A
COUPS DE FOUET !
Un malheur ne vient
jamais
seul. En même temps qu'il prépare une hausse des loyers,
qui
sera ressentie de plus en plus durement par la population, le
gouvernement
vient d'avouer un nouveau et formidable déficit
budgétaire
: plus de 200 milliards de francs. Contribuables, à vos poches !
Bien que les mesures
destinées à combler ce déficit ne soient pas
encore
définitivement arrêtées à ce jour, elles ne
différeront cependant de celles qui les ont
précédées
que par les chiffres et par les noms. Au fond, il s'agit une fois de
plus
de faire payer aux classes laborieuses et moyennes les frais
inouïs
des dépenses gouvernementales au profit des magnats de la
finance
et des grosses industries.
Le gouvernement essaie,
naturellement, de camoufler le caractère de classe du budget et
du déficit. Voici comment il présente les choses :
En limitant les dépenses
d'équipement (électrification, etc.) et avec "l'aide
américaine",
le budget "ordinaire et extraordinaire" serait équilibré
aux environs de 1300 milliards ; les dépenses de "reconstruction
et dommages de guerre" s'élevant à environ 270 milliards,
dont seulement 60 seraient couverts par des "titres d'annuité",
il s'ensuit un déficit de 210 milliards.
Les
nouveaux sacrifices seraient exigés
par la reconstruction ! C'est ce qu'on appelle dorer la pilule, car en
même temps qu'on met en vedette la reconstruction, on tâche
de faire passer inaperçus, en les fourrant dans le "budget
ordinaire
et extraordinaire", les quelque 400 ou 600 milliards (on ne sait pas
exactement
le chiffre) des dépenses militaires. Or, le chiffre de ces
dépenses
est d'autant plus scandaleux que le "plan d'équipement"
lui-même
n'est pas destiné à faire baisser le prix du kilowatt (au
contraire il l'a fait monter), mais à assurer une base
indispensable
au potentiel de guerre français, et fait donc, indirectement,
lui
aussi, partie des dépenses de guerre !
Voilà pourquoi
il faut payer : pas pour la reconstruction mais pour la guerre --pas
pour
permettre aux sinistrés de se loger, mais pour assurer les
profits,
les surprofits et les rapines des capitalistes en Europe, en Afrique,
en
Asie...
Il n'est donc pas étonnant
que ce soient les classes laborieuses et moyennes qui doivent payer,
tandis
que les riches seront épargnés ou même
assurés
de nouveaux profits : tels les emprunts à pouvoir d'achat
garanti
--qu'on refuse aux travailleurs.
Car, tandis que par la
hausse des prix les gros et les moyens capitalistes rejetteront sur les
consommateurs les majorations d'impôts qu'ils vont être
obligés
de payer, les salariés subiront, en plus, les
conséquences
de l'inflation à laquelle le gouvernement ne peut pas ne pas
avoir
recours, bien qu'il s'en défende.
En effet, le gouffre des
armements et autres dépenses parasitaires de l'Etat est
tellement
grand, que les dernières mesures ne suffiront pas plus que les
précédentes
à assurer "l'équilibre".
Quand, au début
de 1948, le plan Mayer, avec son prélèvement
"exceptionnel"
(sic) et la dévaluation, fut présenté comme le
"coup
de fouet" devant ranimer l'économie, nous avertissions les
travailleurs
: "Quand l'expédient de la dévaluation sera
épuisé,
ce "coup de fouet" (pour les masses) en nécessitera bien
d'autres"
(Voix du 28 Janvier).
Et effectivement, au cours
de l'année écoulée, nous avons subi pas moins de
deux
dévaluations, trois prélèvements exceptionnels
(5°
quart de l'impôt de solidarité, prélèvement
Mayer, doubles décimes Queuille) et un "emprunt" à la
circulation
sous la forme du retrait des billets de 5.000 frs !!
Voilà quel prix
fait payer aux masses laborieuses le capitalisme pour maintenir son
existence.
Mais par ses crises et les fardeaux qu'il fait impitoyablement retomber
sur les masses, par ses coups de fouet répétés, le
capitalisme leur rappelle qu'il y a longtemps qu'elles auraient pu le
renverser
et le remplacer par le socialisme.
Autour
de Garry Davis et ses amis
LES
PACIFISTES A L'EAU DE ROSE AUX
PRISES AVEC LES REALITES
A quel sentiment
obéissaient
les milliers de gens de toutes les classes qui se pressaient en grand
nombre
aux portes du Vel' d'Hiv' pour entendre la réponse de M. Evatt
au
"citoyen du monde" Garry Davis au sujet de la paix ? Et que
voulaient-ils
?
Devant les dangers de
plus en plus évidents d'une nouvelle guerre mondiale, un nombre
tous les jours croissant de gens dans tous les pays, entendent ne pas
se
faire les complices de sa préparation sous aucun prétexte
: "défense de la démocratie", "défense du
socialisme",
lutte contre l'agresseur, etc... Voilà pourquoi le geste de
Garry
Davis, répudiant la tutelle de son Etat (américain) et
interpellant
les délégués de l'ONU sur la question de la paix,
a eu un grand écho dans la population française.
Mais il est certain qu'en
allant au Vel' d'Hiv' ces masses voulaient bien davantage que ce que
les
organisateurs du meeting n'ont pu leur offrir. En effet, les questions
"que faire" ? "comment lutter contre la guerre" ? sont restées
sans
aucune réponse. Les organisateurs du meeting n'ont pu proposer
autre
chose que le soutien de Davis, menacé d'expulsion.
Or, les masses populaires
sont réalistes. Elles se rendent bien compte qu'avec cela on ne
va pas bien loin dans la lutte pour la paix. Si pour une simple lutte
de
salaires, ou contre une injustice quelconque, il faut mener une dure
lutte
organisée, pour réaliser la paix mondiale il faut
déployer
mille fois plus d'esprit de sacrifice et d'organisation.
S'il faut, comme certains
orateurs l'ont dit, que les peuples eux-mêmes entrent en action,
pourquoi aucun d'eux n'a-t-il dit mot sur la guerre d'Indochine ? N'y
a-t-il
pas là un foyer de guerre qu'il appartient à nous,
travailleurs
français, de détruire ? C'est en éteignant un
foyer
de guerre que nous seuls nous pouvons éteindre, c'est en
arrêtant
une guerre que notre propre gouvernement mène contre un peuple
opprimé
et désarmé, que nous mènerons une lutte efficace
pour
la paix et que nous donnerons un exemple aux peuples du monde entier.
Ce
n'est pas par des paroles vides.
Mais la dure réalité ne
manquera
pas d'instruire rapidement les masses à ce sujet. Et en
démontrant
l'inconsistance des pacifistes à l'eau de rose, elle leur
montrera
en même temps la véritable voie pour aboutir à la
paix
mondiale.
|