LA LUTTE DE CLASSES et
LA VOIX DES TRAVAILLEURS
TOME II (septembre 1945 mai 1947)


tome-2
retour presentation livre
etoile
AVANT PROPOS
En 1945, au sortir de la deuxième guerre mondiale (qu'on n'osait plus appeler la "dernière"), le P.C.F. (Parti communiste français) est un grand parti populaire. Les intellectuels se pressent dans ses rangs, il contrôle la grande centrale syndicale C.G.T., qui fait état de cinq millions d'adhérents, le parti lui-même en compte un million. Ce n'est pas un parti de contestation, mais de collaboration : il a ses ministres dans les gouvernements successifs, il couvre la guerre menée par la bourgeoisie contre l'émancipation des peuples coloniaux. Ayant renié toute idéologie internationaliste et révolutionnaire, outrageusement nationaliste, comme il l'était déjà pendant la guerre, il n'est mˆme plus réformiste. Car il ne revendique rien du patronat et de l’état en contrepartie des efforts (travail pénible et bas salaires) imposés aux travailleurs, et qu'il justifie par la "reconstruction". Les délégués syndicaux en usine se comportent en garde-chiourme et en mouchards. Dans son intérêt le plus immédiat, la classe ouvrière devait se débarrasser de cette bureaucratie qui prétendait la servir et servait ses ennemis. Il lui fallait une nouvelle avant-garde consciente, qui renouerait avec la tradition combative du mouvement ouvrier, rétablirait en son sein les droits de la démocratie bafouée et ferait renaître l'esprit internationaliste de solidarité, symbolisé par le chant de l'Internationale et renié dans les faits. C'est à cela essentiellement que visait la propagande de l'Union Communiste (trotskyste) dans ces années, au travers de nos journaux, nos tracts, et l'action de nos militants. Passant outre la politique des syndicats, les travailleurs finirent par s'insurger contre la misère par des grèves et des manifestations. Mais ils n'allèrent pas plus loin. Ils ont continué de remettre leur sort entre les mains des mêmes vieux appareils, restés en place ; même si des luttes défensives se sont poursuivies, et malgré des courants de révolte comme celui de la jeunesse en 1968.
Nous avons tous payé cher cette faiblesse. Car ces vieux appareils de partis et de syndicats sclérosés ont infligé à la classe ouvrière tant de déceptions et de déboires, qu'ils ont discrédité jusqu'au nom même de "socialisme" et de "communisme" dont ils gardent l'étiquette tout en trahissant le contenu. Et pour finir la décomposition de l'U.R.S.S., qui, depuis longtemps, n'avait plus rien d'un Etat socialiste, sert de prétexte fallacieux à la propagande bourgeoise contre le "communisme".
Cependant, le mode de fonctionnement capitaliste est resté le même dans les pays riches où la productivité a atteint des sommets, les classes populaires s'enfoncent dans la misère avec des millions de chômeurs et d'indigents laissés-pour compte ; partout dans le monde sévissent comme des fléaux les idéologies nationalistes, les exodes d'émigrés et de réfugiés, d'atroces guerres de clans alimentées par les marchands d'armes. Il n'y a pas d'autre issue du gouffre dans lequel nous entraîne l'impérialisme du grand capital qu'un changement de société. Même si la révolution sociale ne se profile pas aujourd'hui à l'horizon, nous, ne pouvons pas nous résigner à la décadence et à de nouvelles catastrophes. "Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! " reste plus que jamais le cri de ralliement des opprimés.
Ce deuxième recueil de La Lutte de Classes et de La Voix des Travailleurs qui porte sur les années 1945 à 1947, est non seulement un document historique, mais, par la richesse de ses textes, une contribution à la réflexion et au débat ; car ce journalisme était avant tout un outil de combat.
LOUISE


retour presentation livre
etoile
AVERTISSEMENT
Les articles de La Lutte de Classes, organe de l'Union Communiste (Trotskiste) (n°50-51 du 3 septembre 1945 à 90 du 16 mai 1947) et de La Voix des Travailleurs (n°1 d'octobre 1945 à 12 du 30 avril 1946) présentés dans ce volume sont la suite de La Lutte de Classes  (n°1, 15 octobre 1942, au n°49, 11 juillet 1945) rééditée par La Brèche en décembre 1992 sous le nom de Barta, alors leur auteur quasi-exclusif.
Les contraintes de l'édition qui font paraître la première série de Lutte de Classes et la seconde dans des volumes distincts ne doivent pas fausser la perspective : moins de deux mois séparent La Lutte de Classes n°49, dernier du précédent volume, du n°50-51, premier de la série présentée ici.
Ces pages n'épuisent pas la réédition des textes de l'U.C. Le G.E.T. espère pouvoir la compléter d'un dernier volume (1947-1951).
Le premier tome reproduisait La Lutte de Classes de la guerre. Celui-ci le prolonge et s'ouvre sur le premier numéro paru après la fin du conflit mondial, le 3 septembre 1945. Outre La Lutte de Classes, il comprend la première série de La Voix des Travailleurs qui, d'octobre 1945 à avril 1946 paraître en alternance avec l'organe politique de l'U.C. Il se clôt sur le dernier numéro de La Lutte de Classes du 16 mai 1947, au moment où s'achève la grève Renault à l'origine de laquelle l'U.C. a été. Après mai 1947, une nouvelle période s'ouvre pour la classe ouvrière et aussi pour l'U.C. Conséquence de la grève Renault sur la presse de l'U.C., La Voix des Travailleurs  nouvelle manière remplace La Lutte de Classes.
L'abondance des textes a contraint à une sélection. Une publication intégrale aurai produit un volume de plus de 400 pages grand format. Les trois quarts des textes des numéros 50-51 à 90 de La Lutte de Classes (septembre 1945-mai 1947) et la quasi- intégralité de ceux des numéros 1 à 12 de La Voix des Travailleurs (octobre 1945-30 avril 1946) sont reproduits ici. quelques uns, particulièrement longs, ont été amputés de quelques paragraphes. Les titres des articles non reproduits sont mentionnés à la fin de chaque numéro.
Ont été éliminés les articles qui, repris de numéros antérieurs de la Lutte de Classes, figurent dans le premier tome auquel nous renvoyons. Barta recourt en effet assez souvent à la reprise d'anciens articles (mais aussi d'extraits des classiques du mouvement ouvrier que nous n'avons pas non plus reproduits) comme moyen d'éducation, et pour marquer la continuité des idées.
N'ont pas été retenus, non plus, un certain nombre d'échos d'entreprises répétitifs ou d'articles trop généraux.
Enfin, bien qu'ils aient participé à leur fa‡on à ce que fut la presse de l'U.C. et malgré leur réel intérêt, la quasi-totalité des textes traduits de la presse trotskyste internationale et la plupart des revues de presse de La Lutte de Classes ont été sacrifiés.
En annexe figurent le tract du Comité de grève Renault adressé aux travailleurs de la Métallurgie de la région parisienne et un article de Pierre Bois paru dans La Révolution Prolétarienne en mai 1947, récit de la grève pratiquement à chaud qui complète les articles de La Lutte de Classes.
Des collections (pas toujours complètes) de la presse de l'U.C. sont conservées par plusieurs bibliothèques et centres de documentation : la Bibliothèque Nationale, la B.D.I.C., le C.E.R.M.T.R.I. Cependant, pour en permettre une consultation plus aisée, le GET propose  (sur commande, 80 FF) un complément d'environ 150 pages comportant les articles qui n'ont pas été retenus ici, relié à la façon des travaux universitaires.
S'agissant d'une période et d'événements souvent oubliés malgré leur importance, il a paru nécessaire de faire précéder les textes d'une introduction qui vise à les replacer dans leur contexte et à en souligner l'essentiel. De même, il a semblé utile de compléter certains articles de notes éclairant des allusions aujourd'hui obscures ou faisant référence à des hommes ou des faits oubliés. Rappelons qu'il s'agit ici d'articles d'une presse de combat, s'adressant par définition à des contemporains un minimum informés des événements dont il est question. Ces notes (appelées par des numéros) figurent à la fin de chaque parution pour ne pas en alourdir la lecture. Par contre, les notes de la rédaction de La Lutte de Classes ou de La Voix des Travailleurs (signalées par des astérisques) figurent à la fin des articles comme sur les originaux.
Pour permettre une approche des textes dans un autre ordre que chronologique, un index aussi détaillé que possible a été établi. Il est divisé en plusieurs parties, noms de personnes, dates et références historiques, noms de pays ou de lieux, noms d'entreprises, et enfin thèmes abordés au travers de l'indexage d'un certain nombre de mots significatifs et de revendications ouvrières de l'époque.
A l'automne 1945, les militants de l'U.C. sont un peu plus nombreux et certains commencent à écrire pour le journal. Aussi, à la différence de la série des Lutte de Classes parues pendant la guerre où la quasi-totalité des textes étaient de la plume de Barta, les articles rédigés par de plus jeunes militants ou directement par des ouvriers sont ici nombreux. Le choix a donc été fait de renoncer à publier ce volume sous le seul nom de Barta. Il aurait pourtant été possible de le faire sans déroger à l'honnêteté intellectuelle et historique tant il est vrai que s'il n'écrit plus directement tous les textes, il rédige les éditoriaux et les articles les plus importants (qu'il signe parfois A. Mathieu ou Gauthier). Et surtout, il inspire toute la politique de l'U.C., sa presse et ses actions.
G.E.T.


retour presentation livre
etoile