retour accueil retour chronologie retour chronologie 1949
  
 
 
BULLETIN DU
SYNDICAT DEMOCRATIQUE RENAULT
Adresser fonds et correspondance à Pierre BOIS, 20, Avenue du Général Clavery, 20 --PARIS-16e
L’émancipation des travailleurs sera l’oeuvre
des travailleurs eux-mêmes (Marx)
N° 46
7 décembre 1949
MAINTENANT ON PEUT CAUSER
    Le 25 novembre le patronat et ses valets ont appris à quoi s'en tenir sur la volonté de résistance des travailleurs à leurs plans de misère.

    Depuis de longs mois, ces messieurs, tel M. Lefaucheux, croyaient l'affaire dans le sac. Après les exploits de M. Moch, il y a un an, contre les mineurs, ils avaient eu la partie belle. Et ils pensaient dans le pire des cas, n'avoir jamais à rencontrer qu'une opposition, limitée à telle ou telle corporation ou dirigée par une seule organisation syndicale, dont ils pourraient venir à bout par la simple répression policière.

    Et je te refuse carrément toute revendication, et je ne t'accorde pas les 5.000 fr. nécessaires à la majorité des travailleurs pour prendre de vraies vacances, et pour finir je te mets en chantier des conventions collectives qui doivent empirer le sort des ouvriers. Voilà la conduite de ces messieurs pendant toute cette période. Ces messieurs ont dû déchanter. La grève du 25 novembre malgré quelques défections explicables (PTT), a été la plus complète depuis Juin 36, et même plus complète qu'en Juin 36 par la participation des transports. Elle a montré que la classe ouvrière, sans distinction de corporations ni d'organisations, n'est pas du tout résignée à accepter sans riposte les plans réactionnaires de la bourgeoisie et de son gouvernement. Et depuis ce jour, voilà les Conventions Collectives archi-réactionnaires du gouvernement "en panne" dans les Commissions, voilà Bidault obligé de s'opposer à la hausse des prix agricoles : tout le travail est à recommencer. Car il ne faut pas croire que la bourgeoisie puisse longtemps renoncer à ses projets. La guerre acharnée que les capitalistes se font entre eux pour les débouchés économiques sur le plan national et international, les oblige à aller jusqu'au bout contre les travailleurs. Ils reviendront à l'attaque sous une forme ou sous une autre. La situation est donc claire : si, d'un côté, la bourgeoisie a ses batteries prêtes contre la classe ouvrière, les travailleurs, de leur côté, ont montré qu'ils étaient prêts à la riposte.

    Pour empêcher qu'on les affame et qu'on les ligote par l'abolition du droit de grève, ils combattront.
Maintenant on peut causer avec Messieurs les patrons car, maintenant, la classe ouvrière est prête.
Devant l'union des travailleurs, il ne suffira pas à la bourgeoisie de mobiliser ses C.R.S. et autres mercenaires pour arriver à ses fins.

    La classe ouvrière unie peut tout. Leur unité brisée, voilà le seul danger capital pour les travailleurs. C'est donc cette unité dans les semaines qui viennent qu'il faut s'attacher à consolider, en veillant à ce que la politique bureaucratique des "grands dirigeants" de toute couleur ne puisse l'entraver.
Mais, unis dans la lutte, nous n'avons rien à craindre. La lutte est rude, mais la vie que nous font ces messieurs les capitalistes est encore plus insupportable. Maintenant, nous pouvons causer avec ces messieurs. L'unité du 25 novembre nous a rendu plus forts.

A. Mathieu