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chronologie 1946 |
N°61 |
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14 MAI 1946
Le N°: 3 francs |
En octobre aussi, le P.C.F. avait présenté la compétition des "oui-non" contre les "oui-oui" comme une lutte de la démocratie contre la réaction. Mais, alors, il s'agissait en apparence de régler provisoirement les rapports entre le gouvernement et l'Assemblée pour une durée de 7 mois, tandis qu'aujourd'hui c'est la Constitution, soi-disant de "progrès social", qui a été repoussée. "Il va encore falloir courber l'échine", s'est exclamé un ouvrier... Assourdis par les polémiques et la propagande de dernière heure des Partis, les travailleurs ont oublié que toutes les dispositions, y compris celles de "progrès social", avaient été élaborées en commun avec le M.R.P. L'introduction dans la Constitution de quelques phrases "sociales" n'était, en effet, que le meilleur paravent pour cacher l'oeuvre réactionnaire des trois Partis au Gouvernement, le meilleur moyen de tromper les paysans et les petites gens sur la véritable situation des travailleurs qui, en fait de niveau de vie réel et de conditions de travail, sont ramenés d'un siècle en arrière. Car dans la pratique, ce sont les champions staliniens de ces droits sur le papier qui dans les usines font le métier de gardes-chiourme (salaire au rendement, heures supplémentaires, défense de revendiquer).
Voilà pourquoi tous les journaux de la bourgeoisie et du camp
des
"non" s'empressent au-jourd'hui d'affirmer qu'on ne peut pas mettre en
question les dispositions de "progrès social" de la Constitution.
Mais qu'ont-ils fait de plus avec Thorez, vice-président du Conseil, qu'avant les élections du 21 octobre quand il n'y avait que deux ministres communistes dans le cabinet de De Gaulle ? Est-ce qu'en 1936, par exemple, les Partis "ouvriers" ayant obtenu autant de sièges au Parlement, il y avait un gouvernement à majorité communiste-socialiste ? Cependant la classe ouvrière, par son activité, par sa grève générale de juin 36, a réellement amélioré la situation et imposé des mesures de "progrès so-cial" (conventions collectives, etc...). Par l'action directe, elle a réussi à faire un bloc de lutte du prolétariat, des petits commerçants, et de toutes les petites gens contre l'Etat collecteur d'impôts et la spéculation capitaliste. "Unité avec les Républicains" (les Herriot et les Francisque Gay), crient aujourd'hui P.C.F. et P.S. pour continuer leur politique pourrie de collaboration avec les Partis bourgeois. "Unité dans les quartiers et les usines", répondront les travailleurs, unité pour défendre notre pain et notre droit à la vie, unité pour organiser la résistance au patronat. Qui sera assez fort pour nous faire courber l'échine, si nous serrons nos rangs fraternellement à la base, sans distinction de tendance politique, de croyance et de nationalité ? C'est dans CETTE unité que ré-side notre force. C'est CETTE vérité que ressentait un ouvrier qui disait : "Dans le temps, il y avait des grèves, mais aujourd'hui on est amorphe ; ce n'est que par l'action directe qu'on peut faire changer un gouvernement de politique." Et c'est pourquoi 150 ouvriers, conscients et combatifs, dans quinze grandes usines, peuvent faire infiniment plus pour la classe ouvrière, que 150 députés, réformistes traîtres, dans une Assemblée croupion qui, pour justifier leur existence, n'"arrachent" quelques concessions aux capitalistes qu'au moment où la classe ouvrière elle-même est en branle et les a déjà gagnées par son action directe. |
Les grèves américaines, qui menacent la domination des plus gros monopoleurs du monde, fauteurs de guerre et détenteurs de la bombe atomique, ne rencontrent aucune sympathie de la part de nos dirigeants "ouvriers", ils les désapprouvent au contraire. Pour quelle raison ?... Parce qu'elles gênent les transactions et négociations financières et commerciales avec les capitalistes américains. En contre-partie de cette "solidarité" capitaliste, Saillant déclare à l'adresse des ouvriers allemands : "Les syndicats allemands, s'ils devaient s'opposer aux conclusions du Congrès de la C.G.T. française (sur la Ruhr) porteraient la responsabilité de la rupture morale qui existerait entre eux et nous." Contre l'"Internationale syndicale;, au service de l'internationalisation de la Ruhr; par les banquiers !... Qu'ont-ils trouvé de nouveau dans le domaine économique, en reniant la lutte ouvrière ? La défense du capital et de la surexploitation, la sauvegarde du vieux système anarchique et réactionnaire. Qu'ont-ils trouvé de nouveau dans le domaine de la sécurité et de la paix, en rompant avec l'internationalisme ouvrier ? La dispute de lambeaux de territoires, le chaos, le panier à crabes des rivalités capitalistes, avec comme résultat de nouvelles épreuves de force, de nouvelles destructions et ruines. Non pas une meilleure politique que l'internationalisme, mais le retour à la politique d'une classe condamnée. La politique "réaliste" des renégats, sous prétexte de ne pas courir les "utopies" socialistes, lie le sort de la classe ouvrière au sort terrible du capitalisme décadent, qui mène l'humanité au suicide de la guerre atomique. |
PARTOUT, LE CAPITALISME AFFAME LES PRODUCTEURS Dans un communiqué, la Chambre syndicale des
médecins de la Seine fait savoir que la ration des populations
urbaines ne procure que 1.320 calories au lieu des 2.200
nécessaires. En partant de ce fait, Marcel Cachin écrit
dans sa chronique du ravitaillement : "...Est-il vrai qu'en ce temps de
pénurie extrême de matières grasses, on
décide d'exporter en Grande-Bretagne 100 tonnes de camemberts
par mois ? Est-il exact qu'on va en expédier en Suisse, en
Belgique,
en Suède ? Ne se-rait-il pas tout de même expédient
de
songer à la santé de nos nationaux ?" (Humanité,
27-4).
Mais l'administration du ravitaillement ne peut rien contre le fait que le gouvernement a besoin de devises pour combler les déficits résultant des crédits votés pour l'armement et pour l'Intérieur, le premier pour la fabrication d'engins de guerre, le second pour la police, la D.G.E.R., et qui grèvent l'Etat de plus de 200 milliards (2/3 du budget). Il ne reste plus alors à Cachin et aux ministres "ouvriers" qu'à entonner l'hymne à la production... pour améliorer le sort de la classe ouvrière et notre ravitaillement. Mais comment, en régime de spéculation capitaliste, le problème de la consommation est-il lié à celui de la production ? En Amérique, pays exportateur, dont la capacité de production a augmenté pendant la guerre de 105%, Le Monde du 27-4 nous apprend que "les ménagères de New-York, comme dans la plupart des grandes villes cherchent en vain une côtelette chez le boucher. Les syndicats ouvriers accusent les patrons abatteurs de conspirer avec le marché noir afin de démolir le contrôle des prix... 85% de la viande en circulation dans le pays a cessé de passer par les voies régulières". C'est en partant du fait que les ouvriers n'ont jamais cessé de produire et que parallèlement à leurs efforts s'élève un marché inaccessible à leurs salaires, que nous réclamons le contrôle ouvrier sur les affaires des capitalistes affameurs. C'est pour cette raison que les travailleurs se détournent des défenseurs des capitalistes plongés dans le marais du parlementarisme, pour se tourner vers les ouvriers révolutionnaires qui n'ont pour mettre en échec les affameurs et leurs défenseurs, qu'un seul mot d'ordre : sans nourriture pas de travail. FRERE.
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13 AVRIL. - Les 400.000 mineurs en
grève depuis le 1° avril
travaillent à obtenir les revendications sociales, avant celles
des salaires. Les
représentants des propriétaires des mines en ont
été convaincus lorsque, très
étonnés, ils virent l'A.F.L., les "travailleurs unis des
mines", J. Lewis et l'U.M.W. "Comité des Négociations",
rompre les pourparlers et quitter la salle de conférence. "Nous croyons, cette fois, que vous modifierez vos sentiments ladres et antisociaux, étant donné que vos bourses sont touchées", déclara Lewis en conclusion de son compte-rendu qu'il lut juste avant sa sortie. Dès le début des négociations, les représentants de l'U.M.W. ont insisté sur une série de revendications sociales vitales, dépassant de loin la question des salaires. Que sont ces revendications : Les mineurs réclament que cesse l'impôt terrible de vie humaine que sont les accidents dans les mines américaines. Ils réclament des mesures d'hygiène : installations sanitaires et médicales dans les villes immondes et décrépites de la compagnie, des assurances pour les veuves des mineurs et les orphelins, des compensations pour les blessés et leur famille, la baisse des prix exorbitants des coopératives de la compagnie et des loyers des habitations de la compagnie. A ces revendications vitales des mineurs, les capitalistes sordides répondirent que le Comité de l'Union des mines mettait en avant ces "bagatelles" avec l'intention évidente d'arrêter les négociations et de créer une crise nationale. Ces "bagatelles", comme Lewis le démontrait à l'ouverture des négociations, ont pour cause le massacre de 28.000 mineurs et plus d'un million de blessés depuis 14 années. Cette liste de morts et de blessés vient du refus de la direction d'assurer l'équipement de sécurité, son opposition à l'inspection des mines et aux lois de sécurité du travail. Ces "bagatelles" concernent des milliers de veuves et d'orphelins destinés à mourir de faim, car la direction a supprimé les lois de compensation. Elles signifient maladie et habitations insalubres, car beaucoup d'actionnaires ne veulent pas employer leurs bénéfices énormes pour donner même un semblant d'hygiène moderne aux villes de la compagnie. Les mineurs ont décidé de s'assurer de meilleures conditions, grâce à un fonds de bien-être, prélevé sur les profits des actionnaires que l'Union elle-même contrôlera. Ils demandent l'équipement de sécurité aux frais de la direction. Ils insistent pour que les actionnaires pourvoient à ces "bagatelles", telle que l'eau courante, des facilités pour se baigner, l'enlèvement des ordures. Ils cherchent à mettre fin aux prix exorbitants des coopératives de la Compagnie, un rabais de 10% sur tous les prix et 20% sur les habits et équipements de la mine. Extrait de The Militant du
20-4-46.
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Ont voté blanc contre le referendum :
58 978 dans la Seine (Paris compris). 534 274 dans toute la France |
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