39, la réaction capitaliste attaque, pour
l'écraser
et la faire participer à la 3ème guerre mondiale, la
classe
ouvrière française. Et celle-ci, tout comme alors,
empoisonnée
par le stalinisme et trahie par les "socialistes", ne parvient pas,
malgré
tous ses efforts, à organiser sa résistance.
Mais contrairement
à
1939, les ouvriers ont aujourd'hui conscience d'où vient le mal.
Après l'expérience de dix-huit mois de mouvement
gréviste,
ils ont compris que la seule issue, c'est de s'organiser dans de
nouvelles
organisations ouvrières entièrement à leur
service,
qu'ils ne pourront mener avec succès la lutte contre la classe
capitaliste
avant de vaincre dans leur propre sein ceux qui les paralysent ou les
détournent
de leurs buts.
Seulement, bien des
préjugés
restent encore à être surmontés. Tout en cherchant
autour d'eux une nouvelle voie, les travailleurs n'aident pas d'une
manière
décisive les éléments qui, dans leur propre sein,
se révèlent être leurs véritables
interprètes
et défenseurs. Or, il y a dans la classe ouvrière des
milliers
et des milliers d'éléments capables de "faire du neuf",
mais
ils ne pourront constituer de nouvelles organisations que si les
travailleurs
les aident d'une manière décisive.
Rien ne tombe du ciel
:
Que les
travailleurs
commencent
par se grouper localement et appuyer l'action de leurs
éléments
d'avant-garde. Non seulement leur résistance aux attaques
capitalistes
s'en trouvera immédiatement renforcée, mais en même
temps ils auront posé les fondements d'une nouvelle organisation
syndicale démocratique et d'un nouveau Parti Ouvrier
Révolutionnaire,
seuls gages de la victoire finale. |