Après
les élections de
délégués ouvriers
et employés :
NOUS
IRONS DE L'AVANT
Nous avons obtenu 1.300 voix
aux élections du 14 juin alors que nous espérions le
double.
Est-ce un échec
? Pas du tout. Si nous avions espéré davantage, c'est que
dans toutes les actions de masse dans l'usine, par notre orientation
syndicale
et par nos mots d'ordre, nous avons mobilisé beaucoup plus
d'ouvriers
que ceux qui ont voté pour nous. Mais nous n'avons pas tenu
compte
d'un facteur très important en matière d'élections
: nous manquons de cadres dans la plupart des départements.
Cependant même 1.300
voix représentent pour nous, sinon un succès marquant, du
moins la consécration de nos efforts depuis deux ans pour
bâtir
une nouvelle organisation syndicale dans l'usine.
En effet, le reproche
fondamental qu'on nous faisait, celui d'être une organisation du
6 et du 18, est largement démenti par ce vote : tout en
maintenant
le nombre de voix obtenu il y a un an dans ces deux
départements,
nous obtenons trois fois autant dans les autres ; il n'est pas inutile
de souligner que dans presque tous les départements où
nous
avons des militants, nous venons en deuxième position
après
la C.G.T. Enfin, et ce n'est pas le moins important, la presque
totalité
des voix S.D.R. représente des travailleurs qui ont voté
consciemment pour un syndicat révolutionnaire, tandis qu'une
grande
partie
des voix qui sont allées
à
la C.G.T. sont le fait d'ouvriers se guidant d'après le voisin
à
la dernière minute.
Les 1.300 voix obtenues
nous permettront de consolider définitivement le syndicat, car
si
jusqu'à maintenant nous n'avons pas réussi à avoir
des cadres partout, c'est que nous n'avions pas de
délégués
et, par conséquent, aucune possibilité d'activité
légale. Mais si, sans possibilités légales, nous
avons
réussi à faire vivre le syndicat et à
pénétrer
dans le reste de l'usine, n'est-il pas certain que maintenant nous
irons
de l'avant plus rapidement que par le passé ?
En ce qui concerne le
gain de voix réalisé par la C.G.T., il est certain que
devant
l'attaque croissante du patronat (cadences plus vives, brimades, menace
de chômage...), les ouvriers se sont repliés sur
l'organisation
qui leur paraît la plus forte et la mieux organisée, en
dépit
des déceptions et des échecs que la C.G.T. leur a maintes
fois infligés. Mais comme ces échecs et déceptions
continueront, avant même les élections de 1950, dès
qu'une question tant soit peu sérieuse de posera pour la masse
des
ouvriers, c'est dans le S.D.R. que ceux-ci, comme par le passé,
trouveront un appui décisif.
Pierre Bois