retour accueil | retour chronologie | retour
chronologie 1945 |
N°52 |
|
27 SEPT. 1945
|
Grève des imprimeurs à Grenoble et à Limoges, des ouvriers du bâtiment à Lorient, des employés municipaux à Lille, des ouvriers charbonniers à Saint-Malo, des mineurs de Lens et de Valenciennes ; manifestations des dockers à Rouen, des cheminots à Lille et à Lyon, des ménagères à Bayonne, à Toulouse, à Lyon, à Toulon, à Paris, etc... Les ouvriers protestent contre la baisse de leurs salaires par l'augmentation accélérée des prix, et les ménagères contre l'affamement des familles ouvrières et les scandales du marché noir. Après la dernière hausse des prix du beurre, du lait, du vin, etc., le pouvoir d'achat des ouvriers a subi à nouveau une chute. Mais pour empêcher de nouvelles revendications ouvrières, le gouvernement a pris les devants en annonçant que cette hausse des prix était la dernière. Il promet pour l'avenir de stimuler la production agricole et de maintenir les prix, grâce à des subventions accordées par l'Etat. Procédé démagogique. La bourgeoisie elle-même le reconnaît, qui dit que ce n'est là qu'un expédient destiné à gagner du temps, le temps nécessaire à la reprise économique, dont on parle depuis de longs mois, et que les événements viennent toujours contrecarrer" (Combat , 15-9). Mais qu'est-ce donc que ces événements, sinon les contradictions du régime capitaliste lui-même, le déséquilibre croissant entre les dépenses de l'Etat, l'orientation de la production, le pouvoir d'achat des masses ? On nous dit : "Pour stimuler la production, il faut que l'Etat accorde des subventions". Mais les subven-tions, c'est un accroissement du budget, donc de l'inflation. Mais si l'Etat en augmentant ses dépenses augmente l'inflation, les prix ne pourront pas être stabilisés, comme le prétend le gouvernement.
"On
fera la stabilisation grâce aux importations, qui nous
procureront
des marchandises." Mais pour importer il faut une monnaie stable, une
couverture
or. Or, la Banque de France fait savoir que son "fonds de stabilisation
des
changes" ayant été tari par les importations, leur
financement
se fera désormais en entamant la réserve or. La
dévaluation
est ainsi mise à l'ordre du jour. Faisant baisser la valeur de
la
monnaie, la dévaluation serait une nouvelle façon de
diminuer
le pouvoir d'achat et d'augmenter l'inflation. Chassée par la
porte,
celle-ci, comme on le voit, revient par la fenêtre. La "collaboration" capitaliste avec les colonies et les pays occupés, qui s'exerce par le pillage, les exactions, les tueries et les assassinats, si elle apporte des richesses aux monopoleurs capitalistes, est pour le peuple français la principale source de misère. Avec les impôts soutirés aux ouvriers et aux petites gens, l'Etat accorde des subventions "à la production". Est-ce vraiment à la production ? Un tracteur acheté 42.000 francs à l'étranger est revendu 70.000 francs au paysan, nous informe L'Humanité ; la différence va aux intermédiaires.
"Trop souvent l'écart entre le coût de production et le
prix
à la consommation est largement supérieur à celui
que
justifierait la baisse de production. C'est ainsi que pour le charbon,
une
subvention d'environ 50% correspond à une baisse de production
de 21% seulement", écrit Le Monde le 19-9. Où va
la différence
? L'Etat la verse gracieusement aux capitalistes...
Qui
peut nous tirer de là ? Pourquoi alors les chefs staliniens viennent-ils nous dire, comme ce député du Nord, "qu'une grève des mineurs en ce moment ne peut servir nos revendications ; qu'on n'obtient rien d'un pays désorganisé, d'une économie éteinte" ? (Huma, 16-9). Si la lutte ouvrière n'est pas limitée à des intérêts locaux et corporatifs, elle est le premier pas vers la refonte de l'organisme économique, pour arracher les moyens de production à leurs propriétaires parasites, pour donner du travail à tous et le répartir équitablement, pour abolir les intermédiaires et les spéculateurs, pour faire rendre gorge aux exploiteurs et appliquer enfin le mot d'ordre : "faire payer les riches" ! L'économie est "éteinte" et ne supporte pas les revendications ouvrières ? POURQUOI alors supporte-t-on qu'elle soit pillée par une poignée de gros capitalistes ? POUR QUI revendiquent les ouvriers ? Pour toute la nation travailleuse, contre la poignée de parasites et d'oppresseurs !
QUE REVENDIQUENT les ouvriers et les ouvrières ?
LA LUTTE DE CLASSES.
|
|||||||||||||||
L'Humanité laisse ainsi croire qu'à l'heure actuelle la production est fonction de l'effort des ouvriers, et dé-forme la réalité que tout ouvrier connaît du reste : à savoir qu'à l'abri du mot d'ordre produire; lancé par nos social-chauvins, le patronat sape et sabote la production à travers son principal élément : la main d'oeuvre. Le régime de surveillance et de surexploitation instauré (on nous signale des cas d'ouvriers s'effondrant sur leur machine au milieu du travail) ramène la classe ouvrière, malgré l'existence de "lois sociales" et de la C.G.T., au moins 100 ans en arrière. A une conférence syndicale des usines Citroën du 15-9, un délégué ouvrier s'est exprimé ainsi : "Produire ? Aux ouvriers qui avaient fait le maximum, la direction a fait descendre le chronométreur, et a diminué les temps (c'est-à-dire le prix du temps nécessaire à la fabrication d'une pièce) ; produire cela nous laisse sceptiques." Un autre déclare : "Il n'y a pas de production à cause du nombre de parasites". Et encore : "Tout en travaillant honnêtement, il est impossible de gagner sa vie".
C'est en tenant compte de cette situation que les ouvriers de
l'opposition
syndicale (Citroën), avec l'approbation de tous les ouvriers du
rang,
ont posé de la manière suivante, la seule réaliste
et
conforme aux intérêts du pays, le problème de la
production
:
|
|||||||||||||||
Cependant, l'ouvrier indochinois est soumis depuis fort longtemps à un régime dont seule l'attitude de l'état-major allemand en Pologne et en U.R.S.S. peut nous donner une idée. En 1929-30, c'était les massacres de Yên-Bai , de Co-Am dans le Tonkin parce que les paysans réclamaient l'indépendance de leur pays. En 1933, c'était la terreur et la répression sanglante dans le nord de l'Annam parce que les paysans affamés par la sécheresse demandaient la suppression de l'impôt personnel. En 1937, répression sur la classe ouvrière, par la condamnation arbitraire des militants syndicalistes et des leaders des partis politiques indochinois. En 1939, suppression de tous les avantages que les tra-vailleurs indochinois avaient acquis en 1936 : liberté de presse, liberté d'association et de réunion (les droits syndicaux n'ont jamais existé en Indochine). Depuis que les colons français accueillirent l'armée japonaise pour protéger leurs rapines (la mé-tropole française occupée elle-même n'étant plus assez forte pour les défendre à la fois contre les Indochinois et s'opposer à la main-mise japonaise) la lutte devint très dure du fait de la coalition franco-japonaise. En octobre 1940 soulèvement à Bac-Son ; en novembre 1940, insurrection à Caolanh dans la Cochinchine ; en janvier 1941, manifestation à Dô-Luon dans l'Annam. La répression fut terrible : en 1940, des dizaines de milliers d'Indochinois, femmes et enfants, furent mitraillés à Caolanh. Les survivants de cette localité furent raflés, attachés ensemble par un fil de fer passé à travers la paume de leurs mains et précipités dans le Mékong. Après les défaites sanglantes de 1940-41, les ouvriers et les paysans indochinois s'organisèrent clandestinement en attendant le jour de l'écroulement nippon pour se libérer du joug colonialiste. Ainsi fut créée la Ligue de l'Indépendance du peuple indochinois -le Viêt-minh- dont le nom nous a été révélé ces temps derniers par la presse bourgeoise.
Le Viêt-minh groupe les partis nationalistes
révolutionnaires
(anti-impérialistes) poussés en avant par les partis
communistes
(Trotskistes, et la fraction du P.C. ayant rompu avec la IIIe
Internationale),
ainsi que des organisations nationales de paysans, d'ouvriers, de
soldats,
de femmes et de jeunes. Au lendemain de la capitulation nippone, il
renversa
le gouvernement indochinois créé par les Japonais (Bao-Daï
et Tran-Trong-Kin
) et prit le pouvoir en mains.
Voici son programme :
Comme on le voit, ce programme reprend les principes de la
"déclaration
des droits de l'homme" dont tout petit-bourgeois français est
sensé
être le défenseur. Mais quoique cherchant sa voie en avant
dans
les traditions du passé révolutionnaire du peuple
français,
le peuple indochinois se voit attaqué avec le matériel
fabriqué par M. Tillon
et par M. Diéthelm
. C'est que les "droits de l'homme indochinois" excluent la domination
des
banques françaises et autres sur l'Indochine dont ces ministres
défendent
les intérêts.
Diéthelm demande partout des volontaires pour le corps expéditionnaire en Extrême-Orient. Mais les travailleurs se montrant peu enthousiastes, il fit appel aux prisonniers de droit commun. A Marseille, ces troupes pillaient dans les boîtes de nuit, raflaient les caisses du quartier du port avant de s'embarquer. C'est avec des hommes de cette trempe que Diéthelm et Giaccobi envisagent le rétablissement du "prestige" de la France. Leclerc voulut obliger les troupes indochinoises retirées d'Allemagne à aller combattre leurs propres frères ; ayant refusé, elles ont été internées dans le Vaucluse. Pour mener à bien la répression une campagne de calomnies fut lancée par la bourgeoisie contre le peuple indochinois. On a prétendu entre autres qu'il avait reçu des armes des Japonais, mais les journaux annoncèrent eux-mêmes par la suite que c'est tout le contraire qui s'est passé. A Saïgon le commandement anglais avait chargé les Japonais de maintenir l'ordre, de même que Tchang-Kaï-Chek en Chine leur avait intimé l'ordre de garder les armes plutôt que de les rendre aux armées communistes. Malgré la "paix" qui devait suivre l'effondrement du Japon, M. Diéthelm mobilise. Il est en train de verser le sang en Indochine comme il l'a fait en Afrique du Nord et en Syrie . Les travailleurs indochinois sont cependant décidés à lutter jusqu'au bout avec comme mot d'ordre : "l'Indépendance ou la Mort" ! Pour les secourir les travailleurs français doivent, dans leurs syndicats et leurs partis, faire voter des motions de solidarité avec la révolution indochinoise : |
|||||||||||||||
Actuellement ce bourreau, accompagné de ses semblables, fait route pour l'Indochine... |
|||||||||||||||
Tandis que dans le camp de la bourgeoisie on sonne le ralliement autour de De Gaulle, dans le camp du prolétariat on ne fait rien (sinon des phrases) pour arracher les masses au noeud coulant du référendum plébiscitaire . Après la brutale réponse de De Gaulle à la C.G.T. , les soi-disant démocrates enflèrent au maximum leur voix pour s'indigner. Des journaux purent annoncer "la plus grande crise depuis la libération". Mais quand il s'est agi de passer aux actes, leur montagne d'indignation accoucha d'une souris. Le Conseil Central de la Renaissance française (élu par les Etats Généraux ), d'inspiration stali-nienne, décide, le 5 septembre par 26 voix contre 7 abstentions, d'engager une campagne pour démon-trer au corps électoral "l'inanité (l'inutilité) et les dangers pour la démocratie de cette consultation", et qu'il ne se sentira pas lié par le résultat du référendum. Voilà qui n'était pas mal puisqu'en fait cela signifiait le rejet et le boycottage du référendum. Mais "la nuit porte conseil" ; sous prétexte de rallier les 7 voix abstentionnistes, ces Messieurs re-vinrent à leur sagesse naturelle en remplaçant la première résolution par une deuxième dans laquelle il n'est plus question du référendum, mais seulement du mode de scrutin. C'est ainsi que pour faire l'unanimité des politiciens, nos "démocrates" renoncent à dénoncer au pays les dangers du plébiscite bonapartiste. Comment faut-il appeler ces gens autrement que des démagogues ? En effet, voici comment s'exprime en date du 11-9-45 Le Monde, organe des 200 familles, au sujet du mémorandum remis à De Gaulle au nom de la C.G.T., du P.S. et des Radicaux : "Le texte contraste singulièrement avec les déclamations que l'on nous avait fait entendre... de toute manière, il est bon que le mémorandum ne s'élève pas contre le référendum. Aux discours virulents prononcés ces temps derniers on aurait pu croire le contraire." Le mémorandum aussi ne s'élève que contre le découpage électoral, comme si le sort du pays pouvait dépendre de quelques députés de plus ou de moins. Ces Messieurs croient-ils que les masses ont oublié le sort de la Chambre élue en 1936 ? Ils trouvent humiliant que De Gaulle ait répondu à leur mémorandum par une offre de quelques sièges de plus : "C'est pour nous une question de principe", disent-ils. Et le référendum n'est-il pas une question de principe ? Pourquoi n'appelez-vous pas les masses à ;boycotter le référendum; actuel, qui n'est pas un moyen démocratique, mais un attentat bonapartiste contre la démocratie. En effet, la démocratie parlementaire, quelles que soient ses formes -deux chambres ou une seule- repose sur le principe unique de la responsabilité de l'Exécu-tif devant les élus du suffrage universel (que l'on doit exiger le plus démocratique possible, comme la R.P. intégrale, droit de vote des femmes, jeunes, soldats, etc.). Les élections ont pour but de dégager une majorité parlementaire qui donnera le ton au gouvernement. Pour gagner la sympathie des masses françaises auxquelles le régime instauré par Pétain s'était révélé pire que le régime parlementaire, De Gaulle avait promis le retour à la "légalité républicaine". Il avait promis une Assemblée constituante, puisque la Chambre et le Sénat, issus de la Constitution de 1875 , avaient remis leur pouvoir constitutionnel à Pétain. Mais cela n'était que de la démagogie. Car tout le gouvernement bourgeois est aujourd'hui obligé, pour protéger les privilèges des capitalistes, de continuer le système d'irresponsabilité gouvernementale inauguré après les événements de février 1934 et développé au maximum sous Pétain. Comme ses prédécesseurs bourgeois, De Gaulle montre qu'il ne veut pas s'accomoder même du pâle contrôle parlementaire. Au lieu de procéder aux élections pour dégager la majorité politique d'une As-semblée chargée de l'élaborer, sous le prétexte d'une Constitution, il en appelle "au peuple" pour mettre en question la démocratie parlementaire. Mais ce système rejoint celui de Pétain. Fermer la voie à la responsabilité gouvernementale devant les députés, c'est ouvrir automatiquement la voie à l'arbitraire du "chef" totalitaire... quelles que soient les étapes de transition destinées à tromper les masses. Pétain avait posé le revolver sur la tempe du Parlement apeuré en l'obligeant à s'abolir lui-même. Pour la forme, De Gaulle s'adresse, lui, "au pays". Mais "le pays" électoral est en fait dirigé par l'arc-en-ciel des partis bourgeois, des Socialistes à la droite, tous partisans de De Gaulle, qui lui servent de paravent et qui, apeurés eux-mêmes par la situation générale, l'aident à exercer sur le corps électoral par des moyens plus variés, une aussi grande pression que Pétain avait exercée sur le Parlement en juillet 1940. Sous la protection des bandes fascistes, des G.M.R. , de la super-police (D.G.E.R. ), de la presse orchestrée, utilisant le chantage matériel ("ravitaillement"), diplomatique ("les importations dépendent de la stabilité gouvernementale"), et surtout moral ("ce sera pire sans De Gaulle", que tout le monde soutient, y compris les Staliniens, par leur collaboration ministérielle), De Gaulle met le revolver sur la tempe de l'électeur, qui, même s'il n'est pas enthousiaste pour le "Oui", ne voit pas à l'aide de quels moyens une Constituante souveraine sera capable de vaincre les obstacles.
Voilà
ce qui, de temps en temps, fait pousser de hauts cris aux
"Démocrates"
et Staliniens, bien qu'ils n'osent bouger d'un pouce, de crainte que
l'action
prolétarienne ne les emporte ensuite eux-mêmes. Mais où a-t-on jamais vu des bureaucrates gorgés se changer en des Marat et des Blanqui ? -"Pourvu que ça dure... notre farce de défenseurs du peuple. Quand celui-ci se trouvera ligoté, nous di-rons, comme en Allemagne, que c'est lui qui n'avait pas répondu à nos appels". Quand les dés sont pipés, il ne faut pas accepter le jeu. Les deux questions posées sont nulles de plein droit. Le retour à la Constitution de 1875 ne peut pas se poser, le Parlement ayant légalement délégué ses pouvoirs à Pétain. Quant à la deuxième question, si on la traduisait en langage clair, elle ressemblerait à la question suivante : "Voulez-vous être mangés au beurre noir ?" Car la liberté, c'est-à-dire la souveraineté du peuple, étant inaliénable, aucune majorité au monde ne peut légalement la transférer au chef du gouvernement, même pas pour une durée limitée dans le temps. Même si je le voulais, pourrais-je aller me déclarer légalement l'esclave de quelqu'un ? En déposant dans l'urne un bulletin blanc, nous signifions donc à la bourgeoisie que nous ne voulons pas être liés par le résultat d'un référendum, dont une des questions demande aux électeurs -comme Pétain l'avait demandé directement au Parlement en juillet 194O- d'enlever le pouvoir à leurs représentants, en faveur du "chef". Cependant, nous dit-on, les Partis communiste et socialiste ayant pris l'attitude que l'on sait, la lutte ayant été engagée sur ce terrain : voter oui-non, oui-oui, non-oui, non-non, voter blanc, boycotter le vote, c'est autant de gagné pour De Gaulle qui verrait ses adversaires les plus décidés ne pas dire "non" à la deuxième question. Cependant, étant donné la signification réelle du référendum, ce raisonnement n'est que du crétinisme électoral. Pour la classe ouvrière, participer au référendum signifie s'exposer inutilement au danger d'être légalement muselée par le chef du gouvernement, qui se prévaudrait du vote "populaire" dans ses actes contre la classe ouvrière. Mais même si par extraordinaire il pouvait y avoir une majorité de "non" à la deuxième question, la classe ouvrière ne serait avancée d'un pouce ; puisque pour la bourgeoisie le référendum n'est qu'une formalité par laquelle De Gaulle veut couvrir son pouvoir irresponsable, une majorité de "non" ne changerait rien au fait que la bourgeoisie, par la pression de ses moyens matériels, possède en réalité un gouvernement tout-puissant, en dépit des chiffons de papier qui réclameraient tel ou tel système de gouvernement. Dans ces conditions, il est mille fois préférable, en partant du caractère de complot du référendum, de ne pas le couvrir en y participant, mais de le démasquer aux yeux des masses, en mobilisant sur ce terrain, ne fût-ce qu'une minorité contre la dictature militaire et policière, plutôt que d'amasser des chiffons de papier. Car ce n'est pas dans les élections, mais dans une lutte intransigeante contre la bourgeoisie, que le prolétariat gagne la majorité du peuple.
|
|||||||||||||||
La classe ouvrière sait qu'au point de vue de la souveraineté du peuple, le parlementarisme bourgeois, même sous forme de "Constituante" ne signifie autre chose qu'un "régime sous lequel les classes opprimées recouvrent le droit de décider en un seul jour pour une période de plusieurs années qui sera le représentant des classes possédantes qui représentera et opprimera le peuple au Parlement" (Lénine). Cependant, en régime bourgeois, seul le contrôle parlementaire sur le gouvernement rend possible l'existence de certains droits pour les exploités, tels que la liberté de presse, le droit d'association et de réunion, des garanties juridiques, etc., quoique ces droits soient strictement limités par la situation économique des ex-ploités en face d'une bourgeoisie exploiteuse détenant le pouvoir. Mais quand il s'agit de défendre vis-à-vis de la bourgeoisie ces droits réels -(où il ne s'agit pas d'étiquette mais de contenu)- seule la force ouvrière est décisive, c'est-à-dire la puissance matérielle, la mobilisation, la cohésion politique, l'intelligence des événements, la méfiance de la classe ouvrière vis-à-vis de la bourgeoisie. Pour avoir un appui dans cette lutte où il s'agit d'un rapport de forces, d'un heurt direct avec la bourgeoisie (comme en juin 36 ), la classe ouvrière doit gagner la sympathie de toutes les masses travailleuses. Dans ce but, il faut engager la lutte, non pas sur le terrain choisi par De Gaulle, mais en mettant celui-ci au pied du mur : démasquer sa volonté réactionnaire et dictatoriale qu'exprime son attitude à propos du référendum, le sommer d'accomplir ses promesses. Si, mis au pied du mur, il persistait dans sa volonté pétainiste de s'attribuer "légalement" le pouvoir incon-trôlé, l'enjeu de la lutte prolétarienne apparaîtrait clairement aux yeux de tous (ce qui n'est pas le cas avec le référendum), et elle bénéficierait de l'appui ou tout au moins de la sympathie de la majorité écrasante des masses travailleuses. Les objectifs de
la
lutte prolétarienne sont les suivants :
|
|||||||||||||||
L'Angleterre, qui s'est endettée
au prêt-bail,
la
France ruinée, se trouvent, à la suite de la guerre, dans
une
situation précaire. Ne trouvant chez elles, pas plus que
lorsqu'il
s'agissait de détruire, les moyens de reconstruire, ces deux
nations
dépendent de l'"aide" américaine.
Mais, d'une part le soutien des banquiers de New-York s'accompagne d'une immixtion chaque fois plus poussée dans les marchés de l'Europe et des colonies, d'autre part le secours du prêt-bail n'existe plus : les marchandises doivent être payées en dollars qu'elles n'ont pas. Alors, il faut comme l'Angleterre "réduire de 59% les achats aux Etats-Unis" (Combat, 22-9-45) ou implorer des crédits comme la France. A l'Est, l'U.R.S.S. les met en danger, non pas en tant que tremplin révolutionnaire, qu'elle n'est plus, mais en s'emparant économiquement de leurs "chasses gardées" d'Europe Centrale et Orientale. Alors l'Angleterre dont les restes de grande puissance lui permettent de s'assurer la part du lion, propose à la France capitaliste, qui ne cherche plus qu'un maître accommodant, de former, avec les petites nations de l'ouest du continent une "Fédération... basée sur la propriété commune des grandes sources d'énergie et des grands moyens de production" (Cité-Soir, 11-9-45), "une grande puissance d'Europe occidentale supra-nationale" (Observer, 17-9-45). Elle espère qu'elles pourront, ensemble, "devenir une entité capable d'égaler l'Amérique, la Russie et la Chine" (Observer, 17-9-45), parce que dans un monde de brigands, seule la force permet de subsister. Mais, comme il faut gagner l'opinion publique à ce système, on essaie d'allécher les populations par la promesse d'une prospérité... future. Cette prospérité est-elle possible, alors que les systèmes économiques de l'Angleterre et de la France ne sont pas complémentaires, alors qu'elles souffrent des mêmes maux ? La "concordance" de leurs objectifs colonialistes, on l'a vu en Syrie et au Liban. Industriellement, elles doivent produire pour exporter (afin d'équilibrer leurs balances) et elles ne sont pas des débouchés réciproques. Croit-on, au point de vue ravitaillement, alors que l'Angleterre réduit ses importations de 5O%, qu'elle pourra distribuer à ses voisins ce qui lui manque à elle. L'union anglo-française n'ayant pour but qu'une politique de grandes puissances, de prestige, le fardeau des deux peuples sera encore alourdi, car elles devront accroître leur puissance militaire et consacrer toujours plus leur reste de richesse aux besoins de l'armée. La "grande puissance occidentale", système forcément autarcique en face du capital américain, unifiant les mêmes infirmités au nom des banquiers de Londres, ne pourra résister à l'isolement, ne pourra se soustraire à l'interdépendance économique de toutes les nations qu'au prix de sacrifices nouveaux. Manoeuvre d'impérialismes distancés pour reconquérir leurs places au partage du butin, le bloc occidental ne peut se faire que sur le dos des travailleurs d'Europe et des Colonies. Quand le prolétariat se réclamait de l'internationalisme, la bourgeoisie traquait les révolutionnaires au nom de la patrie, du "drapeau", de la "nation". C'est en leur nom qu'elle menait les esclaves du capital au carnage. Aujourd'hui, quand ses intérêts le lui dictent, elle fait bon marché de ces notions "sacrées", et essaie de se montrer progressive en recourant à la démagogie de l'Etat "supra-national" pour faire accepter sa politique de brigand. Mais en réalité, elle reste le défenseur du "féodalisme" capitaliste, c'est-à-dire des barrières nationales (système de frontières et de douanes correspondant au rapport de forces changeant entre les groupes financiers) et de la propriété privée obstacles du relèvement des forces productives et du bien-être des nations. Si le particularisme capitaliste et la misère qu'il engendre ont été vaincus sur un point du globe, c'est seulement en octobre 1917, dans la Russie tsariste, par les forces du prolétariat. Seul celui-ci s'est montré capable, en abolissant le capitalisme, de porter au premier rang l'économie d'un pays arriéré. Bloc occidental capitaliste ? Non ! Etats-Unis Socialistes Soviétiques d'Europe et du Monde création du prolétariat. |
|||||||||||||||
Comme un gamin qui, après
avoir gagné toutes
les
billes de ses partenaires voudrait jouer encore et, pour cela, leur en
prêterait
d'autres, Truman propose de renoncer aux dettes du prêt-bail,
afin
que les nations ruinées puissent recommencer à acheter
à
l'Amérique. Les Américains se sont battus, pendant des années, pour conquérir de nouveaux marchés, pour soi-disant éviter le chômage, la crise. Ils ont vaincu, mais si largement qu'ils n'ont plus d'acheteurs à qui vendre leurs produits et qu'ils sont acculés à la faillite. Et, cette crise, ils ne peuvent la surmonter qu'en redonnant des billes, c'est-à-dire qu'en reconstituant la force des pays concurrents qu'ils ont détruits ou affaiblis et revenir ainsi... au point de départ : une nouvelle concurrence acharnée entre tous les pays capitalistes, finissant à nouveau par la guerre. Quoi qu'ils fassent, nos "grands" hommes d'Etat ne peuvent pas arracher l'humanité au cycle infernal du capitalisme : construction... destruction... construction... destruction...
|
|||||||||||||||
Rendant compte des manifestations
de
ménagères,
L'Humanité admet que le mécontentement de celles-ci est
légitime,
mais prétend que le passage à l'action directe est
l'oeuvre
de provocateurs. L'Humanité ne se souvient plus de la rue de Buci par exemple, où les militants du P.C. jouaient le même rôle qu'elle attribue actuellement à des "provocateurs". L'explication de ceci c'est que, loin d'être les soutiens sans conditions et jusqu'au bout des masses populaires qui souffrent, nos "grands camarades" staliniens se guident seulement d'après les intérêts de la politique extérieure du "grand" Staline. Le devoir des révolutionnaires c'est d'appuyer toute manifestation révolutionnaire de masse contre le régime bourgeois d'affamement et de spoliation, et avant tout l'action directe des ménagères contre les affameurs. Leurs efforts doivent être de transformer ces manifestations sporadiques en une action cohérente pour la recherche et la découverte des dépôts clandestins, l'inventaire des stocks chez les grossistes, le contrôle de la répartition par les comités de ménagères. L'action des ménagères ne doit pas se limiter à forcer la vente de certains produits, mais doit avoir pour objectif : leur contrôle sur le ravitaillement. |