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chronologie 1949 |
BULLETIN DU |
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L’émancipation des travailleurs
sera
l’oeuvre
des travailleurs eux-mêmes (Marx)
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N° 27 |
1er mars 1949
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L'émotion a
été
grande cette semaine à la Régie lorsque les ouvriers ont
appris la mort tragique de l'ouvrier des presses Expert. La fatigue, la
maladie, les mutilations, ne suffisent pas au monstre qu'on appelle
"travail
au rendement" ; il lui faut des vies.
Pour gagner leur
misérable
paye, beaucoup d'ouvriers en sont arrivés à
négliger
complètement leur propre sécurité. Les dispositifs
de sécurité sont enlevés, et on travaille à
la volée sur les presses, sur les rectifes, on calibre en marche
ou l'on ajoute des vitesses quitte à se faire éclater une
meule à la figure.
Les circonstances de la mort de Expert n'ont pas encore été nettement établies. Comment la presse s'est-elle mise en marche ? Qui a permis de travailler sans dispositif de sécurité ? Les travailleurs sont inquiets, ils veulent que la lumière soit faite. Déjà il y a quelques mois, les ouvriers des presses se sont mis en grève pour revendiquer d'être payés à l'heure. La direction est restée intransigeante, les délégués ont noyé le poisson. Aujourd'hui le 243 est en grève pour le même motif. Aujourd'hui encore la direction fait la sourde oreille, aujourd'hui encore la C.G.T. escamote la revendication des ouvriers : le travail à l'heure !
Depuis des mois, le
S.D.R.
a mis en avant la revendication du retour au plafond à 116% avec
maintien du salaire. En effet, avec les temps effectivement payés
actuellement la production limitée à 116% est
une
garantie de sécurité. D'autre part, devant le
chômage
qui menace c'est un premier pas dans la lutte contre ce fléau.
En
1945, nous faisions 45 h à 116% (70' dans l'h.), 116%
était
le plafond maximum, la moyenne étant de 112.5%. Aujourd'hui nous
faisons 48 h. à 145%, ce qui veut dire que 30.000 ouvriers
travaillant
dans les conditions d'aujourd'hui, font le travail de 40.000
travaillant
dans les conditions de 1945.
Pierre Bois
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