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BULLETIN DU
SYNDICAT DEMOCRATIQUE RENAULT
Adresser fonds et correspondance à Pierre BOIS, 20, Avenue du Général Clavery, 20 --PARIS-16e
L’émancipation des travailleurs sera l’oeuvre
des travailleurs eux-mêmes (Marx)
N° 35
7 juin 194
 
SYNDICAT DEMOCRATIQUE RENAULT
       Le 14 juin, vous allez élire les délégués du personnel et au Comité d'entreprise.
    A ces élections, pour la première fois depuis sa constitution, il y a deux ans, le S.D.R. présente des candidats éligibles. Grâce à l'appui que nous ont donné un nombre croissant d'entre vous, la Direction, qui, il y a un an nous avait illégalement écartés des élections, a été en fin de compte obligée de reconnaître notre représentativité.
    Vous aurez donc, le 14 juin, à choisir entre quatre listes de candidats.
C.G.T. (bulletins rouges) ; F.O. (bulletins verts) ; C.F.T.C. (bulletins blancs et noirs) ; S.D.R. (bulletins bleus).

 POUR QUI VOTEREZ-VOUS ?

     Ce sont les dirigeants de la section syndicale C.G.T. qui, jusqu'en octobre 1947, ont soutenu ouvertement le "produire sans revendiquer" et les brimades de la Direction ; ce sont eux qui ont fait les briseurs de grève en avril-mai 1947 ; ce sont eux qui, après nous avoir empêché de revendiquer quand les
ouvriers étaient les plus forts en face d'un patronat désorganisé (1945-1947), ont déclenché des grèves aventureuses (novembre-décembre 1947), ou par la force, comme celle du 14 septembre 1948 ; ce sont eux qui bafouent le plus la démocratie au sein du mouvement ouvrier par leur violence et par leurs mensonges totalitaires ; ce sont eux qui, tout en n'ayant à la bouche que le mot "unité", ont systématiquement refusé l'unité véritable d'action chaque fois que le S.D.R. la leur a proposée, comme pour le retour au plafond à 116%, ou pour les "10.000 francs" ; ce sont enfin les dirigeants confédéraux, les Croizat-ministres, qui ont fait adopter l'actuelle législation sociale antidémocratique : blocage des salaires, travail au rendement avec suppression du plafond, le système des primes (comme la P.P.P.), les lois électorales antidémocratiques sur les délégués, etc.
       Car les dirigeants de F.O., après avoir fait exactement le même travail que ceux la C.G.T., de 1945 à octobre 1947, n'ont rompu avec ces derniers que pour collaborer avec le gouvernement et le patronat.
       Car cette organisation, qui est de peu de poids dans l'action, n'a ni grand passé, ni grand avenir !
F.O. et C.F.T.C. sont du reste actuellement à la remorque de la C.G.T., dans un cartel hypocrite qui n'a d'autre but que de masquer leur impuissance.
 VOUS VOTEREZ POUR LE S.D.R.

    Car depuis sa constitution, le S.D.R. a toujours été à l'avant-garde de l'action pour les revendications justes et le meilleur défenseur de la démocratie et de l'unité.

     C'est le S.D.R. qui, en déclenchant la grève générale Renault, le 26 avril 1947, a donné le signal de la lutte contre le blocage des salaires, pour un salaire décent garanti par l'échelle mobile.
C'est le S.D.R. qui, le 23 juin 1947, a mobilisé les travailleurs de l'usine pour manifester autour de la Chambre des Députés contre les lois scélérates de Schuman.
C'est le S.D.R. qui, dans le cadre de la lutte pour le rajustement du taux de base de 43,90, actuellement payés, à 48,30 (le mini-légal), a mené à bonne fin la campagne pour "les 10.000 francs", qui nous a valu 2.500 francs en décembre et 7.580 en mai.

 
    C'est le S.D.R. qui a imposé aux "durs" de la C.G.T. le respect dans l'usine, des personnes, des publications et des opinions.
 

     C'est le S.D.R. qui, dans l'intérêt des ouvriers, a inlassablement proposé l'unité d'action aux autres organisations syndicales, à condition que celles-ci, tout en gardant leur liberté de critique, acceptent de se soumettre, comme lui, à la majorité des travailleurs.
    Le S.D.R. a fait ses preuves, non seulement dans les grands mouvements de masses, mais aussi dans l'action de tous les jours : chronométrages aux 6 et 18, prime d'huile à la 4 CV, mécanisation de la paye au 88.
 

 Souvenez-vous que le S.D.R. n'a pas été créé pour faire concurrence aux autres organisations syndicales, mais à la suite du refus, fin mai 947, des responsables de la section syndicale C.G.T. DE RECONNAITRE LA NOUVELLE DIRECTION QUE LES OUVRIERS DU 6 ET 18, AVAIENT UNANIMEMENT choisie, à la suite de la grève.
Pendant deux ans, beaucoup d'entre vous, malgré votre sympathie, étiez cependant sceptiques quant à nos possibilités de réussite. EN IMPOSANT LA RECONNAISSANCE DE NOTRE REPRESENTATIVITE, NOUS VENONS DE VOUS PROUVER, UNE FOIS DE PLUS, QUE LA TACHE QUE NOUS NOUS SOMMES PROPOSEE : créer une organisation démocratique par la base, EST NON SEULEMENT REALISABLE, MAIS QUE NOUS LA REALISONS.
Camarades, dans cette lutte, nous avons donné le meilleur de nous-mêmes. A vous maintenant de faire du succès d'un syndicat constitué par la base, une victoire ouvrière contre le patronat et les bureaucrates.
9 juin 1949.