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Prolétaires de tous les pays, unissez-vous
La Lutte de Classes
Organe de l'Union Communiste (IVe Internationale)
 
N°61
  QUATRIEME ANNEE
 14 MAI 1946
Le N°: 3 francs

 
  
LA SOURCE DE NOTRE FORCE
      Le résultat du référendum  a grandement découragé les travailleurs qui avaient pris au sérieux le langage des Thorez et Daniel Mayer . Car ceux-ci leur avaient présenté la compétition des "oui" contre les "non" comme une bataille qui devait décider du triomphe ou de la défaite de la démocratie face au conservatisme social, au cléricalisme et au fascisme (Radicaux, M.R.P., P.R.L.), "agents des trusts".

    En octobre aussi, le P.C.F. avait présenté la compétition des "oui-non" contre les "oui-oui" comme une lutte de la démocratie contre la réaction. Mais, alors, il s'agissait en apparence de régler provisoirement les rapports entre le gouvernement et l'Assemblée pour une durée de 7 mois, tandis qu'aujourd'hui c'est la Constitution, soi-disant de "progrès social", qui a été repoussée. "Il va encore falloir courber l'échine", s'est exclamé un ouvrier...

    Assourdis par les polémiques et la propagande de dernière heure des Partis, les travailleurs ont oublié que toutes les dispositions, y compris celles de "progrès social", avaient été élaborées en commun avec le M.R.P. L'introduction dans la Constitution de quelques phrases "sociales" n'était, en effet, que le meilleur paravent pour cacher l'oeuvre réactionnaire des trois Partis au Gouvernement, le meilleur moyen de tromper les paysans et les petites gens sur la véritable situation des travailleurs qui, en fait de niveau de vie réel et de conditions de travail, sont ramenés d'un siècle en arrière.

    Car dans la pratique, ce sont les champions staliniens de ces droits sur le papier qui dans les usines font le métier de gardes-chiourme (salaire au rendement, heures supplémentaires, défense de revendiquer).

    Voilà pourquoi tous les journaux de la bourgeoisie et du camp des "non" s'empressent au-jourd'hui d'affirmer qu'on ne peut pas mettre en question les dispositions de "progrès social" de la Constitution.
Si les ouvriers ne font pas de lien entre cette attitude pratique des Partis soi-disant ouvriers et leurs prétentions politiques, c'est parce que, d'une part, ils craignent encore davantage l'action des partis ouvertement bourgeois, et que, d'autre part, ils se laissent berner par les promesses des chefs staliniens : "Donnez-nous encore davantage de voix, et nous ferons triompher les droits des travailleurs."

    Mais qu'ont-ils fait de plus avec Thorez, vice-président du Conseil, qu'avant les élections du 21 octobre quand il n'y avait que deux ministres communistes dans le cabinet de De Gaulle ?

    Est-ce qu'en 1936, par exemple, les Partis "ouvriers" ayant obtenu autant de sièges au Parlement, il y avait un gouvernement à majorité communiste-socialiste ? Cependant la classe ouvrière, par son activité, par sa grève générale de juin 36, a réellement amélioré la situation et imposé des mesures de "progrès so-cial" (conventions collectives, etc...). Par l'action directe, elle a réussi à faire un bloc de lutte du prolétariat, des petits commerçants, et de toutes les petites gens contre l'Etat collecteur d'impôts et la spéculation capitaliste.

    "Unité avec les Républicains" (les Herriot  et les Francisque Gay), crient aujourd'hui P.C.F. et P.S. pour continuer leur politique pourrie de collaboration avec les Partis bourgeois.

    "Unité dans les quartiers et les usines", répondront les travailleurs, unité pour défendre notre pain et notre droit à la vie, unité pour organiser la résistance au patronat. Qui sera assez fort pour nous faire courber l'échine, si nous serrons nos rangs fraternellement à la base, sans distinction de tendance politique, de croyance et de nationalité ? C'est dans CETTE unité que ré-side notre force. C'est CETTE vérité que ressentait un ouvrier qui disait : "Dans le temps, il y avait des grèves, mais aujourd'hui on est amorphe ; ce n'est que par l'action directe qu'on peut faire changer un gouvernement de politique."

    Et c'est pourquoi 150 ouvriers, conscients et combatifs, dans quinze grandes usines, peuvent faire infiniment plus pour la classe ouvrière, que 150 députés, réformistes traîtres, dans une Assemblée croupion qui, pour justifier leur existence, n'"arrachent" quelques concessions aux capitalistes qu'au moment où la classe ouvrière elle-même est en branle et les a déjà gagnées par son action directe.


 DE L'INTERNATIONALE COMMUNISTE
A L'INTERNATIONALE DES BANQUIERS
En rompant avec la politique communiste, les renégats se donnent des airs d'"hommes d'Etat", prétendent avoir "appris de l'expérience", et faire en conséquence une nouvelle politique "réaliste", opposée aux "utopies socialistes". Ce qu'est en réalité cette politique "nouvelle", trois exemples actuels nous le feront voir.
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    Un camarade nous écrit : "A la Thomson (du trust de l'Electricité), la Section Syndicale se désintéresse des revendications ouvrières. Dernièrement elle a saboté une grève partielle de peur qu'elle ne s'étende. Mais elle n'agit pas de même envers la direction patronale. Celle-ci s'étant plaint au Comité d'Entreprise que l'administration des P.T.T., son principal client, ne la payait qu'au terme d'un an, nos "défenseurs des intérêts de la classe ouvrière", trop heureux de défendre ceux du patron, se proposent d'intervenir auprès de la Fédération postale, afin que celle-ci agisse en conséquence auprès de l'Etat pour lui faire effectuer son payement le plus tôt possible. C'est un comble que, sabotant les revendications des travailleurs, la Section Syndicale s'occupe de faire rentrer les fonds du patron, qui peut assez bien se défendre lui-même. D'un côté les journaux syndicaux dénoncent le trust de l'Electricité et sa mainmise sur des richesses colossales et d'un autre côté la Section Syndicale agit ouvertement en commis de ce trust !"
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    Nous reproduisons par ailleurs l'article d'un journal prolétarien américain sur la grève des mineurs.
Les grèves américaines, qui menacent la domination des plus gros monopoleurs du monde, fauteurs de     guerre et détenteurs de la bombe atomique, ne rencontrent aucune sympathie de la part de nos dirigeants "ouvriers", ils les désapprouvent au contraire.

    Pour quelle raison ?... Parce qu'elles gênent les transactions et négociations financières et commerciales avec les capitalistes américains.

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    Selon Frachon, la politique des chefs staliniens est de toujours prendre le contre-pied de la réaction. Or, ils se retrouvent dans le même camp que le M.R.P. et le P.R.L. pour réclamer "l'internationalisation" de la Ruhr. Cette "internationalisation" n'est rien d'autre que la formation d'un consortium capitaliste pour l'exploitation du charbon, du fer, de l'acier dans cette région, consortium dans lequel entreraient les capitalistes an-glais, français, allemands, etc.

    En contre-partie de cette "solidarité" capitaliste, Saillant déclare à l'adresse des ouvriers allemands : "Les syndicats allemands, s'ils devaient s'opposer aux conclusions du Congrès de la C.G.T. française (sur la Ruhr) porteraient la responsabilité de la rupture morale qui existerait entre eux et nous." Contre l'"Internationale syndicale;, au service de l'internationalisation de la Ruhr; par les banquiers !...

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    Renégats du socialisme et gardes-malades du capitalisme, leur "sagesse" consiste à faire de la vulgaire politique bourgeoise.

    Qu'ont-ils trouvé de nouveau dans le domaine économique, en reniant la lutte ouvrière ? La défense du capital et de la surexploitation, la sauvegarde du vieux système anarchique et réactionnaire.

    Qu'ont-ils trouvé de nouveau dans le domaine de la sécurité et de la paix, en rompant avec l'internationalisme ouvrier ? La dispute de lambeaux de territoires, le chaos, le panier à crabes des rivalités capitalistes, avec comme résultat de nouvelles épreuves de force, de nouvelles destructions et ruines. Non pas une meilleure politique que l'internationalisme, mais le retour à la politique d'une classe condamnée.

    La politique "réaliste" des renégats, sous prétexte de ne pas courir les "utopies" socialistes, lie le sort de la classe ouvrière au sort terrible du capitalisme décadent, qui mène l'humanité au suicide de la guerre atomique.



PARTOUT, LE CAPITALISME  AFFAME LES PRODUCTEURS
Dans un communiqué, la Chambre syndicale des médecins de la Seine fait savoir que la ration des populations urbaines ne procure que 1.320 calories au lieu des 2.200 nécessaires. En partant de ce fait, Marcel Cachin écrit dans sa chronique du ravitaillement : "...Est-il vrai qu'en ce temps de pénurie extrême de matières grasses, on décide d'exporter en Grande-Bretagne 100 tonnes de camemberts par mois ? Est-il exact qu'on va en expédier en Suisse, en Belgique, en Suède ? Ne se-rait-il pas tout de même expédient de songer à la santé de nos nationaux ?" (Humanité, 27-4).

    Mais l'administration du ravitaillement ne peut rien contre le fait que le gouvernement a besoin de devises pour combler les déficits résultant des crédits votés pour l'armement et pour l'Intérieur, le premier pour la fabrication d'engins de guerre, le second pour la police, la D.G.E.R., et qui grèvent l'Etat de plus de 200 milliards (2/3 du budget). Il ne reste plus alors à Cachin et aux ministres "ouvriers" qu'à entonner l'hymne à la production... pour améliorer le sort de la classe ouvrière et notre ravitaillement.

    Mais comment, en régime de spéculation capitaliste, le problème de la consommation est-il lié à celui de la production ?

    En Amérique, pays exportateur, dont la capacité de production a augmenté pendant la guerre de 105%, Le Monde du 27-4 nous apprend que "les ménagères de New-York, comme dans la plupart des grandes villes cherchent en vain une côtelette chez le boucher. Les syndicats ouvriers accusent les patrons abatteurs de conspirer avec le marché noir afin de démolir le contrôle des prix... 85% de la viande en circulation dans le pays a cessé de passer par les voies régulières".

    C'est en partant du fait que les ouvriers n'ont jamais cessé de produire et que parallèlement à leurs efforts s'élève un marché inaccessible à leurs salaires, que nous réclamons le contrôle ouvrier sur les affaires des capitalistes affameurs.

    C'est pour cette raison que les travailleurs se détournent des défenseurs des capitalistes plongés dans le marais du parlementarisme, pour se tourner vers les ouvriers révolutionnaires qui n'ont pour mettre en échec les affameurs et leurs défenseurs, qu'un seul mot d'ordre : sans nourriture pas de travail.

FRERE.

LES MINEURS AMERICAINS EN GREVE
tiennent bon pour leurs revendications sociales
     13 AVRIL. - Les 400.000 mineurs en grève depuis le 1° avril travaillent à obtenir les revendications sociales, avant celles des salaires. Les représentants des propriétaires des mines en ont été convaincus lorsque, très étonnés, ils virent l'A.F.L., les "travailleurs unis des mines", J. Lewis et l'U.M.W. "Comité des Négociations", rompre les pourparlers et quitter la salle de conférence.
     "Nous croyons, cette fois, que vous modifierez vos sentiments ladres et antisociaux, étant donné que vos bourses sont touchées", déclara Lewis en conclusion de son compte-rendu qu'il lut juste avant sa sortie.
     Dès le début des négociations, les représentants de l'U.M.W. ont insisté sur une série de revendications sociales vitales, dépassant de loin la question des salaires.
     Que sont ces revendications :
     Les mineurs réclament que cesse l'impôt terrible de vie humaine que sont les accidents dans les mines américaines. Ils réclament des mesures d'hygiène : installations sanitaires et médicales dans les villes immondes et décrépites de la compagnie, des assurances pour les veuves des mineurs et les orphelins, des compensations pour les blessés et leur famille, la baisse des prix exorbitants des coopératives de la compagnie et des loyers des habitations de la compagnie.
     A ces revendications vitales des mineurs, les capitalistes sordides répondirent que le Comité de l'Union des mines mettait en avant ces "bagatelles" avec l'intention évidente d'arrêter les négociations et de créer une crise nationale.
     Ces "bagatelles", comme Lewis le démontrait à l'ouverture des négociations, ont pour cause le massacre de 28.000 mineurs et plus d'un million de blessés depuis 14 années. Cette liste de morts et de blessés vient du refus de la direction d'assurer l'équipement de sécurité, son opposition à l'inspection des mines et aux lois de sécurité du travail.
     Ces "bagatelles" concernent des milliers de veuves et d'orphelins destinés à mourir de faim, car la direction a supprimé les lois de compensation.
     Elles signifient maladie et habitations insalubres, car beaucoup d'actionnaires ne veulent pas employer leurs bénéfices énormes pour donner même un semblant d'hygiène moderne aux villes de la compagnie.
     Les mineurs ont décidé de s'assurer de meilleures conditions, grâce à un fonds de bien-être, prélevé sur les profits des actionnaires que l'Union elle-même contrôlera.
     Ils demandent l'équipement de sécurité aux frais de la direction. Ils insistent pour que les actionnaires pourvoient à ces "bagatelles", telle que l'eau courante, des facilités pour se baigner, l'enlèvement des ordures.
     Ils cherchent à mettre fin aux prix exorbitants des coopératives de la Compagnie, un rabais de 10% sur tous les prix et 20% sur les habits et équipements de la mine.
Extrait de The Militant du 20-4-46.

Ont voté blanc contre le referendum :
58 978 dans la Seine (Paris compris).
534 274 dans toute la France


    

      

LA VOIX DES
 
1er MAI 1946 JOURNEE PRE-ELECTORALE
Comme il ne faut parler ni des salaires, ni des conditions de travail, il ne reste que le ravitaillement pour exprimer -de façon discrète- le mécontentement des travailleurs.

    "Nous voulons manger, Longchambon à la porte !" proclament les Bétons de Gennevilliers, et Phillip et Pain de Montrouge : "Produire, d'accord, mais payer et nourrir d'abord." En cours de route, un énergumène, bien connu des ouvriers de chez Renault pour ses actes de violence contre les vendeurs de journaux révolutionnaires, s'oppose à ce que ceux de Montrouge défilent derrière une pancarte aussi "tendancieuse".

    Quelques boîtes réclament aussi la signature de la convention collective. La S.O.G.A. (17e) déclare "produire avec notre convention collective et un meilleur ravitaillement", tandis que Ducrétet-Thomson sup-plie humblement : "Nous avons donné notre sueur. Patrons, donnez votre signature à la convention collec-tive." C'est ça, la dignité ouvrière ? Mais pareille prière est aussi inutile que celles que les curés adressent à leur Bon Dieu ! S'il fallait tenir compte de la sueur et du sang versé par les ouvriers, tout l'or des patrons ne suffirait pas à payer leur dette. Seule la lutte peut les obliger à signer un contrat. Pour remplacer les revendications, les organisateurs exhibent des chars et des jeux. Mais devant le Char du Textile portant "nous produirons 8 millions de complets par an", une ménagère hoche la tête : "Oui, si ça n'allait pas au marché noir..."

    "Votez oui !", tel est, avec "produire", le maître-mot de la manifestation. Les ouvriers sont soumis à une surexploitation féroce ? "Nous exigeons le charbon de la Ruhr !" Le travail au rendement ruine les santés et abrutit l'esprit ? "Votez oui, contre le désordre et l'anarchie !" Ces exhortations sont accueillies sans grand enthousiasme par une foule en majorité petite-bourgeoise. La masse des ouvriers d'usine n'est pas là et ceux qui sont là ne sont pas venus pour lutter.

    Pourquoi lutter, en effet ? Frachon nous clame que "tout ce que des années et des années de lutte ne nous avaient pas apporté, la Constitution nous le donne". Ce que le jeu du parlementarisme bourgeois peut apporter aux travailleurs, ils le savent par expérience. S'ils soutiennent encore Thorez et Frachon de préférence à Mayer ou Jouhaux, c'est qu'ils craignent pire. C'est ce chantage au pire qui permet justement à Thorez de mener la pire politique : celle qui laisse les ouvriers sans défense devant la bourgeoisie.

    Les métaux, sous l'hégémonie du P.C.F., sont particulièrement mal représentés et mornes, tandis que les branches où l'influence du P.C.F. est moins étouffante sont plus combatives : le Livre défile aux cris de "débloquez nos salaires !" et "C.G.T. à l'action" ! Les Indochinois réclament la fin des hostilités et le rapa-triement de leurs prisonniers et déportés.


A L'USINE    
      Chez Renault : très peu d'ouvriers étaient présents au défilé. De nombreux ouvriers ne sont pas venus travailler le jour de récupération, car ils n'admettent pas que le lundi de Pâques, journée religieuse n'ayant pas été récupérée, on leur fasse récupérer la journée du 1er Mai.

    Chez Carnaud : A la suite de notre tract pour un 1er Mai de lutte, des ouvrières ont déclaré : "C'est bien, mais il n'y a rien d'organisé pour qu'on puisse revendiquer." Rien ne peut s'organiser sans l'activité des travailleurs eux-mêmes.

    A la C.G.C.T. (Thomson-Favorites) : Le nombre de camarades groupés derrière notre banderole atteignait à peine la douzaine. Un de nos camarades de l'opposition qui a participé au défilé -dans lequel on ne vit aucun des responsables syndicaux de l'usine- avec le mot d'ordre "Echelle mobile", fut traité le lendemain de "provocateur" par certains responsables de la section syndicale !

    Chez Hispano : Pour montrer le résultat positif de l'effort des ouvriers, on promena une machine... directement importée de Barcelone.

    Chez Citroën : une cinquantaine d'ouvriers sur 12.000 participent au défilé. Voilà l'enthousiasme unanime que déchaîne la politique des dirigeants actuels de la C.G.T. !


GANGSTERISME PATRONAL
      Chez Carnaud (à Boulogne), un chef d'équipe ayant commandé une corvée à un manoeuvre, celui-ci répondit : "Il est midi moins cinq". Pour toute réplique, il reçut du chef d'équipe deux coups de poing. La déléguée qui intervint auprès de la direction s'est vue répondre par le chef d'atelier : "Cela ne vous regarde pas".

    Pour toute réponse, la section syndicale dénonce le fait en pleurnichant, sous le titre : "Drôles de méthodes".

    Pour les ouvriers, ce geste n'est pas du tout "drôle" et c'est le renvoi immédiat du chef d'équipe qui s'impose. Si la direction s'y oppose, si elle refuse même de recevoir les délégués, il faut l'y obliger par la grève. Car que signifie un tel geste ? C'est une atteinte directe à la dignité des ouvriers, c'est l'instauration du travail à la trique. Les ouvriers ne doivent pas laisser se créer de pareils précédents.

    Ils doivent riposter énergiquement pour obtenir le renvoi du chef d'équipe. Sinon il n'y a aucune raison pour que le patron ne continue pas à faire travailler ses ouvriers à la trique.

    Pourquoi un patron peut-il se permettre de pareilles méthodes, alors qu'il existe des syndicats groupant près de 6 millions de travailleurs ? Pourquoi peut-il se permettre aujourd'hui des agissements que le patronat avait dû abandonner depuis des dizaines et des dizaines d'années, c'est-à-dire depuis que la classe ouvrière a commencé à s'organiser ? C'est qu'il connaît bien la passivité des dirigeants actuels du syndicat. Souffleter les ouvriers, c'est pour le patron traiter l'organisation syndicale avec le plus grand mépris. Celle-ci ne peut pas accepter de telles injures sans relever le défi. La section syndicale doit dire clairement aux ouvriers comment elle entend "empêcher des brutalités envers quiconque de nos camarades". Puisque la direction refuse de recevoir les délégués nous ne voyons qu'un moyen : la grève.