UNION
POUR UN GOUVERNEMENT OUVRIER
ET PAYSAN
Le dernier
référendum,
en rendant obligatoire pour toute la nation une Constitution
votée
par 36% des
électeurs
, nous a donné la preuve définitive que, au moment
où
pour chacun se pose la question "comment joindre les deux bouts", dans
le système parlementaire bourgeois, il n'y a ni
démocratie,
ni issue.
Les combinaisons
envisagées
par les Partis après les prochaines élections, et les
commentaires
de certains journaux bourgeois, sont tous basés sur ce fait
qu'un
déplacement d'un million ou deux de voix d'un parti à
l'autre
ou de partis à d'autres, ne changerait en rien la forme
gouvernementale
que nous connaissons actuellement : les élections prochaines
nous
maintiendront donc dans l'impasse.
M. Bidault ne pourra
pas
gouverner "sans Thorez", car à l'heure actuelle, seul M. Thorez
peut "pacifiquement" empêcher les travailleurs de lutter contre
l'exploitation
de plus en plus éhontée à laquelle ils sont soumis
par les capitalistes.
M. Thorez ne peut pas
gouverner sans un Bidault quelconque ou un Daladier "Front populaire"
(sic),
car c'est seulement ainsi qu'il peut cacher ses trahisons
derrière
le prétexte qu'il fait bloc contre une réaction encore
plus
noire. "Contentez-vous, avec nous, de serrer votre ceinture, car sans
nous,
vous recevrez, par-dessus le marché, la trique de De Gaulle",
voilà
les perspectives de ces messieurs les chefs du P.C.F. Le P.C. et le
P.S.
ont déjà eu une majorité parlementaire, et ils
n'ont
fait rien d'autre.
* * *
Depuis que, par la
manoeuvre
du référendum, De Gaulle nous avait montré qu'il
voulait
utiliser le pourrissement du parlementarisme pour instaurer, sous
prétexte
de faire "du neuf et du raisonnable", un système totalitaire,
nous
avons proposé aux travailleurs, sans distinction de partis,
comme
centre de ralliement, UN GOUVERNEMENT OUVRIER ET PAYSAN.
Mais c'est seulement
une
minorité d'ouvriers conscients qui ont compris la
nécessité
d'opposer au gouvernement de la bourgeoisie LEUR PROPRE GOUVERNEMENT DE
CLASSE pour trouver une issue à une situation qui apparaît
autrement sans autre issue que celle de De Gaulle.
Dans ces conditions,
nous
disent certains camarades, n'est-ce pas prêcher en l'air que de
mettre
en avant, dans la vie de tous les jours, dans les discussions, dans
l'agitation,
une perspective qui paraît au-dessus de la compréhension
des
travailleurs ? Ne vaut-il pas mieux se contenter de les appeler
à
l'action directe de tous les jours ?
Mais, si on veut
contrecarrer
avec succès le totalitarisme de De Gaulle, QUI lui opposer ?
Nous
ne pouvons pas nous contenter de lui opposer "l'action directe" en
général.
L'action directe contre les patrons, c'est la grève ; et contre
l'appui que leur accorde le gouvernement, une grève allant
jusqu'à
la grève générale.
Même dans cette
lutte, la classe ouvrière ne peut pas rester
éternellement
sur la défensive. Elle userait ses forces en des combats sans
issue.
Pour qu'elle se défende avec énergie, il lui faut une
perspective
qui, en cas de victoire, soit UNE SOLUTION GOUVERNEMENTALE de ses
intérêts.
Mais si nous devons faire du gouvernement ouvrier et paysan un sujet de
discussion et d'agitation QUOTIDIENNES, ce n'est pas seulement pour
donner
une perspective REELLE à l'action directe de la classe
ouvrière
: c'est parce que, à l'heure actuelle, FACE AUX PLANS DE DE
GAULLE,
il peut justement devenir, DU JOUR AU LENDEMAIN, une
nécessité
immédiate de défense de TOUS les travailleurs contre une
attaque fasciste.
Quand, en 1936, les
travailleurs
espagnols furent en présence de l'attaque de Franco, les chefs
du
P.C. leur imposèrent la collaboration avec les Daladier
espagnols,
et le maintien de l'Etat bourgeois capitaliste, complice de Franco. Ce
gouvernement de Front Populaire, appuyé sur les organes de
police
et l'administration de la bourgeoisie espagnole, lutta davantage contre
les ouvriers qui voulaient mener une lutte émancipatrice, que
contre
Franco. Malgré la volonté des travailleurs espagnols,
notamment
ceux de Catalogne, pour liquider la police bourgeoise, sa bureaucratie,
en un mot l'Etat capitaliste et créer un gouvernement ouvrier et
paysan s'appuyant directement sur les ouvriers organisés (dans
les
Partis, les Syndicats, les Comités d'usines, de quartiers,
etc.),
parce qu'ils n'étaient pas suffisamment préparés
à
cette tâche, le gouvernement républicain réussit
à
assurer la victoire de Franco. Et cela, malgré le
dévouement
inouï et la lutte héroïque sans
précédent
menée par le peuple espagnol.
En France aussi, les
ouvriers
ont répondu au coup d'Etat fasciste du 6 Février 1934 par
de grandioses mouvements d'action directe allant jusqu'à la
grève
générale de 1936. Mais, grâce à la
propagande
des Thorez et des Blum, ils laissèrent le soin de combattre et
de
détruire le fascisme à l'Etat : on connaît la suite.
L'exemple de la
Grèce
et de l'Italie actuelles nous montre l'imminence du danger en France
même.
Face à la minorité de capitalistes et leurs laquais, le
gouvernement
ouvrier et paysan, appuyé sur l'union dans la lutte des
travailleurs
des villes et des campagnes, représente pour ceux-ci une
démocratie
nouvelle, la plus efficace et la seule efficace, pour résoudre
les
difficiles problèmes auxquels les masses exploitées ont
à
faire face.
POUR
AFFIRMER NOTRE
VOLONTE REVOLUTIONNAIRE
VOTONS
TROTSKYSTE
Quand, il y a un
peu plus
de deux ans, le changement de fortune militaire obligeait
Pétain,
qui avait reçu l'appui de Hitler, à prendre la fuite, la
bourgeoisie française, les 200 familles maîtresses de
toutes
les richesses de la France, pour maintenir leur domination, eurent
recours
à un autre sauveur : De Gaulle.
De Gaulle,
protégé
de Paul Reynaud, de tendance royaliste (l'Action Française, bien
connue pour son action anti-ouvrière), représentant de la
caste des officiers qui a montré dans les
événements
de 1940 son incapacité et sa pourriture complète,
n'était
vis-à-vis des travailleurs qu'un autre Pétain, jouant
la carte anglaise. C'est ce que nous pouvons tous comprendre
maintenant
par ses visées de dictature personnelle publiquement
affirmées
et par l'appui qu'il reçoit de la part des organisations
nettement
"anti-communistes", c'est-à-dire anti-ouvrières : l'Union
Gaulliste, le P.R.L., le M.R.P., etc.
Or, les
travailleurs,
qui avaient versé depuis 39 leur sang sous la conduite de
Daladier,
Reynaud et Pétain, défenseurs des privilèges des
200
familles, en croyant le verser pour la démocratie, n'avaient pas
lutté contre l'occupation hitlérienne pour ramener, en
compagnie
de Daladier et Reynaud, un autre Pétain, toujours au service des
200 familles, mais pour se libérer de leur domination. Car la
liberté
ne peut pas exister sans un niveau de vie supportable qui donne
à
celle-ci un contenu réel, et seul le renversement de la
domination
des 200 familles, l'expropriation des riches capitalistes qui avaient
pillé
la France tout au long de la guerre, pouvait assurer un minimum de
bien-être
aux travailleurs et préparer le relèvement
définitif
de la France.
Ce sont les
chefs du P.C.F.
qui nous ont détournés de cette tâche. Disposant
à
l'époque de la confiance de la majorité de la classe
ouvrière,
ils nous ont empêchés de prendre notre sort en nos propres
mains. Grâce à l'appui qu'ils ont donné à De
Gaulle, ce dernier a pu se parer du masque de libérateur, de
constructeur
d'une France nouvelle.
Tout cela, sous
prétexte
de réalisme. Il fallait soi-disant renoncer au tout
(irréalisable)
pour réaliser un minimum. Mais, comme il fallait s'y attendre,
ce
réalisme, parce qu'il laissait intacte la domination des 200
familles
sur le peuple de France, nous a conduits à une situation
où
nous n'avons rien d'autre qu'une vie misérable et sans espoir.
Aujourd'hui,
après
avoir utilisé la collaboration de ces soi-disant chefs ouvriers
pour maintenir la domination des 200 familles et continuer ainsi la
ruine
du pays, De Gaulle ne se sentant pas encore prêt à imposer
sa dictature personnelle par la force, a besoin de mettre tout d'abord
de son côté une partie de l'opinion publique. C'est
pourquoi
il s'est retiré pour la forme et a laissé les Partis qui
l'avaient soutenu (et seraient prêts à le soutenir encore
s'il voulait partager avec eux le pouvoir) se débattre,
impuissants
au gouvernement, pour qu'ils apparaissent comme les seuls responsables
de cette ruine.
Mais, dès
que les
travailleurs seront suffisamment démoralisés par l'action
des partis qui se réclament de la classe ouvrière, De
Gaulle,
sous prétexte de lutter contre l'anarchie engendrée par
le
tripartisme (qu'il a lui-même utilisé), fera
déclencher
par ses partisans, dans toute la France, des mouvements
six-févriéristes,
comme celui de la rue de Châteaudun. Si ceux-ci
réussissent
à paralyser les travailleurs, ils l'appelleront au pouvoir pour
y être leur homme et leur chef. Et, quand toutes les
organisations
ouvrières et les partis en général seront
détruits,
les travailleurs affamés et les petites gens spoliés par
l'Etat (inflation dévaluation) ne pourront même plus
protester
contre leur misère.
Face à ce
danger,
que nous proposent les Partis qui nous demandent de voter pour eux
contre
la réaction ?
Rien,
sinon des
phrases et des formules qui nous ramènent au tripartisme,
à
la collaboration au sein du gouvernement de la bourgeoisie.
La confiance que
vous
leur ferez, ils en disposeront comme par le passé à leur
simple profit personnel, pour obtenir des portefeuilles et des places,
donnant ainsi à De Gaulle l'occasion de se faire passer pour le
sauveur de la situation, contre l'anarchie "communiste".
Mais la plupart
d'entre
vous savent maintenant qu'il ne suffit pas de voter pour un parti, que c'est
le régime qu'il faut entièrement changer.
Le
seul obstacle qui vous arrête, c'est que pour changer de
régime,
il vous faut des hommes nouveaux, capables de vous conduire
intelligemment
dans votre lutte. Il vous faut des hommes qui vous aideront à
abattre
ce régime pourri jusqu'à la moelle et à instaurer
un gouvernement ouvrier et paysan, c'est-à-dire un gouvernement
appuyé directement sur l'activité de ceux qui travaillent
de leurs mains et de leur cerveau, à l'exclusion des
capitalistes,
des spéculateurs, des fascistes et de tous les parasites qui
vivent
au détriment de ceux qui travaillent. Il vous faut des hommes
pour
vous aider à instaurer un gouvernement qui s'appuierait, non pas
sur un Parlement daladiériste, impuissant, acheté par les
capitalistes, mais sur des Parlements "ouvriers" de quartiers, de
villes,
de villages, d'arrondissements, de départements, unifiés
dans un Parlement central formé de délégués
de tous ces Parlements locaux, délégués
élus
non pas pour de nombreuses années, mais révocables
à
tout instant, élus non pas sur les listes de Partis, mais parce
que connus pour leurs capacités dans telle ou telle branche
d'activité
et leur honnêteté. Seuls, de tels parlements peuvent
être
l'expression directe de la lutte des travailleurs, de leur
volonté.
A l'exception d'un
seul,
aucun des partis faisant acte de candidature ne vous indique cette
voie.
Le seul parti qui fasse appel à votre action de classe, c'est le
Parti Communiste Internationaliste (IVe Internationale).
Cependant, ce
parti n'a
jamais été capable d'aller jusqu'au bout dans son action.
A maintes occasions, il a repris les mots d'ordre trompeurs du P.C.F.
à
son propre compte. Aujourd'hui encore, il vous dit qu'il faut voter
pour
le P.C.F. ou le P.S., contre la réaction, quand la source de la
réaction c'est justement le régime de surexploitation, de
surveillance policière que le P.C.F., par l'intermédiaire
de la C.G.T., aide les capitalistes à imposer aux travailleurs
dans
les usines.
Mais ce Parti,
qui hésite
constamment, qui capitule à demi devant les chefs qui vous
trahissent,
représente néanmoins une opposition suffisante pour que,
en bloquant nos voix sur lui, on donne un camouflet à De Gaulle,
à la bourgeoisie, au M.R.P. et aux ministres communistes et
"socialistes"
de trahison, leurs alliés, et affirmer ainsi notre
volonté
de changer de régime.
Vous savez que,
dans les
usines, quelle que soit votre opinion, si vous exprimez une divergence
ou une opposition, vous êtes immédiatement traités
de trotskystes. C'est pourquoi, en votant pour le P.C.I. qui se
réclame
du trotskisme, vous marquerez votre opposition au régime
d'exploitation
et d'incertitude que nous subissons et votre volonté de lutte.
Et c'est dans la
lutte
prolétarienne que chaque travailleur vérifiera par sa
propre
expérience ce que valent chacune des organisations qui basent
leur
action sur l'activité consciente des travailleurs et qui se
déclarent
partisans de la révolution socialiste internationale.
Votez
trotskyste sur les listes du P.C.I. !
Mobilisons-nous
dans les
usines pour la défense de nos conditions d'existence et de nos
libertés
!
Vive
le Gouvernement ouvrier et paysan !
L'Union
Communiste
(trotskyste); |
|