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chronologie 1949 |
A partir de la première Voix des Travailleurs et dès le début de notre activité de masse, nous nous sommes rendu compte qu'il fallait que les camarades, instruits dans les années antérieures, mènent leur activité dans l'usine et non de l'extérieur, étant donné que malgré l'accueil favorable que notre propagande rencontrait, nous n'avons pas trouvé au sein de la classe ouvrière-même des éléments avancés capables de lutter. A partir du moment où nous avons fait entrer nos camarades en usine, l'offensive a été menée avec succès, au-delà même de toute prévision optimiste, à l'échelle de nos forces. A cette époque la situation de la classe ouvrière était extrêmement difficile, non parce que ses ennemis étaient plus forts, mais parce que les ouvriers avaient contre eux tout le monde, à commencer par les organisations syndicales. La grève Renault et le fait que nous y avons participé de la manière que vous connaissez, nous a imposé une tâche extrêmement lourde : essayer d'aller plus loin à partir du mouvement spontané ; la totalité des ouvriers n'avait aucune idée politique consciente et c'est seulement notre orientation juste, sur la base d'une situation générale, qui a permis aux ouvriers d'agir, dans l'enthousiasme.
Où en
sommes-nous aujourd'hui ? Etant donné le manque de parti
révolutionnaire, étant donné la politique
stalinienne, le mouvement ouvrier a
subi un recul ; les ouvriers voient bien qu'aujourd'hui, pour
résoudre les problèmes, il faut une lutte plus
décisive et cependant leur expérience depuis
novembre-décembre et l'absence d'une organisation, leur
interdisent une lutte immédiate. Si le mouvement ouvrier
était allé d'expérience en expérience
progressive, nous serions arrivés à étendre notre
influence,
à organiser les travailleurs, faire de Renault un point d'appui
;
en réalité le stalinisme a réussi une fois de plus
à
diviser les ouvriers et à faire reculer les possibilités
du
mouvement ouvrier. Quelle est notre propre situation ? En fait nous ne pouvons pas espérer, en l'absence d'un mouvement révolutionnaire, en un regroupement des éléments révolutionnaires. L'état de dispersion s'est au contraire aggravé ; les éléments de gauche n'ont pas réussi à créer un parti. Est-ce parce qu'il n'y a pas de point d'appui dans la classe ouvrière (à cause du stalinisme, comme le dit le P.C.I.) ? En réalité, nous avons vu qu'on peut parfaitement approcher la classe ouvrière, mais il faut avoir une expérience de lutte de classe, avoir effectivement participé à des luttes de masse d'une façon ou d'une autre, et les éléments de gauche trotskistes et autres sont des éléments petit-bourgeois. Cet état de dispersion fait que c'est par nos propres forces que nous devons encore résoudre les problèmes dans la période qui vient. Un problème important se pose pour nous à l'heure actuelle : nous devons trouver des éléments qui puissent se consacrer à l'activité révolutionnaire d'une façon permanente et efficace. En même temps nous devons faire ce travail sans mettre en danger le syndicat et les possibilités de notre activité chez Renault. Nous devons pouvoir retourner à l'instruction de cadres pour un travail en dehors de l'usine, tout en maintenant notre acquis dans l'usine, faute de quoi nous ne ferions que revenir au point de départ. Il ne faut pas sous-estimer que nous avons quand même réussi à créer dans un secteur de la classe ouvrière une tradition qui encore aujourd’hui se manifeste pleinement. |