Bientôt
le 1°
Mai.
Cette date, qui est depuis plus d'un demi-siècle celle de la
mobilisation
des forces ouvrières dans le monde, évoque de grandes
luttes
revendicatives, des manifestations de classe sous le signe de la
solidarité
internationale des travailleurs dans leur lutte contre le capital. Le
1°
Mai est le symbole de la lutte ouvrière anticapitaliste pour le
Pain, la Paix et la Liberté.
Jamais la bourgeoisie
n'a réussi par ses persécutions (interdictions de
cortèges,
mobilisation des forces de police, heurts sanglants, etc.) à
faire
perdre au 1° Mai son caractère de classe. C'est pourquoi,
dès
que les circonstances le lui ont permis, elle a essayé de le
faire
par la tromperie. Hitler a fait du 1° Mai une "fête
nationale",
avec chars et cortèges, et Pétain nous avait
octroyé
le 1° Mai comme "fête du travail". C'est à leur instar
que de Gaulle voudrait faire de cette journée ouvrière
internationale
de lutte pour un sort meilleur, une fête nationale du travail, de
collaboration de classe, de duperie.
Mais la ruse pas plus
que la force n'anéantiront les traditions ouvrières. En
1945,
quand la CGT, en pleine collaboration de classe, a voulu faire du
1°
Mai une journée de travail de choc, l'indignation des ouvriers
l'obligea
à revenir sur sa décision, et pour la première
fois
après les années de guerre les ouvriers ont pu à
nouveau
faire du 1° Mai une journée de manifestation de classe.
Il est vrai que
déjà
l'année d'après, Croizat ministre du Travail
décréta
le 1er Mai fête récupérable ! Et alors que la
section
Renault défilait avec une 4 CV sur un char, une
délégation
des ouvriers de chez Thomson n'a pu aller jusqu'au bout car elle
portait
une pancarte avec le mot-d'ordre "échelle mobile", proscrit
à
l'époque. (Pourtant le 1° Mai suppose la démocratie
prolétarienne
comme gage des succès futurs). Et alors qu'en 1947 le service
d'ordre
de la CGT matraquait les grévistes de chez Renault qui
diffusaient
des tracts, tout le long du parcours la foule applaudissait le
cortège
Renault croyant applaudir la Comité de grève...
C'est l'attitude des
bureaucrates
"ouvriers" qui a fait que le 1° Mai n'a pu reprendre, face à
la politique capitaliste de misère et de préparation
à
la guerre, son véritable caractère de journée
revendicative
et d'internationalisme prolétarien, pour le pain, la paix et la
liberté. Mais les travailleurs sauront finalement renouer avec
les
traditions que des dizaines d'années de lutte ont forgées.
Pierre Bois.
L'UNITE
OUVRIERE
Les paroles et les
actes.
C'est sous le signe de
l'unité
ouvrière que la CGT prétend organiser la manifestation du
1° Mai. Les affiches apposées sur les murs montrent les
ouvriers
se tendant fraternellement la main et toutes les organisations
démocratiques
sont invitées à y participer.
Mais dans la pratique
il en va tout autrement. Les responsables cégétistes de
la
Régie, Delame et Lacaze, ont refusé au S.D.R. le droit de
participer à cette manifestation ! "Nous acceptons tous les
ouvriers
derrière la CGT, mais pas de S.D.R. avec ses pancartes", ont-ils
tranché. Et en guise de justification : "vous êtes des
rigolos".
Voilà une réponse que les ouvriers, en
général,
y compris la grande majorité des ouvriers
cégétistes,
ne trouveront pas du tout "rigolo". Alors quoi ? L'unité que
tout
le monde désire ardemment, pourra-t-elle toujours être
sabotée
par des dirigeants qui agissent par-dessus la tête des ouvriers
et
de leurs propres adhérents ? Qu'est-ce que cette unité
"derrière
la CGT" ? La majorité des travailleurs sont actuellement en
dehors
de la CGT. L'unité de la classe ouvrière n'est donc
possible
que si les droits de chacune de ses organisations sont respectés
par les autres. L'attitude des dirigeants de la CGT n'est qu'un
chantage
pour obliger les ouvriers soit à ne pas manifester pour le
1°
Mai, soit à accepter une direction dont ils ne veulent pas.
Dans ces conditions la
manifestation C.G.T.-P.C.F. n'a pas un caractère
prolétarien,
inséparable de la démocratie, mais, comme celle de de
Gaulle,
organisée au Bois, un caractère totalitaire. Car il n'est
pas question d'y aller quand même. Au 1° Mai 1947, le
Comité
de Grève (S.D.R.) ayant appelé les ouvriers à
participer
au défilé, les dirigeants cégétistes les
ont
dispersés à coups de matraque. Si au 1° Mai 49 il n'y
a qu'une petite minorité des ouvriers de l'usine à
participer
au défilé, la faute en retombe entièrement sur
l'attitude
antidémocratique de la CGT.
J. Bois et P.
Faynsilberg.
Département
6
Si à la 4 CV
on
pousse
la cadence au maximum, il est des coins dans l'usine où le
travail
manque. C'est le cas notamment au Dt 6 où de nouvelles machines
américaines dévorent le travail. Evidemment il n'est pas
question de diminuer la journée de travail pour le même
salaire.
En régime capitaliste on ne travaille pas pour l'homme, mais
pour
le profit. |