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BULLETIN DU
SYNDICAT DEMOCRATIQUE RENAULT
Adresser fonds et correspondance à Pierre BOIS, 20, Avenue du Général Clavery, 20 --PARIS-16e
L’émancipation des travailleurs sera l’oeuvre
des travailleurs eux-mêmes (Marx)
N° 24
 24 janvier 1948
 
 
COMPETITION POUR LE TRAVAIL AU RENDEMENT    
Dans un tract du 19 Janvier, la C.G.T. met en garde contre M. Lefaucheux qui préparerait un nouveau système de rémunération avec plafond ; il s'agirait d'augmentation de la cadence, de diminution des temps ou autre procédé semblable. Quelles propositions leur ont été faites ? De quel système s'agit-il ?
Le tract ne s'embarrasse pas d'explications. Et la C.G.T. d'opposer à M. Lefaucheux... le même travail au rendement... autrement calculé !

    Les tracts du R.P.F. récemment distribués dans l'usine prônent aussi le travail au rendement et son "amélioration"...

    Aucun ouvrier, de quelque opinion qu'il soit, n'approuve ces messieurs partisans du travail à la trique. De quoi s'agit-il ?

    Il est bien certain que ce système de travail intéresse M. Lefaucheux qui n'a pas caché son intention de faire augmenter le rendement. Si donc M. Lefaucheux parle d'établir un plafond, ce n'est pas un plafond de production, si ce n'est dans quelques cas où la cadence trop vive menace de faire trop de loupés et d'abîmer la machine (c'est ainsi qu'aux presses du 38 la direction a établi un plafond de 145%, non parce que les ouvriers se plaignent du grand nombre d'accidents, mais parce que cela risquait de détériorer les machines). Le plafond que veut établir M. Lefaucheux est un plafond de salaire. D'ailleurs cela existe déjà. Le gouvernement a fixé un plafond de salaire à 140%. M. Lefaucheux a réglé ses taux de base en dessous du mini légal. Ainsi, les ouvriers peuvent réaliser 150%, 160% et plus, de production, sans dépasser les 140% de salaire. Comme son intention est d'augmenter la cadence tout en restant dans la limite de 140% de salaire, M. Lefaucheux cherche un nouveau système qui lui permette d'augmenter le pourcentage de la cadence sans dépasser le pourcentage des salaires (diminution du taux de base ou des temps ou quelque autre astuce que nous ne connaissons pas encore). En face de cette offensive patronale, la C.G.T. propose : "Exigeons, conformément à notre convention collective, un système de rémunération au rendement qui tienne compte de la production réalisée et de l'effort fourni". Ainsi, le mot d'ordre "produire" continue.

    Nous avons toujours dit que le salaire au rendement est une ignoble tromperie qui fait creuser à l'ouvrier sa propre tombe. Qu'ont apporté aux ouvriers de la Régie, les révisions de chronométrages, les primes de production et autres combines ? Le S.D.R. a proposé le retour au plafond à 116%, non pas un plafond de salaire, comme le fait et veut l'intensifier M. Lefaucheux, mais un plafond de production. Ce que nous voulons, c'est le retour au plafond que les ouvriers avaient obtenu en 1936, et que Croizat a supprimé en 1945. Tout ce que nous avons gagné, avec la suppression du plafond, c'est qu'au lieu d'être calculé sur une production à 100%, notre salaire est calculé sur une production à 140% (augmentation de Décembre 47);
 

    Nous ne voulons pas du plafond de salaire de M. Lefaucheux. Nous ne voulons pas non plus du système de salaire au rendement de la C.G.T.

    Aujourd'hui, le seul moyen d'enrayer l'offensive de M. Lefaucheux, c'est d'exiger l'augmentation du taux de base au moins au mini légal, c'est d'exiger le rappel des 10.000f que la direction nous doit.

 

M. Lefaucheux dit : 

AUGMENTATION DE LA CADENCE 
 PLAFOND POUR LES SALAIRES
Le S.D.R. répond :

AUGMENTATION DES SALAIRES 
 PLAFOND POUR LA CADENCE.
 
 
Pierre Bois