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Prolétaires de tous les pays, unissez-vous
La Lutte de Classes
Organe de l'Union Communiste (Trotskyste)
 
N°84      Prov. Bimensuel (B.I.)
  CINQUIEME ANNEE
15 FEVRIER 1947
 Le N°: 4 francs
 
 
L'Avocat des pauvres
    Benoît Frachon a écrit une série d'articles leaders dans L'Humanité en faveur du MINIMUM VITAL. Mais comme Benoît Frachon est le représentant officiel de la C.G.T., il est nécessaire d'examiner de près ses arguments ; personne n'ignore, en effet, qu'il est certaines façons de défendre une cause qui peuvent lui être davantage nuisibles que favorables.

    Tout d'abord, pourquoi la revendication du minimum vital ?

    Avant la guerre, grâce à la surexploitation des colonies, la majorité de la classe ouvrière et des classes laborieuses en général pouvait non seulement manger à sa faim, s'habiller, s'acheter quelques produits de "luxe", mais pouvait dans une certaine mesure épargner, mettre de côté pour les "vieux jours". En un mot, la majorité de la classe ouvrière possédait non seulement le minimum vital, mais dans une très faible mesure, quelques miettes de superflu -bien entendu, PAR RAPPORT AUX NECESSITES IMMEDIATES, NULLEMENT PAR RAPPORT A LA PUISSANCE TECHNIQUE ACQUISE PAR L'HOMME SUR LA NATURE. De ce dernier point de vue, le prolétaire avait tout un monde à gagner.

    La deuxième guerre impérialiste mondiale, en ruinant presque tous les pays, sauf les Etats-Unis, a condamné même la classe ouvrière des pays autrefois "riches" à la sous-alimentation, donc à la ruine physique et intellectuelle.

    LE MINIMUM VITAL exprime la volonté de la classe ouvrière de recevoir en échange d'un labeur qui crée toutes les richesses, et dont le fruit est dissipé par ceux qui ne travaillent pas, "UN SALAIRE QUI LUI PERMETTE AU MOINS DE NE PAS AVOIR LA SENSATION DE LA FAIM, DU DENUEMENT, DE NE PAS TOMBER MALADE, DE SE SENTIR HOMME, NE FUT-CE QU'UN JOUR PAR SEMAINE" (Lutte de Classes, n°83).

    Or, Frachon dit : "...L'ANALYSE TECHNIQUE DU PROBLEME NOUS AVAIT DONNE LE CHIFFRE DE 103.000 FRANCS QUE NOUS AVONS RAMENE A 84.000 EN TENANT COMPTE DES SACRIFICES QUE CHACUN DOIT FAIRE POUR LA RECONSTRUCTION." En réalité, sous couleur de défendre le minimum vital, pour lequel luttent actuellement TOUTES les catégories de salariés, Frachon, représentant officiel de la C.G.T., le condamne formellement.

    Si TECHNIQUEMENT (c'est-à-dire EN CALCULANT LA QUANTITE DE BIENS NECESSAIRES A LA REPRODUCTION NORMALE DE LA FORCE DE TRAVAIL DE L'OUVRIER) les dirigeants syndicaux reconnaissent que c'est 103.000 francs qui constituent le minimum vital, sur la base de l'indice des prix en novembre, réduire ce chiffre de 20% en dessous, à 84.000 francs, c'est donner un contenu PATRONAL à la notion du minimum vital.

    Par minimum vital, en effet, le patronat entend non pas la reproduction intégrale de la force de travail dépensée par l'ouvrier, mais ce qu'il faut à l'ouvrier pour qu'il ne meure pas : EN CE SENS, ON PEUT DIRE QU'IL Y A LE MINIMUM VITAL DANS LES PRISONS ET DANS LES BAGNES, où les condamnés accomplissent leur temps de peine. Et un ouvrier d'usine peut aussi "vivre" AU DETRIMENT DE SA SUBSTANCE, et mourir non pas à 75 ou 80 ans comme les représentants bien nourris de la bourgeoisie, mais à 40 ou 50 ans. Le minimum vital conçu de cette manière n'est plus un minimum déterminé scientifiquement, mais, comme le dit Frachon, d'après les "SACRIFICES QUE CHACUN DOIT FAIRE POUR LA RECONSTRUCTION".

    Pour Frachon, qui écrit : "NOUS NE SOMMES PAS ASSEZ SOTS POUR TRAITER DES RAPPORTS DE CLASSES DE LA MEME FAÇON QU'ON LES TRAITAIT IL Y A UN SIECLE" -il n'y aurait donc plus d'exploiteurs et d'exploités. Nous faisons tous partie d'une seule grande famille (les 200 familles probablement), où les riches ne doivent pas être trop égoïstes, ni les pauvres trop exigeants. Frachon donne l'exemple -lui qui a accès auprès des riches et de la richesse- et sacrifie, dans la revendication officielle de la C.G.T., SANS AVOIR CONSULTE D'AUCUNE FAÇON LA MASSE DES OUVRIERS, 20% DE CE QUI EST VITAL AUX TRAVAILLEURS POUR VIVRE.

    Mais sur quoi se sont basés Frachon et ses complices, pour estimer à 20% le sacrifice de substance vitale que les travailleurs doivent faire aux parents riches, les 200 familles ? Pourquoi ceux-ci ne traiteraient-ils pas cette revendication de démagogique, puisque le critère scientifique a disparu ? Pourquoi n'exigeraient-ils pas 25, 30% ? Frachon leur en donne le droit. Il suffit qu'ils démontrent qu'ils "NE PEUVENT PAS", qu'ils sont en train de "BAISSER LES PRIX" (sic) etc...

    Quels sacrifices peuvent faire les patrons qui vivent de l'exploitation des ouvriers, et dont la ri-chesse n'est pas le fruit de l'épargne, du travail et du mérite personnels, MAIS DU TRAVAIL NON PAYE SOUSTRAIT AUX OUVRIERS ? C'EST DE LEUR IMPOSER LE MINIMUM VITAL DES OUVRIERS, EN REDUISANT LEUR MARGE DE BENEFICES.

    Frachon n'est pas "ASSEZ SOT" pour traiter des rapports de classes de la même façon qu'il y a un siècle, c'est-à-dire au temps de Marx, et de la libre concurrence. Mais il est trop pourri pour poser les problèmes comme on doit les poser à l'époque impérialiste, où les grands trusts et monopoles écrasent les travailleurs, et imposent une lutte de classe cent fois plus intense. Il se réfugie, lui, dans le "socialisme", D'AVANT MARX, et au lieu de représenter la classe ouvrière révolutionnaire, il se fait "L'AVOCAT DES PAUVRES" auprès des classes dominantes. Il est ainsi leur serviteur ; car quel est le socialiste, l'ouvrier éduqué, qui ne sache que, si la classe ouvrière n'a pas réussi à renverser les capitalistes et à s'émanciper, c'est parce qu'elle s'est heurtée non seulement à la force organisée de la classe capitaliste, mais aux préjugés inculqués par celle-ci aux ouvriers ?

    La fable des "sacrifices communs" des milliardaires parasites et du travailleur-producteur vaut-elle mieux que celle qui fait croire à tant d'ouvriers arriérés que sans les riches il n'y aurait ni travail ni pain ?

    Frachon ne répond aux arguments des patrons sur les "revendications qui mettent en danger le relèvement économique" que par le pauvre argument des "sacrifices communs". Mais pour cela les ouvriers n'ont pas besoin de représentants syndicaux, n'importe quel bourgeois "éclairé" peut en dire autant.

    En réalité, l'argumentation de Frachon met en danger le minimum vital parce qu'elle cache ce qu'il y a d'essentiel dans cette revendication non seulement pour les travailleurs, MAIS POUR TOUTES LES COUCHES SOCIALES.

    Car, quel est l'élément essentiel de la reconstruction si ce n'est la main-d'oeuvre ? Même des économistes bourgeois sont obligés, quand ils veulent poser sérieusement le problème, de reconnaître que... "DE TOUS LES FACTEURS DE LA PRODUCTION, LE PLUS IMPORTANT N'EST-IL PAS LE FACTEUR HUMAIN, MEME A S'EN TENIR AU POINT DE VUE STRICTEMENT ECONOMIQUE ?" (Monde, 29-12-46). Et quels sont les problèmes de la main-d'oeuvre, si ce n'est ceux du logement, de la nourriture, de la qualification, c'est-à-dire en fin de compte le problème du minimum vital ? Peut-on transformer des ouvriers sous-alimentés en ouvriers qualifiés ? Le problème de la main-d'oeuvre, dont l'économie souffre, n'est pas numérique, puisqu'à côté du manque de main-d'oeuvre subsiste le chômage et tant d'inutiles.

    La classe ouvrière n'a pas besoin d'un "avocat des pauvres" ; elle ne mendie pas un morceau de pain ; elle REVENDIQUE, parce que de ses revendications et de son sort dépend le sort de toute la société.
 


CHARBON ET DEMOCRATIE

    La gravité de la crise charbonnière qui vient d'affecter sérieusement en Angleterre le fonctionnement des industries, et fait subir des restrictions à environ 25 millions d'habitants -on compte 4 ou 5 millions de chômeurs- dévoile l'impudence sans borne de ceux qui, pour cacher leurs responsabilités et la véritable origine de la stagnation économique en France, attribuent celle-ci à la "politique anglaise qui nous prive du charbon de la Ruhr".

    Combien il est commode de donner le change aux classes laborieuses qui ont tant souffert de la guerre et qui ne voient pas d'amélioration à la situation, par ce prétexte facile : les Anglais qui occupent la Ruhr ne nous donnent pas le charbon indispensable à notre économie. Voilà ce qui nous paralyse.

    Mais voilà que l'Angleterre, qui contrôle ce fameux charbon, et qui est elle-même grande productrice de charbon, se trouve aussi paralysée.

    En fait, le monde entier souffre de cette crise économique. Si en Angleterre et aux Etats-Unis (bien qu'ici ce soit d'une autre façon), elle est encore au stade des "restrictions", ailleurs elle produit la mort par le froid et la famine.

    "Par manque de charbon, le dernier haut-fourneau a été éteint à la fin de la semaine dernière", en Autriche. "La pénurie de charbon cause une épidémie d'influenza", en Pologne (productrice de charbon). "En raison de la grave pénurie de charbon, plus de 80% des usines du Wurtemberg-Bade (Allemagne) ont reçu l'ordre de fermer à partir du 10 février" (malgré le charbon de la Ruhr !). "En plein coeur de l'Europe occidentale, 20 à 30 millions d'êtres humains dépérissent sous nos yeux", déclare un M. Richard Law. Et ailleurs ? En Espagne, en Italie, en Europe centrale et orientale ? Une mortalité de 100% pour les bébés sévit dans certaines régions de la Roumanie, productrice de blé et frappée par la famine. Les sources de la richesse sont partout taries.

    L'impudence des classes dirigeantes qui veulent cacher leurs responsabilités dans la situation effroyable où se trouvent aujourd'hui les peuples est sans borne, car, malgré les catastrophes provoquées par leur politique chauvine, partout elles s'efforcent de maintenir leur domination par une politique qui place le bien-être d'un peuple donné dans l'exploitation d'un autre peuple.

    Pendant la guerre de 14-18, la "grande idée" de la bourgeoisie française était : "le Boche paiera". Après la défaite de l'Allemagne en 1945, un autre représentant de la "grandeur" de la bourgeoisie, De Gaulle, revendiqua le détachement de la région industrielle de la Ruhr, de l'Allemagne. C'est ce changement sur la carte de l'Europe que les représentants de la bourgeoisie assignaient au peuple laborieux de France comme but de ses efforts et de ses souffrances, de son sang versé depuis six ans !

    C'est là toute la science politique de la bourgeoi-sie qui en réalité défend ainsi ses privilèges de classe et sa part dans le partage des richesses du globe, sans aucun autre avantage pour la classe ouvrière que de donner son sang et sa sueur pour la grandeur de la bourgeoisie.

    M. Courtade , de L'Humanité, qui, dans son rôle d'endormeur et d'empoisonneur de la conscience des travailleurs en France, fait partie du choeur des journalistes revendiquant "notre part dans le charbon de la Ruhr", sait cependant mettre le doigt sur la plaie... quand il s'agit de l'Angleterre (du "bloc occidental"). En quelques phrases, tout est dit :

    "Enfin et surtout, la crise qui bouleverse la Grande-Bretagne est la démonstration la plus éclatante qu'il est vain de prétendre mener de front une politique intérieure progressiste et une politique extérieure impérialiste.

    "Si l'Angleterre a été incapable d'effectuer à temps et d'une façon satisfaisante la "reconversion", c'est-à-dire le passage de l'industrie de guerre à l'industrie de paix, la faute en revient principalement à M. Bevin.

    "La Grande-Bretagne ne pouvait à la fois maintenir 1.500.000 hommes sous les drapeaux et reconstruire ses usines, moderniser un matériel vétuste, augmenter ses exportations.

    "Bevin espérait escamoter la difficulté avec l'aide des Américains, mais il s'est aperçu trop tard que le "libéralisme" économique des Etats-Unis était une légende et qu'à ce régime l'Angleterre devenait de plus en plus tributaire de l'Amérique." (Humanité du 12-2-47).

    Malheureusement, en ce qui concerne la France, Courtade reste frappé de cécité ; pour lui probablement, la bourgeoisie française ne mène pas une politique impérialiste, elle n'a pas de troupes mobilisées et un budget extraordinaire d'inflation, elle ne mène pas de guerre en Indochine (avec le ministre de la Défense Nationale Billoux et le vice-président Thorez). Si elle n'effectue pas la "reconversion" et ne reconstruit pas des usines et des maisons... c'est parce que les Anglais ne nous donnent pas le charbon de la Ruhr.

    Mais avant que les capitalistes qui prétendent exploiter l'Allemagne pour leurs intérêts privés ne se l'approprient, il faudrait qu'il existe, ce charbon, et que sa production ne soit pas handicapée, comme en Angleterre, par le manque de main-d'oeuvre, le manque de machines, la politique impérialiste. Ainsi, le gouvernement français, qui réclame le charbon de la Ruhr, veut retenir sous une forme ou sous une autre les prisonniers allemands dans les mines françaises ; mais les ouvriers qui travailleront ici ne peuvent pas travailler en même temps en Allemagne.

    La guerre et le capitalisme ont tari les richesses et désorganisé l'économie. Pour panser les blessures de la guerre, les peuples ont besoin d'une politique démocratique qui n'est pas et ne peut être celle des dirigeants actuels, de quelque pays que ce soit.

    Car pour relever la production et les peuples de tous les pays de leurs ruines, il faut arrêter les fabrications de guerre, produire selon les besoins des masses, retirer les troupes d'occupation et les corps expéditionnaires, démobiliser les hommes, libérer les prisonniers, établir des échanges démocratiques entre les peuples.

    Et c'est parce que cette politique ne peut se faire qu'à condition de renverser la bourgeoisie, que ses bourreurs de crâne essaient de nous en détourner en nous jetant en pâture "le Boche" et en criant : "Il nous faut le charbon de la Ruhr."

GAUTHIER

...ECHOS...
LA LUTTE POUR LA DEMOCRATIE
 
 
  (extrait de La Voix des Travailleurs chez Renault)  
       La semaine dernière, des ouvriers du secteur Collas ont lancé une liste de pétition pour protester contre la mauvaise répartition de la prime de production, dont la conclusion était : qu'ils mandataient les délégués ouvriers pour intervenir auprès du Comité d'entreprise. Dès le second jour, dans le secteur Collas seul, cette liste recueillait 850 signatures. D'autres listes sont encore en circulation, ce qui signifie que cette protestation recueillait l'approbation de la grosse majorité des ouvriers. En effet, qui n'a pas été indigné de ce que ce soit toujours les mêmes qui profitent des augmentations, qui n'a pas été indigné de ce que ce soit les IMPRODUCTIFS qui reçoivent la plus grosse part de la prime de PRODUCTION. 

    Néanmoins, un fait aussi minime que la protestation des ouvriers contre une décision de leurs responsables, prise sans les consulter, a donné lieu à des incidents et à des conflits à première vue surprenants. C'est ainsi que des responsables syndicaux ont tenté de faire disparaître des listes et ont menacé de représailles des camarades qui les faisaient circuler. Le motif invoqué en général fut qu'en se montrant hostile aux décisions des dirigeants, on semait la division. A-t-on oui ou non le droit d'avoir une opinion à soi et de l'exprimer ? 

    Nous, en tant qu'ouvriers, nous avons décidé de discuter, au moyen de ce bulletin, quelle est l'attitude qu'on doit avoir ; nous voulons opposer la conception de la majorité des ouvriers prise sur le vif, à ceux qui prétendent avoir le secret du "bon point de vue", et qui n'hésitent pas, pour faire triompher ce point de vue, MEME QUAND IL EST EN CONTRADICTION AVEC L'OPINION DE LA MAJORITE DES OUVRIERS, à employer des procédés répugnants. 
 

    Un groupe d'ouvriers de la RNUR. 
 
 
 
 
   L'attitude anti-démocratique des responsables a été mise en échec par la solidarité des ouvriers qui ont imposé la circulation des listes, en défendant leurs camarades qui en avaient pris l'initiative ; devant cette détermination, certains responsables se sont solidarisés avec les ouvriers et des collecteurs ont décidé de ne plus collecter le timbre si aucune suite n'était donnée à cette pétition qui exprimait le sentiment de la majorité. 
 

HITLER-LE-PACIFISTE
    L'attitude "antifasciste" des impérialistes "démocratiques" vis-à-vis de Hitler en 1938 -la période de Munich- est suffisamment connue par les travailleurs. Munich, c'était un essai d'entente avec Hitler -si seulement les intérêts impérialistes de la France et de l'Angleterre avaient pu se concilier avec ceux de l'Allemagne. Dans le but de cette entente, les gouvernements français et anglais participèrent à l'anéantissement de la Tchécoslovaquie.

    Mais grâce à la propagande stalinienne, la majorité des travailleurs ignore que, dès 1933, Trotsky avait préconisé une guerre révolutionnaire de l'U.R.S.S. contre Hitler, appuyée sur le prolétariat mondial. Dans cette phase antérieure, après la prise du pouvoir, Hitler encore faible, avait besoin, pour consolider son pouvoir contre les travailleurs allemands et pour procéder au réarmement, d'un délai de quelques années. L'article de L. Trotsky que nous reproduisons ici, écrit en 1933, démasquait justement au monde, et avant tout à la classe ouvrière, les plans de Hitler et les raisons de son pacifisme, étape de préparation à la guerre.

*   *   *
    Du point de vue diplomatique, la situation de 1933 n'est en aucune façon semblable à la situation actuelle. Hitler vaincu, c'est l'antagonisme entre les Etats-Unis et l'Angleterre d'une part, et l'U.R.S.S. d'autre part, qui domine la politique mondiale.

    Mais actuellement l'impérialisme américain utilise lui aussi la phraséologie pacifiste pour camoufler son véritable visage. Ce "pacifisme" n'est pas dû, comme celui de Hitler en 1933, à la faiblesse de l'impérialisme américain, pour gagner du temps ; il doit au contraire cacher au monde l'imminence de la guerre, résultant de l'immensité même de l'effort d'armement que poursuit le profiteur américain de la guerre de 1939-45.

    Il y a à peine quelques mois, au moment des expériences de Bikini, de l'envoi des bateaux de guerre en Méditerranée, le langage soudainement brutal de la diplomatie des Etats-Unis, avait suscité la méfiance et l'inquiétude des masses populaires de tous les pays. C'est pour cela qu'aujourd'hui l'avant-scène est à nouveau occupée par des conférences de paix, des déclarations d'entente et d'amitié. L'impérialisme américain a repris son masque habituel de "grande puissance pacifique" qui ne fera la guerre que pour mieux "préserver la paix"...

La Rédaction.
Hitler le Pacifiste de L. Trotsky . Publié à l'origine dans La Vérité (organe de la Ligue communiste internationaliste) du 8 décembre 1933.