retour accueil | retour chronologie | retour
chronologie 1949 |
A l'époque de la grande collaboration et de la participation des
staliniens au gouvernement, nous préconisions la méthode
d'action gréviste contre la volonté
des staliniens. La vague gréviste déclenchée en
mai
47 a obligé les staliniens à se mettre du
côté des grèves. Pour le camarade M., du moment que
les staliniens sont du côté des grèves, nous sommes
contre les grèves. De cette façon, il met en avant le
facteur subjectif, que sont les partis et les organisations, et laisse
de côté le facteur objectif.
Car nous considérons d'abord le mouvement ouvrier comme un fait
objectif, auquel on ne commande pas. C'est pour cela qu'il faut partir
de là où se trouvent les ouvriers et les grouper pour
l'action.
Notre attitude vis-à-vis des bureaucraties traîtres n'est
pas déterminée par leur
politique plus ou moins réformiste, mais par la confiance que
peuvent
encore leur accorder des couches ouvrières. Mais les grèves sont-elles le fait des staliniens ? En réalité toute l'expérience dément cette conception artificielle des appareils bureaucratiques déclenchant les grèves à leur convenance. Nous avons vu les ouvriers se mettre en grève contre la volonté des bureaucrates, et aussi bien ne pas suivre des ordres de grève donnés par eux. Avant tout les ouvriers, actuellement, voient et ressentent qu'ils sont écrasés et opprimés par le capitalisme. Ils ont besoin de lutter contre cet état de choses. Des camarades ont peur du stalinisme parce qu'ils le surestiment en fait. En réalité, les staliniens ont peur du mouvement ouvrier. La CGT est l'obstacle principal dans la voie de la grève générale. L'emprise cégétiste a bien existé en 45-46. Mais déjà bien avant la grève de mai 47 il y a eu des explosions contre l'appareil. A l'heure actuelle la scission entre les ouvriers et l'appareil est plus grande que jamais. Mais les ouvriers voient que chaque fois qu'ils veulent faire quelque chose, ils manquent de cadres. Ce n'est pas en tant que parti que le P.C. mène la classe ouvrière, mais par les syndicats, qui fournissent aux ouvriers des cadres. A plusieurs reprises la classe ouvrière a essayé de se détacher de la CGT et est retombée sous sa coupe. Les masses se mettent en mouvement avec les chefs qu'ils trouvent. Nous suivons dans la lutte la majorité des ouvriers. Nous sommes donc dans tout mouvement gréviste décidé par la majorité des ouvriers. Mais ce que nous recherchons c'est que la grève appartienne aux grévistes. Car même une grève menée par nous, dans laquelle les ouvriers ne participeraient pas, ne vaut rien. La grève vaut quelque chose dans la mesure où elle accroît la combativité, la conscience et la cohésion des ouvriers. Il s'agit pour nous que rien ne se passe par-dessus la tête des ouvriers. La grève générale est impossible parce qu'il n'y a pas d'organisation révolutionnaire. Le problème n'est donc pas d'être pour ou contre les grèves, mais d'agir pour arracher la classe ouvrière, étudier les besoins du mouvement ouvrier, lui donner le plus de conscience ; car les mots-d'ordre on ne peut pas les inventer, ce sont les besoins ouvriers qui les fournissent. On ne commande pas au mouvement de masse. Ou les appareils, stalinien ou bourgeois, sont les plus forts, et il faut renoncer au mouvement ouvrier, préconiser la suppression des grèves. Ou nous considérons que le mouvement ouvrier est plus fort que tous les appareils, et alors nous devons nous appuyer sur le mouvement et travailler pour lui donner le maximum d'efficacité et de cohésion. Notre tâche s'accomplit dans la classe ouvrière, non à côté. "L'émancipation des travailleurs sera l'oeuvre des travailleurs eux-mêmes". La tâche des révolutionnaires est, dans toutes les circonstances, d'intéresser les ouvriers, les organiser, les tirer de leur apathie, leur faire prendre leur sort entre leurs propres mains. De quelle façon renforcer la cohésion, l'esprit critique, la volonté des ouvriers ? Voilà comment se pose pour nous le problème. (Mais on ne commande pas à la classe ouvrière ses sentiments et ses réactions). La caractéristique essentielle de la révolution, c'est que les masses font irruption dans les sphères où se décide leur propre sort. La grève de mai a été une action révolutionnaire démocratique, mais parce que les ouvriers ont senti qu'ils avaient sur qui s'appuyer.
Face à la lutte contre
les staliniens, certains vont jusqu'à penser que de Gaulle est
un
moindre mal. Les ouvriers ne le pensent pas ainsi. A cet égard
les
traditions du mouvement ouvrier depuis 1934 sont tout à fait
claires.
Ils savent bien ce que veulent dire les mesures de Moch, ils savent que
c'est
du Daladier avec au bout du Pétain-de Gaulle. A cela on ne peut
pas
répondre : ...mais les grèves sont conduites par les
staliniens.
Il faut partir de là où se trouvent les ouvriers et les
grouper
pour l'action. Notre tâche est de délivrer les masses des
bureaucrates
traîtres en luttant avec elles.
|