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N° 1 - 24 nov.1956
LA LUTTE DE CLASSE
LE DROIT DES "GRANDS" A DISPOSER DES PEUPLES
    De la Hongrie à l'Afrique du Nord, en passant par le Moyen-Orient, le bruit des canons a remplacé les belles phrases sur le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Partout où leurs intérêts économiques ou politiques sont menacés les dirigeants du monde ont recours à la force comme suprême argument.
    La vie et les besoins des travailleurs hongrois ou égyptiens passent après les intérêts des grandes puissances qui se partagent le globe, tout comme en général les intérêts des classes exploitées passent après ceux des exploiteurs qui ont le pouvoir en mains.
    En France, pour conserver leur gagne pain aux actionnaires de la Compagnie du Canal de Suez, les gouvernants n'hésitent pas à imposer des restrictions à toute la population.
    Les travailleurs font dans tous les pays du monde, les frais de ces opérations. Au nom du soi-disant "intérêt général" ce sont toujours les mêmes qui pâtissent.
    La répression sauvage de l'insurrection hongroise et la très peu glorieuse intervention franco-anglaise en Egypte ont tragiquement mis en évidence le fait que le monde est divisé en "chasses gardées" par un petit nombre de nations militarisées à l'extrême et qui se servent de la force pour imposer leur loi. Partout dans le monde des pays sont occupés par des armées étrangères. C'est tellement dans les moeurs depuis la fin de la guerre qu'il faut le massacre de tout un peuple comme en Hongrie pour qu'on réalise le rôle de ces armées d'occupation. Les travailleurs hongrois ont été assassinés au nom du Pacte de Varsovie ; demain, nous le serons peut-être au nom de la "solidarité atlantique". Les préparatifs militaires qui se développent en France visent, en même temps qu'à préparer le prochain conflit mondial, à remplir au besoin le même rôle que l'armée russe en Europe orientale. Depuis la fin de la guerre, la France n'a pas cessé de combattre, que ce soit en Indochine, en Afrique du Nord ou en Egypte. Partout nous allions défendre les profits de nos patrons avec des fusils comme porte-voix. Depuis dix ans, quand ils ne sont pas occupés à faire au Guatemala ce que les Français font en Algérie ou les Russes en Hongrie, les Etats-Unis construisent des bases militaires plus formidables les unes que les autres, aux quatre coins du monde et en Europe en particulier.
    La Russie occupe militairement la moitié de l'Europe au moyen d'une armée colossale dont l'entretien est payé par les peuples occupés.
    L'Angleterre fait ce que font les USA, mais avec moins de moyens, et ce que fait la France mais avec plus de force.
    Le monde est devenu une vaste prison des peuples gardée par les armées de quelques "grands".
    La Hongrie, l'Egypte et l'Algérie n'en sont que l'illustration sanglante.
    C'est en permettant à nos dirigeants de mener leur guerre en Algérie et en Egypte que nous leur donnons un moyen de nous lier les mains ; c'est en acceptant cette politique de brigandage que nous permettons l'installation en France de bases militaires qui amèneront peut-être un président du Conseil français à faire appel aux armées de l'OTAN contre les travailleurs français, comme Kadar a fait appel aux forces russes.
    "Un peuple qui en opprime un autre, n'est pas un peuple libre", disait Lénine et nous qui laissons nos dirigeants opprimer tant de peuples craignons de voir un jour notre liberté périr sous les blindés.
    Les travailleurs n'ont pas intérêt à la guerre, ils en sont les premières victimes. C'est pourquoi nous devons nous opposer à toutes les occupations de territoires par quelque armée que ce soit. Le premier gage de paix dans ce monde au bord du cataclysme serait :
LE RETRAIT DES TROUPES RUSSES DE LA HONGRIE ET DE TOUTE L'EUROPE ORIENTALE ;
LE RETRAIT DE TOUTES LES TROUPES ATLANTIQUES EN FRANCE ET EN EUROPE.
LE RETRAIT DES TROUPES FRANÇAISES D'EGYPTE ET D'AFRIQUE DU NORD.