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(4 Janvier
1941) (1) L'évolution
de la guerre, par l'entrée en conflit de l'Amérique et du
Japon, a atteint
maintenant le stade suprême où tous les peuples du globe
sont devenus les
victimes directes du carnage impérialiste. Apprendre
à distinguer, dans l'écheveau des conflits militaires
actuels, le caractère progressif ou réactionnaire
des belligérants en
présence suivant les intérêts
permanents de la révolution prolétarienne - voilà
quelle est la tâche première
qui incombe aux révolutionnaires marxistes. La guerre est
générale, mais son
caractère général n'est pas partout le même. Le
point de départ fondamental de la politique prolétarienne
s'appuie sur la
constatation vérifiée que c'est l'impérialisme
(c'est-à-dire le
capitalisme arrivé au stade des monopoles) qui est la cause
principale de la
chute du niveau économique et culturel dans les pays
"avancés" et du
maintien à un niveau sous-humain des peuples coloniaux
et exploités.
Débarrassés du capitalisme, les peuples des pays
"avancés" verraient
s'ouvrir devant eux de nouvelles et formidables possibilités
économiques et
culturelles. Débarrassés de l'exploitation de
l'impérialisme étranger par la
révolution prolétarienne, les pays coloniaux (Chine,
etc.) verraient s'ouvrir pour
la première fois devant eux la possibilité
d'accéder à un niveau de vie et de
culture supérieurs depuis longtemps atteint par les pays
"avancés".
Nous voyons en effet que cette tâche anti-impérialiste
dans les pays coloniaux
ne peut pas être menée à bien par la bourgeoisie
nationale dont les chefs,
Tchang-Kai-Chek en Chine, Gandhi aux Indes, craignent leur propre
prolétariat
plus qu'ils ne craignent l'impérialisme. A
cette discrimination entre pays impérialistes et coloniaux il
faut ajouter
l'URSS qui, en tant que pays où il existe une économie
planifiée issue d'une révolution
prolétarienne, constitue un facteur progressif qui fait
obstacle à
l'impérialisme. Le
double but des impérialistes rivaux (Etats-Unis, Angleterre,
Allemagne, Italie,
Japon, France) c'est de procéder à un nouveau repartage
des colonies et, à
travers les vicissitudes de la guerre de détruire
l'économie planifiée de
l'URSS (Hitler: "mon but n'est pas de prendre Léningrad, mais de
détruire
le centre industriel de Léningrad"). L'avance
impérialiste vient une fois de plus nous fournir une preuve de
son véritable
caractère- la première conséquence des victoires
japonaises a été la création
d'une Banque au capital de 100.000.000 de yens pour "l'Exploitation du
Sud". La
résistance de l'Armée Rouge fait actuellement
échec aux premiers assauts de
l'impérialisme (allemand) malgré des pertes
déjà grandes. Mais le conflit,
justement parce qu'il n'est pas une épreuve de forces entre deux
seigneurs
féodaux mais une lutte à la vie et à la mort entre
des forces sociales opposées
(impérialisme, économie planifiée, pays coloniaux)
son issue est déterminée en
dernier lieu et en dépit des événements militaires
par la conscience
révolutionnaire que les masses auront su acquérir et par
leur capacité de
lutte. D'après
l'analyse ci-dessus il découle qu'une attitude internationaliste
dans le
conflit actuel assigne des tâches différentes aux ouvriers
des divers pays
belligérants. La
lutte des ouvriers russes et chinois contre l'impérialisme
allemand et japonais
doit trouver non seulement la sympathie de tous les opprimés,
mais encore elle
pose pour les ouvriers des pays impérialistes "alliés" de
l'URSS, de
la Chine, la tâche immédiate de lutter pour qu'une aide de
plus en plus grande
en ravitaillement et en munitions leur soit fournie. Les Churchill et
les
Roosevelt n'ont en vue que l'utilisation de l'URSS, de la
Chine, pour
leurs buts impérialistes. Cette lutte ne peut être
menée à bien qu'en complète
indépendance et contre la politique des dirigeants
anglais et américains. Quelle
doit être l'attitude des ouvriers anglais et américains
vis-à-vis de la
politique impérialiste de leurs dirigeants? Au récent
débat de la Chambre des
Communes, M. Eden déclarait : "Nous reculons en Malaisie
par pénurie
d'hommes." Cette phrase est une illustration du danger que la politique
impérialiste fait courir au peuple anglais, politique qui a
déjà été fatale au
peuple français. "Pénurie d'hommes", cela signifie que
les
500.000.000 d'habitants que compte l'empire anglais n'est pas une
communauté
libre, mais constitue pour les 450.000.000 d'esclaves coloniaux une
prison, et
les forces les meilleures du peuple anglais doivent se dépenser
en
gardes-chiourme. Ce n'est qu'en transformant cette communauté
d'esclaves en
communauté libre que le peuple anglais évitera une fin
ignomineuse. L'impérialisme
américain qui ruine la nation pour s'assurer le contrôle
de l'économie mondiale
doit également rencontrer dans le prolétariat
américain l'ennemi irréductible
qui fera échec à ses plans. Les
ouvriers japonais, allemands, italiens, etc. trouveront leur salut
d'une
défaite écrasante et terrible pour eux en ouvrant la vole
à la révolution
socialiste. La
France, malgré l'occupation par l'impérialisme allemand
de la plus grande
partie du territoire, reste un pays impérialiste. La bourgeoisie
française, si
elle a perdu en 1940 la position dominante en Europe a, malgré
la défaite,
conservé l'essentiel de ses revenus, c'est-à-dire
l'exploitation des pays
coloniaux, notamment l'Algérie, le Maroc, etc. Toute sa
politique a été dominée
par le problème de conserver ses positions impérialistes,
l'Empire, et c'est la
tâche que se sont assignée les deux sauveurs de la
bourgeoisie française,
Pétain et de Gaulle. Le récent discours de Pétain
ne laisse plus aucun doute à
ce sujet. "La bourgeoisie pensant français" n'est que le
désir de
conserver une position indépendante entre les
impérialistes rivaux. L'absolue
indépendance vis-à-vis de la bourgeoisie française
décidera du sort du
prolétariat français. Les illusions nationalistes, les
fronts
"communs" pour des objectifs "nationaux", toute tromperie
de ce genre sera payée par l'avenir du mouvement
prolétarien. Le prolétariat
français ne trouvera son salut que dans une unité de
front avec les autres
prolétariats, principalement le prolétariat allemand.
Abandonner la stratégie
internationaliste en faveur d'une fraction bourgeoise quelle qu'elle
soit,
c'est se vouer soi-même et sa classe à la destruction. Les
marxistes
révolutionnaires resteront fidèles au drapeau
prolétarien de Liebknecht et de
Lénine et travailleront avec une ardeur redoublée
à la transformation
socialiste du monde. Janvier 1941 [en
réalité- 1942] Daté
par erreur: « 4 Janvier
1941 », car on y parle de l'entrée
en guerre des Etats-Unis et du Japon qui s’est produite en
décembre 1941 après
le raid japonais contre la base américaine de Peral Harbor (7
décembre)
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