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LA VOIX DES TRAVAILLEURS

RENAULT

N°1 Nouvelle série

2 février 1951

CONTRE LA HAUSS DES PRIX ET LES RESTRICTIONS

ORGANISONS NOTRE RESISTANCE

Ainsi, nous y voilà à nouveau. Les capitalistes et leur régime sont incapables de subsister sans attaquer constamment au niveau de vie des travailleurs, si bas qu’il soit. Les prix montent ; les salaires déjà insuffisants sont encore rognés par la cherté croissante de la vie. L’inquiétude grandit devant les menaces des hausses en cascades.

Mais ce n’est pas tout. Déjà on parle restrictions et rationnements. La préparation à la guerre doit nous faire revenir au bagne que nous avons connu de 1939 à 1947 et dont nous sommes à peine sortis : l’inflation, la raréfaction des produits utiles, le rationnement pour pallier à la hausse des prix, les bas salaires et la pénurie. Voilà ce que les capitalistes nous réservent.

Mais forts de leurs luttes antérieures, de l’expérience qu’ils ont des mensonges capitalistes sur « l’équité dans les sacrifices » et sur l’utilité de leurs souffrances, les travailleurs ne se sont pas décidés à se laisser faire. Ils organisent leur résistance en dépit de toutes les difficultés matérielles et politiques. Dans les transports et les mines, dans le bâtiment et la sidérurgie, chez les dockers et les fonctionnaires, les ouvriers ont posé des revendications appuyées par des débrayages.

Chez Renault où en sommes nous ?

La première conséquence de la situation, c’est que Lefaucheux vient d’augmenter… le prix des voitures à la suite de la hausse sur le caoutchouc, apportant ainsi sa contribution à la cherté de la vie. Le profit est maintenu et c’est le pouvoir d’achat du travailleur qui en souffre. M Lefaucheux prouve, lui aussi que c’est la lutte pour les profits qui est la véritable cause de la diminution de nos salaires.

Nous ne voulons pas que les capitalistes augmentent les prix pour maintenir leurs profits, nous voulons maintenir notre niveau de vie au détriment de leurs profits !

Car, en dehors de l’injustice qu’il y a à ce qu’un petit nombre de privilégiés se gave, tandis que la grande majorité est dans la misère, c’est le système du profit capitaliste qui est cause de l’anarchie et de tous les maux dont nous souffrons. C’est la lutte pour le profit qui fait que malgré une technique formidable, l’humanité, l’humanité meurt de faim.

Nous demandons l’augmentation des nos salaires au détriment des profits. Nous demandons a ce que les organisations syndicales se réunissent et se concertent sur les meilleurs conditions dans lesquelles on peut engager la lutte, comme cela se fait actuellement, sous la pression des ouvriers dans d’autres corporations et usines.

Car cette lutte nous est imposée, et quelles que soient les conditions de l’heure, nous n’avons pas le choix. Mettant à profit l’expérience des luttes menées, nous saurons en fin de compte vaincre les difficultés. Les ouvriers de chez Renault qui ont levé le drapeau de la résistance en 1947, resterons fidèles à leurs traditions.

 

PLEVEN LA GUERRE

« Qu’ils se battent entre eux, s’ils en ont envie, mais qu’ils nous laissent tranquilles nous autres » pensent comme ceux de partout, les ouvriers de chez Renault au sujet du conflit qui oppose les brigands de Washington aux geôliers de Moscou. Mais bien que notre gouvernement soit censé représenter la volonté populaire – nous sommes en République démocratique ne l’oublions pas – la politique gouvernementale ne tient aucun compte de cette volonté. Ce que Pleven vient de faire à Washington en est une nouvelle preuve.

En effet, le 22 janvier, le représentant de la France à l’ONU avait repoussé la résolution américaine désignant la Chine comme « agresseur », malgré la forte pression exercée par le gouvernement de EU sur ses alliés du pacte atlantique ; car l’adoption de cette résolution impliquerait non seulement la rupture des négociations pour la trêve en Corée, mais à plus ou moins bref délais, l’extension de la lutte armée à la Chine et par voie de conséquence au monde entier

Or le 31/1, à la suite du voyage de Pleven à Washington, le représentant français à Lake-Success a voté la résolution américaine condamnant la Chine comme « agresseur ».

Comme excuse de cette volte-face, le gouvernement a invoqué l’existence d’une soi-disant commission des « bons offices ». mais cela ne peut tromper personne, car non seulement la précédente résolution américaine contenait en gros les mêmes dispositions, mais à l’heure où la diplomatie capitaliste française a voté la résolution américaine, on savait , par des déclarations officielles chinoises, que cela fermait la porte à des négociations avec Pékin.

En réalité, sous l’apparence d’un vote occasionnel, Pleven ; à la suite de l’impérialisme américain, a fait un choix décisif ; entre la politique de négociations pour la paix et d’aggravation de la guerre, Pleven a choisi la guerre.

Il a choisi la guerre aux cotés de ses maîtres américains, parce que la domination des capitalistes français en France et dans le monde ne peut subsister que par l’aide financière et militaire de Washington. Pour sauver la domination des capitalistes français, Pleven n’a pas hésité à engager la peuple français, contre sa volonté, dans une aventure bien plus dangereuse encore que la guerre d’Indochine, c'est-à-dire dans une guerre réactionnaire contre l’Asie entière, contre plus de la moitié de la population du globe.

Pleven a choisi la guerre non seulement au mépris de la volonté profonde des masses laborieuses de France, mais sans même consulter son propre parlement. Il a même eu le cynisme de s’élever au-dessus du parlement et de déclarer à Washington, en substance, « que le jour où il y aura une armée française reconstruite et forte aux cotés des forces américaines et britanniques, le parlement ne contiendrait plus de neutralises et de défaitistes ! ». On ne saurait mieux reconnaître qu’en régime capitaliste le parlement, loin de diriger démocratiquement la vie de la nation, n’est que le reflet des intérêts capitaliste et de leur force armée.

Mais les travailleurs sont décidés à ne pas reconnaître l’action incontrôlée du gouvernement capitaliste. Ils ne se considèrent pas liés par des engagements pris en dehors de toutes consultation populaire.

Les travailleurs lutteront pour leur propre politique, qui est celle de la main tendue aux peuples coloniaux, aux travailleurs de tous les pays contre leurs gouvernements capitalistes. Un peuple qui en epprime un autre n’est pas un peuple libre. C’est pourquoi les travailleurs exigent, ils luttent pour :

LE RETRAIT DU CORPS EXPEDITIONNAIRE D’INDOCHINE !

PAIX AVEC L’ASIE !

ETATS-UNIS SOCIALISTES D’EUROPE !