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chronologie 1948 |
N° 51 |
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19 Novembre 1948
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Aujourd'hui,
ils établissent eux-mêmes le bilan comme suit :
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"Entre les mains de l'Etat patron, les nationalisations sont une arme
contre les travailleurs", dit L'Humanité.
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"On se croirait revenu au temps de Pétain et de Stülpnagel,
écrit L'Humanité au sujet des agissements de la police.
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"Jules Moch a livré le Conseil de la République au
fasciste De Gaulle ; le Conseil
de la République est un nouveau Sénat", lisons-nous
dans
le même journal.
Mais comment les nationalisations qui, soit-disant, instauraient le contrôle des ouvriers sur les capitalistes, sont devenues une arme dans les mains de la réaction, par quel miracle la police républicaine est devenue nazie, et pourquoi le "premier Parti de France" est classé bon dernier aux élections du Conseil de la République, à ceci la réponse des "chefs géniaux" est bien simple : C'est la trahison des chefs socialistes qui est cause de tout. C'EST JULES MOCH QUI CHASSE LES "COMMUNISTES" DES CONSEILS D'ADMINISTRATION DES SOCIETES NATIONALISEES, C'EST JULES MOCH QUI ORDONNE A LA POLICE DE COGNER SUR LES OUVRIERS, ET C'EST ENCORE LUI QUI, PAR UN TRAIT DE PLUME, A DECRETE UN SYSTEME ELECTORAL ANTI-DEMOCRATIQUE.
Avec leur habituel mépris des travailleurs, les chefs staliniens
pensent que des raisonnements aussi grossiers suffisent pour cacher
derrière celles des socialistes,
leurs propres responsabilités. En effet, une constitution est démocratique dans la mesure où, par des institutions appropriées, elle garantit au peuple un contrôle effectif sur les gouvernants. Or, derrière la formule "du neuf et du raisonnable", les chefs du tripartisme (P.C.F., P.S., M.R.P.) ont pondu, à quelques détails près, une constitution qui est la soeur jumelle de celle, pourrie, de la IIIe République. La meilleure preuve, c'est qu'aujourd'hui, de tous les côtés, bien que pour des raisons différentes, on vient à reconnaître ouvertement que derrière le nom ronflant du "Conseil de la République", se cache l'institution la plus réactionnaire de la IIIe République, le Sénat. Des conseillers proposent même de reprendre ouvertement l'ancien nom.
D'autre part, si Jules Moch et le Conseil des Ministres peuvent user
contre qui bon leur semble, y compris contre le peuple, de la police et
de l'armée, épurer les entreprises nationalisées
au profit de la réaction et décréter un
système électoral complètement
anti-démocratique, que reste-t-il de démocratique dans la
constitution votée en mai 46 avec l'appui principal des
dirigeants du P.C.F. ? Les chefs "géniaux" étaient-ils si naïfs de croire qu'en dotant la IVe République des mêmes institutions que la IIIe, elle n'aboutirait pas au même résultat, le gaullisme faisant pendant au pétainisme ? Mais ce n'est pas par naïveté que les chefs staliniens ont conduit les masses laborieuses à la défaite ; ILS LES ONT SCIEMMENT TRAHIES, VENDUES EN ECHANGE DE POSTES MINISTERIELS UTILES A LA DIPLOMATIE DE STALINE. Pourquoi Thorez s'est-il mis à vanter brusquement, en 1945, la police républicaine (celle-là même qui avait servi Daladier et Pétain), sinon pour obtenir de De Gaulle le droit de rentrer de Moscou en France ? Mais les chefs du P.C.F. ne peuvent, bien entendu, reconnaître que la vague de réaction qui submerge le pays est le résultat de leur propre politique. S'étant proclamés en 1945 des "démocrates conséquents", pour couvrir leur trahison ministérielle (collaboration avec De Gaulle), ils sont aujourd'hui pris à leur propre piège et mis en accusation par une assemblée à laquelle, par ailleurs, ils doivent faire appel pour mettre au monde un véritable gouvernement d'"Union Démocratique" ! Mais toutes ces contradictions n'embarrassent pas les chefs staliniens. Pour le travail qu'ils sont chargés de faire, les principes et la logique n'ont aucune importance. Devant les conséquences de leur politique, ils pensent se tirer d'affaire en accusant leurs complices, les chefs socialistes, Blum et Cie. |